Il y a dix ans, le Twike, c’était cet engin frêle d’apparence mais bougrement ingénieux et efficace qui s’alignait sur les grilles de départ avec des Tesla Model S et Renault Zoé dans nombre de manifestations. C’est une véritable joie de le voir progresser vers la génération 5 dont le développement a commencé depuis plusieurs années déjà.
La plupart des pionniers de la mobilité, ceux d’il y a dix ans et plus, connaissent au moins de nom et sur image le Twike. En le découvrant au départ d’événements à longue distance comme le eTourEurope, le Wave Trophy ou encore la caravane européenne pour la COP 22 organisée au Maroc en 2016, on pouvait se demander si les utilisateurs du tricycle ne se trompaient pas de ligne de départ. A l’arrivée, plus personne ne se posait cette question.
Et ce fameux Cap Nord au-dessus du cercle polaire, avant les Tesla, ce sont des utilisateurs de Twike qui ont ouvert la voie vers lui : 10 000 km en partant de Berne, en Suisse, en 1998. L’écologiste et journaliste suisse Marc Muller, à l’origine du documentaire A Contresens, s’est aussi appuyé en 2010 et 2011 sur cet engin pour son pèlerinage environnemental de 476 jours à travers 25 pays en n’exploitant que l’énergie de ses muscles et celle de sa remorque solaire.
En bref, le Twike, c’est un art de vivre, un engagement pour une mobilité durable joyeuse où la sueur se mêle aux slogans, et une véritable leçon d’efficience.
Quand on ne connaît pas ce tricycle et qu’on s’amuse à rechercher ses origines, on a presque l’impression qu’il a toujours existé. Il est apparu en 1986. Il est donc contemporain d’un autre tricycle, le Sinclair C5, tombé dans l’oubli car bien moins abouti et ingénieux. C’est donc un peu un dinosaure de l’électromobilité qui aurait su évoluer avec son temps.
L’autonomie du Twike ? Illimitée puisqu’il y aura toujours le pédalier pour recharger la batterie et avancer. Sa vitesse de pointe ? Là, en revanche, vous avez intérêt à aimer les sensations fortes. Elle n’a jamais cessé d’augmenter, passant par des étapes à 50, 90 puis 120 km/h. Avec la génération 5 présentée au salon automobile de Genève en 2019, c’est même 190 km/h qui ont été annoncés et une batterie d’une capacité énergétique de 31,5 kWh pour une autonomie de 500 km.
Il était alors question d’une série de 500 exemplaires produits en faisant appel à un financement participatif, avec un démarrage déclenché par un minimum de 200 réservations et 2 millions d’euros réunis. Avec les différentes crises (Covid, tension sur les marchés de l’énergie, disponibilité de pièces diverses, etc.), les projets de ce type ont été très malmenés et beaucoup resteront sans suite.
Où en est-on avec le Twike 5 ? Les communications ont repris depuis l’été 2023 et il y a du nouveau. Un acheteur potentiel devra déjà choisir une batterie : 18 ou 36 kWh de capacité énergétique. Pour la seconde, l’autonomie de 500 km annoncée en 2019 est maintenue. Elle est divisée par 2, soit 250 km avec la dotation lithium-ion inférieure. A une vitesse constante de 100 km/h, la consommation s’élèverait à environ 7,3 kWh/100 km. Elle ne serait plus que de 6 kWh/100 km à 80 km/h stabilisés.
Le constructeur communique la rapidité de recharge en autonomie retrouvée par minute. Elle est de 0,75 km en courant alternatif sur une prise domestique (Connecteur Type 2 côté véhicule) et de 8,3 km sur une borne en courant continu (CCS). Cet engin qui pèse environ 600 kg, peut transporter une charge de 250 ou 310 kg en fonction du pack choisi. Ce dernier influe aussi sur la vitesse de pointe. Les 190 km/h sont toujours d’actualité avec la batterie 36 kWh. Elle tomberait à 130 km/h avec l’entrée de gamme. Ces chiffres sont toujours susceptibles d’évoluer, nous prévient-on sur le site Web.
Classé en catégorie européenne L5e, ce « véhicule électrique à trois roues à assistance optionnelle par énergie musculaire » est équipé d’un moteur synchrone triphasé à double enroulement avec réducteur. Son mouvement est transmis aux roues arrière. Il développe une puissance de 45 kW qui peut s’étendre en pic à 70 kW.
Le freinage à disque et deux circuits s’active quand la régénération n’est plus suffisante. Le châssis est suspendu à l’avant par un double bras oscillant longitudinal et à l’arrière par un essieu rigide De Dion avec stabilisateur. Pour une longueur de 3,328 m, le Twike 5 présente un empattement de 2,424 m. Son empreinte au sol s’étend en largeur sur 1,552 m.
La cellule en aluminium et fibres composites qui s’élève à 1,235 m, avec une garde au sol de 13,7 cm, peut recevoir deux personnes à son bord et 300 litres de charge dans le coffre. En retirant le siège du passager, le volume est doublé.
Les pédales à disposition des deux occupants ne font pas directement avancer le véhicule. Via un générateur, elles servent à produire de l’énergie injectée dans la batterie pour prolonger l’autonomie. Pas de volant pour la direction, mais deux leviers de part et d’autre du conducteur. L’efficience du tricycle s’explique en partie par une efficacité énergétique de 95-98 % pour le moteur et un Cx inférieur à 0,24.
Aussi amusant soit-il, le Twike 5 risque de dissuader pas mal d’acquéreurs potentiels par un tarif élevé. Outre-Rhin et avec une TVA à 19 % incluse, il est affiché à 39 900 et 49 900 euros en fonction de la batterie embarquée. En octobre dernier, le constructeur annonçait 2 400 précommandes, mais seulement 360 avec un acompte déjà versé.
Pour une mise en production rapide, l’entreprise espérait alors pouvoir compter sur 500 acheteurs capables d’avancer en moyenne 20 000 euros. Dans le cas contraire, des retards seraient encore à prévoir. Pas évident de devoir bloquer autant d’argent puis attendre plusieurs mois avant de pouvoir être livré d’un véhicule certes très original, mais intéressant d’abord des personnes prêtes à se déplacer autrement, par conviction.
Pratiquer une activité physique tout en se rendant au bureau, en allant faire ses courses ou en amenant un enfant à l’école est un des points qu’apprécient le plus les personnes séduites par le Twike 5. Beaucoup de foyers préfèreront cependant choisir pour cela un vélo cargo bien moins cher. Ce qui ferait vraiment la différence, c’est l’intérêt pour les curiosités technologiques. Un luxe qui n’est pas à la portée du plus grand nombre de ménages. Peut-être que des formules de location à plus ou moins longue durée pourrait apporter une souplesse sécurisante.
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