AccueilMarchéVélo électrique : l'Europe importe de moins en moins, la pénurie en embuscade

Vélo électrique : l'Europe importe de moins en moins, la pénurie en embuscade

Les importations européennes de vélos électriques continuent à chuter, et il n’est pas sûr que leur valeur d’étiage soit atteinte. La crise que traversent les producteurs de vélos électriques n’est, semble-t-il, pas terminée. C’est ce que révèle, l’analyse détaillée des dernières données Eurostat réalisée par bike-eu.com.

Depuis quelques mois, les fabricants de vélos électriques et de composants souffrent d’un ralentissement du marché. Le groupe Accell, VanMoof, Vässla, Shimano… nombreux sont les acteurs touchés par la baisse de la demande et les surstocks mondiaux.

Si, pour certains, il s’agit d’une simple correction de marché (le niveau des ventes étant revenu à la période ante-covid), il semble bien que la chute ne soit pas enrayée et qu’il faille s’attendre à une année 2024 encore très difficile pour l’Europe.

Un nouveau tassement des ventes de vélos électrique attendu pour 2024

En effet, la majorité des vélos électriques vendus en Europe, sont importés et donc, compte tenu du délai d’approvisionnement (encore allongé compte tenu de la crise géopolitique qui impose aux navires une route encore plus longue), la baisse des importations (amorcée au deuxième trimestre 2023 et qui s’est accentuée ensuite) laisse présupposer un nouveau tassement des ventes pour 2024.

Evolution des importations de vélos électriques de l’Union Européenne (2017-2023).

Au -delà des volumes, les statistiques des importations de l’Union européenne montrent aussi que ce sont les marchés bas et milieu de gamme qui sont les plus durement touchés. Tendances confirmées (volume et prix), par exemple, pour Taïwan, un des principaux exportateurs de vélos électriques.

Une montée en gamme des vélos électriques importés

Ainsi, le prix unitaire moyen des vélos, en provenance de Taïwan, est passé de 1 231 € en janvier à 1 647 € en décembre de l’année dernière, et le nombre a chuté de 556 175 en 2022 à 402 935 en 2023. Par rapport à 2019, où 366 102 unités ont été expédiées depuis Taïwan, il s’agit toujours d’un résultat très positif. Cependant, si l’on regarde les volumes d’exportations de chaque trimestre de 2023, le tableau est plus inquiétant.

Evolution trimestrielle des importations de vélos électriques en provenance de Taïwan (2019-2023).

En effet, en 2023, les livraisons de vélos électriques au premier trimestre ont augmenté de 19,6 % par rapport à 2022. Depuis lors, la tendance a changé. Au deuxième trimestre, le volume était de – 13,7%, au troisième trimestre de -29,8% et au quatrième trimestre de -73,4%. Au dernier trimestre 2023, le nombre de vélos électriques expédiés était encore inférieur à celui du même trimestre en 2018.

On pourrait être tenté de surtout y voir une simple perte d’hégémonie de Taïwan au bénéfice d’autres pays producteurs. Effectivement, en décembre, le Vietnam a expédié plus de vélos électriques vers l’Europe (14 726 unités) que Taïwan (10 563 unités), mais l’analyse détaillée des données communiquées par Eurostat, montre que la cas du Vietnam est atypique.

La majorité des pays exportateurs est touchée par la baisse

En effet, si Taïwan n’a expédié en 2023 que 72 % du volume total de 2022, la Chine a chuté à 71 %, la Suisse à 57 %, et même la Turquie, longtemps considérée comme le nouveau lieu de production à fort potentiel à proximité du marché européen, a chuté à 37 %.

Le Top 10 des pays exportateurs de vélos électriques vers l’Union Européenne.

Certes, compte tenu de l’élévation du prix moyen des modèles vendus, la valeur marchande des produits a connu une moindre diminution, voire a encore progressé début 2023. Au premier trimestre 2023, le CA combiné de tous les pays exportant vers l’UE a encore connu une augmentation de 37 %, passant de 232 millions d’euros en 2022 à 319 millions d’euros en 2023. Du deuxième au quatrième trimestre, tous les pays ont vu une diminution de la valeur de leurs exportations et la valeur totale sur 2023 était de 942 millions d’euros contre 1,136 milliard d’euros en 2022.

Des risques de pénurie en cas de reprise brutale de la demande en vélos électriques

Si au final ces données viennent conforter l’idée que 2024 ne sera pas l’année du redressement européen, elles doivent aussi nous interpeler sur les conditions d’un redémarrage ultérieur. En effet, compte tenu, de la tendance de production décroissante des fabricants, notamment asiatiques, quid du temps de latence en cas de reprise brutale de la demande ?

En effet, la délocalisation massive de la production en Asie, se traduit par de très longs délais de livraison et les producteurs européens de vélos électriques pourraient, comme dans la période post-covid, se retrouver avec de grosses difficultés d’approvisionnement.

Source www.bike-eu.com

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