AccueilComposantsRéparation des batteries de vélos : pourquoi l’Europe inquiète les fabricants

Réparation des batteries de vélos : pourquoi l’Europe inquiète les fabricants

Un nouveau règlement européen, relatif au recyclage et à la réparabilité des batteries portables et des moyens de transport léger, est paru en août 2023. Concernant notamment les vélos électriques, il avait déjà généré de nombreuses interrogations et réactions des industriels du secteur. Notamment l’article 11, qui introduisait l’obligation de favoriser la possibilité de remplacement individuel, par un professionnel indépendant, des cellules au sein d’une batterie. L’Union européenne a donc éprouvé le besoin de publier un document qui en précise les lignes directrices. À priori, cela n’apaise pas les craintes des professionnels !

Si le règlement européen « relatif aux batteries et aux déchets de batteries » (2023/1542) paru pendant l’été 2023 est passé inaperçu du côté du grand public, il avait déjà fait grand bruit du côté des industriels du vélo électrique. La Confédération européenne des industries du vélo (Conebi) avait déjà publié un long communiqué pour expliquer en quoi nombres d’aspects semblaient difficilement applicables.

Entrant en vigueur à compter du 18 août 2027, cette nouvelle réglementation contient notamment un ensemble de mesures (particulièrement dans l’article 11), qui s’appliquent à tous les moyens de transports légers (MTL), catégorie à laquelle sont rattachés les vélos électriques. Outre des obligations en matière d’amovibilité et de remplacement facilité des batteries sur une durée garantie (cinq ans minimum), elles devront, en plus, offrir des possibilités de réparabilité de chacune des cellules. Face aux réactions suscitées, l’UE vient de publier des « Lignes directrices de la Commission visant à faciliter l’application harmonisée des dispositions du règlement (UE) 2023/1542 relatives à la facilité de retrait et de remplacement des batteries portables et des batteries MTL ».

Pourquoi autoriser une réparation interdite sur les voitures ?

Rien que l’intitulé du document laisse subodorer que le sujet est complexe ! Le nouveau texte précise que « dans le cas des batteries MTL, l’obligation prévue à l’article 11 concernant la possibilité de retrait et de remplacement par des professionnels indépendants est, en outre, applicable au niveau des cellules de batterie incluses dans la batterie. Si des interventions de retrait et de remplacement sont effectuées sur des cellules individuelles au sein d’un pack de batteries LMT, le « professionnel indépendant » doit être compris comme ayant la compétence technique pour rendre la batterie à nouveau fonctionnelle comme prévu ».

Au final, donc, l’UE n’a pas assoupli ses lignes directrices et impose donc aux fabricants de vélos électriques un niveau de réparabilité des batteries en total décalage avec les dernières technologies d’assemblage et fait fi des progrès réalisés dans le domaine. Comme le souligne Gouach, fabricant français de batteries électriques réparables, « la conception brevetée de nos plaques de contact et de nos supports de cellules évite complètement le besoin de soudure. Nous avons prouvé qu’ainsi cela réduisait considérablement les déchets électroniques et l’empreinte carbone des batteries classiques (jusqu’à quatre fois) ».

D’autres avancées éclipsées par la polémique

L’incompréhension est d’autant plus forte que, comme le souligne la Conebi « la technologie et les cellules utilisées pour construire les batteries de voiture sont similaires à celles des batteries de vélos électriques. Pour des raisons de sécurité, le remplacement d’une seule cellule dans les voitures n’est pas autorisé. Qu’est-ce qui fait penser qu’il est sûr de procéder ainsi pour les batteries de vélos électriques ? »

Le plus dommage finalement, c’est que cet article mal pensé masque un ensemble d’autres dispositions prévues par le règlement 2023/1542. Obligation de permettre l’utilisation de batteries d’origine et de batteries compatibles sur un même vélo électrique, de tenir à disposition à « prix raisonnable » des pièces de rechange (y compris périphériques) ou de brider électroniquement les possibilités de réparation d’un vélo électrique… autant d’éléments bons pour l’environnement et le consommateur.

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