AccueilVélo électriqueCixi PERS : sans chaine, ni courroie, on a testé cet étonnant pédalier pour vélo électrique

Cixi PERS : sans chaine, ni courroie, on a testé cet étonnant pédalier pour vélo électrique

Cleanrider a pu se rendre dans les locaux de Cixi, en Haute-Savoie. L’occasion de découvrir l’histoire de l’entreprise et de tester l’étonnant Cixi PERS, un pédalier pour vélo électrique sans chaine ni-courroie.

Lorsque nous entrons dans les locaux de Cixi en périphérie d’Annecy, en Haute-Savoie, la première chose qui nous frappe est le nombre de salariés. Majoritairement sur des profils ingénieurs, ils sont une centaine répartis en une quinzaine de nationalités. Etonnant lorsque l’on sait que l’entreprise, fondée en 2015, n’a quasiment généré aucun chiffre d’affaires. « C’est assez classique dans le milieu de l’industrie. Nos financements proviennent de capitaux privés. Depuis deux, trois ans, la BPI nous soutient également » nous répond Pierre Francis, fondateur & CEO de Cixi, qui a pris la matinée pour nous faire un tour du propriétaire.

L’homme n’en est pas à sa première création d’entreprise. Après l’informatique et le service à la personne, il s’agit toutefois de sa première aventure dans l’industrie. « Je voulais développer quelque chose en phase avec un mode de vie plus actif. La sédentarité est aujourd’hui un énorme problème sociétal. Autrefois, nous utilisions nos muscles pour nous déplacer. Puis la voiture est arrivée. Le paradoxe, c’est qu’elle a ouvert les horizons géographiques tout en enfermant les gens dans la sédentarité », analyse-t-il. Avec Cixi, il ambitionne donc de redonner aux utilisateurs le goût de l’effort dans leurs déplacements.

Le Vigoz pour point de départ

Ce qui rend l’histoire de Cixi originale, c’est que le vélo ne faisait pas partie des plans initiaux de l’entreprise. À l’origine, la startup s’est lancée avec un projet automobile : le Vigoz. Ce quadricycle lourd à pédales, capable d’atteindre 120 km/h, est à la raison d’être du PERS (Pedaling Energy Recovery System), le pédalier sans transmission de Cixi. La PME savoyarde n’est d’ailleurs pas la seule à avoir eu l’idée d’un tel système. En 2021, l’équipementier allemand Schaeffler présentait un dispositif similaire, le Schaeffler Free Drive.

Toujours en phase de développement, le Vigoz est la raison d’être de Cixi.

« Nous avons conçu le pédalier et, pour le tester, nous avons décidé de l’installer sur un vélo. Nous avons récupéré un vieux cadre de trike et nous sommes dits que l’idée d’un vélo sans chaîne était plutôt intéressante », explique le fondateur de Cixi. Finalement, ce projet de pédalier pour vélo sera le premier à être industrialisé. « Cela nous apportera les ressources financières nécessaires pour poursuivre le développement du programme automobile, qui reste particulièrement coûteux », ajoute le CEO de Cixi.

Fondateur et CEO de Cixi, Pierre Francis nous a fait visité les locaux de son entreprise.

Test du Cixi PERS : un pédalier au fonctionnement bluffant

Difficile de visiter le siège de Cixi sans essayer leur fameux pédalier. Toujours en phase de développement, il était installé sur deux modèles que nous avons pu tester : un vélo classique et un trike couché.

Si on passera sur les quelques craquements du système (on reste sur un proto), le fonctionnement est vraiment bluffant. L’assistance est très réactive. La moindre pression sur la pédale entraine le démarrage du moteur intégré à la roue arrière via un système à capteur couple.

Le PERS ici monté sur un vélo électrique « classique »

Sans utiliser de transmission, les équipes de Cixi ont réussi à recréer les sensations d’un pédalier classique grâce à un système haptique particulièrement bien conçu. Pour reproduire les sensations offertes par un « vrai vélo », Cixi propose différents niveaux. Plus précisément, deux manettes sont intégrées au guidon. La première permet de régler l’intensité de l’assistance, sur cinq niveaux sur le modèle essayé, tandis que la seconde calibre la résistance du pédalier, s’apparentant au réglage d’un dérailleur classique.

Intégrée au centre du guidon, la console centrale permet de suivre le niveau de charge de la batterie, sa vitesse et les différents modes de conduite sélectionnés.

Un frein régénératif qui réinvente la conduite

Mais là où Cixi apporte vraiment quelque chose de très différent par rapport aux autres modèles du marché, c’est par son système de régénération. Le principe est simple puisqu’il suffit de rétropédaler pour activer le frein moteur avec deux fonctions : ralentir, voire arrêter le vélo et recharger partiellement la batterie. Et ce dispositif se révèle très vite addictif. Sur un test qui n’aura pas duré plus d’une quinzaine de minutes, on se prend au jeu de cette régénération qui, à l’image de celle d’une voiture électrique, transforme complètement l’expérience du vélo. En ville, avec un minimum d’anticipation, il serait même possible de rouler sans jamais activer les freins mécaniques.

Sur le trike, le système va encore plus loin : le rétropédalage permet également d’effectuer des manœuvres en marche arrière, évitant ainsi de devoir descendre du vélo. Il améliore aussi la sécurité. En cas d’arrêt d’urgence, un rétropédalage brusque vient compléter le freinage manuel sans pour autant bloquer les roues.

Si nous n’avons pas pu la voir lors de notre passage, la connectivité sera aussi au rendez-vous. En cours de développement, une application mobile permettra d’accéder aux différents paramètres du système PERS qui pourra également bénéficier de mises à jour à distance.

Pierre Francis au guidon d’un trike couché équipé du système Cixi.

Un « game-changer » pour les fabricants

Le pédalier de Cixi est une petite révolution pour les utilisateurs, mais aussi pour les fabricants de cycles. « La géométrie du vélo n’a plus aucune contrainte. En termes de conception, on supprime de nombreuses pièces mécaniques. C’est une ouverture énorme » avance Pierre Francis.

Reste à accompagner les fabricants dans ce nouvel écosystème. « La magie des mathématiques, c’est qu’on fait ce qu’on veut. Le problème, c’est que nos clients (les fabricants, ndlr) ne le comprennent pas encore très bien ! Nous leur avons donc préparé des packs avec différentes configurations types » résume Pierre Francis.

En matière de conception, les équipes de Cixi appuient les fabricants.

En pratique, le système se veut entièrement ouvert. Le PERS peut ainsi être associé à des batteries et moteurs tiers. « Il faut toutefois s’assurer de la compatibilité des différents composants, notamment que la batterie supporte bien la régénération » souligne Pierre Francis. D’où cet accompagnement en ingénierie réalisé par les équipes de CIXI auprès des fabricants. En parallèle, la startup s’appuie sur ses « PERS Partners« , des sociétés d’ingénierie formées au système, afin d’accompagner ses clients aux quatre coins du monde.

Les sous-sols de l’entreprise s’apparentent d’ailleurs à une caverne d’Ali Baba. C’est là que les équipes de Cixi testent l’intégration du moteur sur différentes catégories de vélos. Certains sont de simples prototypes tandis que d’autres sont fournis par les fabricants pour de futurs modèles de série. C’est aussi ici que sont réalisés les différents tests du moteur.

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Chez Cixi, le travail de R&D de Cixi reste très important, tant sur le pédalier que sur son intégration aux plateformes existantes.

Une mise en production à l’été

Après dix ans de R&D, Cixi s’apprête à lancer l’industrialisation du PERS dès l’été. Avec une production attendue de 3000 à 5000 pédaliers, 2025 sera une « petite année ». En cours d’extension, le site savoyard de Cixi annonce une capacité de production de 50 000 pédaliers par an. « Nous pouvons facilement la doubler en passant en 2×8 », précise Pierre Francis, qui travaille également à répliquer cette chaîne de production en Inde afin d’adresser le marché asiatique dès début 2026.

Encore en phase d’installation lors de notre visite, la chaine de montage de Cixi sera opérationnelle cet été.

Pour Cixi, Eurobike sera l’un des grands rendez-vous de 2025. L’entreprise y présentera quatre modèles illustrant les possibilités de son système : un vélo cargo, un speed-bike, un vélo électrique et un trike.

Quant au Vigoz, qui sera aussi présent à Eurobike, son développement devrait encore s’étendre sur plusieurs années. « Le Vigoz repose davantage sur une approche philosophique que sur une logique économique. Nous voulons montrer qu’il est possible de se déplacer autrement » conclut notre interlocuteur.

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