©Cleanrider/M. Lauraux
Perchée sur de grandes roues de 16 pouces, la Swan est une trottinette électrique annonce de belles performances sur le papier. Qu’en est-il dans la réalité ? Voici notre expérience !
Loin de la diversité observée dans le domaine du vélo électrique, acheter une trottinette électrique en 2024 ne laisse toujours que peu de choix. Changer de paradigme d’un modèle 10 pouces qui ne ressemble pas aux Ninebot, Xiaomi et consort n’est vraiment pas évident. C’est sans doute ce qui nous a motivé à pousser à tester la Swan. Création de Shif Mobility, entreprise basée en Lettonie, elle revoit les codes de la trottinette électrique. Elle semble influencée par le vélo, à l’instar des SwiftyGo et autres Pipegun Sixteen.
Mais au-delà de l’originalité du concept, cette trottinette électrique à grandes roues a-t-elle du sens dans la réalité et est-elle vraiment pratique au quotidien ? Pour en juger, nous avons vécu deux semaines avec la Swan et roulé plus de 120 km à son guidon.
Confort et ergonomie : une trottinette Swan qui se plie au quotidien
Le pliage est probablement le meilleur atout de cette trottinette électrique. Le cygne – swan en anglais – se transforme en une chouette structure verticale en à peine 3 secondes. Oui, c’est plus long à lire qu’à faire. La cinématique est unique, avec un premier coup de pied dans un loquet, un second pour en rabattre un autre. Ensuite, la partie avant se plie vers l’arrière, tenue fermement au tube gauche près de la roue. On dit adieu aux manettes manuelles parfois trop dures à ouvrir, certaines laissant la colonne de direction tomber sans crier gare.
Il ne reste ensuite qu’à soulever la trottinette lettone, reposant sur sa roue avant et deux roulettes. L’avantage, c’est de pouvoir faire rouler son engin sans forcer en tenant le guidon, et l’on s’amuse même à l’amener avec soi dans les commerces. Le poids mesuré de 15,7 kg est aussi un avantage indéniable, on ne pousse pas un âne mort malgré la taille des roues. Sur notre modèle d’essai, on notera toutefois une des roulettes se délitant, soit un roulage souvent bancal, demandant à la replacer régulièrement.
Stockée en appartement ou au bureau, la Swan ne prend que peu de place, pouvant aussi tourner sa potence pour réduire sa largeur. Déplier le tout est tout aussi rapide : retour à l’horizontal, ouverture du loquet manuel et petit coup de pied sur le loquet à l’avant. Là aussi, le tout prend moins de 5 secondes.
Un très bon confort, chagriné par quelques détails
Une fois dépliée, la Swan offre un confort bien supérieur aux trottinettes électriques classiques. Avec les roues de 16 pouces, l’engin ne nous fait pas hésiter à prendre les sauts de trottoir des quais de Seine à Levallois-Perret – ils sont très abrupts – ou les pavés des Champs-Élysées.
Cela ne remplace pas une suspension, avec laquelle ce véhicule serait plus agréable. La seule limite de la structure est la faible garde au sol, certes moins handicapante que l’on pourrait croire. Le plateau gratte parfois, le client devra donc surveiller régulièrement les deux protections en plastique protégeant les tubes latéraux.
Le gros hic, c’est le garde-boue arrière. Si son cousin à l’avant est parfaitement fixé, lui a tendance à bouger. En cause : le desserrement de l’une de ses deux vis (difficile d’accès qui plus est !). Outre le mouvement, c’est le bruit métallique qui nous importune à chaque petit choc sur la chaussée !
Enfin, la béquille est incluse sur la Swan, tenant correctement l’ensemble malgré sa position très reculée. Il ne faut pas être attaché au style, la peinture noire laissant déjà apparaître l’acier nu après quelques utilisations. L’équipement est complété par une sonnette au format anneau, au loquet plastique peu durable ni efficace.
Au guidon : conduite sage et saine à tout moment
Le fonctionnement de la Swan reste celui d’une trottinette électrique. Il faut pousser au-dessus de 5 km/h puis la gâchette avant de déclencher le moteur. Toutefois, il faut attendre 2 secondes entre le lancement au pied et les premiers watts. Cette latence demande un second coup de pied afin de ne pas perdre en vitesse avant le démarrage.
Une fois lancé, le moteur chinois Mxus issu du monde du vélo envoie ses 250W en continu. Cette puissance est faible pour une trottinette électrique, généralement à 350 W, mais les pics culminent à 450 W. Concrètement, l’accélération n’est pas très vive, très linéaire, mais soutenue par un couple important de 36 Nm. Cette force vient conserver une vitesse aussi stable même sur pente soutenue, là où une trottinette 350 W tombe sous 20 km/h. Précisons que nous parlons ici du mode maximal 5 sur 5. Les modes inférieurs sont tout aussi performants, avec une bride de vitesse différente (mode 4 à 18 km/h, mode 3 à 12-13 km/h, etc) .
Les relances de la Swan sont aussi franches, malgré quelques rares “absences” nécessitant un deuxième coup de gâchette. Le moteur souffre également de deux petits défauts. Le premier est la baisse de vitesse avec le niveau de charge. Nous avons remarqué une limite baissant jusqu’à 21 km/h au fur et à mesure de la consommation de batterie. Le second bémol est le bruit de ce moteur à engrenages, très bruyant, proche d’une Navee S65.
Des freins de Porsche, une conduite de Clio
Contrairement à la plupart des trottinettes électriques, la Swan ne possède pas pas de régénération au freinage ni d’E-ABS. La machine lettone fonction ici comme un vélo au travers de deux freins ayant chacun son levier, un peu déroutant ! Par contre, le système est hydraulique avec deux disques 140 mm, procurant des immobilisations éclair. Cela veut seulement en pressant les deux leviers. Le frein arrière est clairement plus faible et bloque trop rapidement la roue, tandis qu’à l’avant, c’est ultra-mordant sans risquer de faire un soleil (l’arrière ne décolle pas).
Un freinage donc très rassurant, tout comme la conduite stable. Les grandes roues de cette trottinette électrique 16 pouces équilibrent le court guidon de la Swan. Le pilotage n’est donc pas très sportif ni précis, surtout en raison de l’empattement long. Or jamais nous n’avons ressenti de guidonnage ni de décrochage en passant sur des gros trous ou bosses.
La conduite est ainsi saine, associée à la position naturelle des pieds en parallèle, induite par la grande largeur du plateau. Enfin, si l’on est à l’arrière, là où l’on conduit plus facilement la Swan qu’avec les pieds près de la roue avant. Le large deck permet d’autres positions, exemple avec le pied gauche ou droit vers l’avant afin de prendre des virages plus prononcés.
Autonomie : la Swan supérieure à la valeur officielle !
Oui, nous avons battu à chaque reprise l’autonomie officielle de la Shif. Pour comprendre notre étonnement, il faut savoir que l’univers de la trottinette électrique est abusif. En général, il faut retirer 30 à 40% de la valeur communiquée, généralement calculée à 15 km/h en conditions idéales.
Ici, la Swan indique 25 km sur la plus petites des deux batteries, de capacité 10 Ah (ou 360 Wh). Entre 26 et 32 km sur nos 4 cycles de charge, l’engin letton est surprenant d’efficience. Cela veut dire qu’avec la grande batterie optionnelle de 15 Ah – et aux 35 km officiels – il devrait être possible de dépasser 45 km ! On peu aussi s’amuser à « cruiser » avec le feu rouge ou en descente, là où l’absence totale de friction laisse une vraie roue libre.
Une batterie amovible, mais pourquoi faire ?
Le retour de bâton est en gestion d’énergie via la jauge de l’écran. Une fois passé les deux premières des cinq barres, la jauge fond de manière accélérée… en conduite. A l’arrêt, il est possible de remonter à 3 barres, pour redescendre à une seule quelques mètres plus loin. Parfois, il est donc difficile de juger la distance restante sur la batterie. De plus, par faible charge, on ne sent aucune bride de puissance pour décourager de vider complètement la batterie. La seule perte est celle de la vitesse maximale (voir partie Conduite).
Une fois déchargée, on profite d’une autre curiosité de cette Swan, la batterie amovible. C’est sans doute inutile pour beaucoup, sachant le peu de place occupée en stationnement. De par sa proximité avec la route et jouant le rôle de deck, elle est aussi sale à transporter (pesant e pour info 2,7 kg). Le seul avantage est de pouvoir doubler son autonomie avec une seconde batterie. Pour remplir celle incluse sur la trottinette, comme le chargeur délivre 2 A, il faut compter environ 5 heures. Hors de l’engin, la recharge n’est visible qu’au changement de voyant au vert, en l’absence de jauge.
Technologie : un écran vélo basique, sans connectivité
Bien qu’originale, la Swan ne fait pas partie des engins de mobilités hyper connectés. La cible de cette trottinette électrique est le court trajet d’un point A à un point B, et pas forcément l’urbain branché. D’ailleurs, pas de grand écran de potence classique, ici c’est un affichage “Topology SW102” venu du vélo électrique – proche des Voltaire Bellecour et Tenways CGO600 Pro – qui gère le fonctionnement.
Tout petit et vertical, il est monochrome et limite ses fonctions. Hormis la vitesse en gros caractères, l’écran LCD diffuse la jauge de batterie sur 5 barres, le mode engagé et le kilométrage en cours. Le bouton M permet de changer vers une fenêtre quasi identique, à l’exception de la durée d’utilisation, puis vers une troisième fenêtre. Dans celle-ci, l’écran affiche la vitesse maximale, la vitesse moyenne et le kilométrage total. Les vitesses et le kilométrage en cours peuvent être remis à zéro manuellement.
Les deux boutons inférieurs sont grands, faciles à utiliser même avec des gants. Cependant, car sur la potence, ils ne sont pas pratiques lors de la conduite (il faut s’arrêter pour les manipuler). Ils permettent de monter ou descendre le mode moteur de 1 à 5, celui du haut pouvant allumer l’éclairage si appuyé longuement. A ce moment-là, l’écran est moins lumineux, soit un léger handicap si l’on aime rouler avec l’éclairage en plein jour.
Prix et disponibilité : la Swan est très chère !
De par ses choix originaux, la Swan paie lourdement le tribut au moment d’établir la facture finale à son client. Shif Mobility vend sa trottinette électrique au tarif de 2 149 €, soit trois fois la somme d’un modèle moyenne gamme. On prend ici pour exemple une Ninebot F2 Pro (649 €) ou une Xiaomi 4 Pro (799 €). Il faut savoir que l’entreprise lettonne est de petite taille, et à petite production face aux mastodontes chinois produisant des millions de trottinettes électriques par an. Ceci a un énorme impact. De plus, la fabrication est locale en Lettonie, là où ce type de véhicule est quasiment intégralement made in Asia. La note est encore plus salée si l’on craque pour la version spéciale chromée Diamond Edition, flirtant avec les 3 000 €.
Pour le service après-vente, la Swan est convenue de respecter la garantie légale de deux ans, hors pièces d’usure. Sans réseau ni partenaire en France, les clients de la petite marque lettone devront rejoindre un vélociste en cas de pépin. La réparation de cette trottinette électrique tient en effet davantage du vélo.
L’avis de Cleanrider
NOTE GLOBALE | |
Confort & ergonomie | |
Conduite | |
Autonomie |
Lorsque l’on a eu l’idée de piloter une trottinette électrique lettonne, et de plus aussi originale que la Swan, on ne savait pas du tout à quoi s’attendre. On avait aussi quelques a priori sur la garde au sol ou le court guidon, mais l’engin est très agréable à l’usage.
Le confort est bon même si nous ne serions pas contre une suspension, les freins hydrauliques sont excellents, et le moteur s’avère généreux passé le démarrage lent. Plus performante que sur le papier, la Swan l’est aussi en autonomie, et c’est unique puisque l’on a dépassé les 25 km officiels, et même 30 km sur deux trajets. Et les bonnes surprises continuent à l’arrêt. Le système de pliage génial s’opère en quelques secondes vers un stationnement vertical stable, et le poids autour de 16 kg permet un transport ponctuel.
Il y a toutefois des concessions à cette création venue de Lettonie. Quelques détails de finition comme le garde-boue arrière branlant, des peintures rapidement écorchées ou une des roulettes bancale seront à parfaire pour une prochaine évolution. Et bien sûr, le vrai point noir est le prix au-dessus de 2 000 €, qui en rebutera plus d’un. Le prix d’une fabrication européenne, originale, pratique et plus facilement réparable.
On a aimé | On a moins aimé |
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2150 € pour une trottinette, des vélos à 6-7.000 € A cette allure, on devra passer par sa banque avant d’acheter un petit véhicule. Du grand n’importe quoi. Un smicard ne pourra plus se payer un deux roues tellement ils sont chers. Bravo, ils ont tout compris.
/// le vrai point noir est le prix \\\ Vu le compte rendu, je pense que le point noir est le rapport qualité prix