La société française eBikeLabs fait de plus en plus parler d’elle dans l’univers du vélo à assistance électrique. Avec son système eBikeOS, elle propose une solution pour simplifier le développement et l’usage du vélo.
Mis en avant par la récente présentation du vélo Bonjour Techno de Vefaa et de manière moins informelle — mais tout aussi médiatique — par le procès qui l’oppose au fabricant de vélos Cowboy, eBikeLabs cherche à se distinguer dans un milieu du vélo très concurrentiel et de plus en plus technologique. Là où les acteurs majeurs des systèmes de motorisations tels que Bosch, Shimano, Yamaha et Brose rivalisent de fonctionnalités pour se démarquer et verrouillent de plus en plus leurs systèmes, eBikeLabs propose une alternative un peu plus ouverte et plus simple, mais non moins technologique, laissant plus de choix dans les composants électriques du vélo (moteur et batterie, en particulier).
Le développement d’eBikeOS est parti d’un constat simple : “pour 50 fournisseurs de contrôleurs, il y a autant de softwares différents”, explique Maël Bosson, le fondateur et directeur d’eBikeLabs, alors qu’il nous détaille la genèse de son entreprise. “L’enjeu d’eBikeLabs, c’est de standardiser les interfaces entre le matériel et le logiciel”.
Cet ingénieur et docteur en math info a fait ses armes dans le secteur de la voiture autonome, avant de tout plaquer pour entrer dans l’univers du deux-roues par conviction : “le sens de l’histoire, c’est d’aller vers un usage plus important du vélo, pour des enjeux notamment de transition écologique”, nous explique-t-il.
Contrairement aux grands fabricants de solutions pour vélos à assistance électrique qui cherchent à maîtriser leur écosystème de bout en bout, électronique comprise, eBikeLabs s’est spécialisée dans la partie logicielle. Ses tentatives de commercialiser son propre contrôleur se sont effet soldées par des échecs, le secteur étant très concurrentiel et dominé par de grands fabricants capables à la fois de proposer des tarifs assez bas et d’assurer la fourniture des composants durant plusieurs années. Une garantie que recherchent les fabricants de vélos qui veulent bien sûr être capables de gérer le service après-vente de leurs produits, même après l’arrêt de leur commercialisation.
C’est donc en nouant des partenariats qu’eBikeLabs a choisi d’avancer, se concentrant sur le logiciel — et les brevets associés. La société grenobloise s’est ainsi adressée en 2021 à Helbako, un acteur majeur de l’industrie automobile, pour développer un contrôleur compatible avec eBikeOS. Elle est maintenant en mesure de proposer sa solution à des fabricants de vélos qui n’ont plus qu’à choisir les composants qu’ils préfèrent pour concevoir leurs vélos — en respectant néanmoins les prérequis établis par eBikeLabs. Une aubaine pour les jeunes marques souhaitant se lancer sans dépenser une fortune en R&D ou dans l’achat des solutions certes éprouvées, mais onéreuses, des leaders du marché que sont Bosch, Shimano, Brose…
Par ailleurs, les composants peuvent se permettre d’être moins nombreux et moins onéreux, puisque le système eBikeOS est justement conçu pour animer des vélos plus simples et au maximum automatiques. Une réduction de la complexité électronique et mécanique qui se traduit aussi par des économies à l’achat et par des frais d’entretien réduits, vante la société. On entre ici dans le royaume des moteurs moyeux, transmissions à courroie monovitesse et interfaces épurées, sans écran.
C’est ensuite que la « magie » opère. Le système eBikeOS gère, en effet, l’assistance électrique et les fabricants de vélos n’ont qu’à payer pour les fonctions qu’ils souhaitent intégrer dans leurs vélos.
Les fonctions proposées par eBikeLabs via eBikeOS visent à rendre l’assistance électrique la plus naturelle possible, en particulier avec un moteur moyeu. Ce dernier est souvent mal géré par des électroniques trop basiques qui donnent l’impression d’un fonctionnement “tout ou rien”. L’utilisation d’un capteur de couple améliore certes le comportement d’un tel moteur, mais tout est question d’algorithmes pour prodiguer une assistance naturelle qui sache s’activer au bon moment, avec le juste dosage. C’est justement ce sur quoi eBikeLabs a travaillé pour son « Mode Auto », consistant en une adaptation de l’assistance aux conditions (pente, vitesse, cadence de pédalage…). La puissance du moteur est ainsi finement contrôlée. Dans le même esprit, les fonctions de réponse instantanée et d’aide au démarrage en côte sont chargées de rendre le pédalage plus agréable, même pour des vélos qui seraient dépourvus de capteur de couple. Il s’agit en tous les cas de fournir une assistance réactive et qui réagit proportionnellement à la force que le cycliste exerce sur les pédales.
eBikeOS est aussi pensé pour les vélos à transmission monovitesse, appréciés pour leur simplicité d’utilisation, mais qui peuvent perturber en raison de leur unique braquet. Afin de donner l’impression d’une transmission automatique à plusieurs braquets, le système embarque donc une fonction de boîte de vitesses logicielle. L’assistance s’adapte ainsi pour que l’effort de pédalage soit minimisé en toutes circonstances, que l’on démarre ou que l’on relance pour accélérer, par exemple. S’ajoute une fonction de réduction du bruit du moteur lorsqu’il est très sollicité, toujours dans l’idée de faire oublier que l’on roule avec un vélo motorisé.
Outre les fonctions concernant l’assistance, eBikeOS gère aussi la connectivité du vélo et ses dispositifs antivols. eBikeLabs sait à quel point ces dernières deviennent décisives, alors que le vol de vélo représente la principale crainte des cyclistes et un véritable frein à l’achat.
“Sur les 30 vélos que j’ai assemblés à mes débuts, 15 se sont fait voler”. Un vrai traumatisme pour Maël Bosson, qui a décidé de prendre le sujet au sérieux. Une fonction de démarrage sans clé est donc incluse dans eBikeOS, avec un verrouillage du moteur qui ne l’empêche pas seulement de démarrer, mais empêche aussi le pédalage.
Si eBikeOS embarque donc une belle panoplie de fonctions intelligentes, il n’est pas le seul système à le faire. Les systèmes de Bosch et Shimano, en particulier, offrent déjà bon nombre de fonctions. Elles se destinent néanmoins à des vélos à moteur central souvent assez onéreux. Brose et Yamaha, pour leur part, disposent de systèmes un peu plus ouverts et personnalisables, qui sont d’ailleurs respectivement au cœur des vélos électriques de Specialized et Giant. On parle toutefois là encore de vélos plutôt haut de gamme.
eBikeLabs a donc une carte à jouer dans le secteur plus confidentiel des vélos à assistance électrique urbains, voulus plus simples et épurés. Un univers dans lequel évolue historiquement le fabricant belge Cowboy, qu’eBikeLabs a accusé d’avoir copié ses technologies. Ce type de vélo urbain design inspire en tout cas de plus en plus de marques. Tenways avec son CGO009 ou même Lidl avec ses VAE Crivit, sont maintenant sur ce même créneau, mais emploient leurs propres systèmes logiciels. Sur ce segment, eBikeLabs est actuellement représenté par quelques start-ups comme Éclair et Vefaa. Son système eBikeOS se trouve aussi dans le longtail de North Cycles. De jeunes marques françaises donc, avec des parts de marché assez restreintes. Il sera intéressant d’observer quels autres fabricants de vélos adopteront les technologies eBikeLabs.
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