À 19 ans, Rozenn est une jeune femme très courageuse qui n’hésite pas à effectuer de petits boulots pour financer ses études. La trottinette électrique était son mode de transport privilégié et le plus rapide pour effectuer les 9 km à parcourir pour rentrer chez elle vers 3 heures du matin.
Ayant décidé de prendre son destin en main, Rozenn a quitté les Pays de la Loire pour s’installer à Paris il y a 14 mois. Ce qui lui permet d’effectuer une formation en alternance afin d’obtenir un BTS en commerce international. Très solaire, elle a interpelé pendant deux mois cet été les piétons dans la rue pour les comptes d’Amnesty International et de Médecins sans frontières.
« J’avais pour mission de sensibiliser les personnes aux causes défendues par ces associations, de leur faire remarquer ce qui se passe dans le monde et de les inciter à apporter leur soutien. Les réactions des Parisiens ont été très diverses. J’ai donné tout mon cœur dans cette expérience que j’ai trouvée très chouette », confie-t-elle.
La trottinette électrique en libre-service à Paris, elle ne s’y est pas mise tout de suite : « Il faut un peu de temps pour essayer les différents moyens de se déplacer dans la capitale. Je ne pensais pas que c’était aussi simple d’utiliser ces trottinettes, et, surtout, si rapide pour rejoindre une destination avec elles. Là où je mets quinze minutes à pied, à peine cinq minutes sont nécessaires pour réaliser le même parcours avec cet engin ».
Métro, RER, bus, vélo, trottinette électrique, marche : aujourd’hui, Rozenn n’hésite pas à varier ses modes de déplacement selon son humeur, la nature de son déplacement, le moment dans la journée où la distance à parcourir. Une chose est cependant sûre pour elle : « Je ne veux pas être tout le temps dans le métro. Avec la température qu’il fait à l’intérieur, des personnes font des malaises dedans. J’aime bien ressentir une certaine liberté de mouvement dans mes déplacements ».
La trottinette emporte sa préférence sur le vélo qu’elle pratique également : « Les deux peuvent être utilisés sur les voies cyclables, mais il suffit sur la trottinette électrique d’appuyer sur un bouton pour quelle avance : pas besoin de pédaler. C’est vraiment très pratique. Avec le panier devant, le vélo est parfois préférable si l’on a quelque chose à emporter avec soi » reconnait-elle.
Pour notre interlocutrice, Anne Hidalgo représente maintenant celle qui a tué la trottinette électrique en libre-service à Paris. Rozenn trouve l’argument sécuritaire un peu faible : « Je n’ai jamais eu d’accident avec ces engins, je respecte les feux et les autres panneaux de signalisation. Grâce à la géolocalisation GPS, un mode tortue limite automatiquement la vitesse dans certaines zones, notamment en cas de travaux. Puis ça repart après. Je n’ai pas eu de mauvaises expériences sur une trottinette électrique – ni avec des piétons, ni avec des automobilistes ».
L’embarras du choix : « Au début, je ne savais pas quelle trottinette électrique prendre en libre-service quand je m’y suis mise en avril dernier. Maintenant, je connais bien les différences. J’évitais Tier parce qu’ils prélevaient déjà neuf euros avant qu’on commence à rouler, contre un euro chez les deux autres opérateurs. Au niveau de la structure, ses engins étaient plus fins. En revanche, j’ai trouvé que le matériel de Dot était le plus réactif ».
La préférence de notre interviewée va cependant à Lime : « Ses trottinettes électriques avaient une structure plus épaisse qui apportait un meilleur sentiment de sécurité. Les engins des trois opérateurs indiquaient bien la vitesse maximale de 25 km/h et le niveau de batterie ».
C’est pourtant avec Lime que Rozenn a connu quelques petits soucis : « Pour ne pas laisser traîner les trottinettes dans les rues, il fallait les déposer dans des parkings réservés. Certains n’étaient pas reconnus par Lime. Ce qui imposait de devoir en trouver un autre plus loin, avec une perte de temps. Je n’ai en revanche jamais rencontré ce problème avec le matériel de Dot ou de Tier. Quel que soit l’opérateur, il m’est déjà arrivé de ne pas trouver sur l’application de trottinette libre dans le parking le plus près d’où j’étais. Là aussi, il fallait alors que j’aille plus loin ».
Sa première location d’une trottinette électrique n’a pas été franchement simple pour l’alternante : « C’était en quittant le McDo dans la nuit. J’avais programmé mon trajet sur le GPS de mon smartphone. Ça me paraissait bien jusqu’à ce que l’application veuille me faire prendre une route à quatre voies. J’ai hésité, cherchant un éventuel panneau d’interdiction pour les trottinettes électriques, mais je n’ai rien vu ».
Heureusement, elle ne s’est pas engagée dans cette direction : « J’ai bien senti que ce serait très dangereux. Je me suis ensuite un peu perdue dans Paris. J’ai alors compris qu’il fallait que je sélectionne les itinéraires pour les piétons sur mon GPS ».
Les porte-téléphones étaient-ils bien étudiés ? « Je n’aimais pas trop celui en caoutchouc sur les trottinettes de Lime. Il n’était pas très pratique et le smartphone ne tenait pas trop bien dedans. Celui de Dot était mieux, avec un bon maintien sur le haut et sur le bas, et la possibilité de recharger l’appareil en roulant ».
Rozenn avait pris l’habitude d’utiliser des trottinettes électriques pour deux occasions très différentes : « J’aimais bien découvrir Paris avec elles. Pour un tarif de l’ordre de 0,20 euro la minute, je trouve que c’était plutôt raisonnable. Si je m’arrêtais pour visiter quelque chose, je pouvais la mettre au repos ».
C’est cependant pour son job d’étudiant que cet engin était incontournable : « Je travaille dans un McDo pour financer mes études. Avec les touristes, le restaurant ferme vers 2 h 00 du matin et j’en sors une trentaine de minutes plus tard. Depuis le quinzième arrondissement, je dois rejoindre le dix-neuvième où j’habite. À cette heure-là, il n’y a plus de métros. Avec une trottinette électrique, je mets environ 35-40 minutes. Ça roule bien à cette heure-là ».
Et avec le bus de nuit noctilien ? « Ce n’est pas si simple. Il faut d’abord que je prenne un vélo en libre-service pendant une quinzaine de minutes pour rejoindre l’arrêt de bus près de la gare. Ensuite, j’ai au minimum 45 minutes en noctilien que je trouve bien trop lent. Au final, je vais mettre entre 25 et 40 minutes supplémentaires. Avec en plus le risque de tomber sur des gens bourrés ou malveillants ». Pas terrible ce surplus de temps de trajet pour se lever relativement tôt et suivre une formation en alternance !
La jeune Parisienne d’adoption se sent « dégoûtée » : « J’ai commencé à être utilisatrice des trottinettes en location libre-service en avril dernier, au moment même où je commençais à voir des annonces indiquant la fin du système. Depuis le 1ᵉʳ septembre, elles ont disparu des rues de Paris. Dès la semaine précédente, on en voyait déjà de moins en moins ».
Un autre point désole Rozenn dont la formation en alternance est rendue possible pas les petits boulots : « Je ne suis jamais tombée en panne de batterie et je n’ai jamais eu à mettre en recharge les engins de Dot, Lime ou Tier. Du personnel des trois opérateurs s’en occupaient. Ce sont des emplois qui ont disparu avec ces services ».
Pourquoi ne pas acheter une trottinette électrique personnelle ? « Je pense que c’est ce que beaucoup de Parisiens vont faire. Mais ce serait du luxe pour moi. Je n’en ai pas vraiment les moyens. J’ai déjà mon forfait Imagine R (abonnement Ile-de-France Mobilités dédié aux étudiants, NDLR) à régler chaque mois à 38 euros. C’est heureusement plus accessible que le Pass Navigo à 80 euros environ et qui doit encore prochainement augmenter. Pour certains déplacements, à l’extérieur de Paris par exemple, j’ai besoin de prendre le RER ou le métro. Le vélo et la trottinette électrique ne peuvent pas servir pour tous les trajets ».
Aujourd’hui, Rozenn aimerait vraiment que ces engins en location libre-service soient remis à la disposition des Franciliens et de ceux qui souhaitent découvrir la Capitale : « Avec toutes les pistes cyclables que l’on a à Paris, il ne devrait pas y avoir de problèmes à utiliser ces trottinettes électriques. Comme moi, des collègues de travail sont déçus de la disparition de ce service et ne comprennent pas les arguments de la ville de Paris ».
Selon elle, le système de Lime, Dot et Tier etait bien adapté : « Les Parisiens n’ont jamais le temps et n’aiment pas pédaler. Ces engins à déposer à destination leur convenaient très bien. C’est un moyen rapide pour se déplacer ».
Un mix de solutions est ce qu’il y a de mieux : « On ne peut pas être tout le temps enfermé dans un métro ou un bus. Il faut développer un maximum d’alternatives aux transports en commun pour se déplacer dans Paris ».
Cleanrider et moi-même remercions vivement Rozenn pour sa disponibilité et son témoignage. Merci également à Nolwenn d’avoir pris la photo d’illustration et à son frère Tanguy d’avoir prêté sa trottinette électrique pour la pose.
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Trottinettes en libre-service : Madrid dit stop !
Libre-service10 septembre 2024
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