Avec son moteur développant une puissance de 900 W en crête, sa batterie de 540 Wh et sa structure robuste complétée d’un double mécanisme d’amortissement, la Navee S65C promet de vous accompagner en toute sécurité sur vos trajets du quotidien. Mais sa conception étrangement très ressemblante à celle de la Xiaomi Mi Electric Scooter 4 Ultra suffit-elle à en faire un modèle de référence ou une alternative de premier choix ? La réponse est dans notre test.
Sur le marché des trottinettes électriques, il n’est pas rare de constater que des modèles se ressemblent (parfois beaucoup) chez différentes marques concurrentes. Concernant la Navee 65C, les similitudes avec la Xiaomi Mi Electric Scooter 4 Ultra déjà testée dans nos colonnes sont assez simples à identifier. Avouons même que nous avons bien esquissé un petit rictus lorsqu’il nous a été demandé de télécharger l’application mobile de Xiaomi pour connecter notre smartphone à la trottinette de Navee. Nous y reviendrons, comme sur les subtils changements qui existent bel et bien entre ces deux modèles et qui pourraient faire la différence.
Sur la partie technique, la plateforme entre les deux modèles est très proche, en faveur toutefois de la Xiaomi qui fait un peu mieux (sur le papier) côté moteur et capacité de batterie. Si les deux promettent une puissance en crête de 900 W, la Navee affiche une puissance nominale de 450 W contre 500 W pour la Xiaomi. C’est un détail à ce niveau.
En revanche, la batterie de la Navee est de type 36 V – 15 Ah contre 46 V – 12 Ah pour la Xiaomi. Si un rapide calcul permet d’en déduire des capacités respectives assez proches de 540 Wh et 561 Wh, les 46 V de la batterie Xiaomi pourraient faire la différence dans la gestion de la puissance sur la durée et le couple disponible lors de dénivelés positifs sur la route. Concernant l’autonomie, Navee annonce 65 km contre 70 km chez Xiaomi, deux valeurs très proches et, comme toujours, largement surestimées selon nos processus de test.
Navee 65C | Xiaomi 4 Ultra | |
Puissance nominale | 450 W | 500 W |
Puissance en crête | 900 W | 900 W |
Configuration batterie | 36 V – 15 Ah | 46 V – 12 Ah |
Capacité | 540 Wh | 560 Wh |
Autonomie | 65 km | 70 km |
Confort et Ergonomie
La Xiaomi 4 Ultra nous avait agréablement surpris par son confort qui marquait une réelle évolution pour les trottinettes de la marque. Une montée en gamme qui se devait d’être à la hauteur de son prix, bien plus élevé que les autres modèles figurant au catalogue du constructeur. Vendue au prix public de 900 € (en promotion à 700 € jusqu’à Noël 2023), la S65C se doit de répondre aux attentes que nous avons d’un bon EDPM à ce niveau de tarif.
Comme nous le disions, les ressemblances entre la Navee et la Xiaomi sont assez flagrantes, mais quelques différences sont notables lorsqu’on analyse les choses de plus près. Cela tient parfois à de petits détails, à l’image de la sonnette qui est accessible par l’index sur la Xioami sous une forme de gâchette, là où elle se pilote au pouce sur la Navee. Nous avons tendance à préférer l’intégration de la Xiaomi qui, fort de son expérience passée (on l’imagine en tout cas), sait que ce n’est pas une bonne idée d’utiliser le crochet qui sert à fixer la colonne sur le garde-boue, comme petit « marteau » pour la sonnette. En fonction de votre utilisation de la trottinette et du nombre de fois que vous la replierez pour la porter, cet élément peut devenir le maillon faible et, d’ailleurs, chez Xiaomi, ce crochet de fixation est beaucoup plus costaud sur la 4 Ultra pour en assumer le poids de 25 kg environ.
Il aurait donc été souhaitable que Navee en fasse autant, car sa S65C est un peu plus lourde encore : 27 kg. Quoi qu’il en soit, dans les deux cas, la sonnette fait son office. Son tintement est facilement identifiable des autres utilisateurs de la chaussée (on pense surtout aux piétons qui empiètent sur la piste cyclable) qui s’écartent devant nous lorsque c’est nécessaire.
Tout est dans le confort
À l’avant de ces deux engins, les suspensions semblent similaires, elles aussi. Et c’est le cas ! Nous y reviendrons dans la partie « conduite », mais sur l’aspect structurel, les deux se valent. Celle de la Navee en impose peut-être un peu plus, avec des éléments qui semblent plus robustes. Il en est de même pour les suspensions arrière à double bras, aussi efficaces et robustes dans un cas comme dans l’autre.
Concernant le deck, la Navee donne visuellement l’impression d’offrir bien plus de place pour les pieds. Dans les faits, ce n’est pas exactement ça puisque cela tient plutôt de l’illusion. La surface utile du deck mesure environ 58 cm de long (50 cm réellement utiles) par 17,5 cm de large pour les deux modèles, mais les flancs de la Navee sont légèrement tombés, là où ceux de la Xiaomi sont droits. Dans les deux cas, l’espace est bon et on y trouve facilement de la place pour y installer confortablement nos pointures 43.
Concernant la hauteur du guidon (103 cm à l’axe par rapport au deck dans les deux cas) ou encore la qualité des éclairages, c’est match nul. Toutes les deux utilisent des équipements similaires, avec un feu-stop plutôt large et un phare à l’avant relativement puissant, mais qui présente selon nous l’inconvénient de ne pas être du tout orientable. L’avantage, c’est que le cintre du guidon de la trottinette est dégagé et vous pourrez facilement y ajouter un projecteur réglable ou encore un support smartphone.
Les poignées sont quelconques dans les deux cas et proposent le même niveau de confort. La prise en main est bonne, mais la matière n’est pas des plus agréables. La suspension aide à limiter les vibrations qui provoquent une forme d’irritation dans les paumes sur les longs trajets. Nous recommandons tout de même le port de gants pour les déplacements du quotidien sur des routes abimées.
On notera enfin que la S65C utilise également des pneumatiques 10 pouces (10 × 2,5), mais à l’avant la jante à bâtons en lieu et place d’une jante pleine pour la Xiaomi améliore encore un rien la sensation de confort. Les vibrations sont plus estompées encore, comme le franchissement des trottoirs et des nids de poule.
Ces quelques photos ci-dessus traduisent déjà les conditions météorologiques de certaines de nos journées de test. Le froid et la pluie étaient bien présents, ce qui n’était pas sans conséquence sur l’autonomie, et nous n’avons pas même cherché à éviter les flaques d’eau.
Une conception qui pèse sur la balance
L’occasion de rappeler qu’il est très important de bien contrôler la pression des pneus sur ces petits engins. Celle-ci peut varier rapidement et votre compagnon de route pourrait alors souffrir d’une mauvaise tenue de route ou vous imposer une crevaison. Vous trouverez d’ailleurs sur Cleanrider un dossier complet sur « Comment entretenir une trottinette électrique ? » ainsi qu’un comparatif « des meilleurs gonfleurs électriques portables ».
Nous n’avons rien de particulier à signaler sur la procédure de pliage, si ce n’est le mécanisme d’accroche au garde-boue, déjà évoqué plus haut, qui n’a pas notre préférence en la matière. La procédure reste assez rapide et bien connue.
En revanche, nous avons apprécié la qualité de la béquille (comme sur la 4 Ultra de Xiaomi) qui offre une bonne stabilité de l’engin à l’arrêt. Nous avons pu prendre les transports en commun (le train de banlieue) sans craindre que celle-ci ne bascule en raison des secousses.
Ci-dessous, les dimensions de la Navee S65C
Dépliée | Pliée | |
Largeur | 58,5 cm | 53 cm |
Hauteur | 128,5 cm | 56,5 cm |
Longueur | 123 cm | 123 cm |
Au guidon de la Navee S65C
Comme vous l’avez vu avec quelques-unes des photos publiées plus haut, nous n’avons eu aucune retenue à rouler avec la Navee S65C sous la pluie. Sur Paris et ses rues pavées, mais aussi dans notre commune – autrement verdoyante – où la chaussée tapie de feuilles mortes nous invitait toutefois à prendre quelques précautions. Rien de surprenant ni même de franchement dangereux, car la Navee S65C nous a toujours semblé très rassurante à conduire.
Sur notre parcours de test, nous l’avons toutefois trouvé un peu plus mollassonne que sa rivale/copie de chez Xiaomi. Selon nos souvenirs, cette dernière était un rien plus volontaire à l’accélération, comme dans les plus longues montées où l’Ultra ne s’était pas essoufflée aussi vite que la Navee S65C.
Le petit delta de puissance (nominale) du côté du moteur suffit-il à créer cet écart ou s’agit-il simplement d’une cartographie moteur ou d’un BMS un peu différent ? Difficile à dire, mais sur le papier, même si les puissances en crêtes sont parfois fantaisistes, on peut également considérer que la batterie 36 volts de notre la S65C justifie aussi de cet écart de puissance avec l’Ultra dotée d’une batterie de 46 V.
Un rien moins performante que sa rivale ?
Notre frustration à son guidon s’accentue aussi par un constat assez regrettable qui est que la Navee S65C limite sérieusement son allure à 25 km/h et pas un km/h de plus, tout du moins sur le plat.
Toujours sur notre parcours de test, là où la Xiaomi acceptait de se laisser aller en « roues-libres » à plus de 30 km/h quitte à nous signaler le danger à grand coup de bips insistants, la Navee S65C se bride aux alentours des 25 à 27 km/h et joue de son frein moteur pour ne pas laisser le rythme s’accélérer.
Les deux captures ci-dessous nous permettent d’illustrer nos propos. Le graphique du haut représentant l’altitude (en mètre, sur l’ordonnée) sur notre trajet (en km sur l’abscisse). En rouge, on remarque que malgré une forte descente, la vitesse ne dépasse pas 27 km/h, certes, mesurée via le GPS de notre smartphone, mais habituellement, nous n’avons pas de mal à atteindre les 35 km/h dans cette descente. C’est d’ailleurs celle-ci qui nous permet de tester le freinage ensuite. On remarque ici qu’il a été coulant, car nous n’avions aucune voiture en approche en bas de la descente.
En vert, le car inverse nous permet de constater que la perte de vitesse est assez significative sur une montée pour le coup très sérieuse et assez longue. De mémoire, là encore, la Xiaomi 4 Ultra s’en sortait un peu mieux.
Ces autres captures illustrent là encore le même phénomène quant à la limitation de vitesse stricte de la Navee S65C ce qui a eu le don de nous frustrer. La tenue de route est bonne, tout comme l’amortissement et le freinage, et nous aurions apprécié de ne pas être bridé de la sorte dans les descentes.
L’application Xiaomi pour piloter la Navee…
Bon point en revanche, au contraire de notre expérience avec la Xiaomi, nous avons pu demander au constructeur Navee de réinitialiser la trottinette de sorte que nous ayons accès aux réglages du frein moteur.
Nous avons donc pu activer le frein moteur à son maximum, apportant une aide précieuse à l’unique frein à disque. Une force de décélération qui ne sera d’ailleurs peut-être pas du goût de tous tant elle est importante et peut s’avérer désagréable si les trajets sont essentiellement composés de routes planes. De notre côté, nous sommes plutôt à l’aise avec ce type de dispositifs que nous utilisons au fil de nos différents tests de trottinettes (et de voitures électriques).
Attention toutefois, ce frein moteur fait ici partie des plus mordants que nous ayons testés sur un tel gabarit et c’est pourquoi le choix une force de freinage un peu moindre via l’application mobile sera peut-être mieux adaptée pour certains trajets.
Avis aux plus curieux aussi, sachez que si certains constructeurs expliquent l’absence d’une technologie de frein moteur par le faite que la récupération d’énergie est finalement assez peu efficace (c’est vrai !) d’autres évoquent que cela provoque une usure prématurée du BMS (Battery Management System). Ce à quoi Navee répondrait que « le BMS de qualité professionnelle a subi 36 tests rigoureux pour valider ses performances et sa fiabilité » comme on peut le lire sur le site de la marque. Impossible pour nous de valider l’information, mais si tel est le cas, alors la N65C devrait bien vieillir dans le temps.
Pour en revenir à ce frein moteur et à nos essais routiers, il est important de savoir que celui-ci constitue une aide importante. Le seul mécanisme à tambour intégré à notre trottinette ne s’est pas montré incroyable, mais nous ignorons son état dans la mesure où il s’agit d’un exemplaire de test qui semble d’ailleurs avoir subi quelques négligences compte tenu des nombreuses marques blanches sur les flancs et le guidon. Passons. Ces exemplaires qui passent de mains en mains de testeurs ont la particularité de ne pas être révisés par les marques . Il faut ainsi faire avec, quitte à intervenir nous-mêmes sur le réglage des freins ou sur des crevaisons lentes.
Quoi qu’il en soit, il faudra savoir anticiper les dangers, mais la bonne nouvelle, c’est que la S65C reste bien en ligne même si on serre franchement le levier de frein jusqu’à provoquer un dérapage.
Un amortissement qui profite à la tenue de route
Sans surprise, la Navee S65C profite des mêmes forces de la 4 Ultra à savoir un angle de braquage important (environ 80 degrés) qui profite indiscutablement la maniabilité de l’engin dans toutes les situations.
La hauteur du guidon de (103 cm) par rapport au deck nous offre une position de conduite parfaitement adaptée à notre mètre soixante-quinze. La colonne de direction assez droite s’avère être un avantage, tout comme la large surface du deck. On trouve facilement une position de conduite idéale et on apprécie.
Autonomie et recharge
Il est temps désormais d’aborder le chapitre de l’autonomie, avec une précision importante concernant la météo. Lors de nos journées de tests, non seulement la météo était pluvieuse, mais il faisait aussi bien plus froid : environ 10 °C contre 20 °C. Le froid affecte également les batteries de trottinettes, comme le vent, assez présent en cette période et qui s’oppose à nous, ajoutant donc un effort nécessaire pour le moteur.
Conséquence, sur un même trajet, l’endurance de cette Navee S65C s’avère moins bonne. Nous l’estimons ainsi à environ 35 km dans ces conditions contre 42 km pour la 4 Ultra dans ces conditions plus douces rappelons le.
À noter par ailleurs que la perte de puissance survient un peu plus tôt dans ces conditions météo comme en raison des caractéristiques de la batterie. Notre poids de près de 90 kg n’aide pas et gageons qu’un utilisateur plus svelte ira plus loin et profitera plus longuement des performances de la S65C.
Sans surprise, cette trottinette est livrée avec un chargeur lent de type 42 V / 2 A. Lors de nos tests, nous n’avons jamais totalement vidé la batterie. Nous avons aussi pu constater qu’il faut près de 7 h pour passer d’environ 10 % à 100 %. Comme toujours, c’est long, mais là encore les constructeurs ont pour habitude de nous dire qu’un chargeur rapide affecte significativement le coût de la facture avec un équipement dont les utilisateurs ne perçoivent pas toujours les bénéfices. Et puis il va sans dire que les recharges lentes sont plus favorables pour les cellules de la batterie, mais quand même.
L’avis de Cleanrider
Quatre sur cinq, telle est la note finale que nous décernons à cette trottinette Navee S65C. Si celle-ci semble offrir des performances très légèrement en retrait par rapport à la Xiaomi (ayant obtenu la note de 4/5 sur également), nous sommes convaincus que l’écart d’autonomie devrait se resserrer dans des conditions de tests où la météo sera là même pour les deux engins.
Pour le reste, c’est un match assez serré. Pour la lisibilité du compteur, c’est même un match nul et idem sur la qualité du freinage. Cette Navee a même fini de nous convaincre que ces trottinettes à double suspensions agréables à utiliser au quotidien. Enfin, la note de la Navee S65C s’explique également par le fait que son prix de vente profite actuellement d’une baisse de 200 € (700 € au lieu de 900 €) et il se pourrait bien que le prix définitif soit impacté à la baisse lui aussi.
NOTE GLOBALE | |
Confort & ergonomie | |
Conduite | |
Autonomie & recharge |
On a aimé | On a moins aimé |
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