Echange avec Olivier Schneider, président de la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB), autour de la place des vélos à assistance électrique dans la mobilité, le quotidien et sur les pistes cyclables.
« Le vélo à assistance électrique est une véritable révolution. Même si on n’aura pas 100 % de VAE dans les rues. Ce ne serait ni possible, ni souhaitable. Pour ceux qui le peuvent, c’est bien de continuer à utiliser un vélo classique », lance Olivier Schneider. « Le VAE est une bonne réponse pour ceux qui pensent que le vélo n’est pas pour eux. Il met en confiance et permet d’être rassuré. Il aide à braver la pluie et le vent et à s’affranchir du relief. C’est un outil crédible », met-il en avant. « En outre, au-delà de 30 minutes, l’acceptabilité pour effectuer des déplacements avec un vélo sans assistance est moindre. Avec un VAE, les trajets peuvent être plus longs, dépassant les 10 kilomètres », explique-t-il.
« Les vélos cargos arrivent en France. Leurs ventes ont été multipliées par presque 4 ans en 1 an, passant de 3 000 exemplaires en 2019 à 11 000 l’année dernière. ça aurait pu être bien davantage avec du stock. Peut-être même 50 000 unités achetées », estime Olivier Schneider. « Pour les familles, les vélos cargos permettent de transporter les enfants. Les entrepreneurs les utilisent de plus en plus pour livrer des marchandises en se faufilant dans le trafic et sans risquer d’amendes pour le stationnement », souligne-t-il.
« Avec les modèles à assistance électrique peuvent apparaître des difficultés, pas forcément d’entretien courant, mais de réparabilité. Notamment au niveau de l’électronique si le fabricant n’existe plus au bout de quelques années », prévient le président de la FUB.
« Il faut aussi pouvoir intervenir facilement et de façon pas trop onéreuse sur les batteries. En particulier en pouvant remplacer des cellules défaillantes. Parce qu’au bout de 5 ans, quand on a mis plusieurs milliers d’euros pour acheter son VAE, on ne veut pas avoir à faire d’importants frais dessus. Et la moyenne des prix ne cesse d’augmenter pour ces deux-roues », illustre-t-il.
« Se pose aussi la question encore aujourd’hui de la recyclabilité des batteries », Poursuit-il. « Le VAE peut aussi se montrer moins pratique à l’usage. Du fait d’une valeur élevée, on va être plus regardant sur la place de stationnement. Son poids peut être dissuasif pour le monter dans un appartement. Et les conditions climatiques peuvent jouer sur la sensibilité de l’électronique », liste notre interlocuteur.
« Ce qu’il y a de bien dans le VAE, c’est qu’il est à la fois électrique et musculaire. Deux fois 30 minutes d’utilisation par jour, c’est bon pour le moral et la santé. ça éloigne les cancers », rapporte Olivier Schneider. « Il est même parfois préférable d’utiliser un VAE qu’un vélo sans assistance. En forçant davantage et trop fortement sur les pédales, on peut être victime d’une hyper-oxydation. Avec un vélo électrique, l’effort est moins grand. Certains utilisateurs vont jusqu’à n’activer l’assistance qu’en abordant des côtes ou lorsqu’ils sont fatigués », révèle-t-il.
« Grâce au télétravail généralisé par la pandémie actuelle, pas mal de personnes sont revenues à pratiquer de l’exercice physique et à jouer la carte de la proximité. C’est un phénomène vraiment exceptionnel et à la portée de chacune et chacun », complète-t-il.
« De manière générale, les modèles électriques augmentent le spectre dans lequel le vélo est pertinent. Ils sont aussi créateurs d’énormément d’emplois, sur fond de relocalisation en France pour leur fabrication », réfléchit Olivier Schneider.
« Les VAE se sont bien développés dans les villes. Ils auront également une présence très importante dans les milieux ruraux et périurbains dans les 10 ans à venir. Contrairement aux voitures électriques avec lesquelles il est compliqué de voyager loin et qui nécessitent la mise en place d’un réseau de bornes de recharge, il est plus facile de mettre en place des systèmes pour les vélos », assure-t-il.
« Les vélos électriques permettent d’envisager des déplacements multimodaux incluant les transports en commun, et en particulier les trains régionaux. Il faut pour cela que soient développées les pistes cyclables vers les gares, avec des stationnements sécurisés et des points de recharge », espère le président de la FUB.
« A propos de la recharge, il faudrait développer 2 ou 3 standards de chargeurs pour que les utilisateurs de VAE n’aient pas besoin d’emmener les leurs avec eux et risquer de se les faire voler. On observe parfois plusieurs types d’appareils pour une même marque de vélo. Comme avec les téléphones portables, les fabricants doivent faire des efforts dans ce domaine », suggère-t-il.
« Avec un trafic vélo en forte augmentation en France, les infrastructures cyclables doivent être désormais pensées plus larges pour absorber des flux bien plus importants. Auparavant, elles étaient dimensionnées sans trop savoir comment elles seraient fréquentées. Il faut aussi tirer des voies entre les villes », appelle Olivier Schneider.
« Elles permettront d’effectuer des dépassements. Entre des mamans qui accompagnent leurs enfants et des pratiquants sportifs, il existe parfois des différences importantes de vitesse. Elles ne sont pas seulement causées par les VAE. Il m’arrive d’aller au-delà de 25 km/h avec un vélo classique, ce qui m’amène parfois à les doubler. Il existe aussi des modèles carénés pour filer très vite », compare-t-il.
« Personnellement, je ne suis pas pour les pistes cyclables obligatoires. Les usagers doivent pouvoir circuler en dehors au besoin. Notamment quand le rythme à suivre est bien lent pour un sportif habitué à rouler à 40 km/h. Ce qui est frappant aux Pays-Bas, c’est de voir que tous les cyclistes vont très vite », met en perspective notre interlocuteur.
« Aux heures de pointe, ce n’est pas forcément simple. Ce ne sont pas tant les VAE qui posent problème que les speed-pedelecs dont la vitesse peut atteindre les 45 km/h. Ces engins sont interdits sur les pistes cyclables, mais il y en a, qu’on ne peut pas toujours très facilement identifier. Ils devraient pourtant être immatriculés et assurés, l’utilisateur devant en outre porter un casque », avertit-il. « La présence sur les voies cyclables de ces vélos électriques débridés n’est pas forcément dangereuse. Elle est surtout désagréable et source d’inconfort », conclut-il.
eBike Generation et moi-même remercions Olivier Schneider pour sa disponibilité et sa réactivité.
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