Essai scooter électrique Murtas MX2 : la puissance perfectible

Patrice Murtas est un homme du sud, fan de motos. Après avoir proposé des vélos façon motos vintage avec la marque Michael Blast, il a décidé de lancer deux scooters électriques équivalents 125 cm3 pour répondre à Silence. Le plus puissant est le Murtas MX2 et c’est celui que nous avons essayé. Enfin, nous avons essayé un prototype. Mais peu de choses évolueront sur la version de série.

Patrice Murtas est venu à nous, pour nous confier son bébé. Voici des années qu’il travaille sur les MX. Une approche intéressante compte tenu de la passion du bonhomme pour la moto thermique. Nous avions déjà eu l’occasion d’échanger un peu autour de Michael Blast (sa marque de VAE) et selon lui, le scooter électrique apporte une alternative supplémentaire au déplacement urbain. Mais pour cela, il se doit d’offrir un rayon d’action plus important tout en gardant un prix contenu et des performances décentes. Décentes, pour un motard, signifie ne pas s’ennuyer au guidon. Le Murtas MX2 promet alors entre 90 et 140 km d’autonomie et 115 km/h de vitesse maximale pour un prix contenu à 5 990 euros. Le Murtas MX1 est identique, mais ne possède qu’une batterie et une puissance réduite. La promesse est là, et elle est tenue, non sans de nombreux détails gênants.

Murtas MX2 : un design… silencieux !

Le dessin du MX2 est assez inspiré du Silence S01. Le carénage a toutefois été revu pour éviter toute accusation de copie. Qu’importe, ce qui nous intéresse, c’est l’aspect pratique de cet engin affiché à 5 990 euros.

Le design est classique pour un scooter, avec un style plaisant sous certains angles. Seul bémol : sous la pluie, l’eau s’infiltre facilement vers vos jambes et soit une jupe, soit un pantalon de pluie seront nécessaires. Il y a certainement mieux à faire à ce niveau.

Sous la selle se trouve les deux batteries et c’est tout. Il faudra opter pour un Top Case pour loger le moindre casque, à moins de retirer l’une de ces deux batteries (voire les deux). Ce qui fait sens quelque part, puisqu’il est conseillé de ne pas les laisser dans le scooter, afin de décourager les éventuels voleurs. Puis, il faut bien les recharger.

La ligne est à l’image du scooter électrique Silence dont il est inspiré. L’empattement est gigantesque mais nous y reviendrons plus loin.

Les assises sont larges, ce qui a fait le bonheur de votre rédacteur, plutôt gâté par la nature et les graisses saturées. En revanche, les débords latéraux (repose-pieds) sont trop en arrière et vous ne les utiliserez jamais.

Trois béquilles sinon rien ! Le MX2 offre ainsi une béquille latérale de chaque côté du scooter, en plus d’une béquille centrale. C’est vraiment pratique.

À ce propos, le MX2 offre un gabarit contenu avec 210 x 70 x 140 cm. Ce sont 10 cm de moins qu’un Yamaha Xmax 125.

Le tableau de bord (ou l’écran de commande si vous préférez) de notre modèle n’était pas la version définitive. Entendez par là que toute l’interface sera repensée, avec une mise en avant de la vitesse, une connexion à une application permettant de paramétrer pas mal de choses et même l’intégration de l’API Google, afin de profiter de la diagonale de l’écran pour afficher le plan GPS. En l’état, les informations sont trop petites, il y a beaucoup de place perdue et la luminosité pourrait être meilleure (car avec le casque à visière au soleil, ça sera vite problématique).

Le moteur est positionné au niveau du monobras arrière. Patrice Murtas nous a confié avoir voulu un engin facilement réparable par soi-même. Il est donc possible de mettre les mains dans le cambouis. Enfin, dans le moteur par engrenage à bain d’huile. L’avantage est l’absence de chaine ou de courroie pour transmettre le mouvement aux roues. L’inconvénient, c’est que ça ajoute encore plus de poids à l’arrière, délestant l’avant. Il vous suffira d’ôter quelques vis pour accéder au bloc. La facilité de réparation étant devenu un critère prépondérant, c’est un bon point.

Cheap is the new 6 000 euros

Pour le reste, c’est tout de même très bas de gamme. Les manettes de freins sont fébriles, comme la poignée d’accélérateur qui manque de consistance. Les réservoirs de freins commençaient un peu à rouiller et les boutons manquent de réponse (donc avec des gants, on ne sent rien). Le transpondeur en plastique a montré quelques ratés, le vide-poche est ouvert, la fiche allume-cigare n’inspire pas confiance.

Difficile de comparer un scooter thermique à un électrique. D’autant que l’univers des électrons impose des contraintes financières assez lourdes lors de la conception. Patrice Murtas a volontairement misé sur un moteur résistant, des batteries qualitatives de chimie NCM, des fiches de connexion avec verrouillage et un chargeur qui peut charger rapidement le tout sans y mettre le feu. Ces éléments vitaux ont un coût qui se répercute sur la qualité d’autres éléments, moins vitaux eux.

Mais n’oublions pas que les acquéreurs de ce type de scooter viennent de l’univers thermique, qui pour 6 000 euros proposait bien plus. Il va être délicat de les convaincre sans une réelle montée en qualité d’éléments touchés en permanence.

Au guidon : il va y avoir du sport, mais pas forcément de quoi être tranquille

Au guidon, le MX2 délivre des sensations, ce qui est un bon point pour un scooter équivalent 125 électrique. Commençons par ce qui fait plaisir : la puissance. Le MX2 propose 3 niveaux :

  • Le premier limite le scooter à 50 km/h et s’avère très pratique en ville.
  • Le second monte un peu plus haut (75 km/h) tout en conservant une certaine douceur dans l’accélération.
  • Le dernier, nommé « Sport » ira au maximum des possibilités du scooter et de ce qu’offrent les deux batteries

Dans les trois cas, le travail effectué sur les contrôleurs est excellent : l’accélération est en parfait accord avec le mode choisi.

La puissance en mode sport est phénoménale pour un scooter. Le poids de 126 kg aide beaucoup à se propulser. Rendez-vous compte que ce sont 50 kg de moins que le Xmax par exemple.

Le 0 à 50 km/h est abattu en 3,9 secondes. L’intérêt est de s’extirper de situations dangereuses en étant à l’arrêt. Avec ce mode sport, l’accélération est continue jusqu’à 80 km/h. La courbe baisse légèrement jusqu’à 110 km/h, la vitesse maximale obtenue avec un humain de 100 kg aux commandes et une température proche des 4 °C. C’est déjà très bien.

Comme évoqué plus haut, le poids à l’avant est assez faible, tout étant placé au centre assez haut (les batteries) et à l’arrière au niveau de la roue. Le bon point est qu’à ces vitesses, l’inertie reste modérée. Les prises d’angle sont même étrangement saines.

Bref, vous en avez pour votre argent sur ce point. La suite est moins rose.

L’espace aux jambes est très faible ce qui oblige à une position trop droite. Un défaut récurrent sur d’autres électriques. Il y a toujours la solution de se positionner un peu plus en retrait sur la selle, mais ce n’est pas idéal pour les bras.

La bulle montée est ridicule et ne couvre rien. Les contrôles d’angles morts feront travailler votre nuque, surtout à 100 km/h. Patrice nous a informés qu’un saute-vent sera disponible en option.

Le rayon de braquage est à l’image des voitures électriques : limité. Logique compte tenu de l’empattement. Une marche arrière est disponible pour simplifier les manœuvres et nous fait penser à cette scène du début du film Taxi.

Les pneus chinois Yunaxing ont offert une accroche moyenne sous la pluie, plutôt bonne sur sol sec. Pour la petite histoire, le MX2 aurait dû être chaussé de Michelin. Mais la manufacture française ne semble pas si encline à travailler sur les petites séries. Il a donc fallu travailler vite et bien. La Chine a répondu présente.

Le freinage est binaire. Comprenez qu’il n’offre presque aucune progressivité et qu’on ressent un effet ON/OFF. La manette trop cheap n’offre pas de consistance suffisante. Il n’est pas possible de compter sur le freinage régénératif non plus. Ce qui fait beaucoup pour un engin typé sport. Nous nous en sommes sortis, donc n’imaginez pas que vous ne pourrez pas freiner. C’est faux. Le mordant est d’ailleurs bon. Mais le dosage est compliqué.

Enfin côté éclairage c’est très bon, avec une bonne visibilité de nuit et un faisceau large. En revanche, il n’y a pas de retour automatique de clignotant et c’est agaçant, surtout équipé de gants hiver : le point neutre étant au milieu.

Une autonomie de chameau et un super chargeur

Sur le Murtas MX2, les deux batteries de 72V pour 40A chacune sont montées en parallèle. Nous avons donc 72 Volts et 80 Ampères (merci les cours du collège). Cela nous a donné une autonomie située entre 82 km et 97 km, à pleine puissance, avec 120 kg sur la selle (motard et équipement) et la moitié des portions à 110 km/h. Notez que la puissance ne baisse pas si la batterie se vide. Et ça, c’est un excellent point.

Côté recharge, Patrice était fier de présenter son chargeur échappé d’un clip Steampunk. Très bruyant, il est surtout capable de charger les 2 batteries de 2 880 Wh chacune (pour 5 760 Wh au total) en 2h30 pour peu que vous possédiez 2 câbles. Nous n’en avions qu’un. Chaque batterie a demandé 2h18 pour un 20 % – 100 %. Nous n’avons pas réalisé de 0 % – 100 %, mais ce sera certainement sous les 3 heures, mais difficilement en 2h30 comme annoncé.

À l’issue de ces recharges enchainées, le chargeur était à peine chaud.

Le retrait des batteries du scooter demande un peu de bras. Chacune pèse 16,3 kg. À la différence de Silence, il n’y a pas de trolley pour les faire rouler. Mais un petit diable fera l’affaire.

Notez qu’il n’y a pas de prise T2 sur le scooter. Idem pour le scooter qui ne permet pas la recharge en se branchant directement dessus. Dommage : il aurait été intéressant de le laisser branché à une borne le temps de faire ses courses. C’est toujours possible, mais en 230V uniquement.

Murtas MX2 : le bilan essai de notre test

Difficile de craquer à 100 % pour cet MX2, comme il est difficile de blâmer ses défauts. D’un côté, l’engin est pensé pour la fiabilité de ses composants critiques et la puissance. De l’autre, c’est tout de même sacrément cheap à presque tous les niveaux.

Par conséquent, à vous de savoir si vous préférez un engin puissant et endurant, mais qui n’arrive pas à la cheville d’un équivalent thermique en termes de finition et de confort de conduite. Dans ce cas, il vous conviendra parfaitement, si Murtas arrive à les livrer (ce n’était pas encore le cas chez le distributeur au moment de l’essai).

Ou si au contraire, vous cherchez une conception plus flatteuse et une meilleure position de conduite. Ce qui vous exhorte de facto ce Murtas MX2.

Nous attendons les produits finaux pour éventuellement revoir cette conclusion, car en l’état et bien que les prestations soient honorables pour 6 000 euros dans l’univers électrique, il y a encore trop de lacunes à corriger pour vraiment vous le conseiller.

NOTE GLOBALE
Confort & ergonomie
Conduite
Autonomie

 

On a aimé On a moins aimé
  • Le rapport prix/puissance/autonomie
  • Le confort
  • La charge rapide
  • La finition vraiment cheap
  • L’interface doit vraiment être améliorée (c’est prévu)
  • Pas de système de trolley pour les lourdes batteries

 

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Commentaires

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5 Commentaires
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Jerhum
8 mois il y a

Bjr je le trouve assez efficace ce produit  » français » 😉 , serait il idéal pour 1 conducteur d’ 1,7m ? Merci pour l’essai franc et precis

Louis
9 mois il y a

/// sous la pluie, l’eau s’infiltre facilement vers vos jambes […] Il y a certainement mieux à faire à ce niveau \\\

Comment on pourrait remédier ?

/// le moteur est positionné au niveau du monobras arrière […] L’avantage est l’absence de chaine ou de courroie pour transmettre le mouvement aux roues. L’inconvénient, c’est que ça ajoute encore plus de poids à l’arrière \\\

Le poids est concentré à l’arrière aussi avec le schéma beaucoup plus répandu du moteur dans la roue.. Peut-être le véritable problème avec le moteur dans le monobras est le poids concentré latéralement. En tous cas j’apprécie cette solution technique qui a eté adoptée, pour autant que je sache, seulement par le SwapperX https://www.cleanrider.com/actus/zeway-swapperx-le-nouveau-125-electrique-en-5-points/

Louis
9 mois il y a
Reply to  Louis

Erratum : le C1S Pro aussi est équipé de moteur latéral (https://www.cleanrider.com/actus/essai-yadea-c1s-pro-scooter-electrique-serieux-efficace/)

Louis
8 mois il y a
Reply to  Louis
Louis
3 mois il y a
Reply to  Louis