Privilégier le transport des voyageurs, ou la possibilité d’embarquer des vélos et bagages encombrants ? Pour répondre à cette question potentiellement source de conflits entre les voyageurs, du mobilier modulaire est en cours de test en Suisse dans le cadre d’un projet pilote.
Le week-end, ce sont les mêmes rames de train qui circulent qu’en semaine pour le transport de voyageurs. Sauf que les besoins ne sont pas forcément les mêmes. Du lundi au vendredi, aux heures de pointe, sur les lignes régionales entre les grandes villes et leur périphérie, de nombreuses personnes s’entassent pour se rendre ou bureau ou retourner chez soi. Le samedi et le dimanche, moins de monde dans les wagons, mais davantage de vélos pour s’évader des centres urbains.
Les besoins peuvent aussi varier selon les horaires dans la journée, ainsi que pendant les périodes de vacances. Consacrer des espaces définis et limités pour les deux-roues, c’est forcément mécontenter un peu tous les voyageurs à un moment ou à un autre. D’où l’idée de créer des zones qui changent d’affectation selon les besoins.
Une idée simple et efficace sortie conçu par Christian Keller, ingénieur à la tête de la société suisse Erfindergeist. Il a imaginé de confortables carrés de voyageurs qu’il est possible de transformer en espaces pour transporter des vélos. Comment ? En faisant tout simplement pivoter les deux rangés de sièges pour qu’elles s’effacent contre la paroi du wagon.
La transformation de ces carrés de quatre places, qui peuvent éventuellement se suivre en enfilade, ce sont les employés de la compagnie qui peuvent l’effectuer à l’avance ou en temps réel, selon les besoins estimés et/ou les demandes potentielles. Les passagers eux-mêmes peuvent également réaliser eux-mêmes l’opération en embarquant dans un train avec des vélos alors que les sièges sont libres.
Ce qu’il y a d’autre de génial dans le système, c’est qu’il a été conçu pour être installé en exploitant les fixations d’origine des rangées fixes de sièges. D’où une facilité d’implantation : pas besoin que les wagons soient spéciaux. Contrairement aux strapontins que l’on peut trouver dans certains espaces dédiés aux vélos, cette innovation s’appuie sur de véritables et confortables fauteuils profilés avec repose-tête.
Embarquant des jeunes dans le projet, Christian Keller s’est aussi intéressé à d’autres configurations, dont une plus particulièrement adaptée aux voyageurs qui prennent le train avec des trottinettes électriques. Ces architectures sont également de nature à limiter les conflits d’usage entre les différents voyageurs.
Flirt, c’est un autorail régional construit pas l’entreprise suisse Stadler. C’est une rame de ce type, opérée par la compagnie ferroviaire Schweizerische Südostbahn (SOB), qui est actuellement exploitée jusqu’en décembre 2024 pour tester le système de Christian Keller. Nom du programme : Ifiz, ce qui signifie « Innovative Flächenbewirtschaftung im Zug », que l’on peut traduire par « Gestion innovante de l’espace dans les trains ».
Une enveloppe de l’ordre de 1,5 million d’euros est consacrée au projet, supportée par SOB, Erfindergeist, et l’Office fédéral des transports. Elle finance les phases de conception, de développement et de tests. Les utilisateurs de la rame en expérimentation sont invités à donner leur avis.
La compagnie ferroviaire recherche déjà parmi les collectivités suisses des partenaires pour déployer cette solution. Il est également question de la tester sur des lignes à longue distance. En plus de pouvoir aussi recevoir des bagages, les espaces vélos ont été étudiés pour transporter les personnes à mobilité réduite.
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