La trottinette électrique et les autres engins de déplacement personnels confirment leur parfaite complémentarité avec l’usage des transports en commun.
Nombre de commuters (*) urbains ou péri-urbains cherchent un moyen de lâcher la sacro-sainte voiture pour aller vers des moyens de transports plus vertueux et plus respectueux de l’environnement. Certains n’abandonnent pas pour autant la voiture, mais font le pas vers l’électrique.
Une démarche qui n’est pas donnée à tout le monde, et qui dépend de nombreux paramètres, comme les ressources financières, la capacité à s’endetter avec l’achat d’un véhicule coûteux, mais aussi le lieu d’habitation et la capacité de parking et de recharge.
D’autres font la démarche de passer aux transports en commun, ce qui ne convient cependant pas à tout le monde, pour des raisons d’organisation, de desserte, mais aussi pour des raisons plus personnelles.
Pour ces derniers, qui souhaitent continuer à utiliser un moyen de déplacement individuel, tout en privilégiant un mode doux, le vélo s’impose naturellement comme une solution alternative de premier choix. Et puis il y a les autres, ceux qui privilégient des moyens de transport encore plus agiles, au premier rang desquels la trottinette électrique.
Le succès de cet EDPM (Engin de déplacement personnel motorisé) ne se dément pas puisque selon les chiffres de la Fédération des professionnels micromobilité (FP2M), il s’en est vendu 908 000 unités en 2021, soit une hausse de 42 % par rapport à l’année 2020. Les trottinettes représentent ainsi 51 % du nombre total des ventes d’engins de déplacement personnel en France.
Alors, la trottinette, engin du diable pour urbains pressés et individualistes ? C’est ce que l’on pourrait penser de prime abord. Or, il s’avère que la réalité est bien différente.
Selon une étude récente de Mobiprox, un observatoire des micromobilités accessible au grand public et constitué d’experts de la Prévention Routière et de la FP2M, il ressort que les micromobilistes sont adeptes des déplacements intermodaux, avec un usage marqué par trois caractéristiques principales :
Les données présentées dans ce dernier rapport sont même étonnantes dans le portrait type qu’elles dressent des utilisateurs d’engins de déplacement personnels. Ainsi, l’analyse indique que 43% à 50% d’entre eux pratiquent l’intermodalité sur une période mensuelle, avec la particularité d’emporter leur engin dans un autre moyen de transport.
D’autre part, 8 propriétaires d’EDPM sur 10 sont multimodaux et déclarent utiliser d’autres modes de déplacement en complément pour leurs trajets quotidiens : la voiture (65%), le métro/TER/RER (43%) et la marche (39%).
Plus étonnant encore, 2 propriétaires sur 10 d’une trottinette électrique ou d’une gyroroue ont renoncé à l’achat d’un véhicule motorisé – voiture, moto ou scooter, et 8 % des panélistes se sont même séparés d’une voiture depuis l’acquisition de leur trottinette ou gyroroue.
La transportabilité due au poids et à l’encombrement réduits de ces engins en font effectivement d’excellents compagnons pour les déplacements intermodaux, qui vont même parfois au-delà de la transition entre chaussée et métro ou autobus. Nombre de personnes amenées à se déplacer en train, voire en avion, sur de longues distances n’hésitent pas à embarquer sous le bras leur EDP plié pour pouvoir se déplacer facilement de rendez-vous en rendez-vous dans la ville de destination.
Certes, cette pratique reste beaucoup moins massive que l’intermodal quotidien au sein d’une même ville ou région, mais elle existe, et elle facilite grandement la vie de ceux qui ont un jour franchi le pas. C’est aussi le cas par exemple pour une visite de salon, quand ce mode de déplacement au fil des stands et des conférences est autorisé.
C’est tout l’avantage des EDPM légers par rapport au vélo. Certes on va moins loin et moins vite (quoique), mais ce sont les seuls moyens de transport que l’on peut à la fois conduire et… transporter soi-même. Cet usage hybride, que l’on pourrait qualifier de « piéton augmenté », ouvre encore de nombreuses pistes à l’innovation, notamment en termes de sécurité et de confort.
Car les points d’amélioration sont encore nombreux, et l’on attend toujours le Angell, le VanMoof ou même le Tesla de la trottinette électrique, qui entre autres injecterait une pincée d’intelligence artificielle dans ces engins, pour gérer l’autonomie, la puissance, et bien sûr la sécurité. Notamment en intégrant des systèmes de radars de proximité par exemple qui indiqueraient au pilote l’approche d’un danger imminent hors de son champ de vision, ou encore un système de freinage répartissant la puissance entre les roues selon la vitesse, la déclivité, ou même les conditions d’adhérence ou le relief de la chaussée.
Quoiqu’il en soit, les trottinettes électriques, loin de l’image parfois désastreuse qu’elles projettent en raison de mauvais comportements de certains utilisateurs, confirment qu’elles sont l’une des clés de la mobilité urbaine raisonnée, en permettant des déplacements décarbonés tout en accompagnant les plus réticents à utiliser leur part de transports collectifs sans les contraintes liées à ce mode de déplacement.
La définition d’un cercle vertueux, non ?
Alors certes, les trottinettes et leurs équivalents ne sont pas accessibles à tous, et il vaut mieux être assez jeune, en bonne forme physique, si possible doté d’un bon sens de l’équilibre et d’une certaine témérité pour être à l’aise à leur guidon, mais cette description correspond quand même à une partie non négligeable de la population, et il y a de la marge avant que le marché atteigne la saturation.
(*) terme anglais pour « personnes se déplaçant pour se rendre à leur travail », pas d’équivalent simple et parlant en français à notre connaissance, à part « navetteurs »…
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