Le projet fou de voiture à deux roues équilibrée par gyroscopes semble enfin arriver à son terme puisque les précommandes sont ouvertes depuis le 1er février.
Si vous n’avez jamais entendu parler de Lit Motors, jetez donc un œil car il se pourrait que vous soyez bluffés, voire même littéralement séduits par ce projet incroyable qui est en train de finalement voir le jour après des années de gestation.
Lit Motors est une entreprise américaine dans la grande tradition des start-up créées par un inventeur de talent, qui a développé une voiture à 2 roues unique en son genre, appelée AEV C-1, anciennement C-1.
Le fonctionnement de l’AEV C-1 repose sur un système gyroscopique, qui permet à la voiture de rester stable même lorsqu’elle est à l’arrêt. Ce système utilise des gyroscopes rotatifs pour compenser les mouvements latéraux, ce qui assure la stabilité de la voiture à tout moment. La C-1 est équipée de deux roues motrices qui permettent une excellente maniabilité et une conduite agile.
Pour mieux comprendre la démarche et l’innovation qu’elle porte, il faut savoir que le projet – et le premier prototype roulant – de Lit Motors date de 2010, une époque où l’on ne parlait pratiquement pas encore de voiture électrique, et encore moins de moto électrique.
La profession de foi de l’entreprise était alors, et est encore, Lit Motors de rendre les déplacements personnels plus sûrs, plus efficaces et plus excitants. La plate-forme AEV atteint cet objectif en intégrant le plaisir et l’agilité de la conduite d’une moto avec la sécurité et le confort d’une voiture. En tant qu’entreprise automobile Lit Motors s’était fixé pour missiont de fournir un véhicule avec une proposition de valeur équivalente à celle d’un véhicule électrique à 4 roues tout en ayant un impact écologique et social moindre en réduisant les déchets de fabrication, les émissions et le temps passé en déplacement.
Il faut donc imaginer un véhicule ayant les caractéristiques d’une voiture et la taille d’une moto (voire d’un vélo-cargo). Une invention étonnante qui offre le même niveau de stabilité que les voitures à l’aide d’un système de gyroscope et sans béquilles ni jambes rétractables supplémentaires.
C’est une véritable prouesse et une expérience probablement étonnante que concevoir une machine de la taille et de l’emprise au sol d’une (grosse) moto ou d’une voiture de type Smart coupée en deux dans le sens de la longueur, mais offrant la sécurité et le confort d’une voiture. Il s’agit d’ailleurs bien d’une voiture, puisqu’à son bord on est assis dans un fauteuil, et qu’elle se conduit avec un volant, et non pas un guidon. La Lit Motors AEV C-1 a une autonomie estimée à 250-350 km avec une vitesse de 0 à 100 km en seulement 5 secondes et peut transporter deux passagers assis longitudinalement l’un derrière l’autre comme dans un cockpit d’avion de chasse. L’engin n’est cependant pas donné. Annoncé dans un premier temps « sous les 25 000 dollars », il est finalement affiché à 32 000 dollars sur la page de précommande. Cela étant, il faut comparer avec le prix d’une voiture proposant une autonomie supérieure à 350 km et une accélération équivalente à celle d’une sportive de luxe, sachant que la plupart du temps dans ce cas d’usage on rarement plus de 2 personnes à bord. Bien sûr, si l’on se place du point de vue d’un deux roues électrique, cela reste évidemment un peu onéreux.
Le projet, lancé au début des années 2010, avait pris un retard considérable, à tel point qu’on le pensait abandonné. Sauf qu’il y avait une très bonne raison : son créateur et fondateur, Daniel K. Kim, a été victime d’un très grave accident de moto, ce qui a mis le développement en sommeil pendant plusieurs années. Des ennuis qui se sont ajoutés à un procès intenté par ses ex associés, qui a encore plombé la feuille de route du Lit Motors AEV C-1. Il avait même été question d’un rachat ou d’une prise de participation par Apple il y a quelques années, ce qui n’était pas très étonnant vu le potentiel innovant de l’engin et sa promesse de décarboner et désencombrer les transports péri-urbains, voire même des trajets plus ambitieux.
D’autres retards et incertitudes ont mis le projet entre parenthèses, comme notamment cette difficulté récurrente pour les fondateurs à lever les fonds nécessaires pour le mener à bien, comme si, dans la Silicon Valley, on n’y croyait pas du tout. Faut-il y voir une marque de lucidité de la part d’experts qui ont pu juger sur pièce l’engin et en déduire qu’il ne fonctionnerait jamais, et que c’était du pur vaporware ? Il est vrai que ne voir qu’un prototype unique, pas fini et à peine roulant n’est pas de nature à rassurer, surtout quand on sait qu’une première ouverture aux précommandes avait été lancée en 2015, puis fermée en 2017, avec remboursement des premiers clients.
Cela étant, bon an mal an, après toutes ces péripéties, l’entreprise semble enfin tenir le bon bout puisqu’elle vient d’annoncer officiellement l’ouverture des pré-commandes de son AEV C-1. Contre un chèque de 250 dollars, on obtient un t-shirt numéroté avec le logo de la marque, et surtout un certificat, lui aussi numéroté, faisant office de bon de pré-commande. Aucun délai de livraison ni de disponibilité n’est pour le moment indiqué, mais il est question d’une notification qui arrivera de 6 à 12 mois avant la livraison. Bref il va falloir s’armer de patience et être prêt à perdre 250 dollars en cas de banqueroute de l’entreprise avant ses premières livraisons.
Les pré-commandes pour le véhicule sont donc ouvertes depuis le 1er février avec pour objectif d’atteindre 10 000 unités d’ici 2026 et un objectif supplémentaire de production de 100 000 unités dans les 5 prochaines années. Selon le constructeur, les projections indiquent une demande pour des millions de travailleurs dans le marché mondial. En atteignant l’objectif initial de 10 000 pré-commandes, Lit Motors affirme pouvoir devenir rentable, ouvrant la voie à une production en plus grande quantité.
Côté fiche technique, cela se précise aussi, même si cela reste encore un peu flou. On retiendra que cette moture (moto + voiture, vous l’avez ?) est jusqu’à six fois plus économe en énergie qu’une voiture électrique classique, avec une autonomie de l’ordre de 240 à 350 km par charge grâce à sa batterie de 3 kWh. Le temps de charge se situe entre 4 et 8 heures, et, côté performances, il peut atteindre 60 km/h en seulement 5 secondes, avec une vitesse maximale supérieure à 160 km/h. Il est équipé d’un moteur de 72 kW (20 kW nominal). Il est également équipé d’airbags frontaux et latéraux, de ceintures de sécurité, de portes pivotantes et d’un châssis en aluminium et acier.
Cependant, sauf faute de frappe (30 kWh ?), la capacité de la batterie de 3 kWh interroge. Si l’on part du principe que ce véhicule très profilé pèse environ 5 fois moins lourd qu’une électrique standard, cela donnerait un équivalent de 15 kWh sur une voiture électrique d’environ 1800 kilos, ce qui parait largement irréaliste et insuffisant. Peut-être que le reste de la différence se joue sur un sCx lui aussi sans aucune comparaison avec une voiture à quatre roues. Cela interroge d’autant plus quand l’on sait que les gyroscopes également sont certainement assez gourmands en énergie.
Nous avons contacté Lit Motors pour leur poser quelques questions, nous mettrons cet article à jour si nous obtenons des réponses dans les prochains jours.
Un dernier mot concernant la technologie de stabilisation par gyroscopes. Si elle n’est pas totalement nouvelle, elle n’a à notre connaissance jamais été installée sur un deux-roues destiné au marché grand public, si ce n’est – coïncidence du calendrier – sur ce scooter Liger, seulement commercialisé en Inde.
La suite de votre contenu après cette annonce