Ce vélo électrique Anod à supercondensateurs est-il une révolution pour la mobilité urbaine ? Alléger un vélo électrique sans sacrifier l’assistance et le plaisir de pédalage : c’est le pari d’Arnaud Malrin avec l’Anod. Ce vélo électrique révolutionnaire Anod à supercondensateurs propose une alternative aux batteries classiques. Grâce à ses supercondensateurs et sa mini-batterie, il promet une nouvelle approche de la mobilité urbaine. Une promesse séduisante… mais avec quelques compromis.
Le vélo électrique Anod est le second vélo français (après le π Pop) à miser sur la technologie de supercondensateurs (un condensateur spécifique dont la capacité se situe entre la batterie et le condensateur). Mais lui est également doté d’une petite batterie lithium de 76 Wh de capacité (contre 500 Wh en moyenne). La promesse étant d’offrir le plaisir du pédalage et l’assistance du confort dans un vélo plus léger et utilisant nettement moins de ressources pour être conçu. Dit comme ça, ça ne vend pas du rêve. Dans les faits, l’Anod s’est avéré surprenant… si vous êtes dans la cible.
À lire aussiAnod Hybrid : ce vélo électrique révolutionnaire combine supercondensateurs et mini-batterie, un projet 100% françaisLe point de départ d’Arnaud et de son équipe était les 12 km quotidiens parcourus en moyenne par les cyclistes urbains. Une distance bien plus faible que les autonomies des VAE traditionnels. Il a donc misé sur la technologie des supercondensateurs pour récupérer et délivrer de l’énergie, ainsi que sur une petite batterie de 500 g pour permettre au système de tourner sans restriction. Cette récupération s’appuie sur le freinage régénératif : l’énergie électromagnétique récupérée par le moteur électrique (un gros aimant entouré de bobines) lors des phases de décélération. Cette énergie sert ensuite à alimenter le moteur pour l’assistance. Le monde n’étant pas magique (quoique), son apport est fourni par vos jambes.
Derrière cette approche technologique se cache un discours économique et écologique : un supercondensateur n’utilise point de nickel, de cobalt, de manganèse ou encore de lithium. C’est un assemblage de carbone, cellulose, aluminium et polymères. Des matériaux moins onéreux, plus abondants et plus faciles à recycler que ceux nécessaires à la création d’une batterie. Puis le supercondensateur est nettement plus durable : la batterie lithium permet environ 3 500 cycles suivant la chimie. Le supercondensateur, lui, en permet des millions (même en considérant que les cycles n’offrent pas du tout la même autonomie).
Avec son cadre semi-ouvert, ses angles prononcés et son énorme et unique tube central, le vélo électrique Anod joue la carte du néo-rétro. Il rappelle les draisiennes pour enfants. C’est consensuel, mais réussi.
Le guidon repose sur une double potence. Ce système laisse ajuster l’angle du cintre, mais pas la hauteur (ou alors, nous sommes passés à côté). En parlant d’ajustement, le vélo n’est disponible qu’en taille unique. Les personnes mesurant entre 1,60 m et 1,90 m y trouveront leur compte, les autres non. D’autant qu’à la différence de certains autres VAE, celui-ci demande de pédaler et cela implique d’avoir une position adaptée.
Le moteur logé dans la roue arrière est massif, mais son aspect chromé permet d’apporter un peu de discrétion. L’éclairage à l’avant est recouvert d’une plaque dépolie. Il n’éclaire rien et permet simplement d’être vu. Il faudra donc ajouter un éclairage correct au vélo. Dommage pour un vélo urbain. Les garde-boues en aluminium anodisé sont de série, comme la béquille. Les poignées sont ergonomiques et très agréables au toucher. La selle est confortable. Elle peut être suspendue (en option) ou non, selon vos envies.
Le vélo pèse 21 kg, ce qui est aussi léger que lourd. Léger, car le volume du vélo laisse supposer quelque chose de plus conséquent à porter. Lourd, parce que 21 kg restent 21 kg. D’ailleurs, ce tube unique, central et oblique n’offre pas de prise en main aisée pour le porter. Mais, dans la mesure où la batterie est amovible (et tient dans la poche), le vélo n’aura pas à être porté au quotidien. D’ailleurs, elle se recharge par USB-C, ce qui évite de se trimballer un gros transformateur propriétaire, une manie des VAE.
Le contrôleur qui permet de démarrer le vélo, de sélectionner les modes, de déclencher l’éclairage est en plastique. Il fait cheap et jure avec le reste du vélo. Il aurait mérité un plus gros travail esthétique. Son ergonomie est en revanche réussie, et nous y reviendrons plus loin. L’Anod peut recevoir un porte-bagages à l’avant et à l’arrière. Ce dernier peut supporter quarante kilos.
Soyons honnêtes, un vélo à assistance électrique qui n’offre pas une assistance réelle sur le papier, qui demande de pédaler et calibré pour un trajet de 12 km sonnait comme les prémices d’un engin inutile. Autant investir 1000 € de moins dans un vélo musculaire de 9 kg, non ?
Et pourtant, ce vélo apporte quelque chose de concret. Il se positionne réellement de façon hybride entre un vélo électrique traditionnel utilisé en mode turbo et un musculaire très léger. Pour le comprendre, il faut se mettre dans le rôle que nous abordons dans nos tests de vélos électriques : le vélo comme mode de transport. Cela implique de prendre le vélo, quotidiennement, qu’importe la météo (et celle de notre essai a été riche en H2O), qu’importe également votre forme. Car il y a des jours sans, et durant ces jours, le musculaire, c’est difficile.
C’est là que l’Anod intervient. Il permet de pédaler réellement. Par réellement, comprenez qu’il offre une sensation de pédalage proche du musculaire. L’assistance ne supplante pas le cycliste et le moteur s’adapte à votre rythme et non l’inverse. C’en est même surprenant d’homogénéité. Le vélo est agréable à rouler et sa géométrie offre une position qui permet de prendre du plaisir et de jouer avec. Malgré l’absence de suspension, la descente des escaliers et les zones pavées ont été gérables.
Le vélo est équipé de 3 modes, dont 2 d’assistance en plus d’un mode boost, comme VanMoof le proposait. Le premier mode n’offre aucune assistance. Le vélo est allumé et le mode boost est accessible si besoin. Sans assistance, nous avons pu emmener le vélo, non sans un certain effort pour tenir une allure correcte pour les déplacements urbains. Le bon point est l’absence de résistance du moteur. Mais ça reste 21 kg à déplacer avec la géométrie d’un vélo de ville.
Le second mode offre une assistance sommaire et, honnêtement, demande pas mal d’énergie pour avancer. Le genre d’énergie qui vous fera transpirer après les 12 km ayant servi de point de départ à la conception du vélo. Cela signifie que vous sentirez probablement la transpiration et finirez par être détesté de vos collègues, ce qui pourrait gâcher votre vie professionnelle.
À lire aussiCapable de recharger en roulant, ce vélo électrique offre une autonomie record !Le troisième mode est le plus significatif. Celui qui mérite qu’on s’y attarde. En effet, ce mode permet de rouler tranquillement sur le plat, offrant un parfait équilibre entre l’énergie à injecter par le cycliste et celle délivrée par le vélo. Une énergie qui dure environ une dizaine de kilomètres. C’est une limite… limitée. L’usage est ainsi clairement défini, tant par la marque que par le vélo. Si vous visez 30 km quotidiens (soit 15 à l’aller et 15 au retour), oubliez, bien qu’il soit possible de changer de batterie en cours de route.
Mais lors des côtes, les choses sont nettement moins flatteuses. Les 21 kg sont lourds à amener, l’assistance montre rapidement ses limites. C’est là qu’intervient le Boost. Ce dernier vient puiser dans les ressources des supercondensateurs. Le naturel de pédalage est alors relégué en second plan. Le hic, c’est que ce mode Boost est souvent nécessaire et draine l’énergie disponible.
Dès lors, l’autonomie est le nerf de la guerre et il faut jouer du frein et du pédalage pour trouver l’alchimie parfaite. Pourquoi du frein ? Pour la récupération d’énergie.
Point névralgique du vélo, le moteur de l’Anod est entièrement produit en interne et fabriqué en France. Vêtu d’un habillage chromé du plus bel effet (pour qui aime le chrome), il est logé dans le moyeu de la roue arrière à laquelle il ajoute 2,5 kg. Le couple délivré est donné pour 60 Nm et de vous à nous, cette valeur n’a que peu d’intérêt, car les couples annoncés ne sont jamais cohérents avec les ressentis au pédalage. La puissance délivrée de 250 W (limite légale) monte à 1000 W en crête.
Mais le plus intéressant est le fameux mode brake. Un système de freinage magnétique régénératif qui se déclenche via une première légère pression sur les leviers de freins et agit forcément sur le moteur. La sensation est agréable et totalement perceptible. On se plaît à optimiser son freinage sans avoir à taper dans les freins hydrauliques aux disques de 180 mm.
C’est cette énergie qui remplit, en une poignée de secondes, les supercondensateurs, dont la capacité supérieure aux condensateurs est obtenue grâce à l’usage de carbone et de matériaux plus poreux.
Ce vélo électrique Anod à supercondensateurs est-il une révolution pour la mobilité urbaine ? Ce premier contact de plus d’une heure dans les rues parisiennes détrempées a été positif. L’Anod est amusant et agréable à rouler. Une sorte de vélo jouet pour adulte. Il offre une expérience à part et c’est un très bon point pour lui. L’Anod, vélo électrique révolutionnaire à supercondensateurs, interpelle par son approche hybride et ses limites. L’appréhension d’un énième vélo urbain surfant sur la cash machine des nouvelles mobilités s’est dissipée derrière une technologie qui n’a rien de nouveau… L’envie de jouer du frein régénératif et de pousser sur les jambes pour gratter un peu d’autonomie se conjugue à celle de se laisser porter par le Boost. Le tout sur un engin non dénué de charme.
Reste quelques interrogations. La première étant la limite du vélo dans un trajet urbain réel. Dans l’équipe, nous avons nos trajets de test et nous sommes curieux de voir comment l’Anod se comporte dans un usage vélotaf et enfant à déposer. Pour info, sans freinage aux manettes, il n’y a pas de freins moteur. Cela signifie également qu’en descente, il faudra jouer des manettes de freins pour gratter de l’autonomie. Il y a aussi ce paradoxe : les gens utilisent leurs VAE en mode Turbo ou au niveau d’assistance le plus élevé d’habitude. Ils risquent de rapidement faire de même avec l’Anod. Plus par praticité que par flemme d’ailleurs. Dès lors, ils sortent totalement de l’esprit du concept.
L’autre interrogation redescend l’ambiance dans le pragmatisme : les 3 499 € demandés pour un rayon d’action limité sont-ils acceptables ? Car nous avons évoqué le tarif non usurpé en amont, compte tenu de toutes les technologies spécifiques apportées et d’une fabrication majoritairement locale, mais cela n’enlève rien au rapport prix/utilisation. Un début de réponse pourrait venir de la durabilité du vélo, avec des supercondensateurs presque increvables, une batterie peu onéreuse à remplacer et une finition très propre pour une première version. D’un autre côté, s’il faut pédaler, quel effort dois-je fournir en plus pour rouler à 25 km/h avec un musculaire au même tarif ? Quoiqu’il en soit, cet Anod interpelle et mérite au moins qu’on en fasse quelques tours de roues.
L’Anod sera en vente et livré dès fin mars, moyennant 3 499 €. Comptez 50 € de plus pour s’équiper de porte-bagages avant et arrière. Et pensez à ajouter un éclairage.
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