Essai Dualtron Togo : une trottinette électrique abordable qui envoie du lourd

Dualtron Togo essai trottinette électrique

©Cleanrider/M. Lauraux

Entrée de gamme du début d’année, la Dualtron Togo ne manque pas d’arguments, notamment en matière de confort, même si elle doit encore progresser sur le freinage et la batterie.

Lorsque l’on parle de Dualtron, la première image qui vient est celle de trottinettes électriques massives, puissantes, à l’opposée des sages Ninebot ou Xiaomi. Un sentiment légitime, car ses modèles dépassent 1 000 W, pèsent plus de 30 kg avec un style assez brut de décoffrage. Consciente que ses produits touchent un public très masculin et jeune, Minimotors a revu sa stratégie. Dualtron descend donc progressivement en gamme d’abord avec sa Dualtron Mini puis la Togo, avant la prochaine Dualtron Dolphin.

La Dualtron Togo est ce que les revendeurs appellent “un produit d’appel”. Comprenez qu’elle veut séduire une clientèle qui aurait pu se tourner vers une marque plus populaire. Son prix de 599 € est effectivement attractif, et l’engin conserve l’ADN de la marque asiatique. Nous avons voulu essayer cette référence pour comprendre si elle peut réellement rivaliser avec les cadors du marché, dans sa version 36 volts et batterie 12 Ah.

Confort et ergonomie : moelleux d’amortissement, équipement complet

 

Venant par le haut, Dualtron a tenu à garder une double suspension, malgré le prix agressif. La trottinette électrique est ainsi haut perchée, liée à deux ressorts. Autant dire que cela amortit très bien sur les dos d’ânes, les gros trous, ou les sauts de trottoirs nombreux en région parisienne.

Ses roues sont cependant petites par rapport au standard du marché : 9 pouces seulement. La conséquence est directe, les vibrations se font sentir sur les pavés (notamment à l’arrière), surtout que les pneus sont assez fins avec une bande de roulement très large.

Ces vibrations sont moins présentes dans le guidon, au cintre courbé à barre de renfort, mais sans les poignées ergonomiques installées hors Europe. Dommage. Le grip reste très bon, et l’on a bien les clignotants avant et arrière, dont la commande loge sur une petite console façon vélo. Elle comporte le bouton d’éclairage, même s’il est automatique à l’allumage, tandis que le bouton du bas sert d’allumage et de changement de mode.

Bien vu, la petite sonnette tombe naturellement placée sous l’index droit ! L’éclairage est puissant de nuit, cependant très bas sur la colonne de direction et installé en biais (voir photo) sur notre exemplaire. Le feu arrière est très correct, incluant une fonction stop clignotante. Enfin, la béquille complète l’équipement, fine mais supportant largement le poids de l’engin.

Un pliage et un poids faisant les muscles

Car oui, la Dualtron Togo est lourde, du fait de ses deux suspensions (il faut ajouter 5 kg rien qu’avec ces composants). Avec 23,2 kg mesurés sur notre version 12 Ah (plus lourde que la 7,8 Ah), on ne viendra pas soulever la trottinette électrique dans les transports en commun, ni la monter au 6è étage sans ascenseur.

Au moins, le pliage est possible. On tire sur la goupille à la base de la colonne, puis on tire la poignée vers l’arrière. Il faut forcer, et parfois lutter pour rentrer la goupille en repliant, le système n’est pas fluide. Bien que le guidon ne s’attache ou ne se “clipse” pas, on peut soulever la Togo sans risquer de se déplier.

Au guidon : une trottinette rassurante et performante

 

Venant de Dualtron, la Togo est très sage par rapport à d’autres modèles de la marque dont la puissance en crête peut atteindre jusqu’à 8 300 W ! Ici, nous avons la version d’entrée 36 volts, dont le moteur arrière envoie 420 W de puissance nominale. Le premier sens réagissant à l’accélération, c’est l’ouïe.

Car le bruit est très présent, mais pas autant que d’autres moteurs à engrenages (oui, on pense à la Navee S65). Progressive, mais vive, la Dualtron Togo file vite à 25 km/h sur le mode 3. C’est d’ailleurs le seul vraiment utilisable, puisque le mode 1 est le piéton à 5 km/h, le 2 toisant à 10 km/h. En montée, les 600 W de puissance en pic s’avouent logiquement vaincus là où des rivales à 750 W passent avec moins de peine. Il faut mettre cela sur le compte du poids et des roues larges qui viennent augmenter la résistance au roulement.

Un mal pour un bien, car l’adhérence des pneus est excellente, et ce par tous les temps. Nous avons pu tester la trottinette sous un déluge. Jamais nous nous sommes sentis en danger. Les virages se prennent donc avec sérénité, même si l’agilité n’est pas le fort de la Dualtron.

 

Un freinage en demi-teinte

Par contre, le freinage est un point très décevant de cette trottinette électrique. Elle ne mise que sur un tambour avant et l’électronique arrière, entraînant un manque de mordant. Oui le freinage est progressif et ne bloque jamais la roue arrière, mais on redoute clairement les situations de freinage d’urgence !

Toutefois, c’est dans un réglage parmi plusieurs, car la Dualtron Togo propose des régénérations d’énergie différentes, et même un ABS. Ce dernier s’active clairement, envoyant des impulsions à l’arrière, mais comme nous l’avons dit plus tôt, le freinage est déjà rassurant, et ne réduit pas les distances d’immobilisation. L’avantage, c’est tout de même la double commande de frein, chacune activant les deux systèmes.

Dualtron Togo frein avant tambour
©Cleanrider/M. Lauraux

Autonomie : correcte mais pas très fiable

 

La batterie de la Dualtron Togo existe en 7,8 Ah, mais n’est importée qu’en version 12 Ah en France. Sur notre modèle 36 V, elle cumule donc 432 Wh de capacité. Malgré une quantité d’énergie conséquente, l’autonomie déçoit un peu. Nous avons parcouru environ 24 kilomètres de moyenne (21 à 26 sur les quatre charges complètes), réalisés entre 15 et 25°C, sur différents tracés et par météo changeante. Le moteur est ainsi très gourmand, approchant les 18 Wh/km !

Dualtron Togo design
©Cleanrider/M. Lauraux

Le suivi de l’autonomie est facile. Il est affiché en pourcentage sur l’écran si cette option est choisie (rare !), et sur l’application. Par contre, le niveau joue le yo-yo en permanence. Entre l’arrêt et l’utilisation, le delta atteint jusqu’à 20 % ! C’est d’autant plus déstabilisant à faible charge. Il nous est arrivé de partir à 36 % et de finir à 7 % sur l’écran sur seulement 2 kilomètres !

Impossible de faire confiance au niveau de charge affiché. Il faut donc un temps d’adaptation pour comprendre l’autonomie de son engin selon l’énergie disponible… Et quand on veut charger, on retrouve avec magie 17 % de batterie après être tombé à 0 % !

Pour recharger, il faut pousser le petit cache plastique à l’arrière droit du deck. Un positionnement mal pensé, car le pied tape souvent dedans, et l’a arraché après 50 km. Si la trottinette électrique indique une perméabilité IPX5, est-ce encore le cas ici ? Espérons que cette Togo ne suive pas la mésaventure d’isolation de la Mini Special.

En tous cas, nous n’avons rien noté d’anormal, malgré avoir conduit sous la pluie sans cette protection. Le chargeur est compact et léger. Il délivre 1,5 A d’intensité pour une puissance de 62,25 W. Par contre, il chauffe beaucoup. Il faudra donc veiller à ne pas le mettre sur une surface sensible.

Sachant la jauge incertaine, on recharge très vite au début, soit 30 min à 1 h pour atteindre un tiers soit 33 %. Pour le deuxième et le troisième tiers, il faut ainsi 2h30 chacun ! Au total, le plein de la Dualtron Togo demande 6 heures et demie. A noter qu’il n’est pas nécessaire de débrancher la trottinette électrique pour consulter la jauge de l’écran. On peut également suivre l’avancement de la charge sur l’appli à courte distance (en Bluetooth).

 

Technologie : un écran lumineux, une appli dystopique

 

La Dualtron Togo dispose d’un écran au centre de la potence. Il est l’un des plus lisible que l’on ait vu, même en plein soleil, grâce à sa bonne luminosité et ses gros caractères. La vitesse est prédominante et la jauge de batterie en pourcentage, super ! Les cinq barres n’ont donc que peu d’intérêt si l’on préfère le pourcentage, mais la trottinette électrique laisse le choix de plusieurs données (comme le kilométrage ou le voltage). On regrette cependant que l’affichage du mode activé soit si minuscule (1 à 3). Cela ne comprend pas le E de la fonction Eco, symbolisé par une icône verte très visible.

Dualtron Togo écran
©Cleanrider/M. Lauraux

Un compteur étendu

L’application Dualtron rompt avec la sobriété des Xiaomi ou Ninebot, avec son univers très chargé, sombre et aux teintes bleutées partout. Cette atmosphère de film de science-fiction dystopique renferme les différents réglages : mode Eco, ABS, lumière automatique ou non, luminosité de l’écran et activation de l’alarme.

Les principales informations déroulent avec le pourcentage de batterie, le voltage (moins utile), l’autonomie restante, le kilométrage, ainsi que la température du moteur et du contrôleur. Toutes ces données sont concentrées sur un compteur numérique, en mode portrait ou paysage. Cela est pratique dans le sens où l’écran est bas, loin du regard. En revanche, elle ne propose pas l’enregistrement des trajets.

Le gros bémol reste, comme chez de nombreux fabricants, l’application se déconnectant de la trottinette électrique dès que l’on en sort. Il faut systématiquement la relancer.

 

Prix et disponibilité : du confort à bas prix, et de multiples versions

La Dualtron Togo, dans cette version 36V et à batterie 12 Ah, demande un chèque de 599 €. Sa variante 48V 12 Ah est à 699 € et la 48V 15 Ah à 799 €. Elle est lancée depuis ce printemps 2024, dans le réseau de plus d’une centaine de revendeurs Minimotors un peu partout en France (notamment dans les grandes villes), ainsi qu’en ligne chez Fnac, Boulanger ou Weebot.

Pour ceux voulant plus de performances et de confort, la Togo existe aussi en version Limited 48V avec 650 W de puissance nominale (800 W en pointe). Ses roues montent à 10 pouces, son moteur à 900 W nominaux, ses freins sont à disques, sa batterie de capacité 12 ou 15 Ah à partir de 899 €.

Dualtron Togo trottinette électrique suspendue
©Cleanrider/M. Lauraux

L’avis de Cleanrider

NOTE GLOBALE
Confort & ergonomie
Conduite
Autonomie
Technologie/application

Performante, confortable et capable de rouler par tous les temps grâce à sa belle adhérence, la Dualtron Togo rassure pour les trajets du quotidien. Elle ne sera toutefois pas adaptée dans les transports en raison de son poids de 23 kg et de son pliable musclé.

Également, la Togo manque peut-être d’un meilleur freinage, passant par un tambour avant et un ABS peu sensible. Dommage, car la double commande est très appréciable, tout comme les clignotants avant et arrière et l’éclairage puissant.

Si son autonomie est correcte, proche de 25 km en moyenne, le suivi du pourcentage de batterie est imprécis. La recharge est également lente, en 6h30, tandis que le cache de la prise a lâché après quelques kilomètres.

A 599 €, le prix de la Dualtron Togo est très attractif compte tenu des performances et du confort. Elle est probablement la trottinette à double suspension la plus abordable du marché. Mais la concurrence arrive sur ce créneau avec la Navee S40 aussi à deux suspensions et au style plus moderne, la Niu KQI 300P proposant 900 W en pic et la Xiaomi 4 Pro Max annonçant 60 km d’autonomie.

Nous émettons toujours une réserve sur la vitesse maximale de la trottinette électrique de Dualtron, toujours indiquée à 34 km/h sur le site officiel. Limitée à 25 km/h sur notre exemplaire, il nous a été impossible de la débrider via l’application. Nous avons pourtant croisé des utilisateurs l’ayant débridée par ce biais et des revendeurs peuvent débrider sur demande la Togo.

On a aimé On a moins aimé
  • L’excellent amortissement
  • L’écran très lisible
  • L’adhérence
  • La double commande de freins
  • L’application et ses réglages
  • Les clignotants avant et arrière
  • Le prix compétitif
  • La jauge de batterie incohérente
  • Le freinage un peu léger
  • Les vibrations sur pavés
  • Les 6h30 de charge
  • Le poids très important
  • Le bruit du moteur

 

Matthieu Lauraux
Matthieu Lauraux

Journaliste, essayeur

Au guidon de vélos depuis son enfance, vélotaffeur de longue date et voulant promouvoir des déplacements plus propres, Matthieu est un éternel curieux, avide de tester les nouveaux produits de mobilité urbaine,


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