Les fatbikes électriques, particulièrement critiqués aux Pays-Bas pour leurs dérives, attirent désormais l’attention de la Mairie de Paris. Entre préoccupations légitimes et amalgame avec d’autres véhicules, la question de leur régulation reste complexe.
Ces dernières semaines, les fatbikes sont au centre d’une polémique. Aux Pays-Bas, ce type de vélo électrique, souvent débridé, perturbe les pistes cyclables et suscite une réaction des autorités. Mais qu’en est-il en France ? La tendance pourrait-elle y prendre une tournure similaire ?
Le sujet traité par France 3 ce dimanche 13 octobre 2024 revient justement sur cette problématique. Le présentateur lance d’ailleurs le débat avec une pointe d’ironie : « vous avez aimé le débat sur les trottinettes, vous allez adorer celui sur les fatbikes ». Une remarque qui reflète la tendance à généraliser le débat, bien qu’il soit crucial de distinguer les fatbikes conformes à la réglementation de ceux qui ne le sont pas.
Lors du Conseil de Paris du 11 octobre, des déclarations acerbes ont été faites par Maud Gatel, conseillère de Paris dans le 15ᵉ arrondissement. Elle décrit les fatbikes comme des « Harley-Davidson sur roues », avec des pneus deux fois plus larges et un cadre renforcé, les qualifiant de « vélos-SUV ».
Cette perception, amplifiée par la taille imposante des roues, est partagée par certains habitants, comme cette Parisienne interrogée par France 3 : « ça prend de la place, comme ça a de grosses roues… ». Pourtant, la taille réelle d’un fatbike est souvent comparable à celle d’un vélo électrique classique, la largeur étant déterminée par le guidon, et non par les pneus. À titre d’exemple, un vélo cargo électrique est bien plus imposant qu’un fatbike, et de nombreux vélos à assistance électrique (VAE) standards affichent des cadres bien plus volumineux, comme le montre notre essai du Yamaha Booster Easy, tout à fait légal aux Pays-Bas.
En réalité, lorsqu’ils sont bridés à 25 km/h, les fatbikes n’engendrent aucun problème particulier sur les pistes cyclables. Les grosses roues des fatbikes apportent aussi des avantages notables. « Elles améliorent l’adhérence au sol et offrent une suspension naturelle », explique un revendeur. Ce gain de confort et de stabilité séduit de nombreux utilisateurs, qui apprécient également leur allure proche de celle des mobylettes. Toutefois, il faut reconnaître que ces pneus volumineux contribuent à une pollution accrue (due à la fabrication et à l’usure des gommes) et augmentent le poids du vélo, ce qui réduit son efficacité.
Le véritable enjeu réside dans les fatbikes débridés. Une Parisienne souligne ce danger : « Ça va très vite et c’est très perturbant », tandis qu’une autre cycliste ajoute : « Ils ne réalisent pas la dangerosité de la vitesse, même en vélo ».
Alexis Frémeaux, président de l’association Mieux se Déplacer à Bicyclette (MdB), confirme : « Tant qu’ils sont bridés à 25 km/h et qu’il faut pédaler, tout va bien. Mais débridés, ils deviennent des mobylettes et n’ont pas leur place sur les pistes cyclables ». Maud Gatel met également en avant les risques de conflits d’usage et de danger pour les autres usagers, notamment les piétons.
En effet, beaucoup de modèles sont importés sans se soucier de la réglementation des vélos électriques, ou alors modifiés après achat (un “argument de vente” précise Maud Gatel). En plus de la vitesse, un VAE (vélo à assistance électrique) doit aussi respecter une puissance continue maximale de 250 W et ne pas posséder de gâchette d’accélération. Ils devraient donc être homologués en tant que speedbike.
“L’État doit mener un travail plus sérieux du côté des revendeurs” informe David Belliard, maire-adjoint en charge des mobilités, “nous savons que certaines marques notamment chinoises, comme Ouxi par exemple, commercialisent des vélos non homologués en Europe. C’est ici que le rôle des douanes est central, elles doivent s’assurer que ces vélos n’arrivent pas sur notre territoire.”
Face à la prolifération des fatbikes en France, les autorités doivent-elles réagir ? Pour Maud Gatel, « il ne faut pas laisser l’anarchie s’installer, comme ce fut le cas avec les trottinettes ». Cependant, il est important de rappeler que, contrairement aux trottinettes en libre-service, il s’agit ici de vélos électriques privés.
David Belliard, adjoint à la mairie de Paris en charge des mobilités, précise que des contrôles de vitesse sont déjà réalisés, mais reconnaît que pour détecter un vélo débridé, un simple contrôle visuel ne suffit pas. « Il faut utiliser des bancs de roulement, comme cela se fait aux Pays-Bas », ajoute-t-il. C’est à la Police Nationale que revient cette tâche, et les fabricants commencent déjà à anticiper de futures régulations.
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