Engagée dans la prévention et la formation pour utiliser au mieux les engins électriques de déplacement personnel, l’équipe de Two Roule représentait à Saint-Brieuc, dans le cadre du salon de la mobilité électrique des Côtes-d’Armor, le programme Mobiprox. Rencontre avec Geoffrey Tessier et James Bellande.
Placé bien en évidence à l’une des entrées du salon des véhicules électriques qui s’est tenu à Saint-Brieuc du 2 au 4 septembre dernier, le stand aux couleurs du programme Mobiprox assurait une joyeuse, mais néanmoins sérieuse animation en faveur de la micro-mobilité.
Dans l’espace matérialisé par des barrières, différents plots et panneaux formaient un parcours que petits et grands devaient suivre en guidant la trottinette électrique qui leur était prêtée. « Nous commençons par une formation théorique qui dure entre 10 et 15 minutes, avant de passer à la pratique », a commenté pour Cleanrider Geoffrey Tessier, formateur chez Two Roule.
« Sur les trottinettes fournies et fabriquées en Europe, les stagiaires sont soumis à des slaloms, des dos d’âne, et des rétrécissements de voies. Ils doivent effectuer des freinages d’urgence et adopter les bons réflex », a-t-il poursuivi.
« Le programme Mobiprox s’appuie sur le principe de pollueur/payeur et les certificats d’économie d’énergie [NDLR : Ces certificats ont été mis en place par le ministère de la Transition écologique et l’Ademe]. Il intéresse en particulier les entreprises qui n’ont pas mis en place d’actions pour réduire leur empreinte carbone », a souligné Geoffrey Tessier.
Financièrement soutenu par le groupe Total, la plateforme vise à « accompagner le développement des mobilités douces dans l’objectif de réduire les dépenses énergétiques liées au déplacement des personnes ». Pour justification, se déplacer avec une trottinette électrique demande 40 fois d’énergie que d’effectuer le même parcours, seul, dans une voiture individuelle.
Le programme est porté par la fédération des professionnels de la micro-mobilité (FPMM) et l’association pour la prévention routière. Il permet l’accès à 3 outils au profit des entreprises et collectivités qui veulent mettre en place une démarche volontaire d’optimisation des moyens de mobilité pour leurs collaborateurs et visiteurs.
Parmi les 3 outils à attendre de Mobiprox, un observatoire ouvert sur le Web créé pour fournir des données sur l’utilisation des engins de déplacement personnel.
Cette source d’information est complétée par des enquêtes. Elles permettent de suivre, analyser et évaluer les impacts énergétiques de ces solutions alternatives à la voiture individuelle pour les personnels et leurs employeurs publics ou privés.
Le troisième outil mis à disposition des entreprises et collectivités est une participation financière orientée sur les actions d’information et de formation à l’utilisation des trottinettes et mono-roues. Il s’accompagne de la nécessaire dose de sécurité et de sensibilisation aux économies d’énergie. C’est à ce niveau que Two Roule intervient plus particulièrement.
« Nous intervenons dans les entreprises, collectivités, missions locales, collèges et lycées, salons, etc. Nos stagiaires doivent repartir en particulier avec des notions théoriques qui englobent la législation entourant la pratique de la trottinette électrique », a mis en avant Geoffrey Tessier.
« Parmi les personnes que nous formons, certaines sont déjà en confiance pour piloter cet engin. Ce n’est cependant pas le cas de toutes. Nous devons faire en sorte que ces dernières quittent la formation en étant capables de pratiquer de façon sécuritaire. Ce qui passe par une bonne position du corps », a-t-il exposé.
« En exemple, pour une bonne stabilité, les utilisateurs de trottinettes électriques doivent conserver les pieds joints sur la plateforme. Ainsi, en cas de dérapage, ils peuvent sauter à côté de l’engin. Ce ne serait pas le cas si les pieds étaient placés de façon perpendiculaire. Car alors les pieds se retrouveraient chacun d’un côté de la plateforme, rendant difficile la maîtrise de l’engin », a-t-il comparé.
« Les trottinettes électriques sont de plus en plus utilisées dans les trajets domicile-travail des salariés et des agents des services publics. Ce qui s’accompagne d’une recrudescence des accidents et pèse sur l’activité des entreprises et collectivités du fait des arrêts de travail qui en découlent », a détaillé Geoffrey Tessier.
« Former le personnel est finalement moins coûteux pour les employeurs. Et ça entre dans le cadre des politiques RSE [NDLR : Responsabilité sociétale des entreprises] des structures bienveillantes pour leurs salariés et qui sont ouvertes à la mobilité durable », a-t-il complété.
« Beaucoup trop d’utilisateurs de trottinettes électriques ignorent encore qu’ils doivent bénéficier obligatoirement d’une assurance en responsabilité civile. Elle est gratuite, mais il faut en faire la demande à son assureur au préalable. Elle sera exigée en cas d’accident avec un tiers », a-t-il prévenu.
« Parmi les autres points à connaître pour pratiquer la trottinette électriques, l’obligation de porter la nuit un gilet phosphorescent. En outre, la vitesse maximale ne doit pas dépasser les 25 km/h. Dans le cas contraire, l’amende peut s’élever à 1 500 euros, avec destruction de l’engin. Il n’est pas autorisé d’utiliser cet EDP sur les routes nationales et les autoroutes », a rappelé Geoffrey Tessier.
« L’interdiction d’être à 2 sur une trottinette électrique, c’est aussi une question de bon sens et de loi physique. Dans une voiture qui pèse 1 tonne, ce n’est pas un problème. Ca l’est en revanche sur une trottinette de 15 kg : c’est ultra-dangereux », a-t-il alerté. « Aujourd’hui, les 2 principales causes de mortalités avec ces engins, c’est l’usage des modèles débridés et être à 2 sur la plateforme », a-t-il listé.
« Le prix d’une trottinette électrique varie entre 300 et 1 800 euros. Elle coûte en électricité au maximum 2 euros par semaine. Son usage est adapté, en remplacement d’une voiture individuelle, pour des trajets jusqu’à 15 km. Elle peut aussi être un maillon dans un déplacement multimodal, car elle peut être emportée avec soi dans un bus, par exemple », a-t-il illustré.
Si Two Roule s’y connaît aussi bien en engins de déplacement personnel, c’est parce que la jeune entreprise est née en juillet 2019 de la volonté de 3 fervents utilisateurs de trottinettes électriques : Quentin Morette, Thomas Arbogast, et James Bellande. Dès le départ, elle s’adresse aux collectivités, entreprises et autres professionnels souhaitant développer auprès de leurs collaborateurs l’usage de ce petit véhicule de mobilité douce.
Les fondateurs avaient l’intuition que les e-EDP se développeraient rapidement dans les grandes villes. Avec de probables problèmes de partage des rues avec les autres usagers. D’où une volonté de contribuer à faire émerger « un sentiment de responsabilité afin de favoriser une cohabitation vertueuse de l’ensemble des usagers de la voie publique ».
Où en est Two Roule après un peu plus de 3 ans d’existence ? « Nous comptons désormais environ 250 clients, parmi lesquels des collectivités, entreprises, assureurs, organisateurs de salons et foires, etc. Nous restons engagés dans la prévention et la sécurité d’utilisation des trottinettes électriques », nous a répondu James Bellande.
« Les personnes que nous formons se disent agréablement surprises du service que nous apportons, avec les parties théoriques et pratiques qui se complètent. En particulier au niveau de la connaissance qui en ressort sur la réglementation dédiée, et pour la prise en main d’une trottinette électrique pour ceux qui n’ont jamais pratiqué », a témoigné le cofondateur de Two Roule.
« Les collectivités réagissent très bien à nos actions car elles doivent montrer l’exemple. Ainsi auprès de leurs agents, mais aussi des citoyens et des scolaires », a-t-il rapporté.
« Nous avons assuré une trentaine d’interventions dans les collèges et lycées. Nous y restons le plus souvent une semaine, le temps nécessaire pour faire passer tous les élèves concernés. Nous avons également participé à autant de salons, avec des accueils parfois très différents, voire même mitigés, comme à Ever Monaco », a-t-il conclu.
Pour rappel, la semaine européenne de la mobilité est programmée en 2022 du 16 au 22 septembre. Le programme Mobiprox a prévu 18 journées de sensibilisation à cette occasion. Parfois en entreprise. Ainsi chez Enedis et EDF. D’autres fois en profitant d’événements ouverts à tous les visiteurs, comme les foires de Clermont-Cournon (63), Loudun (86) et Caen (14).
Parfois, les actions prendront place dans l’espace public. Ce sera le cas à Calais (62), Dreux (28), Sélestat (67). Two Roule ne sera pas le seul organisme à assurer les interventions. Aux côtés de la jeune entreprise, par exemple : la société de conseil en management Mwheel Mobility et l’agence de prospective en nouvelles mobilités Smart Mobility Lab.
En attendant, ou à défaut de pouvoir participer à une de ces journées, vous pouvez toujours répondre aux 10 questions du quiz Mobiprox sur la micro-mobilité. Ne vous attendez cependant pas à des éloges faciles de la part de l’application. Même avec 9 bonnes réponses, on vous indiquera « Vous n’êtes pas encore très micro-mobile ».
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