(non, le VAE idéal n’est pas un Angell, même s’il s’en approche sur certains points)
Le choix ne manque pas sur le marché du VAE. Pourtant les constructeurs pourraient encore mieux faire.
Si vous vous déplacez en vélo à assistance électrique, que ce soit pour aller travailler, pour vous promener ou pour entretenir votre forme (ce qui n’est pas incompatible avec les deux autres usages), vous avez certainement consacré un peu de temps au choix de votre monture.
Il faut dire que si le choix est vaste, et l’offre très large, les constructeurs, à quelques exceptions près, restent assez conservateurs dans leur approche du marché et l’éventail de produits proposés. D’une façon générale, hormis quelques start-up qui cherchent à bousculer le secteur, non sans un certains succès, comme entre autres VanMoof, Angell ou encore Cowboy, l’offre de VAE n’innove pas vraiment, et consiste essentiellement à mettre sur le marché des vélos traditionnels sur lesquels on a installé un moteur électrique et une batterie, et non pas des machines réellement conçues et pensées à partir d’une feuille blanche pour l’électromobilité.
Ce qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler le marché de la voiture électrique, où les constructeurs historiques ont mis un certain temps à bâtir de vraies plateformes dédiées, se contentant jusque là de transformer des thermiques existants en électriques.
Cependant, du côté des innovateurs comme les trois marques citées plus haut, l’offre n’est pas totalement satisfaisante non plus. Elle s’adresse essentiellement à de jeunes urbains aisés, et les modèles proposés, s’ils sont plutôt alléchants sur le papier et l’écran grâce à des présentations à l’esthétique soignée, ne sont pas exempts de défauts et de lacunes qui ne résistent pas à un usage « dans la vraie vie ». Parmi ces marques, citons par exemple l’absence de garde-boues chez Angell, difficilement comblée par une option coûteuse de lattes en bois qui ne doivent pas protéger de grand chose, et dont le design est franchement discutable. Ou encore l’absence d’amortisseurs chez les trois fabricants, qui se fait douloureusement ressentir dès que le revêtement devient un peu hostile, comme par exemple sur les pavés urbains, pourtant terrain de prédilection de ces machines. Sans parler du système de transmission sans dérailleur et sans vitesses, qui rend l’usage de ces vélos incompatible – ou en tout cas très physique, ou inconfortable – avec les fortes déclivités comme on peut en trouver dans certaines villes. Des choix guidés par le souci de légèreté et donc d’agilité urbaine, ce qui se conçoit, mais probablement aussi un peu sous la dictature des designers, marqués à vie par des décennies d’esthétique Apple, pour qui le mot d’ordre semble toujours être le même : Less is more.
Sur un marché en très forte progression comme celui du VAE, il reste donc probablement beaucoup à imaginer et à inventer. Loin de nous l’idée de prétendre à réinventer la roue et à tuer le game, mais dans ce petit exercice de prospective fondé sur notre propre expérience du VAE et de certaines frustrations rencontrées ou, pour être plus positifs, d’idées ayant émergé ici et là à l’usage, voici notre petit inventaire de ce que nous aimerions avoir sur notre VAE idéal. En fait, nous avons pour la plupart de ces éléments pioché parmi le meilleur de ce qui existe déjà, pour le réunir sur une machine, ZE VAE ultime.
Sur un véhicule, un bon freinage doit être rassurant, efficace sans être brutal, endurant, fiable et évidemment sécurisant. Quand on pratique au quotidien des parcours avec de fortes pentes, on a besoin de pouvoir évoluer à son rythme sans craindre une défaillance ou les mauvaises surprises d’un système de freinage insuffisant, notamment par temps de pluie. Ce qui plaide évidemment pour les freins à disque, si possible hydrauliques. Il est même étonnant que ce système ne soit pas imposé par voie réglementaire, et que les bons vieux patins ne soient pas relégués définitivement au musée du vélo.
Relié au précédent, ce sujet pourrait participer à une sécurité renforcée en cas de freinage d’urgence. Comment ? Avec une fourche qui se raidit, bloque son amortissement, voire s’agrandit en débattement lorsque l’on écrase les freins à partir d’un certain degré de puissance et de vélocité. Une fourche anti-plongée permet d’éviter que l’avant du vélo s’écrase en cas de freinage brutal, limitant ainsi les risques de basculement vers l’avant. Un dispositif connu sur les motos, même s’il avait été abandonné après une décennie, mais qui pourrait bien faire son retour avec une meilleure intelligence.
Encore dans le domaine du freinage, les voitures électriques rechargent leurs batteries lorsque l’on freine, ou en descente. Pourquoi les VAE ne proposeraient-ils pas un dispositif similaire, afin d’augmenter un peu leur rayon d’action ? Certains constructeurs proposent des modèles avec freinage régénératif, comme par exemple Rayvolt sur ses Exxite XS et XXS, mais ils sont encore rares.
Incontournable quand on parle de freinage, l’ABS reste l’un des grands absents du VAE, alors qu’il se généralise sur les motos. Probablement en raison de questions de poids et de technologie coûteuse et compliquée à implanter sur un vélo, dont le poids est une forte contrainte, pour un résultat sécuritaire discutable. Cependant, Bosch travaille sur le sujet et garantit qu’un bon ABS réduirait fortement le nombre d’accidents à vélo, car nombre de chutes se produisent en raison d’un freinage mal maîtrisé – notamment sur l’avant avec une roue qui se dérobe – et avant même une collision.
Rien de très nouveau en ce qui concerne ce chapitre puisque certains constructeurs proposent déjà ce type de dispositif, comme Angell. Il serait cependant souhaitable que la connectivité et le tracking GPS ne soient plus la chasse gardée des start-up du vélo, et que de tels dispositifs se banalisent en s’étendant à toutes les marques, y compris les plus traditionnelles, comme Peugeot et autres.
Plutôt que de greffer divers éléments séparés sur le guidon de façon un peu anarchique et artisanale et sans véritable réflexion ergonomique, pourquoi ne pas repenser le guidon comme un véritable tableau de bord où chaque instrument serait intégré et aurait sa fonction et son emplacement logique : écran, avertisseur sonore, commandes de vitesses, clignotants et même rétroviseurs. De plus, à l’image de ce qui se fait dans l’automobile, et notamment lors de l’intégration de l’audio dans le tableau de bord, ce qui a signé la fin du vol d’autoradios, une telle intégration permettrait de sécuriser l’ensemble des accessoires contre le vol. Angell propose cette approche.
Un autre équipement de sécurité qui devrait être obligatoire sur un vélo comme sur tout véhicule. Se retourner pour regarder derrière quand on veut changer de direction peut s’avérer assez acrobatique à vélo, voire faire perdre l’équilibre ou la trajectoire pour les moins aguerris. Alors qu’un petit coup d’œil dans le rétro est si simple et si sécurisant, même en ligne droite pour surveiller ses arrières.
Là encore, Angell montre la voie avec ses clignotants arrières intégrés dans la batterie et son feu stop arrière qui se déclenche grâce à l’accéléromètre intégré dès que l’on freine. Les clignotants à vélo seraient loin d’être un gadget, à condition de penser à s’en servir bien sûr (ce qui suppose que l’on ait aussi pensé à regarder dans ses rétros juste avant)…
Les caméras qui filment en enregistrent en permanence l’environnement du véhicule sont de plus en plus fréquentes en voiture, et même installées d’origine sur certains modèles (Tesla…). La start-up américaine Streetlogic prouve qu’il est possible et relativement aisé et peu coûteux d’installer un tel dispositif sur un vélo, qui, couplé à une intelligence artificielle, peut renforcer de façon significative la sécurité du cycliste. Mieux, on peut même imaginer que la caméra arrière envoie l’image en direct sur l’écran du smartphone ou du vélo, permettant ainsi d’avoir une vue élargie et de se passer de rétroviseurs.
Non ce n’est pas une pub pour Valeo, mais franchement, depuis que le système Effigear a été présenté, il intrigue et allèche des milliers de VAEistes. De quoi s’agit-il ? Inédite sur le marché du vélo à assistance électrique, la technologie de Valeo est directement issue du monde automobile. Fonctionnant en 48 volts, le bloc de l’équipementier intègre dans un même module intégré au pédalier un moteur électrique et une boite de vitesses automatique adaptative à 7 rapports développée avec Effigear. En gros, un moteur et une boite de vitesses intelligente dans un seul bloc. Plus de dérailleur, mais un truc vraisemblablement beaucoup plus efficace et puissant que les systèmes Angell, VanMoof et cie. Très impatients de tester. Sinon il y a la version du français O2Feel, mais ce n’est pas donné.
Ils existent sur certaines trottinettes électriques, et bientôt sur certaines voitures. Pourquoi ne pas imaginer un VAE livré avec de robustes pneumatiques increvables ? Certes cela se ferait probablement au détriment du poids et du confort, mais avec une bonne fourche avant suspendue et une selle à amortisseur la question serait vite répondue, non ?
Justement, au chapitre du confort, une bonne selle en gel montée sur un vrai amortisseur ou tige suspendue constitue un élément de bien-être, notamment pour les plus longs trajets, en complément d’une fourche télescopique. A généraliser tant le gain en confort est remarquable.
Je n’ai jamais compris pourquoi les fabricants de vélos ne s’inspiraient pas des meilleures pratiques de la moto quand celles-ci sont facilement transposables, sans coût ni poids supplémentaire. C’est le cas du phare avant, qui est la plupart du temps fixé sur le garde-boue avant avec des dispositifs d’apparence fragile. Résultat, ça bouge, ça vibre, ça prend du jeu et ça éclaire mal, quand cela ne s’arrête tout simplement pas de fonctionner en raison des vibrations. Alors qu’il serait si simple de fixer ce feu au centre du guidon ou sur la potence, juste en-dessous de ce dernier. Ou bien sûr de l’intégrer dans le guidon, comme indiqué plus haut. De plus, une telle installation offrirait un meilleur éclairage avant.
Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais la plupart des VAE, enfin ceux dotés d’une béquille (coucou Angell), proposent une béquille latérale. C’est un peu plus pratique à déployer, mais en fait beaucoup moins pertinent qu’une centrale, qui permet de garer son vélo plus facilement du fait d’une emprise au sol bien moindre. De plus une béquille centrale est souvent plus robuste. Mon petit O2Feel tout simple et basique est équipé d’une centrale et je m’en félicite chaque jour.
Voilà l’ensemble des équipements que l’on pourrait appeler de ses vœux pour un VAE idéal. Il y en a sûrement d’autres, car c’est aussi une question d’usages et d’affinités, et finalement une question assez subjective. Alors bien sûr, la plupart de ces éléments sont assez technologiques, mais il est fort à parier que leur implantation ne satisferait pas que les geeks. Une autre approche serait de les proposer en option, car leur coût ferait fortement augmenter celui du vélo, mais certains seraient alors moins bien intégrés.
Alors le VAE idéal, licorne improbable ou réalité proche ? A vous de nous dire…
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