Cleanrider a pu réaliser quelques tours de pédales avec les vélos électriques longtail Cargowagen et biporteur Wonderwagen de Cannondale. Ces nouveautés du catalogue du fabricant américain nous ont séduit avec une ergonomie réfléchie, de belles performances, et surtout au rapport qualité/prix attractif.
Cannondale est une marque américaine de vélos, dont la réputation tient plutôt aux modèles de loisir (VTT, route, etc). Or, le vélo urbain devient désormais un incontournable chez les fabricants de vélos électriques et Cannondale ne pouvait pas passer à côté de ce segment qui englobe également les vélos cargos et autres longtails. De quoi pousser la firme étasunienne à concevoir deux nouveaux modèles du genre.
Elle a confié le travail à son unité européenne, basée à Fribourg, en Allemagne. Au cœur du marché, Cannondale a développé très tôt deux vélos cargos, présentés en septembre 2023 : le longtail Cargowagen, et le biporteur Wonderwagen. En visite à Paris, Cannondale nous a mis au guidon de ces nouveautés, sur lesquelles nous avons roulé le temps d’une journée.
Avant les sensations, la présentation. Les deux vélos cargos partagent nombre de composants communs, histoire de mutualiser les coûts de développement. Tous deux reposent sur des roues de 20 pouces, aux pneus Schwalbe Big Ben Plus, aux freins hydrauliques à disques et étriers 4 pistons (Shimano MT 420 sur Cargo, Magura MT C sur Wonder), à suspension avant, selle suspendue télescopique ainsi que sur un cadre aluminium. La partie électrique est également commune, à savoir le moteur Cargo Line, à batterie PowerPack. La capacité dépend de la version : 545 Wh en version Neo 2 et 725 Wh en Neo 1. L’autre distinction se situe au niveau de la transmission, avec un dérailleur classique en Neo 2 et un moyeu Enviolo sur Neo 1.
Entre les vélos cargo Cannondale, on détecte facilement les différences. Le Cargowagen est un allongé – ou longtail – avec un cadre allongé à l’arrière, de quoi supporter 80 kg (un adulte ou deux enfants). Le biporteur Wonderwagen déplace le chargement dans une caisse à l’avant du vélo, pouvant accueillir 100 kg ou deux enfants. Il comporte en supplément le porte-bagages arrière de 27 kg, et soutient 250 kg au total (vélo inclus). Maintenant, entrons dans la conduite et les détails.
Sur les photos ou le site officiel, un vélo cargo parait bien plus long qu’il ne l’est en réalité. Cela vaut pour beaucoup de modèles, et davantage pour le Cargowagen qui ne mesure que 1,85 m de long.
La marque nous assure qu’il est même compatible avec un porte-vélos électrique comme le Thule Epos que nous avions testé, puisque la longueur est proche d’un cycle classique. Ceci est possible par le recours à de petites roues de 20 pouces, avec de nombreux ajustements pour le rendre pratique et stable. On l’a dit plus haut, le Cannondale Cargowagen est conçu en Europe où il a pu se comparer aux rivaux du marché : Moustache Lundi 20, Tern GSD, Riese & Müller Multitinker ou encore Trek Fetch+ 2.
Des choix assez objectifs, car avec des moteurs, batteries et transmission similaires. Ce qui revient le plus souvent dans la communication de la firme américaine, c’est le centre de gravité proche du sol, avec un emplacement de batterie entre la roue et le tube de selle, pouvant accueillir même une seconde batterie (que seul Moustache proposait jusqu’ici).
Au guidon, c’est clairement très stable, nous faisant même oublier les petites roues. Cela vaut aussi bien quand on roule avec une charge sur le vélo ou sans charge – nous avons testé les deux cas de figure. À aucun moment, nous avons eu l’impression de guidonner ou eu d’appréhension à l’approche de virages. De plus, la suspension SR Suntour Mobie34 spécifique cargo fait très bien le travail. Que ce soit sur les sauts de trottoirs, dos d’ânes, gravier ou des racines, ça passe vraiment sans sursauter, la selle suspendue apportant un complément de confort indéniable.
Cette dernière est également télescopique, un essentiel pour un vélo cargo, que de nombreux concurrents oublient. Un confort qui n’a nul pareil quand il s’agit de poser les pieds à plat à l’arrêt avec un longtail bien chargé. Un simple appui sur la gâchette permet ensuite de revenir à hauteur normale au feu vert.
Sur notre modèle testé, le Cannondale Cargowagen Neo 1 possédait le moyeu Enviolo. Ce variateur manuel lisse le braquet et se montre utilisable à l’arrêt ou en pédalant pour maintenir la bonne cadence à tout moment. C’est pour nous la meilleure transmission pour la ville, surtout lorsque l’on s’arrête souvent. L’Enviolo convient aussi en dénivelé, même si le moteur fait déjà bien son effort.
Le bloc central Bosch Cargo Line et ses 85 Nm est, en effet, très généreux, au tempérament proche du Performance Line CX pour les gros VTC ou VTT électriques. Sur ce vélo cargo, le moteur grimpe le Mont-Valérien sans problème (jusqu’à 15 %), que ce soit en mode auto Cargo ou le plus haut nommé Turbo.
C’est là que l’on perçoit mieux la très pratique fonction anti-recul et l’assistance électrique qui s’étire jusqu’à 400 % (le Performance Line CX est bridé à 340 % depuis la Gen4 de 2019). Les accélérations sont impressionnantes, avec un capteur de couple le mieux calibré et le plus vif du marché. Le petit effet “coup de pied” est délectable, même si un poil trop présent en mode Turbo sur le plat.
Le Cargowagen nous a donc convaincus, surtout que nous l’avons emmené avec son cousin biporteur dans la « jungle urbaine ». Comprenez qu’avec le Cannondale Wonderwagen, il a fallu jouer des pistes cyclables discontinues, sautant d’un trottoir ou chaussée à l’autre, avec parfois du slalom et un rapide passage tout-chemin dans le Bois de Boulogne.
Il faut bien entendu quelques minutes de prise en main avant d’être tout à fait l’aise, mais nous avons pris le pli bien plus vite que sur d’autres modèles que nous avons pu tester par le passé. Le cargo américain intègre une direction par câbles bien conçue, si bien que l’on prend des chicanes comme un pro sans même voir la roue avant. C’est clairement agile pour un bestiau de 71 kg ! Nous n’avons cependant pas pu tester le Wonderwagen Neo 1 avec deux bambins dans la caisse (ou chargement important), afin de constater l’équilibre en conduite.
Les petits passagers seront contents de profiter d’un espace assez large, permis par le système à câbles. De série, le Cannondale Wonderwagen est équipé pour la famille, avec deux sièges enfant et ceintures 5 points. Évasé sur les côtés pour laisser la place aux marchepieds, la caisse du vélo a été imaginée par un designer venant de l’automobile.
Devant les chérubins, un petit rangement à filet permet de loger quelques petits objets, tandis que deux rangements supplémentaires derrière la caisse visent les cartables. Et le parent a aussi son vide-poche en bas de cadre avec tendeurs, pour mettre ses gants par exemple.
La caisse en plastique (polyéthylène faible densité) venant de kayaks recyclés semble très résistante aux chocs, et lavable aisément avec un trou d’évacuation qui se montrera bien utile en cas de forte pluie. Elle est certes claire, donc vulnérable aux traces noires, mais le vélo cargo a son charme, surtout avec ses poignées et porte-bagages arrière rouges sur ce Neo 1 (noir en Neo 2). Inutile de dire qu’il a fait tourner des têtes à la sortie des écoles !
Le visage tout aussi curieux du Wonderwagen, façon Wall-E, perdra toutefois en sympathie. En effet, les deux phares de notre modèle de présérie seront de taille réduite sur les modèles de série. On en profite pour dire que la selle sportive Fabric n’est pas celle de série, car la finale – toujours télescopique – sera un modèle maison “Comfort” et rouge de surcroît.
Il est question de version finale, car le Cannondale Wonderwagen arrive en mars prochain, au contraire du Cargowagen déjà disponible. Les deux vélos cargo électriques étasuniens rejoignent un réseau dense de revendeurs, et pas seulement en très grandes villes, afin de toucher le plus grand monde. La marque nous a précisé que de nombreux exemplaires d’essais sont à disposition des parents souhaitant une prise en mains avant achat. Effectivement, le budget non négligeable nécessite un temps de réflexion.
Toutefois, les Cannondale Cargowagen et Wonderwagen ont un positionnement tarifaire très agressif. Le premier ne viendra pas pas chercher les Decathlon R500E ni l’Intersport Nakamura Crossover Longtail, mais son prix de départ de 4 699 € est attractif. À équipement et composants équivalents, la firme fait 1 050 € de moins qu’un Riese & Müller Multitinker Touring (5 749,90 €), même si la batterie est un peu moins importante (545 vs 630 Wh).
À ce sujet, la double batterie est possible en option sur les deux vélos électriques, en configuration 545 ou 750 Wh. Nous n’avons pas pu juger de l’autonomie sur la trentaine de km parcourus entre les différents exemplaires. Pour indication, le Cargowagen Neo 1 (5 499 €, 4 699 € en Neo 2) non chargé a perdu 44 % sur la journée en conditions fraîches (10 °C), avec gros dénivelé et nombreux arrêts.
Le Cannondale Wonderwagen Neo 2 démarre à 6 499 € (7 499 € en Neo 1 testé), un peu moins compétitif que son cousin longtail. Un Gazelle Makki Load avec Enviolo est plus abordable (4 999€) mais moins bien équipé et performant (Bosch Performance Line et 400 Wh). Le plus spécialisé Urban Arrow Family est un rival féroce à 6 199 € avec Enviolo, 500 Wh et écran Kiox 300 (Purion 200 pour Cannondale), sans la selle télescopique ou les ceintures. La marque ajoute en revanche le Smart Grip (support avec recharge à induction), ainsi que le radar Garmin avec son feu arrière sur le Neo 1.
En accessoires, Cannondale veut également montrer qu’il est mieux paré. Les deux vélos cargos ont un attache-remorque, tandis qu’une capote de pluie (bien conçue) à 200 € abritera les enfants sur le Wonderwagen. Des sacoches spécifiques, barres de maintien et deux porte-bagages avant (Cargowagen uniquement) sont aussi au catalogue, mais on regrette que le porte-bagages arrière de série soit seulement compatible Racktime et non MIK HD.
Le Wonderwagen n’a pas non plus de version pour professionnels (plateau ou sans sièges avec couvercle), mais ce n’est sans doute qu’une histoire de temps…
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