AccueilMonoroueJ’ai testé la gyroroue… mon cerveau a paniqué, mais j'ai survécu !

J’ai testé la gyroroue… mon cerveau a paniqué, mais j'ai survécu !

Elle m'a rapidement accompagné partout, tant elle est compacte et endurante cette Gotway Tesla (aucun rapport avec le constructeur automobile).

Vous souvenez-vous de cette fois où vous êtes sorti de votre zone de confort, pour découvrir quelque chose d’entièrement nouveau, au point de devoir réapprendre une chose élémentaire, en faisant fi de vos repères ? Moi, oui. MA première fois en gyroroue.

Difficile de se rappeler la sensation de joie lorsque nous avons retiré les petites roues du vélo pour la première fois. Depuis, certains ont récidivé avec le wheeling, le ski ou le snowboard. Le plaisir d’apprendre quelque chose de nouveau. La machine humaine est faite pour ça, apprendre. Nous avons même une zone du cerveau dédiée à la satisfaction d’apprendre !

Ce monocycle électrique un brin futuriste, sans guidon, où tout l’équilibre tient à un mélange de capteurs gyroscopiques et de sang-froid, arpente les rues depuis une petite décennie désormais.

Habitué des trottinettes, des skates et des vélos, je m’étais dit : « Passer d’un vélo à une roue unique motorisée, ça ne doit pas être sorcier. Puis après le skate, le roller, le ski, le snow, ça va passer crème ! » Grossière erreur ! Mon cerveau s’est soudainement rebellé : « Pas de pédales, pas de cadre, pas de support et un engin instable, tu vas tomber mon grand ! » Les premières tentatives l’ont confirmé : debout sur un engin à une seule roue, je cherchais en vain un support imaginaire pour m’agripper. Bref, j’ai déraillé… dans tous les sens du terme, mais sans chuter. L’anticipation et l’appréhension ont évité cela.

Elle m’a rapidement accompagné partout, tant elle est compacte et endurante cette Gotway Tesla (aucun rapport avec le constructeur automobile).

Sur un tel engin, vous n’êtes plus un humain, mais le joystick vivant d’une manette de jeu. Votre corps fait avancer, reculer et tourner la roue. Tout votre corps. Le lien avec la machine est sans pareille mesure, et la fluidité qui en découle est unique.

La gyroroue délivre des sensations proches du ski pour certains, du snowboard pour d’autres. Physique, exigeante, technique, elle ne se laisse pas apprivoiser facilement. Avant de la contrôler puis de la maîtriser, il faut expliquer à son cerveau qu’il faut se pencher pour avancer.

Oubliez les écouteurs ou les casques à réduction de bruit, la gyroroue communique avec vous au toucher et à l’ouïe. Au toucher, car outre la force qu’elle exerce contre vous pour garder l’équilibre, elle va créer une résistance contraignant votre corps à se redresser si vous allez trop vite. À l’ouïe, car ses bips d’indications sont la seule donnée dont vous disposerez.

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L’instinct de Foucault et un siècle de folies motorisées

On pourrait croire que la gyroroue est une invention toute neuve, sortie d’un labo high-tech. C’est un peu vrai, mais l’idée de rouler sur une seule roue a plus d’un siècle ! Dès 1869, on voit apparaître de gigantesques monocycles artisanaux, où le cycliste pédale à l’intérieur de la roue. Sauf qu’à l’époque, aucun gyroscope pour stabiliser l’équilibre : c’était l’école du cirque ou la chute assurée.

Des inventeurs un brin fous (ou visionnaires ?) ont alors imaginé la monoroue motorisée au début du XXᵉ siècle : moteur à essence, passager coincé dans une roue géante… et un effet « gerbille » au freinage, tellement la roue pouvait faire culbuter son pilote. Une piste pourtant pas si absurde, puisque dès les années 1900, on se met en tête d’y greffer un gyroscope (lui-même découvert par Léon Foucault en 1852) pour compenser ces cabrioles incontrôlées. Mais la technologie n’était pas assez miniaturisée pour un usage vraiment pratique.

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Du gadget au transport futuriste

Il a fallu attendre le XXIᵉ siècle, les batteries lithium-ion et les microprocesseurs capables de gérer des algorithmes d’équilibrage en une fraction de seconde pour que la monoroue électrique entre dans nos vies. Le Segway de Dean Kamen ouvre la voie au principe d’auto-équilibrage à grande échelle, et quelques années plus tard, en 2011, Shane Chen dévoile la première « gyroroue » commerciale : le Solowheel. C’est compact, silencieux, et ça semble tout droit sorti d’un film de science-fiction ou de la Bande à Picsou.

Robotik, personnage de la Bande à Picsou qui arborait déjà une (sorte de) gyroroue en 1992.

Très vite, les concurrents (chinois, américains, européens) se mettent à copier ou à innover. On voit fleurir des noms comme Airwheel, GotWay/Begode, King Song, InMotion… Les performances explosent : plus de cinquante kilomètres/heure, des suspensions intégrées, 80 km d’autonomie ou plus. De simple curiosité un peu « geek », la gyroroue devient un vrai mode de déplacement urbain – pour peu qu’on ne craigne pas d’apprendre un nouvel équilibre.

Mon baptême « gyroroutier »

Revenons à ma propre initiation. Après quelques jours et l’idée absurde d’en faire mon véhicule de déplacement en étant débutant, j’ai enfin senti la confiance poindre. Comme un cycliste qui lâche le guidon pour la première fois, j’ai goûté à cette sensation de légèreté : on file en douceur, on se faufile sans bruit, et l’algorithme corrige chaque micro-déséquilibre. Je suis en train de rouler, les mains libres, les doigts écartés filtrant le vent. Une sensation proche de celle ressentie en snowboard, le bruit de la neige en moins, le potentiel mobile en plus.
Au bout d’un mois, je slalomais entre les plots avec le même plaisir qu’un amateur de singlespeed. Je roulais en avant, en arrière, descendais des trottoirs et sautais des marches.

Mais gare à la confiance. La gyroroue réclame un équipement de motard. En cas de dysfonctionnement, vous n’avez rien sur lequel vous rattraper. La seule solution est alors de se laisser glisser sur les genoux et de garder l’équilibre avec les mains, d’où l’importance de bonnes protections.
La chute existe et elle peut faire très mal. C’est ce risque qui distingue ce véhicule des autres propositions. Celui qui n’ose pas poser une oreille sur une trottinette vous voit comme une sorte de fou. Et si l’homme est un animal grégaire, il aime également se distinguer de la masse, être différent. Et la gyroroue vous place au sommet du rayon originalité.

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