Se déplacer à vélo au quotidien, que ce soit pour se rendre à son travail, ou pour toute autre finalité, constitue un mode de mobilité qui séduit de plus en plus de monde.
Et plus particulièrement ceux parmi les citadins et péri-urbains qui ne sont pas fans des transports en commun, mais qui sont de plus en plus nombreux néanmoins à souhaiter se passer de la voiture pour les petits trajets, généralement de moins de 5 kilomètres.
On ne reviendra pas sur les nombreux avantages du vélo (pour l’environnement, pour la santé, pour le portefeuille et même pour le lien social), mais on ne peut faire aussi l’impasse sur certains freins qui empêchent nombre de nos concitoyens de franchir le pas de cette mobilité parfois pas si douce que cela. Car c’est justement en identifiant ces points de friction qu’on pourra tenter de les résoudre pour une adoption plus massive et plus rapide.
Alors bien sûr, le premier écueil qui vient à l’idée quand on parle de craintes liées à la pratique du vélo est souvent celui de la sécurité, et de son corolaire, le danger, souvent lié à la cohabitation avec les voitures. Nous n’y reviendrons pas non plus tant c’est une évidence tellement rabâchée, et malheureusement encore trop prédominante.
Il est pourtant d’autres inconvénients, plus subtils et moins connus, ou parfois inattendus, qui peuvent sérieusement gâcher la vie du cycliste, qu’il soit en balade, en déplacement pour un rendez-vous ou en vélotaff, et qui font peut-être encore hésiter certains. Et là, on ne parle pas du tout de voitures.
A classer parmi les principaux fléaux de la pratique du vélo. Difficile d’obtenir des statistiques précises sur le sujet. Les dernières données officielles de l’enquête « Cadre de vie et sécurité » de l’Insee remontent à 2018 et indiquent un total de 361 000 vols. Mais selon d’autres sources, comme par exemple le ministère de la Transition écologique, le nombre de vélos volés par an serait d’environ 300.000. Le site Veloperdu.fr estime quant à lui que 1076 vélos sont volés chaque jour en France, soit 400.000 par an. Il se pourrait cependant que la réalité soit bien au-delà de ces chiffres.
Quoi qu’il en soit, même si les fabricants de vélos et d’accessoires essaient de trouver et proposer des parades de plus en plus dissuasives (chaines et antivols plus résistants, systèmes de tracking avec GPS, dispositifs de désactivation-blocage du moteur sur VAE, alerte sonore…), le vol de vélo est devenu un vrai business de bandes organisées. Difficile dans ce contexte d’imaginer investir dans une machine coûtant de 500 à plus de 3000 euros – si l’on opte pour un bon VAE – en se disant que sa durée de vie en stationnement dans la rue sera probablement seulement de quelques heures. Et bon courage pour l’assurer contre le vol.
À lire aussiMarquage vélo Decathlon : prix, fonctionnement… ce qu’il faut savoirPirater un vélo ? De quoi parle-t-on ? Non, il ne s’agit pas d’une variante du vol, mais d’une forme de hacking qui consiste à utiliser une méthode mécanique ou numérique pour débrider un VAE, souvent dans le but d’augmenter sa vitesse de pointe. Il existe de nombreux tutos sur internet pour le faire, et la manipulation semble tellement simple qu’elle est à la portée de tout un chacun. Problème, cette petite bidouille peut avoir de lourdes conséquences techniques, mais aussi juridiques. Comme nous l’indiquions dans cet article, non seulement les kits de falsification et autres méthodes de manipulation peuvent gravement endommager le deux-roues concerné, mais les utilisateurs risquent par ailleurs de perdre leur garantie. Un accident survenant en raison d’un vélo électrique piraté peut entraîner le versement de dédommagements élevés, voire des poursuites pénales. Et c’est aussi un inconvénient pour les autres usagers, qui sont potentiellement exposés à des impacts liés à de trop grandes différences de vitesse. Ce qui nous amène naturellement au chapitre suivant.
Il vous est déjà arrivé de vous faire dépasser dans un souffle par un missile à deux roues n’émettant ni bruit ni odeur. Il s’agissait sûrement d’un speed bike, ces vélos à assistance électrique d’un genre un peu particulier puisqu’ils sont capables de taper tranquillement les 45 km/h. Ces engins impressionnants répondent aux mêmes normes d’homologation routière que les cyclomoteurs, scooters et autres petites motos 50 cm3, et doivent à ce titre rouler sur la chaussée, être immatriculés, et à leur bord le port du casque et de gants est obligatoire. Le problème, c’est que nombre de propriétaires de ces fusées à pédales s’affranchissent allègrement de ces règles (à leurs risques et périls). Il m’arrive tous les jours de me faire dépasser, que dis-je, enrhumer par ce genre de machines, roulant sans immatriculation, et plus grave, à tombeau ouvert sur pistes cyclables. J’ai même croisé récemment un speed biker qui roulait pleine balle avec un petit enfant dans un siège fixé devant lui sur le cadre, ce qui est strictement interdit, en plus d’être totalement débile et criminel. Je précise que je n’ai rien personnellement contre les speed bikes. J’avoue même pour en avoir essayé que c’est très grisant, mais j’ai tout contre ceux qui les utilisent sans respecter les règles, et mettent les autres en danger.
Loin des images d’Épinal des prospectus de votre municipalité ou de votre collectivité locale faisant la promotion des mobilités alternatives, tous ceux qui pratiquent le vélo au quotidien, notamment en ville, ont un jour ou l’autre rencontré des aberrations de voirie qui rendent certaines portions de pistes cyclables inutilisables, ou alors difficilement praticables sans se mettre en danger. Prenez cinq minutes pour lire et regarder ceci, vous comprendrez très vite de quoi je parle, avec en bonus un bon fou rire. De rien, c’est cadeau ça me fait plaisir. Mais allez-y, vraiment.
Ce sujet pourrait faire partie du précédent, mais pas vraiment en fait. Je connais nombre de pistes cyclables très bien conçues, au parcours intelligent, qui deviennent ensuite dangereuses ou en tout cas peu rassurantes parce qu’un génie de l’aménagement urbain de la commune a eu l’idée subite de les border aléatoirement de ces immondes poteaux gris en métal plantés dans le bitume au prétexte d’empêcher les voitures de passer par là. Si cela part d’une bonne intention, le remède peut s’avérer parfois pire que le mal. Cycliste contre poteau, je vous laisse imaginer le score final.
« L’avantage avec le vélo c’est que tu n’as pas de souci de parking, ça se gare n’importe où facilement. » Ben voyons. Voilà typiquement une assertion de plus en plus erronée. En tout cas pour le stationnement de longue durée (journée de travail par exemple). D’une part parce que les municipalités font de plus en plus la chasse au stationnement « sauvage » de deux roues, motorisés ou pas. D’autre part pour la raison évoquée précédemment, à savoir le vol. Enfin parce que certains vélos sont de plus en plus lourds en encombrants. Je pense notamment à certains vélos-cargo, dont l’emprise au sol est presque celle d’une demi-voiture. Par ailleurs, le nombre croissant de vélotaffeurs pose un vrai problème de stationnement dans l’entreprise. Soit aucun aménagement n’est prévu, soit le garage à vélos est loin et mal sécurisé, soit il est sous-dimensionné par rapport au nombre de vélos, soit il est difficilement accessible (exemple vécu : en étage alors que l’ascenseur est trop petit pour y rentrer un vélo). Ajoutons à cela le fait que nombre d’entreprises et espaces de coworking interdisent d’y garer les vélos, et on comprend que le stationnement est un vrai sujet.
Aller bosser à vélo, c’est très sympa, mais cela suppose quelques petites contraintes esthétiques. Sans parler du casque qui détruit les cheveux et aplatit chaque matin votre belle coupe travaillée au millimètre (oui, c’est un vrai sujet pour certain.e.s, au point qu’ils ou elles ne portent pas de casque, on ne juge personne ici), les aléas de la météo et de la voirie peuvent gravement nuire à l’image que l’on souhaite se donner. Arriver trempé par la pluie ou dégoulinant de sueur n’est pas l’expérience la plus agréable pour soi et pour ses voisins de bureau, a fortiori si l’on n’a pas prévu de quoi se changer, et s’il n’y a pas de douche au travail. Sans parler de cette fois ou vous tartinez votre superbe pantalon beige de printemps avec la boue huileuse d’une flaque que vous n’avez pas pu éviter… Des motifs futiles ? Pas tant que cela. Nombre de celles et ceux qui seraient tentés par le vélo ne franchissent pas le pas précisément pour ces raisons. Encore une fois on ne juge pas.
Parcourir une partie de ses trajets à vélo, puis prendre le train, le métro ou le bus, constituerait le mode de transport idéal pour de nombreux navetteurs. Problème, dans la réalité, et malgré les efforts des opérateurs de transports en commun, on en est encore loin. Si, dans de grandes métropoles à l’étranger l’on voit de plus en plus fréquemment des autobus équipés de racks à vélos (en place depuis très longtemps à New York, par exemple), cette solution se fait encore attendre par chez nous. Bien sûr les choses évoluent dans le bon sens, mais il reste encore beaucoup de chemin à accomplir pour une vraie multimodalité aisée et ouverte au plus grand nombre, à base de parkings à vélos vraiment sécurisés et de soutes dédiées dans les trains, les métros et les bus. Reconnaissons cependant que le sujet n’est pas simple.
Nombre de nouveaux cyclistes sont aussi des automobilistes qui lâchent leur voiture pour passer au vélo sur les petits trajets du quotidien. Même si tous ne sont pas des modèles de vertu routière, ils ont tous un permis de conduire et connaissent le code de la route (qui est souvent un condensé de simple bon sens si l’on tient à sa peau), et la base des règles de vivre ensemble sur la chaussée. En revanche, en face, une autre partie de la population cycliste est constituée de personnes n’ayant jamais conduit d’autre véhicule, qui parfois ne sont même pas à l’aise avec les basiques de la conduite d’un deux roues, et qui bien sûr n’ont absolument pas le moindre commencement de notion du code de la route.
Ce choc des cultures a pour effet de transformer l’espace public accessible aux vélos en véritable jungle, avec des comportements parfois aussi aberrants que suicidaires. Je pense qu’à terme, un permis de vélo sera nécessaire, car on s’apercevra que même une fois que les autos auront complètement disparu de la ville, il subsistera un taux non négligeable d’accidents graves entre cyclistes. Je ne parle pas d’une énième barrière administrative, mais par exemple d’une simple formation en ligne (avec épreuves pratiques en option pour ceux qui le souhaitent) aux basiques de la conduite et du comportement en ville à bord d’un engin roulant, ce qui concerne absolument tout le monde. Car certains n’ont même pas les bases, comme par exemple regarder derrière soi avant de changer de file ou de faire demi-tour (expérience vécue plusieurs fois chaque jour).
Même si cela fera hurler certains, et j’en suis désolé par avance, on ne peut terminer de panorama des freins à l’usage du vélo par ce sujet sensible, voire tabou, celui des piétons. Autant on peut reprocher à nombre de cyclistes leur comportement vis-à-vis des piétons (non respect des feux et des passages piétons, roulage sur les trottoirs), autant l’inverse est également vrai, et les piétons peuvent représenter un véritable danger pour les cyclistes (et pour eux-même).
Deux exemples courants : le piéton qui traverse sous votre nez, sans prévenir et sans regarder, avec de préférence un bon gros casque audio à annulation de bruit sur les oreilles. Il est des cas où un impact sera plus grave pour le cycliste – qui peut chuter lourdement ou percuter un obstacle en évitant le piéton – que pour le piéton, qui sera à peine effleuré. Autre exemple, l’anarchie piétonnière sur les pistes cyclables, souvent mal identifiées parce que mal signalisées, qui crée souvent un chaos indescriptible et des malentendus incessants entre bipèdes et cyclistes.
On le voit, le danger automobile est loin de constituer la seule raison pour laquelle certains hésitent encore à faire leur transition vers le vélo. Améliorer les infrastructures et l’éducation sont un enjeu crucial pour finir de convaincre les plus réticents.
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