Tout le monde s’attendait bien à une certaine pagaille dans Paris et la région parisienne en raison des Jeux olympiques. Les cyclistes sont cependant furieux de constater l’enfer dans lequel ils sont jetés, sans explications locales sur la conduite que l’on attend d’eux ni vraiment davantage d’informations à ce sujet sur Internet. Dans une courte vidéo, Le Parisien a donné la parole à quelques-uns. La bourse ou la vie ?
Le ministère chargé des Transports a publié il y a quelques jours sur son site Anticiperlesjeux.gouv.fr une nouvelle page. Elle précise que du 15 juillet au 11 septembre 2024, des voies vont être réservées à la circulation des athlètes et des véhicules accrédités aux Jeux de Paris. Sont également autorisés à les emprunter : les taxis, les véhicules de transport en commun ou destinés à favoriser les déplacements des personnes à mobilité réduite, ainsi que ceux des services de secours et de sécurité.
Les vélos et trottinettes en sont cependant exclus, leurs pratiquants encourant une amende de 135 euros à ne pas respecter l’interdiction. C’est un peu « la bourse ou la vie » quand on voit comment les cyclistes sont parfois jetés au milieu de la circulation, entre deux flots de véhicules qui vont les dépasser par la droite et par la gauche parfois à vive allure.
Pour les 185 km d’axes routiers extérieurs, les tronçons concernés sont clairement indiqués avec une période d’activation. Par exemple « A1 entre Roissy-Charles-de-Gaulle et la Porte-de-la-Chapelle, du 15 juillet au 11 septembre ». Pour Paris intramuros, c’est bien moins clair. Il est question de « certains axes ». Il faut alors s’armer de patience sur une carte interactive pour trouver les rues modifiées avec une voie mentionnant désormais « 2024 Paris ».
Aucune des 89 questions de l’espace FAQ du site officiel ne traite du problème particulier de la circulation des cyclistes dans les rues qui comprennent une voie qu’ils pouvaient auparavant emprunter et qui leur est désormais inaccessible. Concrètement, que doivent-ils faire ? En revanche, à l’item 76 (« En circulant à pied, à vélo ou en véhicule motorisé, quelles sont les restrictions liées au périmètres de sécurité ? »), il est clairement indiqué : « Dans la mesure du possible, nous vous recommandons de circuler à pied et/ou à vélo pendant les Jeux ».
En cette période estivale, avec en plus les JO donc, de nombreux étrangers vont résider ou venir à Paris en utilisant un vélo. Si les règles à suivre par les cyclistes sont déjà compliquées à trouver pour les résidents, c’est bien pire encore pour ceux qui viennent de l’étranger et maîtrisent peu notre langue.
Cette absence d’informations claires montre combien la question est épineuse pour les autorités en charge des transports à Paris. Ne pouvant apporter une réponse claire avec des infrastructures garantissant la sécurité des cyclistes, c’est la politique du « silence radio » qui semble prédominer. Ce qui ne veut pas dire que rien n’a été fait. Des aménagements ont été mis en place, dont certains posent des problèmes flagrants de sécurité.
Le Parisien est allé enquêter sur place et a rencontré quelques cyclistes dont on peut entendre les témoignages dans une vidéo. Elle permet déjà de constater les aménagements qui posent problème : portions temporaires de pistes cyclables sur les trottoirs au beau milieu des piétions, passage sur une terrasse de café, voie aménagée arrêtée brusquement par une grille.
Avant de recueillir des témoignages, le journaliste Yann Foreix a voulu lui même constater, enfourchant un modèle course et s’interdisant d’emprunter la voie de bus auparavant ouverte aux cyclistes : « Là on se retrouve projeté sur la circulation classique avec les automobiles. Quand on est cycliste, ça fait un peu peur ». Une crainte clairement exprimée par des usagers qu’il a rencontrés, dont l’un d’eux s’imagine déjà « à l’hôpital ou à la morgue ».
Une résidente qui a décidé de passer au vélo il y a huit mois à la place d’utiliser sa voiture déplore ne pas avoir « les infos sur où on doit rouler, sur quelle voie ». Sur « une avenue qui descend à toute berzingue », elle ne se voit pas être confrontée aux automobilistes et pense passer sur les trottoirs. Interrogé, un policier municipal a reconnu la dangerosité de la situation et compte jouer la carte de la tolérance.
Qu’auraient dû faire les autorités organisatrices des transports à Paris pour éviter les situations dangereuses pour les cyclistes tout en aménageant des voies rapides pour les Jeux olympiques ? C’est une question à laquelle il est très difficile de répondre pour plusieurs raisons.
La toute première est que les rues de Paris gardent encore en de nombreux endroits les traces d’une organisation binaire automobiles/piétons qui a prévalu pendant des dizaines d’années. Depuis, les vélos se sont multipliés. Un phénomène amplifié par le développement fulgurant des trottinettes et engins assimilés, le dérèglement climatique et les appels à adopter la mobilité douce.
Dans l’urgence, forcément, mobiliser une voie pour une nouvelle exploitation particulière va grignoter l’espace des uns ou des autres, voire de tous. Avec une grande incompréhension pour ceux qui veulent jouer la carte du développement durable. Les plus vulnérables risquent encore une fois d’en être le fusible.
Vous qui êtes ou allez être confrontés à ce problème en prenant votre vélo quotidiennement, que proposeriez-vous pour améliorer la situation ?
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