©M. Lauraux/Cleanrider
Vélo biporteur de poche fabriqué en Allemagne, le Muli veut conquérir les familles et professionnels en France. Nous avons pu le tester dans sa nouvelle version ST Pro !
La petite histoire ressemble presque à un conte de fées moderne du high-tech. Tout a commencé en 2016 par l’assemblage des premiers prototypes de vélos à la main dans l’écurie de la grand-mère, dans le petit village reculé de Westerwald (Allemagne). Après cette première phase artisanale, Muli a sécurisé son lancement par une campagne de financement participatif, en 2017.
Depuis, la marque a rencontré un petit succès outre-Rhin et tente désormais de percer en France. Cela débute à Paris par le biais de rares revendeurs, là où la demande semble la plus forte. Dans l’un d’eux, nous avons rencontré l’équipe de Muli et surtout leurs vélos électriques, que l’on a pris en main.
D’abord, faisons-nous les Muskel
Chose peu habituelle, on va vous parler de musculaire, sacrilège, direz-vous sur Cleanrider. Mais c’est la base de Muli, qui a débuté avec le Muskel. C’est la base de ce modèle qui a servi pour la transition électrique. Car il faut expliquer le concept unique de ce vélo cargo : un petit format, de type biporteur, visant la légèreté.
Déjà, il commence par de petites roues, 16 pouces à l’avant et 20 à l’arrière. Vous remarquerez ensuite les tubes fins et la longueur réduite à moins de 2 mètres (1,95 m pour être précis), contre 2,50 mètres, voire plus pour un biporteur classique. Outre la longueur, le vélo électrique de Muli cherche aussi à diminuer sa largeur. C’est sa vraie marque de fabrique, avec une caisse avant prenant la forme d’un gros panier pouvant se refermer.
Souple, l’espace de chargement possède une forme évasée, avec un renfort à sa base, des poches pour loger ses petits objets, et une superbe modularité. La caisse du Muli s’ouvre en un coup de manette, et se referme en rabattant les flancs, rien de plus simple !
Afin d’être plus équipé, le Muli transporte deux enfants avec son kit de siège – optionnel – à installer en quelques secondes, et à enlever tout aussi vite. Un panier pour chiens existe également, tout comme un tapis de sol ou un pare-soleil.
Une adaptation rapide et un poids plume
La force du Muli réside dans la configuration de l’espace de chargement. Ce gros panier passe de 60 à 27,6 cm de large, ce qui ne réduit pas la largeur brute du Muli – avec son guidon non pliable – mais bien plus pratique à stationner. Et quand l’on roule avec un Muli fermé, c’est plus relaxant qu’avec la caisse ouverte, plus vulnérable aux chocs avec un véhicule ou un poteau. Car comme un biporteur classique, la roue avant très déportée demande un petit temps d’adaptation.
Après 30 secondes de compréhension, on maîtrise parfaitement le Muli Muskel, grâce à une direction par poulie bien réglée et surtout un poids de 25 kg proche d’un vélo électrique conventionnel. La conduite n’est pas naturelle comme sur un vélo 26 ou 24 pouces, toutefois, un biporteur normal reste plus difficile à cerner qu’ici. Doté d’une transmission Shimano Alfine sur notre exemplaire, le mini-biporteur ne nécessite aussi que peu d’effort dans les mollets et file sans souci à plus de 20 km/h sur les pistes.
Muli ST, le Super (petit) Transporteur
Par transparence, nous avons roulé à peine quelques kilomètres au guidon du Muskel, et à vide. Mais imaginons un plus grand trajet, l’été, avec deux enfants (voire 3 avec le porte-bagages arrière optionnel), ce n’est plus la même histoire. D’où la création d’un Muli ST, la version électrique. La marque allemande n’a pas lésiné sur le système avec un moteur central Shimano EP6100 dont l’assistance atteint très rapidement les 25 km/h. En ajoutant les différents composants électriques, dont la batterie de 504 Wh, le poids ne grimpe qu’à 34 kg, proche d’un vélo longtail électrique (déjà léger). C’est presque déconcertant de fougue.
Et comme on avait déjà les réflexes du pendant musculaire, on se prend à doubler tous les autres vélos et à filer entre les voitures pour rejoindre le feu rouge. Enfin, avec une caisse fermée qui, encore une fois, facilite grandement les manœuvres. La transmission automatique Di2, via le Nexus à cinq vitesses, plaira à ceux cherchant un vélo cargo simple à utiliser, sans avoir à jongler avec les modes (on peut si l’envie vient).
Reste que le prix augmente en flèche. Avec un tarif de base de 5 230 €, caisse vide et sans compter les nombreuses options possibles, la facture devient plus dure à avaler. À titre de comparaison, le Muskel (pour rappel musculaire) est facturé 2 890 €.
Muli ST Pro, c’est presque trop ?
Encore une fois, nous n’avions pas de bambins ou de gros objets sous la main, afin de mieux appréhender la maniabilité du vélo électrique en conditions réelles. Toutefois, nous avons demandé à des familles croisées sur notre chemin, qui ont pointé la beauté du concept, mais aussi regretté une caisse un peu étroite (c’est vrai).
Bref, le Muli ST était déjà sympa à piloter, le ST Pro tout juste annoncé fin 2023 est encore plus nerveux. Avec le moteur Shimano EP6 Cargo, gonflant le couple à 85 Nm (vs 60), les accélérations sont très impressionnantes. En complément des performances enivrantes, le vélo adopte une courroie encore plus douce, pour un poids final identique.
Sans grand changement sur la balance, le Muli ST Pro devient un petit joujou puissant, pas forcément rassurant pour les têtes blondes avant l’école, mais pourquoi pas l’outil dynamique du pro (d’où le nom ?). Heureusement, des freins très mordants veillent au grain. Les Shimano hydrauliques à disques 180 mm et étriers 4 pistons (vs 2 pistons et 160 mm sur le ST) son hallucinants, sans le moindre dérapage.
Autres évolutions : le Muli ST Pro profite d’un plus bel écran, d’une application et de la géolocalisation. Des ajouts venant encore une fois plomber le portefeuille puisque cette version ST Pro démarre à 6 340 euros !
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Le Muli est indéniablement une expérience à part dans le monde du vélo cargo électrique, que l’on peut presque assimiler au Petit Porteur (vélo allongé). Un esprit qui se traduit ici plutôt sur un biporteur, avec l’ingéniosité de la caisse pliable lorsque vide, la grande qualité, car plus facile à manier et à garer.
Avec ses motorisations Shimano généreuses (certes moins punchy que Bosch) et une transmission auto Nexus 5 vitesses, l’utilisation est aussi facile que dynamique, mais reste moins stable qu’un Tern 20 pouces. On reste toutefois impressionnés par le rapport charge/poids (195 kg en tout dont 70 kg dans la caisse). Le gros point noir est celui du prix, dépassant parfois ceux d’un vrai biporteur. La marque justifie sa pratique par une production locale et un assemblage réalisé en interne à Cologne, en Allemagne.
Ces premiers tours sont toutefois insuffisants pour vous livrer un verdict complet, notamment avec un point sur l’autonomie et les fonctionnalités de l’appli. Pour juger, on confierait plutôt ce Muli ST plusieurs jours à un parent ou un cycliste en demande de charge dans un format compact. En attendant, ce petit vélo cargo est bien disponible en France. On trouve ce vélo à la commande en ligne sur le site officiel, ou auprès des revendeurs Jour de Vélo à Paris qui restent aujourd’hui le seul point d’entrée « physique » pour la marque en France.