L’innovation progresse rapidement dans le secteur du vélo électrique. Voici ce qui nous attend dans les prochains mois.
Depuis longtemps, le concept de vélo électrique dépasse largement la simple assistance électrique au pédalage. La connectivité accrue des composants centraux avec des fonctionnalités numériques offre aux « VAEistes » (désolé pour le barbarisme) la possibilité d’adapter l’expérience du vélo électrique à leurs besoins personnels.
Maintenant que le marché est mûr – au point d’ailleurs de connaître un léger tassement depuis quelques mois – les constructeurs et équipementiers cherchent à se distinguer de la masse dans un contexte extrêmement concurrentiel. Cela passe souvent par l’innovation technologique, et l’on peut dire que nous avons été servis en matière d’annonces au cours des derniers mois.
Des annonces qui devraient se matérialiser dès les prochains mois par l’arrivée sur le marché de plusieurs innovations destinées à faciliter encore la vie du cycliste électrique. Tour d’horizon de ce qui nous attend.
Pour réduire le risque d’accident, le V2X (Vehicle-to-everything), en cours de développement pourrait jouer un rôle clé. Cette technologie permet aux véhicules de communiquer entre eux et avec l’infrastructure routière. Dans le cas des vélos électriques, elle pourrait être utilisée pour envoyer des alertes aux véhicules en approche, afin de prévenir les collisions. Par exemple, un vélo électrique pourrait envoyer un signal aux voitures indiquant qu’il est en train de tourner. Cela permettrait aux conducteurs de s’adapter à la situation et d’éviter un accident. Le dispositif pourrait également être utilisé pour fournir des informations aux cyclistes sur les conditions de circulation.
Par exemple, un vélo électrique pourrait recevoir un signal indiquant qu’il y a un danger à l’approche, comme un trou dans la route ou un piéton. Le V2X est encore en développement, mais il a le potentiel de révolutionner la sécurité des cyclistes, ce qui à terme contribuerait à promouvoir la mobilité durable. Rappelons que des start-ups et autres équipementiers déjà établis comme Garmin travaillent déjà sur des modules « radar » qui permettent d’alerter le cycliste en temps réel sur son environnement.
Les constructeurs se penchent sur d’autres façons de stocker et fournir l’énergie de l’assistance aux cyclistes. C’est le cas, par exemple, d’Anod, une entreprise française, qui a développé un vélo électrique révolutionnaire combinant supercondensateurs et batterie. L’Anod Hybrid est équipé d’un moteur électrique de 250 watts et d’une batterie lithium-ion de 650 Wh. Il est également doté d’un système de supercondensateurs qui lui permet de fournir une assistance électrique pendant une courte durée, même lorsque la batterie est vide. Ces supercondensateurs sont chargés par le moteur électrique lors du freinage et en descente. Ils permettent au vélo de démarrer sans batterie et d’offrir une assistance électrique supplémentaire pendant quelques minutes, ce qui est suffisant pour se sortir d’une situation difficile.
De leur côté, les concepteurs du Lemmo One explorent une piste différente en proposant un vélo qui peut indifféremment fournir une assistance comme un vélo électrique classique, ou se transformer à la demande en vélo musculaire, simplement en déconnectant et en enlevant la batterie. Malgré son caractère hybride, proposant à la fois un mode manuel et un mode électrique, il se démarque des vélos électriques classiques. Contrairement à un vélo électrique standard qui peut présenter une résistance à la pédale une fois la batterie épuisée, le Lemmo One est doté d’une motorisation pouvant être entièrement désactivée, offrant ainsi la possibilité d’une conduite entièrement manuelle sans aucune résistance.
Une direction assistée ? Sur un vélo ? Dites-nous que c’est une blague. Et bien non. C’est même très sérieux, et cela a pour objet non pas de faciliter les manœuvres et réduisant l’effort, mais à offrir une meilleur stabilité directionnelle au vélo. Lors du dernier Tokyo Mobility Show, Yamaha a présenté deux nouveaux concepts de vélos électriques équipés de ce dispositif.
On n’a pour le moment pas beaucoup de détails techniques mais l’on sait qu’il s’agit d’un système électronique à base de capteur de magnétostriction jouant sur les variations de force subies par le train avant du vélo (roue, fourche, moyeu de direction) qui permet de stabiliser celui-ci notamment dans les descentes sur terrain bosselé, et de mieux s’inscrire dans les courbes en évitant les trépidations. Canyon travaille également sur un dispositif d’assistance à la direction, cette fois fondé sur un équipement mécanique à base de ressorts qui compensent les variations de hauteur de l’axe de la roue dans les virages.
L’ABS, le système antiblocage des roues qui équipe depuis des années l’ensemble du parc automobile, permet un freinage plus sûr et efficace. Mais, s’il existe aussi depuis longtemps pour les vélos, très rares sont ceux qui en sont déjà équipés. Cela pourrait pourtant constituer un élément important de sécurité. Grâce à des capteurs mesurant la vitesse des roues, la pression de freinage est ajustée pour éviter tout risque de perte de contrôle en cas de freinage brusque.
L’ABS est adaptable à différents types de vélos électriques, que ce soit pour la ville ou les sentiers, avec des modes spécifiques pour VTT, vélos cargo, et urbains. Bien que des marques comme Bluebrake, Shimano et Bosch proposent déjà des systèmes ABS, son coût et le boîtier relativement imposant limitent encore son adoption. Par exemple, le système Bosch nécessite des disques de frein spécifiques et ne peut être installé qu’avec certains systèmes de freins.
Malgré ces considérations, le test de l’ABS Bosch sur un VTT électrique a démontré son efficacité, offrant une sécurité supplémentaire lors des descentes à fort dénivelé et sur chaussée mouillée en ville. Petit rappel au sujet de l’ABS : ce n’est pas une solution miracle et cela ne raccourcit pas forcément les distances de freinage. Cela peut même au contraire les rallonger selon l’état de la chaussée. Mais à défaut d’éviter de taper, cela peut permettre de choisir où l’on va taper…
Alors certes, il y a peu de chances que cela se développe dans un avenir très proche sur le VAE de monsieur tout le monde, mais certains constructeurs se penchent sur le vélo électrique à transmission intégrale, le 4×4 du vélo, donc le vélo à deux roues motrices. Gage de stabilité et de traction, ce dispositif concernerait surtout les VTTAE (vélo tout terrain à assistance électrique), leur fournissant davantage de grip dans les secteurs difficiles. Yamaha a récemment dévoilé un nouveau concept doté d’un moteur central et d’un autre moteur dans le moyeu avant, le tout alimenté par deux batteries et l’électronique intelligente de traction qui va avec. Un système qui alourdira forcément l’engin, mais qui pourrait aussi trouver sa place dans les VTC pour des balades plus sûres en mode tous chemins. Et pourquoi pas certains vélos-cargos ?
Voilà pour l’essentiel des innovations que les constructeurs nous réservent pour un avenir proche. Ce ne sont pas les seules. On pourrait également mentionner les vélos à courroie ou à cardan ou arbre de transmission remplaçant la chaîne, les vélos à transmission automatique qui vont certainement se généraliser très fort dans les prochaines années, les caméras de recul, ou encore les recherches qui sont faites par certains constructeurs pour révolutionner la cinématique des vélos pliants.
Alors certes, si vous êtes quelque peu réfractaire au progrès technologique appliqué à la pratique du vélo et adeptes d’une certaine sobriété, vous ne serez pas convaincus par cet inventaire. De notre côté, nous pensons que l’innovation utile et bien intégrée comme une fonction naturelle est la meilleure voie pour convertir de plus en plus de monde au vélo via l’électrique.
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