En ces temps tendus comme une ficelle entourant un rosbif, où les politiques parlent d’augmenter des salaires (c’est dire le drama), où le marché de l’auto d’occasion est plus spéculatif que la crypto et où l’avenir est incertain, nous nous devions de parler de vélotaf. Quel est le rapport ? Oui !
Ainsi, vous avez peut-être, au fond de votre petit cœur, l’âme d’un amateur de la pédale, du roulage en continu, de la selle qui s’adapte à votre séant, de l’air chargé en moucherons sur le visage, du casque façon œuf profilé et du change au travail. Nous avons donc décidé de lister tous les signes qui montrent que vous êtes prêt à troquer votre voiture, moto ou les si intensifs transports en commun pour un cycle, un biclou, une monture ou, plus simplement, un vélo.
C’est peut-être un détail pour les autres, mais pour vous, ça veut dire beaucoup. Une habitude prise quand vous étiez jeune. Un détail anodin qui prouve que vous êtes fin prêt à changer vos habitudes, à sortir de ce que les gens qui cherchent à vendre des formations sur Linkedin appellent « sortir de votre zone de confort ». Ça aurait presque pu être vrai, si cette zone avait réellement été confortable.
Tabata et vous, c’était une histoire qui remontait à l’adolescence. Une belle Italienne à la carrosserie pimpante, à l’intérieur chaleureux, mais à la fiabilité douteuse. Son dernier CT rend la contrevisite très onéreuse, trop onéreuse. Tabata n’est pas rentable. La spéculation de collectionneur ne vous tente pas. Mettre les mains dans le cambouis pour la sauver non plus. Elle partira contre un billet « en l’état ». Un billet qui servira à peine à couvrir les frais de carte grise du nouveau modèle. Il vous faut autre chose à ce tarif. Le choix se porte entre une trottinette électrique et un vélo à assistance électrique. La première option vous chauffe nettement moins.
Dans le foyer, il n’y a plus qu’une voiture (RIP Tabata). Heureusement, l’ainée n’a pas encore le permis. Mais entre vous et votre partenaire, c’est une garde partagée, avec planning et lieu de stationnement. Chaque matin, vous demandez à votre partenaire où se trouve l’auto. S’ensuit une description trop précise pour être exacte, trop floue pour être comprise. Votre box servant de pièce en plus, votre carrosse est garé où vous le pouvez. Il en résulte un temps conséquent pour vous rendre à votre voiture.
Ajoutez à cela le temps passé à tourner pour trouver une place et vous avez une perte temporelle qui se solde en jours. Des jours à rejoindre votre auto, c’est trop. Le vélo, pour sa part, est prêt tout de suite. Vous sortez et commencez à rouler. Pendant ce temps, l’autre vous d’un monde parallèle galère à rejoindre la voiture. Le gain de temps est appréciable, la sensation de fluidité inestimable. Vous y songez, fort !
Il est 7 h 39 et vous voilà au carrefour qui hante tout le monde. Pas le supermarché, mais l’infrastructure urbaine dont le but est de tester la résistance à l’énervement des humains en situation de stress. La légende raconte que de nombreux burnout sont liés à cet endroit et on ne parle pas de pneu qui fondent. Vous y passez en moyenne 10 minutes par trajet. 20 minutes par jour. C’est long 20 minutes à rester immobile. Depuis quelques mois, vous avez un nouveau jeu : Malcolm. C’est le nom que vous avez donné à ce cycliste que vous voyez passer tous les jours à la même heure. Il ne vous nargue pas. Il vous ignore. Il trace comme le vent. Chacun sa route, chacun son chemin, disait un tonton philosophe. Vous avez bien envie d’emprunter le sien.
De manière générale, vous n’aimez pas que les inconnus empiètent sur votre espace privé. Le matin comme le soir. Vous constatez, dépité, ces odeurs qui vous usent les narines, les mains inconnues qui vous touchent, ce métal qui devrait être très froid et qui est trop chaud, les sièges qui servent de déco, car vous passez des minutes interminables debout. Pour descendre du wagon, vous avez élaboré une stratégie d’évasion que même Steve McQueen n’aurait pu imaginer. Les malaises de voyageurs vous mettent en retard. Celui d’hier a battu les records. Car le voyageur, c’était vous. Vous auriez rendu votre petit déjeuner sur le quai si vous aviez eu le temps de manger avant de partir.
Le jus d’orange, c’est la vie. Pas celui en bouteille en plastique au goût acide et détestable. Le vrai. Celui que vous pressez vous-même. Quatre minutes de travail pour 1 minute de plaisir. Les calculs seraient presque bons si vous pouviez partir un instant plus tard. Mais le delta de temps pour rejoindre votre « boulot » est trop important, car intrinsèquement lié à des aléas générés par des milliers d’individus. Il y a bien une solution qui permet de réduire ce delta de temps de trajet à presque 0, c’est le vélo. Faire du vélo permet de siroter du jus d’orange pressé, sans se presser.
« Je ne suis pas disponible ». Cette phrase est difficile à entendre, mais encore plus à dire. En 2024, il est presque impossible de ne pas être joignable. Que ce soit un appel pour revoir votre facture d’électricité, une notification à propos de n’importe quoi de futile, des échanges très vides sur des plateformes virtuelles trop pleines, votre smartphone est la parfaite passerelle vers le dérangement. Vous aimeriez avoir une excuse pour ne pas regarder l’écran. Car vous le savez, s’il est dans votre main et que vous n’avez rien à faire, vous serez faible et passerez du temps dessus. Sur le vélo, vous n’avez pas le temps de scroller, au risque de scroller un capot ou un trottoir avec votre visage, ce qui serait bien dommage.
Vous enchainez. De la sonnerie du réveil au coucher le soir, vous n’avez aucun répit, aucun moment à vous. Aucun moment pour vous changer les idées, oublier un peu la « to do list » de votre éternelle routine. Il y a bien une solution. Votre trajet est une étape inéluctable. Une étape à réaliser matin et soir. Aller et retour. Ce sont deux moments que vous pouvez transformer, pour vous accorder un répit dans votre quotidien. Un moment d’égoïsme dans un monde trop brut. Évidemment, ça coûte le prix d’un vélo. Pour sûr, Tabata mériterait de se réincarner en vélo, tant qu’il est de marque italienne. Au pire, vous y collerez un des stickers distribués généreusement par Stellantis.
Si vous avez vécu au moins une des situations précédentes, alors vous êtes fin prêt à passer au vélotaf. Il vous suffit d’y goûter pour ne plus vous en passer. Et s’il y a d’autres signes que nous aurions pu oublier, n’hésitez pas à les soumettre dans les commentaires !
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Vélotaf20 juillet 2024
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