Notre plaidoyer en faveur du free-floating et du « piéton augmenté ».
Depuis plusieurs mois, les municipalités sont engagées dans une lutte ouverte contre les trottinettes électriques en libre-service. La ville de Lyon, par exemple, a récemment interdit aux mineurs d’utiliser des trottinettes en free-floating. Avant de prendre le guidon, les utilisateurs doivent désormais informer l’opérateur de leur âge.
Après un bridage imposé des machines à 10 km/h sur certaines grandes artères (oui, autant y aller à pied, on est bien d’accord !), les Parisiens, quant à eux, pourraient bientôt se voir interdire purement et simplement l’utilisation des trottinettes en libre-service. C’est l’adjoint au maire David Belliard qui mène la charge.
Dans un pays amoureux fou des contraintes et interdictions en tous genres (souvent après des périodes de laxisme inconsidéré), il était étonnant que la liberté de mouvement que représentent ces nouveaux modes de déplacement individuel ne s’attire pas les foudres de quelques élus en mal de réglementations. Y compris ceux d’obédience écologiste, pour qui les trottinettes électriques, très peu consommatrices d’énergie et pouvant avantageusement remplacer les voitures, devraient pourtant représenter une forme de salut public en ces périodes de chasse à l’auto.
Bref, rien ne va dans cette menace d’interdiction. L’occasion pour nous de rappeler les avantages et bénéfices de la trottinette en libre-service.
A une époque où l’on remet en question l’idée même de posséder quoique ce soit, et où les modes de transport sont de plus en plus divers et hybrides (VTC, co-voiturage, location, vélos en libre-service… ), pourquoi la trottinette en libre-service serait-elle la seule à faire les frais d’une interdiction ? Il faut au contraire encourager cette pratique de partage car une trottinette louée par plusieurs personnes, ce sont peut-être autant de trottinettes individuelles qui ne sont pas vendues, et donc pas fabriquées. Que se passera-t-il si les trottinettes en libre-service sont interdites ? Une partie des utilisateurs en achèteront une (venant de Chine) tandis qu’une autre partie reprendra sa voiture pour les petits déplacements urbains. Car, même si la réalité est parfois difficile à entendre, la grosse majorité des usagers de ce mode de transport le font d’abord par souci de gain de temps et de confort, la motivation écologique venant bien après.
Pour de nombreux utilisateurs, emprunter une Dott ou consorts est désormais un geste qui a remplacé en grande partie les trajets en Uber. Souvent aussi rapide en ville, et trois à quatre fois moins coûteux, un trajet de moins de 10 kilomètres intra-urbain, par exemple pour se rendre à une gare ou un rendez-vous, peut parfaitement être parcouru en trottinette libre-service. Rappelons qu’une trottinette électrique émet en moyenne 3 à 4 grammes de C02 par kilomètre, contre environ 140 grammes pour un VTC thermique de taille moyenne…
A ne pas confondre avec la multimodalité (qui désigne le fait que plusieurs modes de transports sont disponibles en un lieu donné), l’intermodalité consiste pour une personne à utiliser plusieurs modes de transport dans un même trajet. Alors qu’il est encore parfois difficile de monter avec son vélo ou même sa trottinette personnelle dans un bus ou un métro bondé, pourvoir rejoindre ce dernier à bord d’une trottinette en libre-service que l’on déposera à la station est un vrai plus. Et c’est bon pour les régies de transports en commun, comme ça tout le monde est content.
Alors bien sûr, tout n’est pas tout rose dans le petit monde de la trott’ en free-floating, entre les accidents encore trop nombreux et parfois dramatiques, l’encombrement des trottoirs et la pollution induite par l’abandon inopiné de certains engins au fond des fleuves, mais est-ce une raison pour les interdire ? La régression est-elle la solution ?
Nous ne le pensons pas.
Ce moyen de transport peut au contraire représenter un enjeu considérable pour nos villes, par exemple pour les déplacements du « premier et du dernier kilomètre ». Ils peuvent également être utiles pour les trajets domicile-travail de moins de 10 kilomètres. On estime que 20 % des trajets domicile-travail dans les capitales font entre 5 et 10 km.
On sait que dans les grandes villes, encore les trois quarts des courts trajets domicile-travail sont effectués par des véhicules privés, avec souvent une seule personne à bord. Le transfert d’un petit pourcentage de ces déplacements contribuerait à réduire la dépendance à l’égard de la voiture, à réduire les embouteillages et à améliorer les conditions de vie.
La plupart des navetteurs ne transportent pas grand-chose pour se rendre au travail : un sac à main, un sac à dos ou autre. Les engins de déplacement personnel en libre-service sont donc plus attrayants pour les trajets courts, car ils ne font qu’une seule chose : assurer la mobilité personnelle de A à B. En cela, la trottinette en libre-service fait de nous des « piétons augmentés », qui ne sont pas les ennemis des autres piétons. Ni ceux d’aucune autre forme de déplacement doux.
Les municipalités concernées ont démontré qu’elles étaient jusqu’à présent capables de dialoguer avec les différents opérateurs de mobilité électrique, quitte à déjà restreindre fortement la liberté de mouvement des usagers (lieu de parking assignés, vitesse limitée, interdiction aux mineurs à Lyon – une excellente mesure mais difficilement applicable en réalité). Pourquoi ne continueraient-elles pas dans cette voie, qui contribue assurément à décongestionner et sécuriser les centre-villes en réduisant le poids de l’automobile ?
Réponse dans quelques jours…
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