Test Riese & Müller Culture : un vélo électrique urbain sérieux au moteur Bosch SX très joueur

Riese Muller Culture essai vélo électrique

©M. Lauraux pour Cleanrider

Changeant totalement de cap, le Riese & Müller Culture se veut un vélo urbain haut de gamme, avec un moteur Bosch Performance Line SX pour vélotafeur dynamique. Comme nous le verrons, s’il est vendu à un tarif élevé, certains éléments pourtant indispensables sont proposés en option.

On ne présente presque plus Riese & Müller tant la marque allemande s’est taillée une solide réputation dans le segment des vélos. Le BMW du vélo électrique multiplie les nouveautés tout en restant dans son rayon urbain, avec la “Deutsch Qualität” qu’on lui connait.

L’été dernier, la firme d’outre-Rhin présentait un original modèle Culture. Un nom qui existait déjà dans le catalogue, mais apparenté à un vélo très haut de gamme désormais vendu sous l’appellation Hommage. Le VAE urbain nouveau vient ici s’intercaler entre le fitness UBN et le classique Swing, que ce soit dans l’esprit ou en termes de tarification. C’est aussi le premier Riese & Müller à adopter le nouveau moteur SX de Bosch, fournisseur exclusif des vélos de la marque allemande. Le design est par ailleurs surprenant avec des tubes ronds aux couleurs tendance en mat, on se sent presque dans l’esprit des Cowboy. Reste l’épaisseur importante et les grosses soudures à l’allemande, nous y reviendrons.

Lancé toute fin 2023, il est désormais disponible en France. Nous avons mis la main sur l’un des premiers exemplaires du Riese & Müller Culture pendant une semaine, et roulé plus de 100 km à son guidon.

Confort et ergonomie : une culture urbaine assez rigide

 

Le Riese & Müller Culture a bien montré une fourche et une selle suspendues en photos, mais celles-ci sont en option. Sur le modèle de base, il faut se contenter d’un vélo rigide. Ses gros tubes ne sont pas à son avantage, car on sent que le vélo teuton est raide. Heureusement, le VAE équipe ses roues de pneus ballon Schwalbe Big Ben en 28 pouces. Le Culture filtre bien les vibrations et petites imperfections, grâce à son cadre épais notamment. Il présente toutefois assez rapidement ses limites sur chaussée dégradée. Dans ce cas, on évite tout trous ou bosses, ainsi que les sentiers.

Riese Muller Culture conduite pavés
Un confort correct même sur petits pavés, mais ce Riese & Müller Culture restera en ville sans l’option « suspension kit » (©M. Lauraux pour Cleanrider)

Au moins, la selle Selle Royal Essenza Eco retenue par le fabricant fait figure de référence pour amortir notre derrière, que la marque allemande combine avec une position de conduite semi-active. Même s’il est urbain, le Culture est légèrement typé sport (surtout par son moteur, on le verra plus bas), via la selle à hauteur du cintre. On conduit donc légèrement penché vers l’avant (d’où le confort correct car avec une meilleure répartition de poids), tandis que le guidon est courbé.

Riese Muller Culture selle
Une selle confort (©M. Lauraux pour Cleanrider)

Tentant de convenir à tous les gabarits (de 1,60 à 2 mètres), Riese & Müller décline son vélo électrique en trois tailles de cadre (50, 56 et 62) et en deux virantes : le Touring ici présent avec tube supérieur haut, et le Mixte à enjambement facilité.

Équipement : panoplie correcte, mais trop d’options

Urbain dans l’âme, le Culture se pare pour le quotidien. Par exemple, il reçoit des garde-boues métalliques ne bougeant pas d’un poil, une béquille qui sonne bien la robustesse à son déploiement. Dommage que sa position arrière rende la roue avant difficile à garder droite (ça vaut pour nos photos, mais aussi pour le garer chez soi). La roue arrière reçoit ici un bloqueur de roue, à activer avec une clé pour les arrêts de courte-durée. Par contre, c’est en option payante, à l’instar du porte-bagages. Dommage pour un vélo à vocation urbaine.

L’éclairage du Riese & Müller est automatique à l’allumage, lié à la batterie du vélo électrique. Le phare avant est puissant, ajustable en hauteur (en dévissant), tandis que le petit feu arrière se loge discrètement en bout de garde-boues, sans fonction stop. Pour rouler plus équipé, le cadre dispose bien de fixations pour un porte-bidon, ici occupé par la seconde batterie Powermore (voir partie Autonomie).

Mais la vision du Riese & Müller est ici proche de l’UBN avec un certain dépouillement, et un écosystème Bosch léger. Cela a pour conséquence un poids de 22,7 kg mesurés (sans la seconde batterie), correct mais sans plus pour un vélo électrique bien équipé et à moteur central Bosch.

Conduite : un moteur Bosch très (trop ?) sport

 

Le moteur Performance Line SX a été initialement développé pour les VTTAE légers et les vélos de route et autres gravel électriques. Mais, grâce à son poids sous les 2 kg et sa compacité, il a séduit nombre de constructeurs de vélos urbains qui cherchent à cacher la dimension électrique de leurs produits.

Riese Muller Culture Conduite
Le moteur Bosch SX envoie facilement à 25 km/h, mais en douceur (©M. Lauraux pour Cleanrider)

Le moteur Bosch SX est toutefois typé très sport et demande une forte cadence de pédalage pour déployer son plein potentiel. Il faut tenir environ 80 tours/minute sur le plat pour développer plus de 350 W en pic, et grimper à 100 tours/min en forte montée pour tutoyer les 600 W maximaux.

Ce n’est pas un point recherché par un vélotafeur, mais on sent la belle progressivité des accélérations. C’est donc à l’opposé du tempérament “coup de pied aux fesses” du grand frère Performance Line CX, et que les sportifs apprécieront sur un VTT ou gravel. Le tout se fait avec un bruit très présent, sûrement du fait de la cadence élevée de pédalage.

Riese Muller Culture conduite montée
Il faut tenir la cadence (80 tours/min environ), là où le Bosch SX est généreux (©M. Lauraux pour Cleanrider)

Le vélo électrique allemand n’est donc pas fait pour les fainéants, car la transmission à moyeu Shimano Nexus n’aide pas à se reposer. Malgré 8 vitesses, on reste le plus souvent entre les 3 et 5ᵉ rapports en terrain parisien, car l’amplitude est énorme. Jamais nous n’avons profité des 7 et 8ᵉ (la 6ᵉ suffit en forte descente), ni du 1ᵉʳ, car le 2d suffit déjà à attaquer le Mont-Valérien. Parfois, c’en est presque frustrant, car on mouline à 25 km/h en 5ᵉ, et on peine à relancer l’assistance en 6ᵉ, l’écran nous harcelant alors de changer de rapport. Peut-être un étalage plus groupé suffirait à ce VAE urbain, mais on sait qu’un dérailleur 10 vitesses existe en option (et on aurait préféré !).

Enfin, il n’y a pas une manière, mais plusieurs de rouler avec le Culture, car Bosch intègre trois niveaux d’assistance : Eco, Sport et Turbo. Un quatrième est présent, un mode automatique adaptant la puissance selon le besoin, le tout en souplesse lorsque l’on passe d’une forte montée au plat. En complément, on peut modifier chaque mode dans l’application Bosch eBike Flow : couple maxi, vitesse maxi, profil dynamique ou non, réponse à l’accélération. En résumé, on peut ficeler son mode personnalisé !

Un superbe freinage

Le style du Culture hésite entre dynamique et urbain, on l’a vu plus haut. Malgré cela, il est assez précis à manœuvrer en raison de la position du corps. Et le guidon courbé est bien vu, pas seulement pour redresser légèrement le dos, mais pour être plus étroit, de quoi moins appréhender le passage entre deux voitures.

Riese Muller Culture freins
D’excellents freins Magura, aussi progressifs que mordants (©M. Lauraux pour Cleanrider)

Et comme pour beaucoup de ses vélos, Riese & Müller a confié le freinage à un système de haute qualité. Le Culture accueille donc des hydrauliques à disques Magura MT A2 à deux pistons, très mordants et progressifs, bien qu’un peu bruyants.

Autonomie : bonne malgré la petite batterie et une recharge éclair

 

Embarquant 400 Wh de batterie, le Riese & Müller Culture fait pâle figure pour le secteur, d’autant plus à ce niveau de prix. Néanmoins, le Bosch Performance Line SX n’est pas aussi gourmand que le moteur Performance Line CX. Nous avons réalisé un cycle complet en assistance maximale (Turbo), et avons tenu 50 km sur un parcours principalement plat (tour de Paris), ce qui est très correct.

Pour aller plus loin, la seconde batterie PowerMore est proposée en option payante, installée sur notre modèle de test. Après avoir vidé la batterie principale, on branche cet accu au format bidon sur la prise de recharge avec un court câble, et c’est reparti avec “34 %” de batterie, ce qui correspond aux 187 Wh de ce module complémentaire. On a tenu 73 km au total avec les deux batteries, c’est très bien !

Riese Muller Culture batteriePowerMore
En option, la petite batterie PowerMore gonfle l’autonomie de 50 à 75 km (©M. Lauraux pour Cleanrider)

Pour se faire à l’idée d’une utilisation différente, nous avons inscrit un parcours avec gros dénivelé (Mont-Valérien, plus de 10 % parfois). Avec le mode Auto engagé, nous avons réalisé 23 km avec la moitié de batterie, là aussi une excellente consommation.

Nous l’avons dit plus haut, le Culture tente de cacher un peu son assistance électrique. Si le moteur est visible (cela reste un argument de vente), la batterie est totalement invisible, et malheureusement non amovible. Un mal pour un bien, diront ceux n’aimant pas transporter les lourdes batteries avec eux, sans être anxieux à l’idée de la laisser vulnérable dans la rue ou dans un local vélo.

Il faut donc recharger à même le vélo, ce qui est possible avec un grand câble et rapidement. Le chargeur 4 A ne nécessite donc que 2 h 30 pour un plein d’énergie. Il en faut autant pour la seconde batterie PowerMore, malgré la moitié de capacité, qui semble ne pas accepter un fort courant (avec le même chargeur). Bon point, une jauge à cinq barres permet de visualiser le niveau en recharge, quand la batterie interne du vélo dispose de l’écran avec pourcentage.

Technologie : un petit écran et une application bien faite

Riese & Müller et Bosch, c’est presque une histoire d’amour éternelle. Cela vaut pour le moteur et sa batterie, tout comme le système électronique connecté. Urbain moderne, le Culture ne pouvait pas oublier le Smart System, un environnement Bosch lié à une application eBike Flow hébergeant une belle quantité de fonctionnalités et informations. En dehors des réglages des modes de conduite, on peut y enregistrer ses trajets, consulter son kilométrage (réparti par niveau d’assistance), ou encore lire le manuel.

Riese Muller Culture écran vitesse
Quelques exemples d’affichages de l’écran optionnel Purion 200 (©M. Lauraux pour Cleanrider)

La navigation est un point majeur, possible seulement sur le smartphone car, à l’image de l’équipement, le vélo électrique n’équipe le guidon que de la LED Remote. Cette console à 5 voyants est la plus basique des commandes connectées Bosch, aux boutons assez gros pour l’utilisation avec des gants. Il est possible d’obtenir mieux en optant pour une commande Purion 200 comme cela a été le cas sur notre vélo de test. Évidemment, vous l’aurez compris, il s’agit là d’une option payante. Enfin, une accroche au format S&P Connect est présent. Celui-ci permet de fixer un smartphone à la potence via un support spécifique (non fourni) ou une coque adaptée.

Pour en revenir au Bosch Purion 200, celui-ci a le bon goût de proposer un petit écran. Ce dernier concentre les différentes infos de conduite : vitesse (en cours, max), kilométrage (trajet et total), niveau d’assistance, puissance ou encore la cadence essentielle à contrôler avec le moteur SX. L’écran ajoute un indicateur de passage de vitesse, si vous moulinez ou forcez trop, bien au début pour comprendre le potentiel du moteur, mais intrusif à la longue.

Riese Muller Culture application
L’appliBosch eBike Flow est une référence, mise à jour régulièrement (©M. Lauraux pour Cleanrider)

À l’allumage, on entend deux bruits, celui du moteur puis celui de la batterie, signe de leur bon déverrouillage. Éteint, il est impossible de rouler avec le vélo en électrique, car venant bloquer l’assistance. Impossible aussi de retirer la batterie et une alarme s’enclenche en cas de tentative de vol. Un gage de sécurité indéniable pour ce vélo électrique.

Des éléments de sécurité, en option

Comme la Purion 200, l’eBike Alarm est un autre élément pouvant faire gonfler la facture. Si le verrouillage eBike Lock est de série, ce pack nécessite déjà l’installation du ConnectModule, une puce à 100 €. Puis, il faut payer un abonnement à 39 € par an (12 premiers mois gratuits).

Celui-ci inclut l’alarme en cas de mouvement suspect du vélo en notre absence, avec notification sur téléphone. Par la suite, la géolocalisation permet de voir où se trouve le vélo, tandis que l’on peut envoyer générer une déclaration de vol préremplie avec ces infos, à envoyer à la police.

Ce dernier point fait partie des nouveautés, car Bosch met à jour régulièrement son système, de quoi être à la pointe plusieurs années après l’achat du vélo. En parallèle, il est possible d’opter pour les services de Riese & Müller via la puce RX Chip et l’abonnement ConnectCare. Ils sont plus chers, mais avec récupération et réparation du vélo possible.

Un tarif qui s’envole avec les options

Le Riese & Müller Culture débute à 4 039 € en version avec dérailleur Shimano Cues à cassette 10 vitesses. Notre modèle équipé du moyeu Nexus 8 démarre pour sa part à 4 339 €. De plus, nous avions plusieurs options dont la batterie additionnelle (504,90 €), la console Purion 200 (70,90 €) et l’antivol de cadre (50,90 €).

On atteint presque 5 000 €, mais il est encore possible de gonfler la facture via le porte-bagages (80,90 €), les suspensions avant (100,90 €), ou la puce RX pour services de géolocalisation et vol de vélo (151,90 €, hors abonnement ConnectCare). On regrette toutefois que le porte-bagages et l’antivol de cadre ne soient pas intégrés d’office. Il s’agit là pourtant d’incontournables du vélo électrique de ville.

Riese Muller Culture design
Un vélo dépassant les 4 000 € (voire plus comme ici avec options), avec quelques manque d’équipements (©M. Lauraux pour Cleanrider)

La garantie de Riese & Müller est de 2 ans, cela englobe la batterie (60 % de charge minimum ou 500 cycles) et de 5 ans sur le cadre. Le SAV consiste à contacter le revendeur ayant vendu le vélo pour respecter la garantie. En dehors de celle-ci ou pour les pièces d’usure, les composants sont standard et n’importe quel atelier pourra s’occuper du vélo électrique.

À savoir, le Culture comme tous les autres VAE de la marque sont assemblés dans l’usine de Mühltal en Allemagne, le cadre étant réalisé au Portugal avec 50 % d’aluminium recyclé.

L’avis de Cleanrider

NOTE GLOBALE
Confort & ergonomie
Conduite
Autonomie

Sans enfourcher ce vélo électrique, le Riese & Müller Culture dégage une certaine sympathie via son style unique, aux gros tubes et ses couleurs mates. Au guidon, il révèle un caractère ambivalent, tantôt urbain par son attirail (garde-boues, selle rembourrée, cintre courbé, pneus ballons) offrant un bon confort, tantôt dynamique avec sa position semi-active et une bonne précision de conduite.

Le moteur compact et vif Bosch Performance Line SX vient pencher la balance vers le sport, car il nécessite une forte cadence de pédalage pour s’exprimer pleinement. C’est presque déconcertant sur notre modèle équipé d’une transmission Nexus 8 à courroie qui ne semble pas le bon compagnon au contraire d’un dérailleur plus conventionnel.

On aurait préféré le dérailleur du modèle de base, moins cher, voire l’Enviolo. Mais peu importe la configuration, le Riese & Müller Culture oublie trop d’équipements de série comme l’antivol de roue essentiel en ville ainsi que le porte-bagages, ou la console Purion à écran plus agréable au quotidien que la basique LED Remote.

Ce VAE urbain aux accents sportifs est ainsi très appréciable pour du vélotaf, à condition d’être en forme. Et sous réserve d’un budget élevé, car proposé à plus de 4 000 € hors options.

On a aimé On a moins aimé
  • Style remarquable.
  • Qualité d’assemblage.
  • Moteur SX compact et fougueux.
  • Freins ultra-performants.
  • Agilité de conduite.
  • Superbe connectivité Bosch.
  • Prix élevé.
  • Forte cadence à tenir.
  • Nexus inadaptée au moteur.
  • Pas de feu stop.
  • Manque des équipements.

 

Matthieu Lauraux
Matthieu Lauraux

Journaliste, essayeur

Au guidon de vélos depuis son enfance, vélotaffeur de longue date et voulant promouvoir des déplacements plus propres, Matthieu est un éternel curieux, avide de tester les nouveaux produits de mobilité urbaine,

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