AccueilTrottinette électriqueAdieu les vélos électriques ? La révolution silencieuse des trottinettes électriques : pourquoi elles s’imposent en ville

Adieu les vélos électriques ? La révolution silencieuse des trottinettes électriques : pourquoi elles s’imposent en ville

En 2005, je faisais mes premiers trajets en trottinette électrique. Les passants voyant un adulte d’un bon mètre quatre-vingt et d’une centaine de kilos sur un engin pour enfant me fixaient d’un regard intrigué et déconcerté. Vingt ans plus tard, j’accompagne mon fils au sport. Sur le côté, trois trottinettes électriques sont garées. Cette nouvelle coqueluche urbaine s’est retrouvée à prendre du galon, là, sous nos yeux, dans un silence quasi monacal. Et, tandis que le marché du vélo agonise dans un tunnel sombre sans fin, le véhicule des gosses envahit la ville. Et 2025 risque bien d’être son année.

Le vélo utilitaire : le véhicule populaire s’est-il trop embourgeoisé ?

Le vélo urbain, ce bon vieil ami, a toujours su se rendre utile. Transporter des courses, emmener la petite au parc, se faufiler entre les embouteillages et, accessoirement, vous faire transpirer assez pour sentir la capucine fanée avant la fin de la journée. On l’aime pour son aura écologique, son côté sportif (imposé ou assumé) et sa relative solidité. 
Mais, dans l’ère du « vite fait, bien fait, sans effort », il commence à avoir un peu de mal à tenir la cadence : selon l’Union Sport & Cycles, les ventes de vélos (toutes catégories) en France ont augmenté de “seulement” 4 % en 2023, un chiffre honorable, certes, mais loin du raz de marée attendu.

L’autre raison est son embourgeoisement. Plus gros, plus lourd, plus cher, le vélo électrique est passé d’engin populaire à marqueur social. C’est d’autant plus flagrant que le prix moyen de 2 100 € en 2022 (contre 2 000 € en 2021) est considérable pour la classe moyenne, mais faible dès lors que nous recherchons un peu d’autonomie et un moteur offrant assez de couple. Le tout, pour un engin qui ne dépassera jamais les 25 km/h.

Le vélo cargo tire son épingle du jeu, mais fait payer cher sa capacité de transport.

Résultat : les personnes équipées ne veulent pas changer leur monture, les autres n’ont pas le budget.

La trottinette électrique : la popularité grandissante d’un couteau suisse urbain

Pendant ce temps-là, la trottinette électrique, version 2.0 du jouet pour enfants, gagne tranquillement du terrain. Avec elle, point de nettoyage et graissage de chaine, de gestion de braquet, de changement de chambre à air au milieu de la rue (depuis quelques années, la majorité d’entre elles sont équipées de pneus tubeless à roulage à plat). Elle peut prendre le métro avec vous et n’a pas obligation de rester dehors, en proie aux vols. Elle se fait discrète dans le bureau, à côté de la poubelle ou du porte-manteau.

En deux décennie, la trottinette électrique a remplacé la voiture pour les petits trajets intramuros en solitaire.

Mais, par-dessus tout, elle est quatre fois moins chère (le coût moyen était de 450 € en 2022) que le vélo électrique, pour évoluer à la même vitesse, sur les mêmes pistes et remplir le même besoin utilitaire de trajet urbain quotidien.

En 2022, près de 900 000 trottinettes électriques auraient été vendues en Europe, selon la Fédération Européenne de la Micro-Mobilité, avec une croissance flirtant avec les 40 % par rapport à l’année précédente. Les courbes de ventes continuent d’exploser, et les annonces des leadeurs du segment (Ninebot, Xiaomi, Niu, Navee, Dualtron) pour 2025 risquent fort de doper un peu plus les ventes avec leurs nouveautés.

Le couronnement discret de la trottinette

Résultat, nous assistons à un véritable règne silencieux : alors que les plans vélo foisonnent dans toutes les grandes villes sauf en France, la trottinette se faufile, contourne, dépasse, accélère. Et, chaque indice Crit’air supprimé des ZFE encourage un peu plus l’acquisition de cet engin électrique à roulettes, logeable dans un coffre et parfait pour l’intermodal.

Certains vélos ne permettent pas d’ôter la batterie. Les urbains vivant principalement en appartement, ce genre de situation absurde est légion.

Les vélos utilitaires, fiers destriers de l’époque, commencent à voir arriver la relève : une étude récente du cabinet Smart Mobility indique que 1 usager sur 3 qui achetait auparavant un vélo urbain “casual” se tourne désormais vers une trottinette électrique.

L’expérience vélo cède sa place à l’expérience de trottinette sur le marché du déplacement urbain populaire. Les chiffres parlent d’ailleurs d’eux-mêmes : entre 2020 et 2023, la part de marché des trottinettes électriques dans la mobilité douce individuelle serait passée de 15 à 28 %, alors que celle du vélo urbain plafonne péniblement.

Alors, game over pour les biclous électriques ?

Et, pourtant, non ! Le VAE (vélo à assistance électrique) a pour lui les vélos cargos électriques, polyvalents au possible. Il y a aussi la loi, celle qui interdit d’être à deux sur une trottinette, mais pas sur un vélo. Une interdiction qui ne semble guère effrayer les parents déposant leurs enfants à l’école. Les ventes de VAE continuent de progresser, avec une estimation à 800 000 ventes pour 2024, soit 8,4 % de plus qu’en 2023.

Enfin, il y a l’activité physique. Le vélo est bon pour le cardio, bon pour le moral, bon pour l’organisme. La trottinette, elle, n’engendre aucun bénéfice de ce côté-là. Mais cela reste modéré. Les assistances poussées au maximum sur les VAE réduisent les efforts à peau de chagrin (c’est le but d’ailleurs).

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