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Rouler en vélo électrique est-il écologique ?

Les VAE sont-ils bons pour l’environnement ou s’agit-il juste de greenwashing ?

Si les VTT électriques gagnent en popularité, la principale question qui se pose est la suivante : sont-ils respectueux de l’environnement ?

La réponse est variable selon le contexte. Étonnant, non ?

Dans l’absolu, il est vrai que les vélos électriques ne sont généralement pas aussi écologiques que les vélos ordinaires. L’électricité qui alimente le moteur d’un vélo à assistance électrique provient de sources telles que les centrales électriques au charbon, ce qui n’est pas exactement une source d’énergie propre, surtout quand on sait que 65 % de la production d’électricité mondiale est issue du pétrole, du gaz et du charbon (chiffres de 2015, pas sûr que cela ait beaucoup changé depuis). Bien que l’impact du VAE soit bien moindre que celui des véhicules à énergie fossile, certains remettent tout de même en question l’utilisation des batteries au lithium, jusque-là prédominantes dans la fabrication des vélos électriques.

Cependant, si vous pensez à la quantité de carburant que les gens utilisent en conduisant des voitures en ville et en prenant le bus pour aller travailler, un vélo électrique pourrait être une option plus écologique pour les déplacements quotidiens dans certaines situations, même dans les villes où il existe des alternatives à la voiture (comme les transports publics et le covoiturage).

Il faut savoir que production et l’entretien d’un vélo génèrent peu d’émissions de gaz à effet de serre. Pour un vélo de 20 kg fabriqué majoritairement en aluminium et qui roule en moyenne 2400 kilomètres pendant huit ans, on parle de 5 g de CO2 par kilomètre, selon la Fédération cycliste européenne. C’est davantage pour le VAE : outre la production et l’entretien de son moteur et de sa batterie au lithium-ion, qui requièrent l’extraction de métaux parfois rares, l’approvisionnement en énergie d’un VAE est de 16 g de CO2 par kilomètre.

J’ai eu l’occasion récemment de parcourir des forums et des groupes sur les réseaux sociaux sur le sujet, et j’ai été surpris de la radicalité de certains points de vue. Si certains prétendent que le vélo électrique est absolument écologique, d’autres s’inscrivent en faux contre cette affirmation. Qu’en est-il exactement ? Après une évaluation la plus objective des différents points de vue, il s’avère que les deux camps ont probablement raison. Mais nous verrons aussi que le radicalisme écolo ne constitue peut-être pas la bonne approche, et qu’il pourrait même être contre-productif (comme souvent avec les postures extrêmes, quel que soit le sujet). Explications.

Point de vue numéro 1 : le vélo électrique n’est pas écologique

C’est donc le point de vue des puristes, adeptes indéfectibles du vélo musculaire. On les trouve généralement chez les écologistes purs et durs et chez les sportifs pour qui l’assistance électrique n’est pas une option. Ces deux catégories d’utilisateurs, si elles sont distinctes, ne sont pas forcément antinomiques. On peut être écolo et sportif. Nous ne nous attarderons pas sur la deuxième catégorie, pas grand chose à dire sur le choix complètement personnel et légitime de vouloir faire travailler ses mollets et son cardio.

La première catégorie en revanche, celle des cyclistes qui prônent le musculaire pour des raisons de protection de l’environnement, le fait pour des raisons qui semblent évidentes, et on ne peut leur reprocher une certaine cohérence dans leur engagement, qui consiste à se déplacer à vélo pour ne pas polluer. Après avoir renoncé à la voiture (ou ne l’avoir jamais utilisée), ils préconisent les mobilités douces, à base de vélo, de marche à pied, et éventuellement de transports en commun. Pour eux, pas question d’utiliser un vélo à propulsion électrique, qui de leur point de vue ne fait que déplacer le problème de toute propulsion motorisée, à savoir la question de la fabrication des moteurs et surtout des batteries, et bien sûr, ensuite, de leur recyclage. Sans compter le besoin en énergie pour recharger le vélo. Bref, un ensemble de besoins qui vont à l’encontre d’une mobilité vraiment propre et vertueuse.

Difficile d’aller contre ces arguments, qui sont des faits incontestables et relèvent du simple bon sens. Pourtant, la réalité n’est peut-être pas aussi simple, justement. Ce qui nous conduit au…

Point de vue numéro 2 : le vélo électrique est écologique

Alors oui, un VAE est équipé d’un moteur et de batteries, avec les questions de production, de consommation et de recyclage que cela induit.  Bien sûr, l’impact environnemental de la fabrication des batteries n’est pas neutre. « Environ 95  % de l’empreinte carbone du vélo à assistance électrique est liée à la manufacture du vélo lui-même » précise Anne de Bortoli, chercheuse en transport et environnement à l’Ecole des Ponts Paris-Tech.

De plus, l’extraction du cobalt nécessaire à leur fabrication pose aussi des questions sur les conditions de travail et de salubrité dans les mines, essentiellement au Congo, mais aussi ailleurs, avec ce soupçon récurent du travail des enfants. Dans une batterie de 500 Wh, on retrouve ainsi environ 40 grammes de lithium, selon des chiffres livrés par Bosch, l’un des géants du secteur. Il y a aussi la question du recyclage, mais on sait désormais que les batteries lithium-ion peuvent être totalement recyclées, et que les filières se développent très rapidement.

Il n’en reste pas moins que le vélo électrique est évidemment écologique, car comme indiqué ci-avant, c’est avant tout une question de contexte et de cas d’usage.

Et dans la majorité des cas, l’usage induit des comportements favorables à l’environnement. Pourquoi et comment ? Parce que la plupart des urbains ayant opté pour le vélo électrique sont des gens qui auparavant prenaient leur voiture pour les petits déplacements, et pour se rendre quotidiennement à leur travail. Et parce que dans la plupart des cas ce sont des usagers qui n’auraient jamais franchi le pas s’il avait fallu le faire avec un vélo mécanique.

Pour citer mon cas personnel, sans craindre d’affirmer qu’il est très probablement représentatif, je suis passé au vélotaff quotidien depuis 6 ans (2016), parcourant un petit trajet en ville de 12 km aller-retour 5 jours par semaine, été comme hiver, quelle que soit la météo (quand je ne suis pas en déplacement pro ou en congés). En 6 ans j’ai vu une évolution phénoménale de la fréquentation et du nombre de vélos sur mon trajet. En 2016 j’étais la plupart du temps seul au monde (et encore davantage dès les premiers frimas) sur les pistes cyclables, aujourd’hui elles sont devenues de véritables autoroutes à vélo, dont une grande partie électriques. J’ai dans mon entourage de nombreuses relations dans le même cas, et le parking à vélos de mon espace de coworking est désormais toujours plein à craquer, alors qu’il n’y avait que mon vélo il y a quelques années. Parmi ces relations, je peux affirmer que l’écrasante majorité – parmi laquelle beaucoup de femmes – n’aurait jamais changé ses habitudes ni opté pour le vélo musculaire, alors que la transition vers le VAE s’est faite facilement et naturellement, même s’il faut être conscient que ce n’est pas encore à portée de toutes les bourses – mais il y a des aides, et de bons VAE low cost.

On ne va pas se mentir, tous ces nouveaux cyclistes se sont convertis à la petite reine grâce à la fée électricité. Ce qui a aussi pour vertu de leur faire faire de l’exercice au quotidien, car selon le réglage que l’on adopte, il faut quand même pousser sur les pédales pour avancer, moteur électrique ou pas, a fortiori dans une ville où les fortes pentes sont légion, comme à Lyon où je réside. Un comportement qui par effet d’entrainement est probablement propice à l’adoption d’un mode de vie différent, plus sain, et donc certainement plus frugal.

Les ventes de vélos électriques sont en très forte croissance depuis quelques années, avec un véritable coup de boost depuis 2020, notamment en raison de la pandémie, et, plus près de nous, des grèves de décembre 2019, qui ont été le véritable déclencheur de l’explosion du marché, révélant un besoin de retrouver une autonomie individuelle, loin de la galère des transports en commun, tout en étant respectueux de l’environnement. En 2020, il s’est vendu 514 672, soit 19% du marché, ce qui représente une évolution de +29% en volume par rapport à 2019 et +58% en chiffre d’affaires. Pour la première fois, le marché des VAE en valeur a dépassé cette même année celui des vélos classiques.

Doit-on s’en réjouir ? Probablement. Car il est fort à parier qu’une part importante de ces nouveaux VAEistes sont autant de commuters qui ne prennent pas – ou plus – leur voiture au quotidien. Et qui, par la même occasion, découvrent le plaisir de balades urbaines ou champêtres le week-end au guidon de leur engin motorisé, ce qu’ils n’auraient jamais fait avec un musculaire, et qu’ils faisaient peut-être en voiture auparavant.

Rappelons pour finir le coût dérisoire en énergie du VAE, autour de 1 euro pour 1 000 kilomètres.

Alors oui, dans l’absolu, le VAE pollue, en tout cas davantage que le vélo musculaire, mais à l’usage il induit des changements de comportement qui font largement pencher la balance en faveur de l’écologie. Un vélo électrique pour les déplacements courants, c’est souvent une voiture en moins sur la chaussée. Et un atout en plus contre la sédentarité, car il est démontré que les utilisateurs de vélo à assistance électrique parcourent en moyenne plus de distance et se dépensent donc autant que les cyclistes traditionnels.

Décidés à franchir le pas ? Bravo ! Le plus compliqué reste désormais d’avoir la patience d’attendre plusieurs mois entre la commande et la livraison…

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