Les voies cyclables sont de plus en plus fréquentées. Voici une petite charte de survie à appliquer pour vos prochains déplacements.
Les modes de déplacement urbains individuels motorisés comme les vélos électriques, trottinettes électriques et monoroues connaissent un véritable engouement ces dernières années. Pratiques, écologiques et économiques, ils séduisent un nombre croissant de citadins lassés des embouteillages et soucieux de leur empreinte carbone.
Cependant, comme nous l’avons vu dans notre précédente tribune, le sujet de l’utilisation et du partage des voies cyclables peut parfois poser problème, étant donnée la diversité – et la disparité – des différents engins qui les empruntent, et de leurs conducteurs.
Pour accompagner cette évolution vers la mobilité douce, les villes s’équipent d’infrastructures dédiées : pistes cyclables, voies vertes, zones de rencontre, etc. Cependant, le partage de ces espaces entre usagers aux vitesses et gabarits très différents n’est pas toujours aisé. C’est pourquoi il est essentiel de suivre quelques règles de bonne conduite pour que cette cohabitation se déroule en toute fluidité et sécurité. Voici quelques idées – qui ne prétendent pas être exhaustives – issues de mon expérience personnelle.
Les dépassements sur voies cyclables peuvent devenir délicats, voire dangereux en raison de la fréquentation en constante augmentation de ces dernières. Lors de mes trajets quotidiens je vois régulièrement des comportements aberrants, voire effrayants. Ils sont souvent le fait de cyclistes pressés et un peu agités pour lesquels ralentir n’est pas une option. Résultat, ils se faufilent davantage qu’il ne dépassent, avec toute la dangerosité liée à ce type de comportement. D’une part ils passent tellement près de ceux qu’ils doublent qu’ils les touchent parfois (expérience vécue), mais surtout ils arrivent pleine balle sur ceux qui circulent en face en sens inverse, et les frôlent également. Or, le choc de deux cyclistes qui se percutent en roulant respectivement à 20/25 km/h peut avoir des conséquences gravissimes, voire mortelles. Pourtant, il ne viendrait certainement pas à l’idée de ces usagers de reproduire les mêmes comportements en voiture sur route ouverte, à savoir se faufiler entre deux files de voitures sur une route à deux voies… Un petit mot aussi pour celles et ceux qui se font dépasser : sur une piste ou voie partagée, il faut toujours laisser suffisamment d’espace libre sur sa gauche pour permettre aux autres usagers plus rapides de vous doubler en toute sécurité. Ne roulez donc pas trop à gauche et serrez à droite quand c’est possible. Bon ok, quand la voie cyclable longe une file de voitures en stationnement ce n’est pas très rassurant non plus de frôler cet alignement de portières qui ne demandent qu’à s’ouvrir sur votre passage…
Avant de ralentir ou de vous arrêter, regardez bien autour de vous et signalez votre intention à temps aux autres usagers qui vous suivent. Un freinage inattendu peut être à l’origine de collisions par l’arrière. Si vous devez vous arrêter, que ce soit pour régler quelque chose ou consulter votre smartphone, dégagez complètement la chaussée en vous mettant sur le côté. Rester immobile au milieu de la piste est dangereux et gênant pour la circulation. Je vois ce comportement fréquemment, et j’ai assisté récemment pendant une heure de pointe matinale à une scène d’accident sans gravité mais très spectaculaire en raison de l’arrêt brutal et inopiné d’une vélotaffeuse sur la voie. Le cycliste qui la suivait l’a percutée et est passé par dessus le guidon (peut-être en raison d’un freinage trop brutal). Un autre a voulu éviter ce premier carton en se déportant sur la gauche et a percuté un trottinettiste arrivant en face. Tout le monde s’en est sorti indemne avec juste une grosse frauyeur et quelques éraflures, mais la scène était terrifiante et aurait pu virer au drame. Juste pour un arrêt inopiné.
Corollaires à l’arrêt inopiné vu ci-dessus, les arrêts soudains et imprévus sont l’une des principales causes d’accidents sur les pistes cyclables. Si un obstacle apparaît, essayez de ralentir progressivement et signalez votre intention d’arrêter si possible. Cette anticipation donne aux autres usagers le temps de réagir et évite les collisions en chaîne. Les vélos électriques, en particulier, peuvent atteindre des vitesses plus élevées que les vélos classiques, rendant les arrêts brusques encore plus dangereux.
Tout comme en voiture, il est indispensable de surveiller régulièrement ce qui se passe derrière vous à l’aide de vos rétroviseurs. Cela vous permettra d’anticiper les dépassements et autres manœuvres des autres usagers. Malheureusement, le rétroviseur n’est pas obligatoire sur les vélos ou les trottinettes, et je continue à penser que c’est fort regrettable. Surveiller son environnement de façon consciente et permanente à 360 degrés devrait faire partie de la routine de tout utilisateur d’engin motorisé, or c’est une notion totalement négligée – y compris par le législateur – notamment à vélo.
Avant de dépasser quelqu’un ou de quitter la piste par la gauche, regardez bien devant vous pour vous assurer qu’aucun obstacle ou usager ne vient en face. Un manque de visibilité peut vite transformer un dépassement en accident. Quand on change de voie ou que l’on quitte la piste cyclable par la gauche à une intersection, il faut évidemment vérifier que rien n’arrive derrière, mais également en face, et bien évaluer la vitesse du trafic en sens inverse.
Garer son vélo ou autre engin sur la piste cyclable elle-même est formellement à proscrire. Cela crée un obstacle dangereux pour les autres usagers qui pourraient ne pas vous voir à temps. Attachez toujours votre véhicule aux arceaux ou autres dispositifs prévus à cet effet en dehors de la piste cyclable, qui doit rester exclusivement réservée aux usagers à vélo et autres engins motorisés
Sur une voie partagée, il est important de rouler à une allure proche de celle des autres usagers, ni trop vite pour ne pas les bousculer, ni trop lentement pour ne pas gêner la circulation. Adaptez votre vitesse en fonction du flux, soit théoriquement entre 15 et 25 km/h. Rappelons que les speed-bikes atteignant 45 km/h n’ont rien à faire sur les voies cyclables, qui leur sont interdites. Quand aux cyclistes en lycra qui se croient en permanence en sprint de fin d’étape du Tour de France et déboulent eux aussi à plus de 40 km/h entre les autres usagers, l’idée serait peut-être de se détendre ou d’emprunter la chaussée, non ?
Cela parait évident, et pourtant… Entre ceux qui oublient d’allumer leurs phares et ceux qui n’en ont tout simplement pas, c’est un peu la loterie dès que la nuit tombe, c’est à dire dès 17h en hiver, soit avant le rush du soir. Pourtant, c’est assez simple : sans phare sur une piste cyclable la nuit, on ne vous voit absolument pas. Donc, dès la tombée de la nuit, n’oubliez pas d’allumer vos éclairages avant et arrière pour bien vous signaler aux autres usagers. Cela permet aussi accessoirement d’améliorer votre propre vision de la chaussée, et de ses pièges éventuels.
Les intersections avec la circulation automobile sont des zones particulièrement accidentogènes. Redoublez de prudence en vous annonçant bien à l’avance et en établissant un contact visuel avec les automobilistes avant de vous engager. Et surtout, même si vous pensez être prioritaire, anticipez les manœuvres des voitures et autres usagers qui eux ne sont pas sur la voie cyclable. Il vaut mieux s’arrêter tranquillement et laisser un automobiliste couper la voie cyclable car il ne vous a pas vu (angle mort) que de tenter de forcer le passage, car vous aurez rarement raison face à deux tonnes de métal, même si sur le papier vous êtes dans votre droit. Les cimetières sont peuplés de gens qui avaient la priorité.
Enfin, dernière règle mais non des moindres : faites preuve de courtoisie et de tolérance envers les autres usagers, qu’ils soient cyclistes, piétons ou automobilistes. Un geste, un mot déplacé peuvent vite envenimer les choses. Restez calme et bienveillant, la route vous le rendra. Par exemple, dans le cas précédent de refus de priorité et de franchissement abusif de la voie cyclable par un automobiliste, vous avez le droit de l’insulter copieusement, mais dans votre tête.
En suivant ces quelques règles de bon sens, nul doute que la cohabitation sur les pistes cyclables et voies partagées se fera en toute sérénité. Une mobilité douce mais responsable, telle est la clé pour des déplacements urbains plus sûrs, plus fluides et plus respectueux de l’environnement. Adopter ces règles de bonne conduite sur les pistes cyclables et les voies partagées est un investissement dans notre sécurité collective et notre qualité de vie urbaine. Les vélos électriques et autres moyens de transport individuels motorisés offrent une alternative écologique et efficace à la voiture, mais leur succès dépend de notre capacité à cohabiter de manière harmonieuse. En respectant ces principes simples, nous pouvons tous contribuer à rendre nos déplacements plus sûrs et plus agréables.
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