C’est peut-être un peu dur, c’est vrai. Mais laissez-nous vous expliquer pourquoi. Performances ? Ergonomie ? Confort ? Autonomie ? Prix ? Notre essai complet du scooter électrique espagnol Rieju E-City 3 kW.
Du nouveau chez le spécialiste espagnol de la petite cylindrée ! Bien connu pour ses modèles off-road, et plus récemment street / trail, le constructeur investit l’électrique. Et pour l’urbain au quotidien, cela commence avec le Rieju E-City 3 kW. Un scooter électrique équivalent 125 sans trop de prétentions, qui se veut simple et efficace. Peut-être même un peu trop simple dans son approche d’ailleurs. Alors, qu’en est-il en pratique ? Notre avis après quelques semaines au guidon.
Le Rieju E-City 3 kW côté look : un air de déjà-vu
Les plus informés sauront de quoi on parle ! Le Rieju E-City 3 kW – comme sa version 1,2 kW équivalent 50 – est un petit scooter électrique au format urbain. Et si son look nous est familier, c’est parce qu’il prend trait pour trait le celui… du Lifan E4. Le clone espagnol rebadgé Rieju affiche donc un style parfaitement dans l’air du temps. C’est-à-dire moderne, un brin sportif et racé dans le regard, et bien sûr un éclairage full LED. Feux de jour, position, route, clignotants, tout y est. Du reste, aucune folie esthétique n’est à signaler, seuls quelques stickers et badge RIEJU / E-City permettent d’identifier l’engin. Allez, les ressorts arrière rouges et la jante avant apportent un peu de peps, mais c’est tout. L’e-scooter accueille un petit saute-vent à l’avant, une poignée passager à l’arrière, et c’est à peu près tout.
On vous l’a dit : le Rieju E-City 3 kW fait simple et efficace. Simplicité que l’on retrouve par ailleurs au niveau de la construction et des assemblages. Si les coques et les carénages sont corrects, on regrette tout de même la qualité perçue des plastiques bruts (tablier, plancher, guidon). Un peu trop résonant à notre goût. Avantage : cela participe au poids du scooter, contenu, tout comme son format.
Ses dimensions : 1,86 m de long, pour 1,17 m de haut, et 73 cm de large. La selle culmine à 780 mm, le tout pour un poids de 114 kg batteries incluses (12 kg chacune). Si le poids reste contenu, sa répartition est moins « agréable » sur la route. Mais ça on y reviendra un peu plus bas. Enfin, derrière le style, l’E-City repose sur un châssis en acier tubulaire, avec bras oscillant en aluminium, et des roues de 12 pouces.
Au guidon : confort et ergonomie
Rien de bien transcendant sur le plan esthétique, vous l’aurez compris. Au guidon, le Rieju E-City 3 kW invite à une position assez détendue, à condition de reculer un peu sur la selle. Celle-ci est, en effet, suffisamment large pour nous accueillir, mais un peu trop échancrée sur l’avant. Pour votre serviteur et ses quelque 1,80 m, les genoux se retrouvent proches du tablier ! Le confort est bien meilleur en s’installant un peu plus vers l’arrière.
Le plancher plat offre quant à lui un bel espace. Largement assez pour nos chaussures et même un peu plus pour caler un pack d’eau par exemple. Les commandes vont à l’essentiel, entre clignotants, phares, et avertisseur sonore à gauche. Feux de détresse, démarreur, et sélecteur de modes de conduite sont à droite. Port USB et crochet pour sac sont au rendez-vous, mais on aurait préféré un vide-poche plus sécurisé.
En l’état, ce sera temps sec obligatoire pour ce rangement non refermable. Les informations de conduite prennent place sur un compteur LCD qui affiche vitesse, totaliseur, mode de conduite, et batterie restante. Pas d’indication précise de l’autonomie, c’est dommage.
Autre point perfectible : la lisibilité, plutôt mauvaise par grand soleil. Le passage au mode sombre (capteur de luminosité) corrige cela, mais impossible de choisir manuellement l’interface permanente « nuit ». Comme vous pouvez le voir dans la vidéo de l’essai, entre un grand soleil et sous un tunnel c’est… le jour et la nuit.
Du reste, le Rieju E-City 3 kW se met très facilement sur sa béquille centrale, c’est facile au quotidien. Son poids contenu permet également des manoeuvres à l’arrêt, notamment lors des stationnements et des demi-tours. En résumé : pas de fioritures, pas de gadgets, et une prise en main simple et efficace. Ni plus ni moins.
Performances : n’est pas 125 qui veut
Le scooter électrique espagnol embarque un moteur Bosch dans la roue arrière. Celui-ci développe 3 000 W (4 750 W en crête) et 147 Nm de couple, permettant d’atteindre 76 km/h. Davantage un gros 50 qu’un petit 125, le Rieju E-City 3 kW n’est pas des plus convaincants côté performances.
S’il brille par son silence de fonctionnement, il pêche par son manque de réactivité. L’accélération est très douce et linéaire, ce qui en fait un engin facile, pas de quoi se faire peur. En ville, c’est bien. En péri-urbain en revanche, cela devient vite frustrant, d’autant que les différents modes de conduite n’aident pas. Eco (55 km/h), Dynamic, et Sport (76 km/h) semblent se différencier uniquement par leur vitesse maximale. Et encore, le scooter ne comprend pas toujours les changements de mode. Il m’est donc arrivé de dépasser allègrement les 60 km/h, après avoir pourtant basculé de Sport à Eco.
Un phénomène aléatoire, puisque le changement du « limiteur » de vitesse était bien pris en compte parfois. Avec une vitesse maximale et une réactivité limitées, inutile de se montrer trop ambitieux sur la route. On ne peut donc pas compter sur les modes « supérieurs » afin de sécuriser une insertion ou dépassement par exemple.
Le Rieju E-City 3 kW s’en sort très bien en ville, voire sur le périphérique parisien et en interfile. Cela deviendra délicat dès les départementales, quant aux voies rapides de 110 km/h et plus, n’en parlons même pas. D’autant que de telles routes auront très vite raison des batteries, comme nous le verrons dans un instant.
Vous l’aurez compris, le scooter électrique est – à mon goût – loin d’être abouti pour du péri-urbain. Dommage, car il freine bien et s’équipe d’une partie cycle plutôt saine. Il lui manque toutefois un bon équilibre pour réellement exceller même en ville…
Autonomie et recharge : un rayon d’action limité
Le Rieju E-City 3 kW embarque deux batteries de 2,1 kWh et 12 kg chacune. Situées sous la selle, et se positionnent assez haut pour un scooter déjà très léger. Résultat : pas de centre de gravité bien bas favorisant maniabilité et donc mise en confiance au guidon. D
ans les ronds-points et autres virages, on aura tendance à vraiment ralentir pour ne pas se laisser surprendre par l’effet de « balancier » de l’engin. En dévers et sur sol mouillé, il y a de quoi se faire quelques frayeurs.
Malheureusement, les batteries ne compensent pas non plus. Les 150 km annoncés par la marque ? Largement surestimés. En mode Sport et entre ville et périphérique, la première batterie nous a lâché au bout de 26 km. Pire, le scooter passe soudainement en mode « dégradé » ne dépassant plus les 15 km/h.
En roulant plus Eco au quotidien sans trop en faire non plus, compter 40 km par batterie. À défaut d’avoir plus d’autonomie, on aurait au moins aimé une bascule automatique vers la seconde batterie. Façon Yamaha Neo’s une fois la première vide. Eh non. Il faudra ouvrir la selle, débrancher, et rebrancher. Le câble est-il assez long pour simplement aller chercher la seconde ? Non plus. Il faudra donc intervertir les batteries avant de rebrancher. Le tout pour une autonomie totale limitée… Ça ne vaut pas vraiment le coup, vous en conviendrez.
Pour finir, compter 3h30 de recharge avec le chargeur rapide, et 6 h avec le standard. Soit 7 à 12 h minimum, et à condition d’être dans les parages pour brancher les batteries l’une à la suite de l’autre. Car le chargeur ne permet pas non plus de charge simultanée. Cela commence à faire beaucoup, n’est-ce pas ?
Rieju E-City 3 kW : 5 199 € hors bonus !
Et c’est bien ce qui nous pose problème. Car, admettons-le : à 5 199 € hors bonus scooter électrique, le Rieju E-City 3 kW ne vaut pas le coût.
Nous avons là un scooter au design certes moderne, mais tout sauf distinctif. Au moteur Bosch, mais trop timide et aléatoire dans sa gestion des modes. Au format contenu mais à la répartition improbable du poids. Et enfin, à 4,2 kWh de batteries qui peineront à cumuler 100 km d’autonomie.
À ce prix-là, on se tournera plutôt vers le Horwin EK3, ou encore l’excellent Segway E300SE. Car en l’état, le Rieju est certes fonctionnel, mais très loin de ce que l’on attend d’un « équivalent 125 ». Efficace en ville, il faudra s’armer de courage pour en sortir au quotidien. Et dans ce cas, autant partir sur un bon équivalent 50 à moins cher pour l’urbain de tous les jours. Et vous, qu’en pensez-vous ?
NOTE GLOBALE | |
Confort & ergonomie | |
Conduite | |
Autonomie |
/// un moteur Bosch dans la roue arrière. Celui-ci développe 3 000 W (4 750 W en crête) et 147 Nm de couple, permettant d’atteindre 76 km/h. Davantage un gros 50 qu’un petit 125 \\\ En effet, il me semble l’équivalent électrique des scooters bridés à 75kmh (pour ceux qui avaient seulement le permis auto) dans les années 80 et 90.. J’espère au moins que la couple importante aide à gérer les montées.