AccueilRoue LibreFlambée des prix du carburant : et si on en profitait pour passer (enfin) au vélo ?

Flambée des prix du carburant : et si on en profitait pour passer (enfin) au vélo ?

Les temps sont mûrs pour envisager une nouvelle fois de passer au vélo. Voici quelques arguments pour vous aider à franchir le pas.

Les prix des carburants s’envolent, et il est à craindre que nous ne soyons qu’aux débuts d’une tendance qui pourrait bien s’installer dans la durée. Avec des tarifs constatés dépassant les 2,20 €, voire 2,30 € pour le litre de gazole, suivi de très près par le SP98 au moment où nous écrivons ces lignes, le moindre déplacement devient un poste de dépenses qui peut fortement gréver un budget.

Si on se livre à un calcul rapide, imaginons qu’une personne doive parcourir 50 kilomètres aller-retour pour se rendre à son travail à bord d’une voiture consommant en moyenne 7 litres au 100 kilomètres, et ce 5 jours par semaine, au prix actuel, le budget mensuel pour le carburant serait de 161 €. Ajoutons à cela quelques autres déplacements effectués dans le mois et on atteint aisément les 200 €.

De quoi se demander s’il ne serait pas judicieux d’envisager d’autres modes de transports moins onéreux. Bien sûr il y a le covoiturage et les transports en commun, mais ces solutions, aussi valables et vertueuses soient-elles, ne peuvent s’appliquer à tous les cas, faute d’une bonne desserte ou d’infrastructures adaptées, notamment en zone péri-urbaine et à plus forte raison en milieu rural.

Restent les modes de transport individuels qui ne nécessitent pas de carburant fossile. On pense bien sûr en premier aux EDPM (Engins de déplacement personnel motorisés), et parmi eux, le bon vieux vélo, dont la demande et l’usage ne cessent de croître, notamment depuis l’épisode des grèves de décembre 2019, puis de la pandémie de Covid 19 et la crainte liée à une trop grande promiscuité dans les transports collectifs.

Alors bien sûr, tout le monde ne fait pas 50 kilomètres par jour pour se rendre à son travail, mais quel que soit le cas de figure, l’occasion est peut-être venue pour une troisième vague d’adoption encore plus massive de la bicyclette, histoire de faire de quelques économies, et d’en profiter pour polluer un peu moins lors de ses déplacements. Et pourquoi pas, soyons fou, envisager un peu plus que des trajets domicile-travail, comme par exemple faire ses courses, se rendre à des rendez-vous professionnels, voire même, dans un autre registre, partir en week-end ou en vacances.

Voyons cela d’un peu plus près.

Se rendre à son travail à vélo, ou la grande vague du vélotaf

Le fait de se rendre quotidiennement à son travail (ou à l’école ou à la fac) à vélo n’est pas vraiment une nouveauté de l’année. Nos grands-parents le faisaient déjà, et j’ai personnellement fait une grande partie de mes années de collège à l’huile de mollet. Mais c’est devenu un véritable phénomène sociétal depuis quelques années, avec sa dénomination en forme de mot-valise, ses codes, ses usages et ses communautés, et une visibilité largement amplifiée par les blogs et les réseaux sociaux, pour le meilleur, et parfois pour le… moins bon.

Allez, puisque l’on n’est jamais si bien servi que par soi-même, je vous donne mon exemple personnel, car il est certainement applicable à de nombreux cas de figure. Je travaille à environ 5 kilomètres de mon domicile, les deux lieux se trouvant dans le centre de Lyon. Quand en 2016 j’ai pris mes quartiers dans un nouveau cowork, j’ai évalué toutes les solutions, puisque c’était nouveau pour moi, ayant travaillé durant une dizaine d’années à 5 minutes à pieds de mon domicile, et bossant aussi fréquemment chez moi, bien avant que le télétravail soit imposé. Pour me rendre au cowork en question, cela prend exactement 40 minutes à pied. J’adore marcher – et je le fais de temps en temps – mais 2×40 mn chaque jour c’est beaucoup de temps peu productif, pris soit sur le temps de travail, soit sur le temps de loisir, soit sur le temps de sommeil. En transports en commun c’est 45 minutes. En voiture (solution que je n’ai jamais envisagée une seule seconde, et pourtant j’ai une électrique) c’est environ 20 minutes selon les conditions de circulation. À vélo c’est… entre 12 et 14 minutes, le tout à 90 % sur piste cyclable, dont une majeure partie isolée de la chaussée, et donc très sécurisée. Vous l’avez compris, la question était vite répondue : ce serait vélo. C’est ainsi que je vélotaffe quotidiennement depuis 6 ans, été comme hiver, et que c’est chaque jour un vrai petit plaisir. J’ai opté pour un VAE étant donné la forte déclivité des pentes à Lyon.

Pour se mettre au vélotaf, il faut prendre le temps d’en évaluer le rapport avantages/inconvénients, et faisant des simulations, mais la plupart du temps la balance penche très nettement en faveur du vélo. Il faudra prendre en compte divers critères comme :

  • la distance domicile-travail
  • les temps de trajet
  • votre aisance à vélo (tout le monde n’est pas « facile » sur un vélo)
  • votre niveau d’exigence (ou de crainte) en matière de sécurité
  • la nature de vos trajets (est-ce que vous avez des rendez-vous dans la journée et est-il possible de s’y rendre à vélo)
  • la topographie (plat, pentes, ville, péri-urbain, campagne, disponibilité de voies cyclables…)
  • votre budget pour investir dans un bon vélo, robuste, fiable et durable
  • le besoin en accessoires (sacoches, casque, tenue de pluie…)
  • la possibilité de garer votre vélo de façon sécurisée au travail
  • la possibilité de prendre une douche au travail (ça peut servir en été…)

Vous disposez de nombreux outils pour cela, à commencer par Google Maps. Une fois que vous aurez tous ces éléments, vous pourrez prendre votre décision en toute connaissance de cause, mais, à moins que vous habitiez en rase campagne et à plus de 15 kilomètres de votre lieu de travail, il y a de fortes chances pour que la conclusion soit la plupart du temps favorable au vélo.

Vélo musculaire ou vélo électrique ?

Cela dépendra évidemment tout d’abord de votre budget, mais également de votre forme physique, et de la nature du trajet. S’il est plat et dans une région peu ventée, et que vous avez une condition physique « normale », un bon musculaire fera certainement l’affaire. Si la distance est un peu longue (plus de 10 km) et ponctuée de déclivités, il vaut probablement mieux s’orienter vers un VAE, même s’il n’est pas idéal. Ce qui suppose évidemment un investissement plus important. Mais sachez que l’on trouve désormais d’excellents VAE à moins de 2000 euros, et que de nombreuses collectivités locales subventionnent l’achat d’un VAE jusqu’à hauteur de 300 euros ou plus, cumulables avec un bonus écologique de 200 euros octroyés par l’état, ce qui fait une ristourne de 500 euros. Avec un petit crédit sur 10 mois, cela représente 150 euros par mois, soit peut-être l’équivalent de ce que vous payez en carburant. Et en plus c’est bon pour la santé ! Notez aussi que si vous êtes entrepreneur, en société ou indépendant, vous pouvez passer cet investissement en frais en l’achetant au nom de la société, au même titre qu’une voiture de fonction. Notez toutefois que La TVA sur l’achat et les frais du vélo ne peut être récupérée par votre société que dans la mesure où vous utilisez le vélo pour des déplacements purement professionnels.

Enfin, rappelons pour finir le coût dérisoire en énergie du VAE, autour de 1 euro pour 1 000 kilomètres. La comparaison fait là aussi très mal puisqu’en voiture on est à… 161 euros pour 1000 kilomètres (même base : conso de 7 l/100 km avec un litre à 2,30 €).

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Le vélo en libre-service (VLS)

Si vous ne souhaitez pas investir tout de suite dans un vélo, ou que vos trajets sont occasionnels, la bonne solution peut être d’opter pour l’utilisation de vélos en libre-service, à l’acte ou sur abonnement. Lancé pour la première fois dans sa version moderne à Lyon en 2005 avec Vélo’v(*), le VLS est aujourd’hui disponible dans plus de 50 villes ou collectivités territoriales.

Côté tarifs, plusieurs options sont disponibles selon les villes, avec un paiement à l’acte ou avec un abonnement, comme à Lyon, ou l’abonnement pour un Vélo’v coûte par exemple entre 15 et 31 euros par an. Quelle que soit la formule adoptée, le coût reste modique, et permettra de faire sa propre transition énergétique pour quelques dizaines d’euros annuels. De quoi évaluer la solution avant d’investir.

Trottinette, mono-roue, gyropode… tous les EDPM ont le vent en poupe

Bien sûr, dans les alternatives à l’automobile, notamment en milieu urbain, le vélo n’est pas l’unique solution. De nombreux engins ont vu le jour et se sont développés très fortement au cours des 5 dernières années, et parmi eux la star incontestable, la trottinette électrique, que ce soit en possession personnelle ou en libre-service (free-floating). Les usages ne sont pas forcément les mêmes, et la sécurité non plus. A vous de voir la machine qui correspond le mieux à votre cas. Par exemple, si le risque de vol de vélo est important dans votre secteur, peut-être qu’une trottinette électrique que vous rangerez près de vous dans votre bureau ou votre open space sera la solution.

Quoiqu’il en soit, tirer un parti positif de l’affolement des prix de l’essence que nous connaissons ces jours afin d’en profiter pour changer votre mode de transport sera peut-être votre meilleure décision. Il se peut que vous ne tardiez pas à vous en rendre compte, et à vous en féliciter à chaque jour.

Peut-être même regretterez-vous de ne pas l’avoir fait avant.

(*) Les premiers vélos en utilisation gratuite à la demande furent déployés en 1976 à La Rochelle, puis en 1998 à Rennes dans une version payante et informatisée

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