Cela pourrait être le début d’un post LinkedIn sans intérêt. Le courage, la clé d’une vie meilleure ? Encore faut-il définir cette vertu, avant de « liker » hypocritement le post.
Nous sommes en 2025 et les gens sont effrayés. C’est pratique. La peur pousse à être régi par l’émotion plutôt que la réflexion. De quoi les rendre malléables, tous ces gens. Selon le philosophe Maître Yoda, elle conduit à la haine. Au vu de l’actualité et de la manière dont elle est retranscrite, nous sommes à deux doigts de qualifier Star Wars de guide de développement personnel. De quoi pousser les Jedi à se reconvertir en happiness managers.
La peur a pour mécène l’inconnu. Nous sommes effrayés par ce que nous ne connaissons pas. Donc, nous nous référons à ce qui existe déjà. Aux expériences vécues par autrui. Des expériences par procuration, qui génèrent de jolis biais cognitifs. Ces mêmes biais, balayables, bien souvent, du revers d’une main, tenant fortement une étude remplie de chiffres. Des chiffres qui, eux aussi, peuvent être utilisés pour faire la pluie ou le beau temps dans les esprits, dans les cœurs et souvent dans les portefeuilles. L’instinct de survie nous incite donc à refuser l’inconnu, l’expérience personnelle. Au point d’en vouloir à ceux qui arrivent à la surmonter.
Derrière cette philosophie de comptoir se cache une réalité : la société a une peur bleue de changer ses habitudes. Peur d’expérimenter, de tester, d’essayer. Peur de ne plus avoir assez peur. La peur est un parasite vicieux. Elle feint de préserver son hôte. « Tu vivras plus longtemps si tu renonces à vivre », lui murmure-t-elle.
La peur pousse à s’entasser dans des wagons, dans des conditions que le bétail n’assumerait pas. À accepter d’être dépendant de systèmes sur lesquels nous n’avons aucun fichu contrôle. À accepter de façonner notre mode de vie en fonction de solutions dont nous sommes tributaires, plutôt que d’épouser celles qui nous rendraient indépendants. Partir plus tôt, dormir moins, laisser les enfants plus tard à l’étude, courir, stresser, anticiper à outrance ce qui ne l’est pas. Payer plus pour vivre moins, quelle chic idée ! Surtout quand la monnaie est sa santé.
Il n’est point question ici de vendre quelque chose. Nous nous adressons à ceux qui veulent s’essayer aux mobilités, mais qui en ont peur.
Ainsi, il est estimé à plusieurs centaines de millions de trajets en trottinette électrique pour quelques milliers d’accidents et 20 à 40 décès par an, dont une partie sous l’influence de l’alcool et de la drogue. Une peur qui rappelle celle de l’avion, et il y a pourtant moins de chances de mourir en avion qu’en voiture. Être effrayé par un engin utilisé par des gamins, mais pas par des voitures capables d’avaler le 0 à 100 km /h en moins de 4 secondes. Le paradoxe de l’humain dans toute sa splendeur.
Pédaler dans le froid effraie aussi. Cette peur de la douleur, de l’inconfort. Ce même vélo qui vous réveille, vous met en joie et vous réchauffe en moins de 5 minutes, soit aussi rapidement que votre plat du midi dans le micro-onde plein d’effluves de l’entreprise. Ce même froid qui vous émoustille et vous réveille, vous fait faire de la buée avec votre bouche et vous ramène des décennies en arrière, quand vous vous moquiez de plonger les mains nues dans la neige, obsédé par le plaisir procuré par l’instant.
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Alors cette peur est transposée sur les enfants. Fragiles, posés sur des sièges vélo aménagés, subissant la fraicheur hivernale, les lèvres bleues, les mains rigidifiées, les larmes gelées et le nez humidifié. Les pauvres, ils seraient mieux en voiture ! Possible, demandons-leur. Mais encore faut-il, pour cela, avoir déjà essayé. Vous n’avez pas besoin de mettre les doigts dans l’huile bouillante pour savoir que vous allez vous brûler, certes. Mais si d’autres, nombreux, peuvent y mettre la main sans risque, c’est qu’elle n’est peut-être pas si chaude que cela.
Les médias ne sont pas les seuls responsables de cette fragilité moderne. La coercition y est également pour beaucoup. Blâmer autrui de ne pas embrasser le même chemin que le vôtre, c’est l’accuser de refuser les mêmes contraintes. Le clivage poussé par des idéologies suintant de biais de confirmation amplifie cette peur de changer. Qui serait assez fou pour rompre avec ses habitudes et rejoindre des extrémistes ne voyant le monde qu’à travers le prisme de leur petite vie, parfois, si ce n’est pas souvent, aux antipodes de la sienne ? Ces extrémistes semblables à des gosses qui vous pointent du doigt parce que vous n’osez pas sauter et qui attendent que vous prouviez le contraire, pendant que vous pliez bagages et tournez les talons, pour retourner à vos habitudes.
Il serait donc bon de vendre un peu de courage et de positif. De montrer la magie, non pas d’expérimenter de nouvelles formes de déplacements (chacun fait ce qu’il veut et heureusement), mais celle d’avoir jugé par soi-même. La satisfaction de se faire sa propre opinion. D’autant que ce ne sont pas les solutions qui manquent pour s’y essayer.
Ce serait chouette, vraiment. Puis ça permettrait aux Jedi de retourner lutter contre l’Empire du côté obscur, devenu un peu trop adepte de la scène médiatique.
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