C’est-à-dire que nous pourrions commencer à croire que le cycliste n’est considéré que comme un imbécile. Et contrairement à ce que vous croyez, il n’est pas fait référence aux idéologistes des réseaux sociaux ou aux justiciers de la route. La cible est tout autre.
Tout commence par une baisse des ventes. Colossale puisque Trek a décidé de réduire sa gamme, Accell, qui fabrique parmi d’autres les vélos Babboe et Lapierre est à l’agonie. Le fabricant Shimano est en situation délicate, les revendeurs rongent leur frein et limitent leur stock, préférant miser sur le service, VanMoof sort d’un coma qui a failli être fatal et la valse des constructeurs de vélos de niche s’est transformée en tecktonik, avec des victimes qui avaient pourtant tout pour réussir, à l’image de Vassla. L’importation ralentit au point d’appréhender une pénurie de modèles disponibles en cas de nouveau regain de la demande de VAE. Même les Pays-Bas, LE pays du vélo montre un marché en net retrait en 2023.
Mais en quoi cela a à voir avec le titre de cet édito ? Nous y venons, rassurez-vous.
Il y a trois facteurs qui conduisent à cette morosité du marché.
Premièrement, les utilisateurs sont déjà équipés. Pour la plupart, l’investissement, conséquent, date de l’après COVID. Les vélos soufflent tout juste leur troisième bougie et il est rare de changer de modèle aussi tôt.
Deuxièmement, les prix des vélos se sont envolés. Un moyen trouvé par les fournisseurs pour contrer la baisse des ventes justement. Le problème, c’est qu’entre-temps, les vélos n’ont pas évolué. Pire, certains modèles ont vu leur niveau d’équipement baisser au fil des saisons, sans que le tarif suive, bien au contraire. Ainsi, une personne qui souhaitait changer de vélo pour un modèle supérieur se rend compte qu’elle doit mettre beaucoup plus que ce qu’elle avait dépensé quelques années auparavant pour avoir… le même vélo.
Enfin, et c’est le point qui est à l’origine du titre : au nom de la sécurité, les règles ont été durcies. Au point de diminuer drastiquement l’intérêt du vélo à assistance électrique.
Les Pays-Bas et plus particulièrement la ville d’Amsterdam souhaitent brider les vélos aux abords des lieux à forte fréquentation. À l’origine de cette initiative, une augmentation conséquente des accidents entre 2018 et 2020. Le problème, c’est que ces accidents relèvent à 86 % de collisions avec des véhicules à moteur et concernaient les cyclistes âgés de plus de 65 ans. Le rapport avec le bridage dans les zones sensibles ? Aucun. Mais le pire, c’est que comme l’explique Matthieu, ce procédé est intrusif, compliqué et ne cible que les vélos qui sont dans les règles. À tel point que la logique pousserait à se tourner vers des vélos musculaires légers.
Ce n’est pas tout. La législation, en France et de manière étendue en Europe, est plus stricte envers les vélos qu’envers les autres véhicules. Le vélo à assistance électrique est limité à 250W de puissance en plus d’une vitesse maximale d’assistance de 25 km/h. Les trottinettes électriques, elles, n’ont aucune limite de puissance. Le résultat est évident : certains VAE sont à la peine dans les zones à fort relief, là où justement, ils sont indispensables. Nous éviterons d’aborder les automobiles dont certaines électriques dépassent les 1 000 ch.
Il en résulte un champ des possibles très limités. Les vélos se ressemblent tous. Les rares à se démarquer doivent compenser un surpoids important en s’appuyant sur des moteurs à haut rendement plus onéreux. Le pire étant les vélos dont l’assistance parvient juste à compenser le surpoids induit par la batterie et le moteur.
Les cyclistes sont-ils si idiots qu’il faille les infantiliser à ce point ? Nous assistons à une dissonance forte entre la volonté de démocratiser le vélo et celle de tout faire pour l’avoir en horreur : des infrastructures pensées par des personnes qui ne pratiquent visiblement pas le vélo, des règlementations strictes trop limitantes et infondées, une victimisation massive incitant le cycliste à se protéger plutôt qu’inciter les autres à faire attention à eux. D’ailleurs, ce dernier point a engendré l’émergence d’extrémistes du cycle dont les actions sont contre-productives.
Alors oui, nous avons l’impression que les cyclistes sont pris pour des idiots et cela engendre une succession de faits sociaux qui vont à l’encontre de l’idée de démocratiser une mobilité qui ne cesse de rappeler les bonnes vertus qu’elle exerce sur le corps et l’esprit.
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Vélo électrique15 novembre 2024
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