Être à l’abri comme dans une voiture, mais pédaler comme avec un vélo. C’est le principe de ces drôles d’engins que l’on pourrait confondre avec les voitures à pédales de notre enfance, mais dont la vocation est tout autre, puisqu’il s’agit de transporter des personnes dans des conditions de confort acceptables tout en étant très peu polluants.
Le dossier « L’avenir des véhicules intermédiaires » publié par Aurélien Bigo, spécialiste de la question, résume d’ailleurs très bien cette situation : « Près de la moitié des automobiles vendues aujourd’hui sont des SUV suréquipés, peu aérodynamiques et lourds. Les véhicules électriques qui se vendent le mieux sont aussi les plus pesants. Quant aux deux-roues motorisés, ils ont vu leur poids doubler en 60 ans. Tous ces engins transportent désormais essentiellement leur propre masse, même les rares fois où ils sont utilisés à pleine capacité. Cet énorme gâchis ne peut être durable : les avantages apportés par l’électrification du parc, déjà insuffisants pour parvenir aux objectifs français de réduction des émissions de gaz à effet de serre, sont rognés par cet embonpoint. »
Le vélo à assistance électrique, qu’il soit limité à 25 km/h ou plus puissant (speed-bike ou speedelec) coche à peu près toutes les cases de cet usage pour le transport individuel, tandis que le vélo-cargo peut satisfaire les besoins de celles et ceux qui ont des enfants ou quelques marchandises à transporter.
Mais le VAE, malgré toutes ses qualités et sa praticité, ne couvre pas l’ensemble des besoins. Certains sont encore – et seront toujours – réticents à utiliser en vélo, a fortiori en milieu urbain, pour de multiples raisons, dont certaines parfaitement compréhensibles et légitimes.
Nous avions déjà évoqué le sujet des véhicules intermédiaires dans un précédent article, mais celui-ci revient sur le devant de la scène avec l’initiative de l’ADEME, nommée « L’eXtrême Défi« . Afin d’imaginer et tester les véhicules de demain, l’ADEME a lancé le projet « eXtrême Défi », auquel 43 équipes participent.
Le paysage de la mobilité est en pleine mutation, avec l’électrification croissante des véhicules et la transition vers des solutions plus durables. L’« eXtrême Défi » est une initiative ambitieuse de l’ADEME visant à repenser la mobilité urbaine et péri-urbaine en proposant des véhicules sobres, durables, légers et abordables. Les équipes participantes ont rivalisé de créativité pour concevoir des prototypes novateurs, destinés à remplacer la voiture dans les déplacements quotidiens.
Les propositions englobent les principales catégories de véhicules intermédiaires, offrant une gamme de vitesses maximales diverses, allant de 2 à 4 roues. Ces projets présentent une variété de modèles économiques, allant de la vente de formations pour construire son propre véhicule (comme le Mosquito) à la vente traditionnelle de véhicules produits de manière centralisée. Plusieurs synergies ont été identifiées entre plusieurs équipes et doivent être explorées collectivement :
Parmi les projets primés, on retrouve des concepts révolutionnaires tels que le Vhélio, un utilitaire à assistance électrique développé en open source, et le Scaramobile, qui propose une approche plus responsable de la mobilité privative en réduisant l’empreinte carbone.
L’ADEME, à travers ce projet, encourage l’émergence d’une nouvelle filière industrielle axée sur des véhicules évolutifs, pouvant être reconditionnés, et assemblés localement. Ces initiatives s’inscrivent dans une démarche globale de transition vers une mobilité plus respectueuse de l’environnement et des ressources.
C’est dans ce contexte que Jérôme Zindy, un vélo-reporter et pionnier de la vidéo bas carbone, utilise plusieurs types de vélos électriques pour minimiser l’impact environnemental de ses reportages. Il utilise entre autres un vélo électrique solaire qui produit sa propre énergie, lui permettant de réaliser des reportages itinérants. Il utilise également un vélo électrique pliable pour prendre le train et couvrir divers événements. Actuellement, il utilise un véhicule intermédiaire, une sorte de vélo augmenté, qui lui permet de rouler toute l’année, quelles que soient les conditions météorologiques.
Son vélo électrique solaire est équipé de deux panneaux photovoltaïques, un à l’avant et un à l’arrière. Dans de bonnes conditions de luminosité, le vélo n’a pas besoin d’être rechargé et peut parcourir 150 km par jour. Par exemple, lors d’un tour des parcs naturels régionaux de la région sud, Jérôme a parcouru 1500 km avec 15 000 mètres de dénivelé positif et a été autonome à 95% du temps. Il a dû recharger une fois en raison de conditions nuageuses.
Le véhicule intermédiaire qu’il utilise actuellement pour La Nouvelle Aventure Mobile est prévu pour accueillir un panneau de 100 watts sur le toit. Bien que cela ne suffise pas pour produire toute l’énergie du véhicule, cela peut contribuer de manière significative, fournissant 500 à 600 Wh par jour, soit 25 à 30% du total de la consommation. Jérôme trouve exceptionnel de pouvoir se déplacer avec un moyen qui produit lui-même son énergie, allant vers une forme d’autonomie, surtout dans un contexte où l’énergie devient de plus en plus coûteuse et compliquée à produire.
J’ai eu l’occasion d’échanger récemment avec lui lors d’une longue interview que nous avons publiée dans le cadre du podcast Watts Up d’Automobile Propre, que vous pouvez retrouver en intégralité ici.
Au cours de l’interview, Jérôme Zindy décrit son propre véhicule intermédiaire comme un quadricycle de 120 kg, doté de 4 roues, capable de rouler à 45 km/h avec une autonomie de 80 km. Ce véhicule fermé permet de se déplacer à l’abri des intempéries, offrant une solution de mobilité active et écologique. Il souligne l’importance de trouver le bon compromis en matière de mobilité, en offrant une alternative aux vélos électriques traditionnels, notamment pour les déplacements en milieu périurbain et rural.
Jérôme Zindy met en avant les avantages de ces véhicules intermédiaires, qui permettent de se déplacer rapidement tout en restant actif et en contribuant peu à l’énergie nécessaire au véhicule. Il insiste sur la sobriété et l’aspect écologique de ces solutions, soulignant la nécessité de proposer des alternatives de déplacement efficaces et respectueuses de l’environnement.
En parcourant la France à la rencontre des acteurs de la mobilité électrique légère, Jérôme Zindy met en lumière les retours positifs des utilisateurs de ces véhicules intermédiaires, soulignant l’importance de s’intégrer harmonieusement dans les infrastructures existantes. Il évoque également les défis à relever, notamment en termes d’acceptation et d’intégration de ces nouvelles formes de mobilité dans les pratiques quotidiennes.
À travers son engagement et son tour de France, Jérôme Zindy incarne une démarche proactive visant à promouvoir des solutions de mobilité durables et adaptées aux besoins des citoyens. Son initiative illustre la diversité des approches et des innovations dans le domaine de la mobilité électrique légère, ouvrant la voie à une transition vers des modes de déplacement plus respectueux de l’environnement et des territoires.
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