AccueilVélo électriqueVélo électrique, citadine, speedbike : et si l'inutile était essentiel ?

Vélo électrique, citadine, speedbike : et si l'inutile était essentiel ?

Vélo In Paris bat son plein, avec des stands remplis de cycles en tout genre. EN TOUT GENRE. C’est ça le plus important. Et une fois n’est pas coutume, nous allons également parler automobile…

Les choses ont commencé avec une discussion sur internet qui se résumerait par : « les voitures électriques offrant moins de 180 km d’autonomie sont inutiles ». Nommées maladroitement citadines, elles redoutent l’autoroute comme un chat redoute l’eau froide. Il est logique de se demander l’intérêt de tels engins, vendus entre 23 000 et 50 000 euros. Car une trottinette électrique, un vélo cargo ou n’importe quel véhicule de mobilité douce rendrait quasiment les mêmes services, pour moins cher à l’achat et moins gourmand en ressources. Pourtant, ces véhicules se vendent, car il n’y a pas que le pragmatisme, que la généralisation et le rationnel dans l’acte d’achat. Puis « quasiment » ce n’est pas totalement.

La R5 et sa bouille d’amour n’existeraient pas d’un monde pragmatique. Dans les faits, elle colle l’utilisation automobile de la majorité des automobilistes.

Cette même remarque a été faite au vélo électrique, avec son assistance qui s’arrête à 25 km/h et qui, dans bien des cas, subit le poids de l’engin. Face à un vélo musculaire, 50 % moins cher, 60 % moins lourd, 200 % plus efficient et capable de rouler à 25 km/h sans vraiment demander d’effort, quel est l’intérêt de ces parpaings inefficients pesant le poids d’un veau à la naissance ?

Un exemple avec la trottinette électrique Urban Glide 1000GT 2×2 : deux moteurs de 1400 W chacun, freins hydrauliques et amortisseurs surdimensionnés pour rouler à 25 km/h. Certes, et alors ?

Parlons également des speedbikes, ces vélos qui coûtent plus cher qu’un scooter avec lequel ils partagent la législation. Quel est son intérêt ?

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On peut également pousser le délire de la trottinette électrique à deux moteurs équipés comme des scooters pour se trainer à 25 km/h, comme tout autre modèle deux fois moins lourd, deux fois moins cher, deux fois moins encombrant.

L’Urban Glide 1000GT 2×2 embarque deux moteurs

Pire, dans chaque catégorie se trouve un rapport qualité-prix. Celui qui rafle les meilleures notes et toutes les étoiles. Celui qui colle aux protocoles de tests. Ces protocoles qui peuvent décider de vie ou de mort d’une entreprise en tuant de facto un produit.

Pourtant, tous ces objets doivent exister. Tout acte d’achat repose sur autre chose que le pragmatisme. Nous avons tous besoin de boire, mais pas tous envie de boire la même chose. Sinon, l’eau serait la seule boisson proposée dans le monde.

Les médias ne cessent de nous dire de mieux consommer, faisant passer le plaisir pour un acte vicieux, égoïste et irrationnel. Mais mieux consommer, c’est justement succomber à l’irrationnel. Le désir, dès lors que le choix coche les cases qui nous sont essentielles, est le meilleur moyen de s’attacher à quelque chose et donc, de vouloir le garder plus longtemps, quitte à l’entretenir et le réparer.

C’est le marché de la performance qui permet au grand public de goûter à de nouvelles technologies.

Le mot inutile est donc violent, insultant et lui-même inutile. Le jugement social se base sur ce que nous consommons. Dites ce que vous achetez, je vous dirai comment vous qualifier. En attendant, la citadine électrique esquisse un sourire à son propriétaire dès qu’il pose son regard dessus, et ne sera pénalisée qu’une fois l’an par ses capacités. Le vélo électrique permet à des personnes de rouler à vélo tous les jours, même les jours sans. La trottinette puissante permet de sortir du trajet quotidien, pour aller jouer dans les montagnes, et le speedbike permet de rouler à vélo plus loin, plus fort, plus vite, sans forcément fleurter avec son extrême limite.

L’image renvoyée aux autres est probablement le pire ennemi de l’écologie. Il crée un malaise dans la possession et plante une graine d’insatisfaction qui, en germant, pousse à surconsommer. Quant au pseudo-pragmatisme, celui qui pousse à dire que « ça ne sert à rien », souvent en faisant de son usage une vérité générale, il est aussi absurde que dangereux. Il tend à réduire les cases. Les individus ne cherchent alors plus à rentrer dans celle qui leur correspond, mais dans celle qui correspond à la norme sociale, qu’importe s’ils n’y ont pas leur place.

La taille 40 est devenue la norme de ceux qui s’habillent 44, les obligeant ainsi à prendre sur eux, à rentrer le ventre et à s’adapter à un système qui ne leur convient pas, plutôt qu’à profiter d’un système qui leur sied à merveille.

Soyez chic avec vous-même. « À force de vouloir rentrer dans des moules de consommation censés être logiques, on finit par étouffer notre propre besoin de liberté et avec eux, les prémices d’idées qui peuvent changer le monde. »

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