Jean-Pierre Bacri s’en était amusé en interview : « j’aime la pollution, j’adore le plastique dans les océans, ça me fait rire ». Une manière burlesque de décrier le militantisme exacerbé qui fait éclipse aux véritables motivations. Je ne peux qu’être d’accord avec lui, car quand je prends un vélo, ce n’est pas pour être écolo !
Nous y sommes : le changement d’heure, l’arrivée du froid, même d’une tempête. Par conséquent, se rendre au travail à vélo revient à militer pour la planète, avec un pull en peau de pomme de terre à l’effigie de Greta, produit localement, par les mains d’une personne au savoir-faire incomparable se nourrissant de légumes bio cultivés dans son jardin, arborant un T-shirt sur lequel est noté « TOTAL MENT ! ». Le tout en regardant les automobilistes au chaud dans leur voiture d’un air hautain, dédaignant le fait qu’ils ont égoïstement choisi le pragmatisme du confort chèrement payé au détriment de mère nature.
Mais quel enfer !
Il n’en est rien. Le vélo n’a rien de nouveau et il n’a jamais été une revendication écologiste. Il a fallu attendre le militantisme exacerbé moderne sur les réseaux sociaux, dont l’intérêt (outre que le fait de générer des revenus colossaux à ces sociétés que les écolos fustigent, en remplissant les bases de données de contenus inutiles qui pollue bien plus que 10 km en Renault Zoe) est de jouer les ayatollahs de l’écologisme sélectif. Brandissant ce billet du survivant, le fameux « si moi j’y arrive alors vous également ». C’est vrai, si Usain Bolt parcourt 100 mètres en 9,58 secondes, pourquoi pas moi ? Parce que je ne suis pas Usain et je ne suis surtout pas ce qu’ils prétendent être.
Le vélo n’est pas une revendication écologique, c’est une revendication pragmatique. Le moyen de locomotion pour qui n’a pas les moyens. Il nécessite de savoir pédaler, un vélo qui tourne plutôt correctement, trois antivols dont un en graphène pour anéantir les disqueuses et basta.
Lemmo One : 2000 euros, 17kg, 0,80 kWh/100km.
Il permet de se concentrer sur son parcours. Les notifications, alertes, messages et autres sources de captation d’attention en échange d’une dose homéopathique de dopamine sont mis en pause. À vélo je pédale, je bouge. Même sur un modèle à assistance électrique, je sollicite mes jambes, je respire, je prends l’air. Et ça fait du bien.
Le vélo est également un paradoxe quantique : on met moins de temps à parcourir une distance avec un véhicule plus lent en heure de pointe. Point de bouchon et malgré la pensée magique de certains rois de la pédale, les arrêts aux feux rouges n’ont pas d’incidence significative sur le temps de trajet.
Je sais à quelle heure je pars de chez moi et à quelle je vais arriver. La variable est si faible, qu’on peut la considérer nulle. C’est mathématique. Les calculs sont également très bons pour la réduction du trou de la Sécu : savoir quand on arrive, c’est le meilleur moyen d’éviter ce stress quotidien. Moins de stress, plus de vie. Ajoutez à ça le pédalage qui peut être plus intense au retour, et ce sont autant de chances de préserver votre palpitant. Quant au froid ? Si c’était un problème, les Canadiens, Finlandais et autres Suédois disparaîtraient à chaque hiver. S’ils survivent, c’est grâce à cette invention moderne de quelques millions d’années que l’on appelle délicatement « vêtements ».
Nous pourrions nous arrêter là, mais autant pousser un peu le raisonnement. Le vélo permet de découvrir les lieux que nous parcourons. En voiture comme à moto, tout va très vite ou rien n’avance. Dans les deux cas, nous ne prêtons guère attention à ce qui nous entoure. Nous ne voyons rien, nous ne savons rien Jean Neige. Nous passons à côté de cet appartement mis en vente dans le quartier sympa que nous guettions, ou nous n’avions pas idée de l’existence de ce petit resto au coin de la rue qui mène au bureau.
À vélo, on peut perdre son temps, quelques secondes, pour prendre en photo un lever de soleil et tenter de gonfler notre égo à coup de likes sur Insta. Ou juste pour le « kiffe » de sortir son thermos, de se poser devant un décor que l’heure bleue extirpe d’une banalité quotidienne. La dernière gorgée engloutie, nous repartons, l’esprit serein, le corps au chaud. Ces 10 minutes de calme ne sont qu’un échantillon du temps perdu dans les transports à la suite d’un problème voyageur.
Certes, encore faut-il avoir le bon décor à portée de main. Mais l’idée est là : à vélo comme en trottinette, c’est quand on le veut qu’on s’arrête.
Mais l’argument massue est aux antipodes de la préservation de l’environnement. Car le vélo permet d’affranchir mon véhicule du supplice du déplacement quotidien d’une poignée de kilomètres. Une redondance qui finit par afficher 15 000 bornes de plus au compteur à la fin de l’année, dont seulement 10 % ont été réalisées avec plaisir. Le vélo permet de ne conserver que ces 10 %. Dès lors, le choix du véhicule prend des possibilités inenvisageables jusque-là. Du V8 magique d’une CLK AMG de 2012 au petit roadster sympathique, jusqu’à la grosse berline familiale, en passant par cette MV Agusta Brutale qui faisait tant rêver le motard qui sommeillait en vous. Qu’importe la folie de l’engin, les kilomètres économisés permettent d’avoir le flacon et l’ivresse en évitant une financière détresse.
Alors non, l’écologie et l’amour de mère nature n’entre pas dans l’équation. Ils sont des bénéfices collatéraux, ce qui pourrait me faire sourire si cette étiquette ne me mettait au centre d’un clivage stupide, dont l’affrontement se déroule sur des lieux virtuels inutiles qui génèrent une pollution, elle, bien réelle.
Les 10% de plaisir uniquement.
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Vélo électrique15 novembre 2024
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