Shimano est loin d’en avoir terminé avec son rappel de pédaliers défectueux. L’affaire prend, en effet, une autre tournure avec le dépôt d’une plainte de groupe. Specialized et Trek sont également visés.
Shimano avait dû rappeler 2,8 millions de pédaliers défectueux dans le monde, suite à l’identification d’une malfaçon qui pouvait générer une casse de la pièce. L’affaire prend désormais une autre dimension puisqu’une plainte de groupe (class action), révélée par notre confrère américain BikeRadar, vient d’être déposée aux États-Unis. Les plaignants mettent en cause, non seulement Shimano, mais aussi Specialized et Trek qui ont monté les pédaliers incriminés sur certains de leurs modèles.
Si de nombreux secteurs sont familiers de procédures de rappels produits, c’est assez rare dans le secteur du deux-roues et l’annonce par Shimano du rappel de 2,8 millions de pédaliers Hollowtech II (produits entre juin 2012 et juin 2019) avait résonné comme un coup de tonnerre dans le secteur. Ce d’autant que le problème n’avait pas été identifié par la firme elle-même, mais suite à 4 519 incidents de bris de pédalier ayant entraîné six blessures d’utilisateurs.
Après le tonnerre, c’est désormais la foudre qui s’abat sur Shimano (mais aussi Trek et Specialized mis en cause pour avoir monté des Hollowtech II sur certains de leurs modèles). Une class action vient d’être engagée (plainte collective aux États-Unis) près le tribunal du district de Californie. Si elle ne regroupe, à ce jour, que quatre personnes, elle est susceptible, au fil du temps, de rassembler davantage de plaignants.
Il est notamment reproché à Shimano, d’avoir mis en place une procédure de rappel des pédaliers fautifs, qualifiée « d’inadéquate » et guidée par une volonté de « limiter le coût de résolution du problème aux dépens des consommateurs ». Il est aussi fait grief à Trek et Specialized d’avoir « sciemment et intentionnellement dénaturé, omis, dissimulé et/ou omis de divulguer des faits importants concernant la qualité, la fiabilité et la sécurité des pédaliers ».
Pour rappel, lors de l’annonce de ce rappel produit, Shimano avait invité les possesseurs de vélos à déterminer s’ils étaient susceptibles d’être concernés par la fragilité du pédalier, par identification du numéro de série du pédalier équipant leur deux-roues. Puis, le cas échéant, de l’amener chez un représentant de la marque, qui devait contrôler si d’éventuels signes de séparation entre la manivelle et le pédalier étaient visibles. Si tel était le cas, un échange standard était prévu.
Pour les plaignants, le dispositif est insuffisant, car l’absence de fissures éventuelles au moment de l’inspection, laisserait néanmoins les clients « dans la position effrayante de devoir rouler sur un vélo dangereux pendant des mois ou des années, attendant que leurs pédaliers se séparent et provoquent potentiellement un accident avant que Shimano ne leur en donne un nouveau ». Sans compter qu’ « il est demandé aux mécaniciens de vélos de porter ce jugement technique sur la seule base d’une inspection visuelle, sans bénéficier de tests de résistance »… ce qu’ils considèrent comme peu sérieux.
Ils ajoutent à cela que la communication sur le problème après 7 ans de commercialisation laisse supposer que Shimano et les marques incriminées ont « dissimulé frauduleusement les pédaliers défectueux ». Last but not least, ils considèrent qu’ils ont été « lésés financièrement » car leurs vélos « sont d’un niveau, d’une qualité et d’une qualité inférieure à ceux représentés ».
Le tribunal devra donc se prononcer sur une annonce officielle concernant la défectuosité des pédaliers, l’octroi au plaignants « de réparations compensatoires, exemplaires et punitives, ainsi que des dommages-intérêts et des sanctions légales », mais aussi un programme financé par Shimano pour rembourser « les dépenses personnelles et pour perte d’utilisation, ainsi que les réclamations en dommages-intérêts associées aux pédaliers défectueux ».
Dans une déclaration à BikeRadar, un porte-parole de Shimano a déclaré que la marque « ne peut commenter aucune question juridique pour le moment ».
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