Le constructeur Ninebot Segway a décidé de mettre les bouchées doubles pour s’accaparer une grosse part du marché, de plus en plus juteux, de la trottinette électrique. Cela passe donc par une segmentation intensive, principalement sur la fourchette allant de 200 à 1000 euros. À tel point que « seulement » 120 euros séparent les modèles Ninebot F2 et Ninebot F2 Pro. La question est donc : cette mention « Pro » (et ce qu’elle implique) justifie t-elle le rajout de cette soulte ?
Le marché français de la trottinette explose et les utilisateurs souhaitent des modèles plus chers et plus durables. Les constructeurs n’hésitent plus à segmenter intensément leurs gammes, au risque de voir leurs modèles se faire directement concurrence. C’est ce qu’il se passe chez Ninebot où s’affrontent les modèles F2 et F2 Pro séparés de 120 euros. Reste à savoir si plus cher est synonyme de mieux. C’est la raison de ce duel qui va prouver que les différences ne sont pas réellement significatives, du moins, pour une majorité d’usagers.
De prime abord, les Ninebot F2 et Ninebot F2 Pro ont l’air identiques. C’est bonnet blanc et (presque) blanc bonnet. Presque, car la F2 Pro embarque une suspension en bas de sa potence. La F2 non. L’autre différence visible est la présence d’un bouton klaxon sur la poignée gauche de la F2 Pro, absent sur la Ninebot F2. La dernière différence ne se voit pas mais se ressent, avec 1,2kg de plus pour la F2 Pro. C’est peut être un détail pour vous, mais au porté comme à la conduite, ça veut dire beaucoup.
Tout le reste est commun aux deux trottinettes. Le design paraît simple, mais il est le résultat de la désormais importante expérience du constructeur. Prenons les pneus : c’est du 10 pouces tubeless avec gelée anti-crevaison. Le tubeless offre l’avantage d’une pression plus basse que de la chambre à air. De fait, il encaisse mieux les impacts (il est plus mou) et plus confortable. La gelée anti-crevaison a un nom marketing pour dire que vous pourrez continuer de rouler, même le pneu à plat, sur plusieurs kilomètres sans assassiner votre jante.
Autre point intéressant, la structure tubulaire. Elle permet de retirer de la matière, donc de gagner du poids sans fragiliser la trottinette. Sur les F2 et F2 Pro, ce choix a permis de créer un écart entre le deck et la potence. De quoi y passer plusieurs antivols si besoin.
Le deck offre 17 cm de largeur pour une longueur permettant de loger 2 baskets taille 45. Le garde boue arrière n’est pas un frein, littéralement, puisqu’on ne doit pas appuyer dessus.
Les deux trottinettes sont des propulsions, avec le moteur dans le moyeu de la roue arrière.
Le freinage est géré par un duo : frein à disque mécanique simple piston à l’avant et freinage électromagnétique sur la roue motrice, forcément. Avec un freinage régénératif au minimum comme au maximum, il faut 5,3 mètres pour s’arrêter en étant lancé à 25 km/h, mais on en reparle plus loin.
Le guidon trône à 1,08m de hauteur et convient à toute personne entre 1,55m et 1,90m. La hauteur de deck de la F2 Pro est située à 19cm du sol, contre 16,5 cm pour la Ninebot F2. C’est lié à la présence de la suspension sur le modèle pro. Mais cela crée une inclinaison du deck qui n’est pas gênante.
Il y a des clignotants aux extrémités des poignées. Notez qu’ils sont traversant et donc visibles à la fois devant et derrière. Le feu à l’arrière est également un feu de stop. L’afficheur est le même sur les 2 modèles, illisible en plein soleil, mais une application gratuite officielle règle ce problème. La gâchette d’accélérateur est à droite, la poignée des freins à gauche.
La recharge se fait par l’avant du deck, via une fiche protégée par un joint. Les deux trottinettes affichent une norme IPX5. Elles ont passé un peu de temps sous de rares averses durant l’essai et aucun souci n’est à déplorer.
Voici en une galerie photo les éléments communs aux 2 trottinettes : pneus, roues, position du moteur, guidon, clignotants, béquille, deck et grip de deck, freins, phares…
Afin d’y voir plus clair, voici un tableau comparatif entre les caractéristiques des 2 modèles Ninebot F2 et F2 Pro.
En vert, ce qui avantage le modèle, en rouge, ce qui le désavantage. En blanc, ce qui est commun aux deux. Sur le tableau, la F2 Pro se révèle plus complète et plus endurante. Mais les chiffres sont un indicateur, juste un indicateur. La réalité, la pratique, l’utilisation dans la vie de tous les jours impliquent plus de nuances que des cases colorées. Nous allons donc analyser point par point ce qui avantage et désavantage chacun des deux modèles.
L’application Ninebot, disponible sur Android et sur iOS a eu droit à un lifting il y a tout juste 2 mois. Depuis, plusieurs mises à jour se sont succédées et le résultat est aussi esthétique que fonctionnel. Cerise sur le gâteau, cette « App » est gratuite, mais nécessite une inscription. Ce compte sert à y associer les différents modèles Ninebot ou Segway. Vous pouvez en posséder plusieurs. Nous avons donc pu, durant l’essai, associer les 2 trottinettes en même temps.
L’interface (appelée UX dans le jargon) est sombre, lisible, agréable. Elle donne envie de se plonger dedans. L’expérience utilisateur nécessite un peu d’apprentissage pour trouver ses marques.
L’application utilise votre smartphone pour afficher un tableau de bord virtuel. Il est beau, bien clair. Sa lisibilité dépend de luminosité de l’écran de votre téléphone. Petit coup de coeur : la consommation en Wh s’affiche en temps réelle. Ces deux trottinettes offrant un freinage régénératif, on voit également l’énergie récupérée. Ce n’est pas indispensable, mais c’est amusant. Comme tenter une consommation basse en voiture.
On ne va pas tout détailler, mais il y a un autre élément qu’il faut vous mentionner : les Ninebot F2 et F2 Pro sont compatibles avec l’application « Find My » d’Apple. Donc inutile d’acheter un Apple AirTag pour sécuriser sa trotinette, il y en a déjà un intégré. Ça fonctionne parfaitement. Malheureusement pour les utilisateurs d’Android, Ninebot n’a pas encore développé l’équivalent pour les utilisateurs de smartphones Google.
Enfin, la F2 Pro a un petit avantage sur sa soeur la F2 : un système de verrouillage avec alarme. Les plus observateurs parmi vous auront distingué un bouton dédié au klaxon (en plus de la traditionnelle sonnette). Le son qu’il émet sert initialement à l’alarme. Mais le volume n’est pas assez puissant. Cela dit, pour les personnes travaillant en boutique ou restaurant, et qui sont obligés de laisser leur trottinette attachée à l’extérieur, c’est suffisant pour être alerté.
On pouvait s’attendre que les 50W de puissance supplémentaire joue en faveur de la Ninebot F2 Pro. Mais non. La raison est physique : le kilo supplémentaire est lié à la batterie et à la suspension. Pour cette dernière, le surpoids s’applique aux masses non suspendues, c’est à dire celles qui sont en contact avec la route. Pour expliquer cela, on va prendre un exemple simple : courrez un 200m avec une paire de boots Timberland aux pieds. Ensuite, réalisez la même course avec une paire de basket de sport. Vous êtes plus rapide, plus agile. Pourtant, la différence de poids entre les 2 paires est insignifiante comparée à votre poids à vous. Mais le fait que ce poids s’applique sur vos pieds, en contact avec le sol, change tout. Il en est de même pour la Ninebot F2 par rapport à la F2 Pro.
La F2 est plus maniable, le deck droit y joue certainement un peu. En revanche, l’absence de suspension rend les pavés compliqués à gérer bien que les pneus amortissent un peu le coup. La F2 Pro s’en sort un peu mieux, mais pas tant que ça. Pour cause, le débattement de la fourche doit à peine dépasser un centimètre. Puis il manque des suspensions à l’arrière pour que l’amortissement soit efficace. La potence remonte beaucoup trop de vibrations dans les deux cas. Autant au niveau du deck ça peut passer, les genoux amortissent. Pour les bras, c’est une autre paire de manches. L’amortisseur de la F2 Pro n’est pas convainquant.
Les deux trottinettes sont toutefois très agréables sur la route. L’accélération est assez péchue pour cette gamme de prix. Les 110 kg du rider à l’essai n’ont pas mis à mal les performances. Les montées de 10% passent sans réelle baisse de la vitesse maximum (de 25km/h pour rappel). En revanche, les 15% font passer la F2 à 17 km/h et la F2Pro à 20 km/h.
Le guidon est très large. Il permet un excellent contrôle. On a l’impression de tenir un cintre de VTT. On penche volontiers sans appréhension.
Le freinage est correct et mérite qu’on s’y attarde. La distance pour les deux trottinettes est la même : 5,30m. Environ 10 essais ont été réalisés avec chacune d’entre elles et ont offert un résultat identique. L’intensité du freinage régénératif n’a fait aucune différence sur sol plat, mais a permis de freiner 50 cm plus court sur une descente de 10%. Autre chose : il est impossible de bloquer la roue malgré nos efforts, sur sol sec comme mouillé. Pour en être certain, il a fallu tenter quelque chose : un rider de 110 kg, sur sol mouillé, en pente, en appuyant à fond. Et aucun blocage non plus. Nous aurions préféré un tambour, plutôt qu’un frein à disque mécanique dont les plaquettes s’usent assez vite, pour un freinage pas vraiment plus qualitatif.
L’éclairage intégré est pour sa part trop faible. Vraiment. Il faut absolument penser à ajouter une torche pour rouler de nuit. Le tableau de bord est illisible et l’application devient vite nécessaire en journée. On aurait aimé une prise USB-C pour recharger son téléphone.
Les trottinettes sont stables. On ressent les vibrations, donc on prendra soin de retirer une main qu’en cas de revêtement lisse. Mais les pneus sont suffisamment larges pour offrir un bon équilibre, même à basse vitesse.
L’intermodal consiste à utiliser sa trottinette comme véhicule de transition en plus d’un autre moyen de transport, souvent les transports en commun. Les 17 kg de la Ninebot F2 se font sentir. Les 1,2 kg supplémentaires de la F2 Pro ne se font pas vraiment sentir plus. Dans tous les cas, monter les étages avec sera fastidieux, mais faisable.
Le système de pliage et verrouillage de la potence est simple et efficace. Mais une poignée de transport n’aurait pas été un luxe.
L’intermodal est compliqué à cause de la largeur du guidon et des poignées impossibles à replier. Dans les transports en commun c’est compliqué. Pas moyen de bloquer la roue arrière non plus (en freinant par exemple). En position verticale, dans le métro, les F2 et F2 Pro dansent la salsa. Cet usage est à revoir. C’est dommage, parce que ces modèles seront notamment sollicités pour cet usage.
La batterie de 460 Wh de la Ninebot F2 Pro vous offrira 21,3 km d’autonomie à pleine puissance avec pas mal de dénivelé, le freinage régénratif au minimum et un rider de 110 kg dessus. Une fois la batterie à 15%, la puissance chute drastiquement. Le temps pour passer de 4 km/h (il faut lancer la trottinette en patinant pour la démarrer) à 25 km/h prend 8,7 secondes. Lorsque la capacité de la batterie est à 10%, on passe à 33 secondes et 57 secondes une fois à 5%, sans monté.
Avec 367 Wh dans le ventre, la Ninebot F2 n’est pas si loin et offre 20,6 km dans les mêmes conditions de ride à pleine puissance. Idem pour le palier des 15% qui fait chuter drastiquement la puissance avec presque 15 secondes pour atteindre les 25 km/h, et encore, sur plat. Avec du 36V, il ne faut pas s’attendre à des miracles non plus.
La charge est très lente, avec 5h54 pour un 0 à 100 % sur la F2 et 7h27 pour la F2 Pro. Le 20-80% se fait en 3h04 pour la F2 et 3h44 pour la F2 Pro. C’est trop long, surtout pour récolter entre 20 et 25km d’autonomie à pleine puissance à la fin.
Les 120 euros d’écart entre ces deux modèles peinent à se justifier. Il y a toujours l’alarme qui pourrait convaincre certains d’opter pour la F2 Pro, mais en dehors de ça, celle-ci ne se distingue pas vraiment : la suspension a un effet bien léger, le klaxon ne sonne pas assez fort et le gain en autonomie est assez faible. Ce modèle Pro n’est donc pas assez convaincant au contraire de la F2 classique, qui en donne beaucoup pour un billet de 500 euros. Et puis, si vous souhaitez vraiment plus de puissance, plus d’autonomie, un plus grand confort, visez plutôt la Ninebot G2 par exemple (pour rester dans la marque).
NOTE GLOBALE Ninebot F2 Pro | |
Application | |
Equipement | |
Conduite | |
Autonomie |
NOTE GLOBALE Ninebot F2 | |
Application | |
Equipement | |
Conduite | |
Autonomie |
La suite de votre contenu après cette annonce
Annonce partenaire
Annonce partenaire
Annonce partenaire
Annonce partenaire
Trottinettes en libre-service : Madrid dit stop !
Libre-service10 septembre 2024
Annonce partenaire