Il faut favoriser l’adoption et l’usage des modes de transport « doux ». Parmi ceux-ci, notre préférence va évidemment aux engins de déplacement personnel motorisés, les EDPM, qui sont au cœur de la ligne éditoriale de Cleanrider.
Nous en sommes tellement convaincus que nous ne pouvons nous empêcher de relever les points de friction qui parfois entravent encore le développement massif de ces nouveaux modes de déplacement individuel. Certes les politiques publiques semblent vouloir s’y mettre sérieusement depuis disons une dizaine d’années, mais il reste beaucoup à faire dans différents secteurs pour lever les freins à ces usages, et permettre à davantage de nos concitoyens de s’y mettre sans craintes.
Car si le développement des pistes cyclables et des infrastructures de circulation semble bien engagé, il n’est est pas de même des lieux de destination, ou de ceux accueillant du public en transit, qui portent encore le bonnet d’âne de la mobilité individuelle. En fait, le sujet soulève trois questions : celle du parking/stockage, celle de la sécurité, et celle de la recharge. Vous ne voyez pas de quoi nous parlons ? Ce petit inventaire devrait vous permettre de mieux comprendre le problème.
Commençons par le mode de déplacement qui devrait être le plus naturellement, voire « organiquement » compatible avec votre vélo ou votre trottinette électrique. On parle ici d’intermodalité, à savoir la possibilité de passer d’un mode de transport à un autre, de la façon la plus fluide possible. Ce qui suppose que les autobus, rames de métro et trains régionaux soient dotés d’emplacements réservés pour pouvoir y garer son engin sans déranger les autres passagers et sans causer de nuisances. On en est encore très loin, et monter avec son vélo dans une rame de métro à une heure de pointe est encore réservé à celles et ceux qui ont un goût prononcé de l’aventure et une certaine résistance aux injures et remarques en tous genres. Autre problème, celui de la circulation dans les gares et les stations avec son vélo (a fortiori électrique, donc lourd et moins maniable), qui donne parfois un aperçu de l’enfer sur terre. Enfin, côté recharge, même si dans ce cas d’usage cela reste subalterne, vous aurez peu de chance de pouvoir brancher votre monture quelque part pendant votre navettage. Quant à monter avec votre vélo dans un bus ou un tramway… Pourtant, les arrêts de bus et les stations de métro sont des points névralgiques pour de nombreux utilisateurs de vélos et de trottinettes électriques. Un manque d’installations appropriées peut dissuader les voyageurs potentiels d’opter pour ces modes de transport, malgré leur praticité.
Même problème que ci-dessus, avec en prime la question d’un éventuel voyage en famille pour des vacances, avec donc potentiellement entre 2 et 4 vélos, voire plus. La SNCF propose des solutions, mais cela ressemble un peu à du bricolage quand on voit les conditions, notamment en termes de places dévolues aux vélos, dont sont d’ailleurs exclus les vélos-cargos. Il reste cependant une solution plus flexible en termes d’espace, celle qui permet de voyager avec son vélo démonté et rangé dans une housse de transport (130x90cm) sans limite de place. Mais il faut démonter son vélo, ce qui parait assez peu faisable avec un électrique de taille standard. La question des circulations en gare reste entière, notamment dans le cas de correspondances un peu serrées avec des trains circulant sur des quais distants. Et puis il n’y a pas que ceux qui empruntent le train avec leur vélo, il y a aussi ceux qui viennent à la gare en pédalant et qui garent leur vélo sur place pour prendre le train. Les racks de stationnement et des points de recharge à la gare encourageraient davantage de personnes à choisir les transports en commun pour leurs déplacements.
Si nombre d’entreprises se convertissent à l’électromobilité et commencent à équiper leurs parkings de bornes de recharge pour voitures électriques, voire favorisent l’usage du vélo, c’est encore loin d’être devenu une majorité. Dans les bureaux en ville notamment, il est difficile, voire impossible de garer les vélos dans les bureaux, pour d’obscures raisons de sécurité, notamment parce qu’ils pourraient constituer des obstacles pour l’évacuation de personnes en cas d’urgence. Un effet du fameux principe de précaution qui fait notre fierté nationale, et qui empêche surtout nombre de nos concitoyens de vélotaffer, car il n’est pas question pour eux de laisser leur monture dans la rue 8 heures par jour. Il y a la solution du garage à vélo, mais ce n’est pas généralisé, et certains ressemblent davantage au local poubelle qu’à une vraie solution propre et sécure de parking à vélo. Ici la question du vol reste entière.
Là c’est assez simple. A de très rares exceptions près, absolument rien n’est prévu pour garer son vélo. Mieux, de plus en plus d’établissements arborent fièrement une affichette « Interdit aux trottinettes ». Idem pour l’écrasante majorité des commerces. Alors on comprend bien que la question n’est pas simple, mais l’excès de zèle de certains commerçants ou restaurateurs les conduit à vous refuser l’entrée même si vous avez plié votre trott et que vous la portez sous le bras. Alors qu’ils vous laisseraient entrer avec un sac de sport de dimension équivalente. Rassurez-vous, ce sont sûrement les mêmes qui refusent les poussettes…
Ici on est dans un cas de figure qui regroupe la problématique du parking et de la sécurité. Certes, de nombreux établissements hôteliers proposent des solutions pour garer son vélo, mais la plupart du temps elles ne sont pas – ou peu – sécurisées. Certains acceptent que l’on monte dans sa chambre avec son vélo, mais il vaut mieux demander avant, déjà par correction, mais aussi parce que ce n’est pas toujours le cas. Peut-être que les hôteliers les mieux équipés dans ce domaine devraient ajouter un macaron « Vélos bienvenus » afin que les cyclotouristes puissent choisir les établissements en cochant ce critère en plus au moment de faire leur réservation ?
Pour de nombreux résidents d’immeubles, le stationnement et la recharge des EDPM peuvent être des défis quotidiens, notamment pour les propriétaires de vélos-cargos en centre-ville. Les gestionnaires immobiliers auraient ici l’occasion de valoriser leurs propriétés en investissant dans des infrastructures qui répondent aux besoins croissants de mobilité électrique.
Pour tous ces cas d’usage, il reste sinon une solution plus facile à gérer au quotidien, celle du vélo électrique pliant, qui permet de s’affranchir de la plupart des contraintes énoncées ci-dessus. Mais c’est au prix d’une autre contrainte, celle d’accepter de rouler avec un engin moins stable, moins confortable, moins adapté aux longs trajets, et de devoir se livrer plusieurs fois par jour à ce petit exercice du pliage-dépliage, parfois assez fastidieux.
On le voit, l’absence de solutions de stationnement et de recharge pour les EDPM dans ces lieux essentiels peut freiner l’adoption généralisée de ces moyens de transport durables. Toutefois, c’est également une opportunité pour les entreprises et les services publics d’innover, en offrant des installations adaptées pour accompagner la révolution des modes de déplacement personnels. En investissant dans ces infrastructures, ils créent un environnement urbain plus convivial pour tous les utilisateurs de moyens de déplacement individuels, et plus particulièrement le vélo électrique, encourageant ainsi une transition vers une mobilité plus durable. La balle est dans le camp des décideurs : il est temps d’ouvrir la voie à une mobilité urbaine plus intelligente et plus respectueuse de l’environnement.
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