Source : M. Lauraux/Cleanrider
Quelques jours seulement après le début de production en France de cette trottinette électrique, Cleanrider a pu prendre en main la Plume Allure à Paris le temps d’une soirée.
Si vous avez consulté les récents articles de Cleanrider, vous avez peut-être vu notre reportage sur les lignes de production de la Plume Allure. Un évènement puisque, sur un marché où la quasi-totalité des produits sont industrialisés en Asie, la trottinette électrique est Made in France (à 82 % très exactement !), labellisé de plus Origine France Garantie. L’Allure n’est pas qu’une aventure industrielle, qui prend vie enfin après 3 ans et demi de gestation, mais un vrai produit alléchant sur le papier.
Avec les premiers exemplaires sortis de l’usine de Roubaix, Cleanrider a pris la direction Paris pour la découvrir. La marque nordiste a ouvert un popup store dans le Marais (3ᵉ arrondissement), où nous nous sommes rendus le temps d’une soirée. L’occasion de rencontrer une partie des équipes de Plume, mais aussi de la tester en exclusivité !
Une trottinette électrique réparable et durable
Lors de cette soirée événement, François Mathieu était présent pour nous confier la genèse de cette trottinette électrique à l’esthétique très particulière. Issu du cabinet de design Tweener, il a dessiné les premiers croquis avant le Covid. Mais pas de panique, car les bureaux sont voisins de Plume à Saint-André-lez-Lille ! Les échanges entre les deux entités ont donc été aussi importants que rapides, permettant de peaufiner la Plume Allure au fil du développement.
Avec pour but de proposer un produit unique, différenciant, François avait vu un peu large au départ dans les dimensions, pensant au monde du deux-roues motorisé, dont l’inspiration se sent aussi dans la double fourche à l’avant. Cela a donc permis de corriger le tir avec le fondateur Fabrice Furlan, tout comme avec les partenaires industriels sur la faisabilité.
Si le développement d’un véhicule de série est fait de compromis, cette Plume Allure est très proche des premiers coups de crayons avec un style unique qu’elle conjugue avec une éco-conception particulièrement poussée. Nous avons discuté avec Romain Drouin. Cet expert en réparation et service client a réalisé une grosse partie de sa carrière chez Decathlon avant de rejoindre l’équipe Plume en 2022. Il nous explique que la trottinette électrique devait être réparable, non seulement par tout vélociste ou spécialiste de la micromobilité, mais aussi par l’utilisateur lui-même sans connaissances particulières. Quelques vis suffisent ainsi pour démonter le plateau et accéder à tous les branchements, ou au feu arrière facilement remplaçable.
Ce concept de réparabilité touche également la batterie. Ici pas de changement de pack ! Chaque cellule peut être traitée individuellement.
Bel éclairage, mais pas d’écran à bord
Après avoir collecté ces informations, place au premier test rapide de cette Plume Allure. On découvre déjà en statique cette trottinette électrique de nuit, mettant en valeur sa signature lumineuse unique, ce halo à l’avant formé de dizaines de diodes. Et ce n’est pas un gadget, on est clairement plus visible des autres véhicules, nous considérant davantage, presque comme un scooter. De quoi laisser davantage de distance de sécurité, surtout en dépassement.
Le halo intègre des clignotants, là aussi très visibles, que l’on actionne avec deux boutons sur la droite du guidon. Ils sont peut-être mal placés, puisque le pouce doit lâcher la gâchette d’accélération pour les activer. Autre petite remarque, le feu arrière, très joli et dynamique avec son arc sous l’arrière du deck, n’émet pas un clignotant suffisamment visible à notre goût.
Derrière son éclairage, doublé d’un vrai phare à l’avant, la Plume Allure se paramètre par de simples boutons au-dessus le guidon, derrière la plaque du halo. Petite déception : cette trottinette électrique ne dispose pas d’ordinateur. C’est un peu archaïque mais un choix assumé par les concepteurs pour réduire la complexité, ainsi que d’améliorer la réparabilité et la durabilité du produit.
On ne trouve ainsi que cinq diodes en haut (indiquant le mode choisi ou la direction du clignotant). Les diodes du bas représentent la jauge d’autonomie. Un gros bouton à gauche permet de démarrer ou éteindre la trottinette électrique, tandis qu’un deuxième change le mode. Enfin, celui de droite gère l’éclairage.
4 modes de conduite ayant chacun son caractère
Pour les modes justement, c’est une vraie nouveauté car l’Allure en possède 5. Ou plutôt quatre avec un mode « marche » limité à 6 km/h. Le premier “vrai” mode, Eco, est très progressif, avec une puissance montant en flèche pour atteindre 15 km/h.
Le mode suivant est un peu plus vif, le Standard bridé à 25 km/h. Celui illustré par deux petits triangles est le mode Montagne, privilégiant un fort couple, or à vitesse de pointe de 17,5 km/h (pour éviter une suralimentation et de faire fondre la batterie), très vif surtout en début d’accélération. Enfin, le dernier mode est celui délivrant les 1 000 W maximum du moteur arrière.
Nous avons principalement roulé avec ce mode Sport, qui n’offre pas de grosse accélération après le « coup de pied » lançant la Plume Allure. Sa prise de vitesse est linéaire, souple tout en restant très rapide. Les relances ne sont pas non plus immédiates, sans doute le faible niveau de batterie de notre modèle d’essai livrait des performances amoindries sur ce point (la trottinette de test avait beaucoup tourné en journée).
Belle agilité et suspension mais un freinage moyen
En termes de conduite, c’est un quasi parfait. Le deck en U demande une adaptation pour la position des pieds, car il faut choisir ici entre parallèle – possible avec une belle largeur de 23 cm – ou l’un des pieds reposant totalement sur l’arrière. La forte inclinaison des parois ne permet pas un entre-deux, comme sur d’autres modèles (Niu KQi3 par exemple). Le deck dispose de plus d’un revêtement à bonne adhérence, ce que l’on a pu constater via nos souliers détrempés après une bonne pluie automnale.
Malgré ces conditions, la Plume Allure colle au sol avec ses deux grands pneus 10 pouces, bien rainurés, rassurant sur les prises de virage. Le guidon large permet une bonne agilité ainsi qu’une prise en mains facile, d’autant que la trottinette électrique semble bien amortie. La double fourche avant suspendue – mais sans amortissement – aurait pu être un inconvénient de ce modèle, or les pneus pleins semblent amortir sans trop de rigidité, presque comme des versions à air. On a essayé de prendre plusieurs dos d’ânes pour juger de l’amortissement, vraiment réussi malgré cette trottinette électrique rigide.
Néanmoins, le freinage est un peu en deçà des prestations que l’on pourrait attendre d’une trottinette électrique aux ambitions haut de gamme. Avec un tambour avant pour simple solution, les distances d’immobilisation sont longues. Et oui, pas de frein à disque ni d’additionnel électronique à l’arrière, pour des raisons d’entretien compliqué pour ces deux équipements. Un parti pris respectable, mais venant dégrader un peu l’expérience.
Premier bilan de la trottinette électrique Plume Allure
Pour le reste, il faudra un test complet pour juger de la vie au quotidien de cette Plume Allure. On note donc une conduite agile, saine, à suspension excellente, aux modes de conduite bien différenciés. La puissance de 1 000 W semble toutefois un peu étouffée, tout comme son freinage à simple tambour un peu juste. En parallèle, on roule avec sécurité, grâce au bel éclairage doublé de clignotants, et sur une trottinette électrique jurant par sa durabilité et sa réparabilité.
Impossible ici de juger l’autonomie de la batterie 702 Wh installée sur le modèle essayé, avec seulement quelques kilomètres au compteur de cette soirée de découverte. Nous avons tout de même essayé le pliage, à la fois pratique et atypique avec une manette à l’arrière en bas de fourche, bien plus facile que les leviers de Xiaomi ou Ninebot. Par contre, on ne peut soulever le véhicule faute de prise disponible pour les mains. De toute façon, avec 24 kg, l’Allure n’est pas faite pour ça. On peut seulement la faire rouler derrière soit en la prenant au-dessus de la roue avant.
Pour conclure, la naissance de la Plume Allure est bien orchestrée, offrant une expérience légèrement différente de ce que peuvent proposer les rivales chinoises type Xiaomi 4 Ultra, sa cousine Navee S65 ou la Ninebot G2 Max.
Il faudra rouler davantage pour voir si oui ou non le prix supérieur à ces dernières reste acceptable. L’Allure débute à 1 299 € en batterie 454 Wh (45 km d’autonomie) et 1 649 € en version « grande autonomie » (702 Wh – 70 km). Point important, Plume ne nous a pas mis à disposition l’application intégrant diverses fonctions et statistiques, que l’on espère expérimenter dans un futur essai.
Ça ne fait vraiment pas rêver, le design est hideux, les specs digne d’une trottinette à 400€ et son prix exorbitant à la vue des prestations. Si le projet est louable sur le papier, le résultat finale est plutôt décevant et très loin de l’attente des utilisateurs en 2024
Dommage, elle ne vaut pas les 1300€…