Rameutant son assemblage en France, Gaya a invité Cleanrider dans l’usine vendéenne d’Arcade Cycles, son partenaire qui produit ses vélos-cargos électriques. Reportage.
Si nous avons visité l’usine Arcade, c’est que Gaya vient de rejoindre sa liste partenaires. Cette petite marque parisienne née en 2021 avait pour objectif de dépoussiérer un peu le vélo cargo électrique, avec une approche originale s’inspirant de la moto, via deux modèles nommés Compact et Cargo.
Depuis le début de leur aventure, les fondateurs Jacques Bonneville et Amélie Guicheney voulaient assembler leurs vélos en France. Une pieuse volonté toutefois assez complexe à mettre en pratique les premières années, faute de site disponible pour leurs premières livraisons ayant démarré à l’été 2022. Dans un premier temps, Gaya a ainsi dû se contenter d’une usine en République Tchèque, une production européenne qui représente déjà une bonne alternative aux nombreux vélos assemblés en Chine ou Taïwan.
Les deux entrepreneurs ont néanmoins continué à batailler pour arriver à localiser leur production en France. Un dur labeur qui a porté ses fruits il y a peu avec l’obtention d’un créneau de production chez Arcade Cycles, à La-Roche-Sur-Yon (Vendée). L’assemblage des vélos y a commencé début novembre 2023 avec le modèle Compact et nous avons assisté au deuxième lot de fabrication, dédié cette fois-ci au modèle Cargo.
Mais avant de rentrer dans le dur, petit focus sur Arcade Cycles. Ce fabricant est un acteur figurant au top 5 du vélo en France. Avec 60 000 unités produites par an, l’entreprise vendéenne est d’une taille similaire à Moustache, mais loin derrière les colosses que sont MFC à Machecoul détenu par Intersport (500 000 unités annuelles), AML à Lille qui produit, par exemple, le Decathlon LD920E (100 000 unités annuelles) ou encore Cycleurope à Romilly-sur-Seine assemblant Peugeot et Gitane (100 000 unités annuelles). Mais tout devrait changer ces prochaines semaines pour les 125 salariés de l’entreprise.
En effet, Frédéric Lucas, fils du fondateur ayant pris les rênes de la société en 2022, nous a ainsi confié qu’une nouvelle usine était dans les cartons. Située à quelques dizaines de mètres du premier site, cette structure flambant neuve va multiplier par 2,5 la surface de production qui passera ainsi à 15 000 m² contre 6 000 aujourd’hui. Il faut dire qu’avec des commandes croissantes, cela sature sur les lignes de production. Pour preuve, les dernières étapes d’assemblage de Gaya ont lieu dans des espaces normalement réservés au stockage !
L’ambition d’Arcade Cycles est désormais d’arriver à produire 150 000 vélos par an. Un chiffre qui ne sera pas atteint tout de suite selon Frédéric Lucas, qui nous a avoué qu’il sera déjà content d’atteindre les 100 000 vélos à l’horizon 2024-2025. Pour soutenir cet objectif, Arcade Cycles a changé légèrement de braquet en accueillant de nouveaux clients, à commencer par Reine Bike depuis 2021 et dorénavant avec Gaya.
Car historiquement, l’industriel vendéen vendait surtout ses vélos sous marque blanche, c’est-à-dire sans son nom, principalement à des loueurs et des flottes. On retrouve ainsi des vélos Arcade pour le service public de Pau ou des locations de courte durée à Noirmoutier. Ainsi, sa réputation s’est avant tout construite sur sa capacité à produire des vélos robustes, sujets à des taux d’utilisation élevés, et souvent en environnement côtier défavorable (humidité, sel, etc).
Lors de notre visite, nous avons pu découvrir les différentes étapes d’assemblage des vélos Gaya. La première étape concerne la pièce maîtresse du vélo : le cadre. Construit en Asie comme la grande majorité des vélos électriques aujourd’hui, il arrive nu chez Arcade Cycles. L’entreprise a donc la tâche de le traiter puis de le peindre avec un procédé par poudre (et non liquide) plus écologique, car sans déchet, avant de cuire de vernir l’ensemble.
Une fois terminé et arborant son ravissant coloris bleu ou jaune, le cadre des vélos Gaya part sur la chaîne d’assemblage. Il y reçoit sa fourche (elle aussi assemblée sur place), son guidon avec potence, ses câblages, son système électrique avec le moteur arrière et sa batterie derrière le tube de selle, la transmission, le pédalier, la selle, l’éclairage et les roues.
Si l’on mentionne ces dernières en fin de liste, c’est que le rayonnage des roues Mach 1 a, lui aussi, lieu aussi dans l’usine Arcade. Une pratique qui tend à se développer dans le monde du vélo en France (MFC par exemple, ou Moustache le réalisant aussi depuis peu avec ses Just).
Après l’assemblage, vient le temps du contrôle du fonctionnement des vélos, puis de la personnalisation avec divers équipements de sellerie, poignées, sièges, et accessoires sélectionnés en option par les clients de Gaya. Le vélo cargo électrique est alors prêt à être acheminé chez son propriétaire, bien protégé dans son carton, totalement assemblé à l’exception des pédales.
Le Gaya Cargo est donc prêt à partir pour rejoindre ses clients en France, et ainsi parcourir bien moins de kilomètres. Jacques Bonneville nous a confié avoir gagné environ 2 000 km de logistique, et surtout moins de contraintes qu’avec la République Tchèque.
L’ancien site d’assemblage nécessitait bien plus de trajets. Déjà avec la réception de pièces et du cadre en port de Mer du Nord qui étaient ensuite réexpédiées en Europe Centrale. Le coût d’assemblage était certes bien inférieur à celui d’Arcade en France, mais les frais de transport bien plus coûteux avec le prix galopant du carburant et les problèmes récurrents de logistique depuis le Covid.
En relocalisant en France, Gaya y trouve son compte en termes d’assemblage, avec un contrôle qualité d’un dixième des vélos électriques en bout de chaîne (inexistant auparavant ou sur visite personnelle d’un salarié Gaya). Arcade Cycles est surtout un acteur ayant désormais plus de 25 ans d’expérience (depuis 1995), là où le partenaire tchèque assemblait de façon brute les vélos « par opportunité », tandis que la relation est facilitée pour les opérations et la flexibilité (en français, plus proche, etc).
Depuis le lancement en 2022, les vélos électriques Gaya ont bien évolué. Les retours clients sont nombreux et très instructifs pour la marque, nous a avoué Amélie Guicheney. La cofondatrice nous a ainsi détaillé les multiples améliorations de ses modèles, que nous avons pu personnellement éprouver lors de leur sortie, avec quelques petits couacs. Ces crus « 2024 » assemblés en France sont annoncés comme légèrement différents et surtout plus « quali ». Ce n’est ainsi pas un nouveau vélo qui est assemblé. Les éléments principaux demeurent inchangés, mais, à l’image de ce qu’a entrepris Decathlon pour son R500E, il s’agit d’une évolution par petites touches, comme les roues, qui sont passées à des Mach 1.
Gaya a également revu la double béquille pour un stationnement plus facile et stable, opté pour des freins hydrauliques plus progressifs que les précédents qui étaient mécaniques, installé un carter de chaîne plus solide ou encore sélectionné un tendeur de chaîne empêchant les déraillements (problème rencontré sur les premiers modèles). On note par ailleurs que le bloqueur de roue a migré de l’arrière vers l’avant pour devenir plus accessible. Seul rétropédalage opéré : Gaya ne propose plus de batterie Gouach en option, l’entreprise française n’étant plus en mesure de proposer l’approvisionnement souhaité.
Ces multiples agencements font du Gaya un vélo électrique cargo plus agréable à l’utilisation, et participe au succès de la marque. Elle a écoulé plus de 2 500 exemplaires depuis ses débuts, et confie ne posséder aucun stock, tous les vélos produits étant systématiquement vendus. Et le blason français espère pouvoir accélérer franchement grâce à son partenariat avec Arcade Cycles. Amélie et Jacques ont ainsi envoyé une commande de 2 500 vélos supplémentaires à assembler ces 4 prochains mois tout en fixant un objectif de 5 000 VAE pour 2024. Pas mal dans un marché du vélo électrique en berne en 2023.
Une croissance intéressante qui intervient en même temps qu’une hausse de tarif de l’ensemble du catalogue de Gaya. Lancés à respectivement 1 700 et 2 300 €, les Gaya Compact et Cargo sont actuellement proposés aux tarifs de 2 000 et 2 700 €. Il faut aussi les équiper d’un kit adulte (230 € avec coussins et marchepieds) ou kit enfants (390 € avec barres latérales). La facture peut alors dépasser les 3 000 € sur ces vélos-cargo électriques dotés, de série, d’une connectivité avec alarme, d’une selle suspendue télescopique, de pédales rétractables et de clignotants. Autant d’éléments que ne proposent pas ses rivaux comme le Decathlon R500E. À voir si cela suffira à contrer le nouveau Nakamura E-Crossover Longtail ou le futur Velair Tribeca !
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