Il aura fallu plusieurs décennies pour que la boîte auto fasse son apparition en masse sur les vélos électriques.
Vous vous souvenez des vélos avec deux petits leviers de vitesses fixés de part et d’autre de la poutre inférieure du cadre ? Celui qui avait un vélo à vitesses faisait alors un peu partie d’une sorte d’élite de la pédale.
Puis le dispositif a évolué, pour s’installer sur le guidon, à portée de pouce. Mais en fait, depuis ces lointaines années, rien n’a vraiment changé en matière de transmission et de gestion de la force sur les bicyclettes.
Il aura fallu l’arrivée et la large diffusion des vélos à assistance électrique pour que les ingénieurs et designers remettent le métier sur l’ouvrage et se penchent enfin sur la question. Après une période de gestation où l’on n’entendait parler que du fameux projet de Valeo, les choses se sont décantées et le mouvement connait depuis quelques mois une forte accélération, à tel point qu’il ne se passe pratiquement pas une semaine sans une annonce dans le domaine.
Ce qui devrait séduire nombre de cyclistes, car il suffit d’observer leur comportement, notamment en milieu urbain sur les trajets de navettage, pour constater que beaucoup d’entre eux n’utilisent pas – ou mal – les vitesses de leur monture.
De fait, la transmission automatique présente de nombreux avantages pour les cyclistes électriques. Elle simplifie la conduite, ce qui est particulièrement appréciable en ville, où les changements de vitesses sont fréquents. Elle permet également d’améliorer le confort de conduite, car le cycliste n’a pas à se soucier de changer de vitesse. Enfin, la transmission automatique peut contribuer à améliorer l’efficacité énergétique du vélo, ce qui peut se traduire par une autonomie accrue.
Les fabricants se penchent donc sur la question et innovent constamment pour proposer des solutions toujours plus performantes et intuitives, avec entre autres :
Tous les signaux indiquent par conséquent que nous sommes face à une tendance lourde, et que les technologies d’automatisation de la transmission vont se démocratiser et débarquer en masse sur nos machines. A tel point que les prochaines générations – disons à l’horizon 2035 – pourraient ne plus connaître plus les vélos électriques à dérailleur ? Peut-être. En attendant, c’est donc l’occasion pour nous de faire un point sur les forces en présence.
A tout seigneur tout honneur, on commence par le pionnier. Révélé fin 2020, le dispositif Cyclee imaginé par Valeo est unique sur le marché du vélo à assistance électrique. Intégré au pédalier, il intègre à la fois un moteur électrique de 48 volts et une transmission automatique adaptative à 7 rapports. Délivrant jusqu’à 130 Nm, le couple moteur permet de multiplier l’effort du cycliste par 8 ! Un système que Valeo présente comme « beaucoup plus efficace » que les moteurs 24 et 36 volts embarqués sur la plupart des vélos électriques du marché.
Dans les traces de Valeo et de son Cyclee, le constructeur allemand Pinion propose le MGU (Motor.Gearbox.Unit), un moteur conçu spécifiquement pour les vélos électriques. Le moteur est équipé d’une boîte de vitesses entraînant une courroie, bien que cette dernière ne fonctionne de manière automatique que dans certains scénarios spécifiques. Plus polyvalente que la solution à 8 vitesses de Valeo, la boîte de Pinion est disponible en deux configurations, à 9 ou 12 vitesses. Les changements de vitesse s’opèrent de manière électronique, s’appuyant sur une multitude de capteurs. Ces capteurs sont présents pour optimiser l’expérience du cycliste en lui indiquant le moment optimal pour changer de vitesse, assurant ainsi des transitions fluides et précises.
La dernière pépite de Decathlon, le B’Twin Long Distance 920 E Connected se démarque par son moteur électrique à boîte de vitesses automatique, développé en partenariat avec la société belge e2Drives. L’un des atouts majeurs de ce vélo réside dans sa facilité de pédalage. Dès le coup de pédale, le vélo réagit instantanément. D’autre part, l’élimination des vitesses se traduit par une plus grande simplicité. En supprimant le dérailleur, l’entretien est réduit, contribuant ainsi à la durabilité du produit. Les premiers essais de l’engin ont souvent déclenché des commentaires particulièrement enthousiastes, qui font dire qu’il s’agit d’une vraie réussite de la part de la marque française.
Nukproof va intégrer dans son offre 2024 le VTT électrique Megawatt Carbon, distingué en tant que l’un des tout premiers modèles à accueillir le moteur Eagle de SRAM. Cette avancée permettra aux cyclistes de bénéficier d’une expérience de conduite nouvelle grâce à une boîte de vitesses à changement automatique de rapports.
À peine dévoilé, le moteur SRAM Eagle s’intègre déjà rapidement dans certains pédaliers, marquant une nouvelle ère dans le monde du cyclisme. Parmi les avant-gardistes de cette tendance, le Nukeproof Megawatt Carbon édition 2024 se distingue particulièrement avec l’intégration de ce bloc électrique américain innovant.
Pour son Garida, le constructeur français Radior, basé dans l’Ain, a jeté son dévolu sur un moteur Valeo Cyclee Go 7 qui propose un important couple de 130 Nm. Surtout, il intègre une boîte de vitesses automatique à 7 rapports. Pour l’heure, ce moteur est associé à une transmission à chaîne – monoplateau évidemment. La gestion de la motorisation passe par un écran de contrôle assorti de plusieurs boutons. On peut choisir le degré d’assistance, mais également le mode, en choisissant un passage de vitesse entièrement automatisé ou séquentiel.
Les groupes de transmission enviolo permettent un changement de vitesse continu, ajustable en fonction de la résistance au pédalage et de la force exercée, sans paliers prédéfinis. Les cyclistes peuvent changer de vitesse à vide, en charge ou à l’arrêt. La transmission automatique adapte la démultiplication en fonction de la cadence de pédalage, mais offre également la possibilité d’un changement manuel. Enviolo propose cinq groupes de transmission adaptés à différents types d’utilisateurs ou de VAE, avec des caractéristiques spécifiques pour chaque usage.
Petite variante dans ce monde tout automatisé, l’offre d’Intra Drive, basée en Écosse, qui propose un moteur intégrant une boîte de vitesses à 8 rapports. Conçu pour une intégration facile sur divers modèles de vélos électriques, ce combiné compact reprend les points de montage du moteur Shimano EP8. Doté de trois niveaux d’assistance, le moteur offre une puissance maximale de 600 W avec un couple élevé. Bien que le changement de vitesses ne soit pas automatique, la gestion électronique et l’actionneur électrique permettent des transitions rapides, potentiellement en un dixième de seconde, tout en offrant une expérience de conduite fluide. Opérationnel à l’arrêt, ce dispositif peut changer plusieurs vitesses simultanément.
Le constructeur chinois met à disposition des marques de vélos électriques une transmission automatique à 3 vitesses. Il ne s’agit donc pas d’un moteur, mais d’un dispositif intégré dans le moyeu de la roue arrière, visant à simplifier le vélo électrique. Conçue pour une installation sur une variété de modèles électriques ou non, cette innovation supprime le besoin de câbles et de commandes pour le changement de vitesse. Le système à engrenages internes ajuste automatiquement le rapport en fonction de la vitesse du vélo, promettant un changement « silencieux, discret et précis ». Cependant, le fait qu’il soit logé dans le moyeu arrière le rend incompatible avec les vélos électriques dont le moteur ou les freins sont situés à cet endroit. L’entreprise bordelaise C du Cycle vient de dévoiler le MoBY, équipé du moyeu Bafang.
L’équipementier britannique Peyman propose quant à lui une transmission automatique à variation continue (CVT) pouvant être installée en seulement 30 minutes sur la plupart des vélos, y compris les vélos à assistance électrique. Fondée en 2019, la startup offre une grande adaptabilité grâce à son système qui se place à la position de la cassette de pignons ou du pignon, remplaçant ainsi les dérailleurs et le câblage. Pesant environ 1 kg, le nouveau système élimine la nécessité de manettes, câbles et dérailleurs, offrant un gain de poids pour le vélo. Sans nécessiter de manette sur le guidon ni d’appareil électronique supplémentaire, la transmission Peyman sélectionne automatiquement la vitesse la plus appropriée en fonction du poids du cycliste, de la puissance requise, de la cadence de pédalage et de l’inclinaison de la route.
La liste pourrait encore s’allonger, tant les projets de moteurs de vélos électriques intégrant une boite de vitesses automatique se bousculent au portillon ces derniers temps.
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