La trottinette électrique idéale existe-t-elle ? Voici en tout cas comment nous l’imaginons.
En moins de 5 ans, la trottinette électrique est passée du statut de gadget pour geek à véritable moyen de déplacement urbain sérieux et crédible. Si l’émergence du free floating a d’abord posé quelques problèmes de comportements et d’incivilités, ternissant l’image de ce moyen de locomotion génial, pratique et écologique, les usages se rationalisent désormais, et la trottinette a toute sa place dans la cité.
Du côté des constructeurs et de l’offre, la concurrence fait rage et le choix est pléthorique, pour le plus grand bénéfice des consommateurs, avec une palette de prix très large, allant de moins de 500 à plusieurs milliers d’euros.
Intelligence artificielle, aides à la conduite, performances, de nombreux dispositifs viennent progressivement équiper ces engins de poche, et les constructeurs ne cessent d’innover dans tous ces domaines. Mais il est possible qu’ils puissent encore mieux faire.
Après le vélo électrique idéal, nous nous livrons de nouveau à notre exercice de prospective favori. Voici notre vision – forcément subjective et incomplète – de la trottinette électrique idéale, ou du futur, comme vous préférez, et des équipements que nous aimerions voir arriver et être généralisés.
Le freinage sur trottinette est un vrai enjeu qui est malheureusement encore souvent pris à la légère. Sans parler du dispositif catastrophique de modèles pionniers comme les premières Xiaomi (dont ont se demande comment elles ont pu franchir les homologations), cela reste encore limite dans de nombreuses situations. Certes, des progrès ont été effectués. Les concepteurs des Dott semblent par exemple avoir tout compris, en équipant leurs engins d’un système de freinage sûr, facile à doser et à répartir entre roue avant et roue arrière, efficace et robuste pour l’usage qui en est fait. D’autres modèles haut de gamme ne lésinent pas sur la qualité avec deux véritables disques hydrauliques complétés par un freinage magnétique et… un ABS. Ce qui démontre que c’est possible.
Reste à savoir maîtriser un freinage puissant sur un engin qui par définition n’est pas un modèle de stabilité et d’équilibre.
On peut aussi envisager un système régénératif permettant de recharger la batterie quand on freine et dans les descentes, afin de gagner un peu en autonomie. Si cette fonctionnalité peut paraitre assez futile dans un contexte d’usage urbain (courses, promenade, navettage), elle prend tout son sens dans les villes avec de fortes déclivités, mais aussi dans le cas de balades plus longues, une tendance en développement, notamment en zone péri-urbaine, voire rurale.
Un système de traçage GPS via une application n’empêcherait pas le vol mais offrirait au propriétaire une chance supplémentaire de retrouver sa monture. La généralisation de tels systèmes finirait probablement à la longue par avoir un effet dissuasif sur les voleurs à la tire.
Côté mécanique, on pourrait imaginer un système de clip qui permette avec un simple geste de retirer le guidon, voire la roue motrice de la trottinette. Cela ne ferait peut-être pas reculer les industriels du chapardage, mais ferait réfléchir à deux fois les voleurs de rue.
Comme pour le vélo, plutôt que de greffer divers éléments séparés sur le guidon de façon un peu anarchique et artisanale et sans véritable réflexion ergonomique, pourquoi ne pas repenser le guidon comme un véritable tableau de bord où chaque instrument serait intégré et aurait sa fonction et son emplacement logique : écran, avertisseur sonore, commandes de vitesses, clignotants et même rétroviseurs.
Un autre équipement de sécurité qui devrait être fortement recommandé, voire installé de série. Se retourner pour regarder derrière quand on veut changer de direction peut s’avérer assez casse-gueule à trottinette. Alors qu’un petit coup d’œil dans le rétro est si simple et si sécurisant, pas uniquement avant de changer de direction, mais même en ligne droite pour surveiller ses arrières.
Si des clignotants ne paraissent pas indispensables sut une trottinette (en tant que « piéton augmenté » on est censé regarder autour de soi avant d’emprunter la chaussée), un bon feu stop alertant les autres usagers, notamment sur piste cyclable, ne serait peut-être pas un luxe, surtout pour celles et ceux qui ont la fâcheuse habitude de s’arrêter pile sans prévenir ni regarder derrière (voir paragraphe précédent) sur une piste cyclable fortement fréquentée.
Les caméras qui filment en enregistrent en permanence l’environnement du véhicule sont de plus en plus fréquentes en voiture, et même installées d’origine sur certains modèles (Tesla…). La start-up américaine Streetlogic prouve qu’il est possible et relativement aisé et peu coûteux d’installer un tel dispositif sur un vélo, qui, couplé à une intelligence artificielle, peut renforcer de façon significative la sécurité du trottinettiste. On pourrait même imaginer que la caméra arrière envoie l’image en direct sur l’écran du smartphone de la trottinette, permettant ainsi d’avoir une vue élargie en faisant office de rétroviseur.
Ils existent déjà sur certaines trottinettes électriques, mais restent une solution de secours qui comporte de nombreux défauts en matière d’adhérence et de confort, car leur raideur rend la conduite quelque peu chaotique, sans parler de certains cas où les vibrations générées arrivent même à bout des soudures des composants électroniques, quand ce ne sont pas celles de votre colonne vertébrale. Les équipementiers devraient se pencher sérieusement sur le sujet en vue de proposer une monte pneumatique increvable ayant les mêmes caractéristiques d’élasticité que des pneus gonflables.
C’est un sujet peu abordé, mais la garde au sol, autrement dit la hauteur de la plateforme par rapport à la chaussée, est un vrai sujet. Comme tout engin roulant, les lois de la physique font que plus le centre de gravité est bas, plus il est stable. Un point crucial de sécurité en trottinette, puisque accessoirement il vaut mieux tomber de bas que de haut. Ce qui n’est pas forcément compatible avec tous les revêtements de toutes les chaussées. A contrario, on constate que les trottinettes les plus puissantes et évoluées sont souvent dotées d’amortisseurs à grand débattement garantissant une meilleure stabilité, avec comme corollaire une garde au sol alors importante. Le compromis serait peut-être d’avoir un système de verrouillage (même manuel) de l’amortissement permettant de régler la hauteur et la dureté des suspensions selon le contexte, un peu comme on verrouille la fourche d’un VAE ou d’un VTT, mais avec en plus une action sur la hauteur du débattement.
Oui je sais, parler de poids contenu dans un article qui liste une pléthore d’équipements peut paraître saugrenu, mais c’est un critère important, qui peut être même déterminant dans les cas de multimodalité, où l’on emprunte les transports en commun avec son engin sous le bras avant de rejoindre sa destination. Le poids idéal ? Moins de 20 kg mais cela serait encore mieux si on descendait en deça de 15 kg, ce qui permet à toutes les morphologies de prendre la bête sous le bras pour un trajet en ascenseur. Une pincée de carbone et une touche d’aluminium pourrait faire l’affaire, mais alors se pose un autre problème, celui du prix…
Se déplacer en trottinette électrique ne devrait plus être incompatible avec le transport d’objets. Alors bien sûr il y a l’incontournable sac à dos, véritable coffre à bagages portable, mais un petit espace supplémentaire pour loger ses courses, une tenue de rechange pour le bureau ou même un bagage à main (pour aller prendre le train par exemple) ne serait pas de trop. C’est d’ailleurs ce que propose Yvolution. Espérons que cette idée fera des petits et que d’autres machines seront dotées d’un système de transport de bagages.
Certes, l’intelligence artificielle est mise à toutes les sauces, et parfois survendue (et surcotée), mais dans le contexte de la mobilité urbaine individuelle et électrique, elle peut avoir tout son sens. On peut imaginer un système de vision de l’environnement qui permet d’alerter le conducteur sur un danger immédiat, mais également de protéger les autres utilisateurs de la chaussée, ou encore ralentir l’engin dans une zone à forte affluence. L’IA peut aussi intervenir pour la gestion intelligente de la batterie et de l’autonomie, ou encore dans le niveau de puissance nécessaire en fonction de la situation. C’est entre autres ce que propose la Segway S90L, et gageons que d’autres suivront.
La mobilité urbaine électrique est un champ d’expérimentation et d’innovation passionnant et encore très ouvert, et la trottinette peut être son laboratoire. À l’image de ce que nous avons pu connaitre avec les smartphones ou les drones de loisirs, devenus depuis de redoutables outils professionnels, les bureaux d’études à l’origine de la conception de ces engins de déplacement personnel motorisés réservent encore certainement de belles surprises. Si vous avez d’autres idées, c’est le moment de les partager en commentaire, peut-être qu’elles inspireront certains créateurs qui passent par là…
Vous pouvez aussi découvrir les différentes modèles de trottinettes électriques sur Cleanrider.
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