Les trottinettes électriques à moins de 300 € imposent des compromis. Avec la Segway Ninebot E2 Plus, Segway Ninebot a tenté de vous en donner autant que les modèles 2 fois plus chers. Une tentative plus proche du ramage que du plumage, mais une proposition presque idéale pour l’intermodal et les petites distances.
Le temps : plus le progrès nous en fait économiser, moins nous en avons. Donc s’il y a moyen de gagner 15 minutes sur un trajet, c’est toujours bon à prendre. La Ninebot E2 Plus promet beaucoup, pour une dépense modeste. Une fois n’est pas coutume, nous avons utilisé 2 trottinettes pour cet essai. La première est un prototype qui avait pas mal roulé, mais qui manquait de puissance. La seconde est un modèle extrait de la production actuelle, et donc celui que vous aurez en achetant ce modèle en magasin. C’est sur cette dernière version que se base cet essai.
Résumé des caractéristiques techniques
- Poids réel : 14,1 kg
- Puissance : 300W
- Puissance en crête : 500W
- Pneus : 8 pouces pleins avec intérieur alvéolés (donc increvables)
- Dimensions dépliée : 1070 × 445 × 510 mm
- Dimensions pliée : 1130 × 413 × 320 mm
- Vitesse maximale : 25 km/h, mais vous serez plutôt à 22 km/h la plupart du temps
- Autonomie à la vitesse maximale : 12,8 km
- Temps de charge : 7,5 heures pou un 0-100 %, mais 6 heures pour un 0-90 %. Le 20-80 % se fait en 5 h 20.
Design et finition : c’est qualitatif mais volumineux
La finition de cette Ninebot E2 Plus est exemplaire. L’étanchéité est une réalité puisqu’elle a essuyé la pluie, la chaleur suffocante estivale, puis encore de la pluie et du vent. Elle a dormi à l’extérieur pendant toute la durée de l’essai (soit plus d’un mois), sans aucune séquelle, aucune infiltration, que ce soit le phare ou autre.
Le seul câble apparent est renforcé. Le revêtement du deck offre un bon grip, même mouillé. Les pneus, les soudures, l’absence de jeu, la fixation de la potence, il n’y a aucune fausse note. On peut éventuellement souligner l’écran qui se raye facilement. Mais votre smartphone exécutant l’application Ninebot (gratuite, nous en reparlons plus loin) fera un meilleur tableau de bord.
Le pneus sont particuliers : ils sont pleins à l’extérieur, mais alvéolés à l’intérieur. La conséquence est double : ils sont increvables et plus confortables que les pneus pleins traditionnels. On peut ajouter une gomme qualitative qui offre un bon grip, même sur sol mouillé.
Le système de pliage reprend le principe de gâchette à deux temps propre aux trottinettes de la marque. La potence n’a aucun jeu. La finition est conçue pour durer et intelligente. Même les grips des poignées sont agréables au toucher.
Le poids de 14 kg n’est pas idéal. Ce n’est pas si lourd pour un porté ponctuel. En revanche, dans les transports en commun, c’est plus ennuyeux : entre les escaliers sans fin et les changements, ces 14 kg finissent par avoir un poids ressenti bien supérieur, comme à la fin d’une longue et épuisante journée.
Autre bémol : les poignées ne se plient pas. Le guidon est large. Le résultat est un encombrement non négligeable, que ce soit dans les transports en commun, comme pour le stockage chez soi, ou dans le coffre d’une voiture. La compacité n’est donc pas le fort de cette Ninebot E2 Plus.
Les 14 kg de la trottinette ne sont pas des plus légers au quotidien, mais restent supportables, y compris dans les longs couloirs du métro parisien jonchés d’escaliers interminables.
Application : gratuite, complète et esthétique
C’est la troisième fois que nous essayons une trottinette du constructeur. L’application Ninebot est donc connue. Il faut s’enregistrer soi-même pour ensuite enregistrer les trottinettes Ninebot.
Totalement refaite il y a quelques mois et régulièrement mise à jour, elle propose une belle interface. La navigation est aisée, même si l’expérience utilisateur aurait pu être encore plus simple. Notamment au niveau de certains sous-menus. Elle permet d’enregistrer plusieurs modèles. Depuis quelques semaines, il est possible d’appairer et de délier à distance sa trottinette.
Le mode tableau de bord offre un compteur esthétique qui montre la dépense instantanée d’énergie (et donc le gain instantané lors des freinages).
Il faudra investir dans un support de smartphone universel, un achat qui servira aussi bien sur trottinette que sur vélo.
Les gadgets sont inexistants sur la E2 Plus qui possède tout de même un phare et un feu de stop. On peut contrôler le fonctionnement de ce dernier depuis les options de cette application.
Conduite : il ne faut pas être pressé
Ninebot fait des trottinettes bien équilibrées. Entendez par là que cette E2 Plus est stable, enroule bien dans les virages, encaisse bien les irrégularités légères de la route. Gardez tout de même en tête qu’en absence de suspension, seuls les pneus pleins amortissent les chocs. Toutes les aspérités se ressentent au guidon. Il faudra accepter les tremblements.
Un défaut majeur des trottinettes à traction (roue avant motrice) est le patinage systématique lorsque doit lever le guidon pour monter une petite marche ou une bosse. La Ninebot E2 Plus n’y échappe malheureusement pas.
Le frein arrière est à tambour. Le câble offre un réglage fin comme sur les vélos. La course est suffisamment importante pour doser avec précision l’intensité du freinage. Mais, essais oblige, nous avons souhaité vérifier le risque de dérapage et il est réel. Dans le sens où en freinant fort, la roue arrière peut se bloquer et vous faire déraper. Mais, malgré nos nombreux essais (plus de 50 durant le mois d’essai), la trottinette a toujours filé droit. Le risque est donc faible.
Les roues de 8 pouces sont suffisamment larges pour garder un bon contrôle en cas d’aspérité et assez fine pour offrir une bonne agilité à cette E2 Plus. Nous pouvons donc la classer parmi les trottinettes très accessibles et adaptées aux débutants.
L’avantage de ce type de trottinette robuste, c’est qu’elle est idéale pour des ados, plus sécurisante qu’un scooter, beaucoup moins chère qu’une Citroën Ami, et nettement plus versatile. Elle s’emmène partout et permet de gagner du temps.
Ninebot a une bonne maîtrise des construction de trottinettes : l’E2 plus est facile à conduire, la prise d’angle tout à fait possible. La tenue sur sol mouillée bonne pour des pneus pleins et la sensation de sécurité qui s’en dégage bien réelle.
Le manque de puissance est toutefois flagrant. L’accélération est trop longue. Les démarrages sont interminables. Se lancer lorsque le feu passe au vert est un combat. On a plus vite fait de patiner ou de pousser la trottinette à la main. C’est dire.
La puissance maximale permet d’atteindre les 25 km/h en 37 secondes lorsque la batterie n’est pas sous les 20 %. Le temps passe ensuite à plus d’une minute, sur sol plat, sans vent. En réduisant le poids du rider de 100 kg à 60 kg, il y a sûrement moyen de réduire un peu ce délais.
Concernant les montées, on ne fera guère mieux que du 5 % et à une vitesse moyenne oscillant entre 15 et 20 km/h.
Autonomie et recharge
On arrive au plus gros point faible de cette trottinette. Commençons par la charge, extrêmement lente, puisqu’il faut 7 heures pour une charge pleine. Cette charge nécessite un chargeur spécifique à ce modèle. Une hérésie quand on sait que le chargeur Ninebot est le même depuis 10 ans. Il est certes plus compact, mais ce n’est pas ce qui est demandé. Petite astuce toutefois, les derniers 10 % prennent à eux seuls 1h30. Donc couper la charge à 90 % permet de réduire le temps de 20 %, qui reste tout de même beaucoup trop long.
Mais le plus embêtant, c’est que cette longue attente se solde par une autonomie qui peine à dépasser les 12,8 km sur sol plat, par une température idéale de 27 °C, avec un rider de 100 kg. Au-delà, la vitesse descend à 15 km/h, puis rapidement 10 km/h.
On ne dépasse donc pas les 13,4 km d’autonomie dans des conditions de température idéales. C’est une moyenne peu élogieuse, mais qu’on pourrait tolérer compte tenu de la qualité de fabrication, de la fiabilité et du prix de la trottinette. On le pourrait si la recharge n’était pas aussi longue. C’est réellement un « dealbreaker » comme le disent les anglo-saxons. Car cela fait passer la Ninebot E2 Plus d’un engin de mobilité pratique à un gadget à l’usage (et donc l’intérêt) limité.
Nous sommes donc face à une trottinette à faible autonomie et qui met beaucoup de temps à recharger. Un comble quand on sait que l’ancienne D28, du même constructeur, mettait presque trois fois moins de temps pour offrir une autonomie similaire.
L’avis de Clean Rider
Pour le prix demandé, cette E2 Plus en offre beaucoup. Mais ne nous leurrons pas, à 299 €, les concessions restent nombreuses. Le problèmes, c’est que certains choix pénalisent la trottinette sur des points pour lesquels on achète des modèles de cette gamme.
Le poids de 14 kg mesurés est un peu élevé pour un usage en intermodal (transports en commun, coffre de voiture). La compacité n’est pas son fort non plus (poignées non pliables, longueur du deck importante). L’accélération manque de puissance et les 25 km/h mettent du temps à arriver.
La charge maximale de 90 kg se comprend mieux, puisqu’elle grève les performances de manière significative : la Ninebot E2 Plus aime les gens plutôt légers. L’autonomie est vraiment limitée à 12,8 km. Au-delà, il faudra faire avec une accélération inexistante et une vitesse maximale de 10 km/h, sur sol plat. Si ça monte légèrement, on ira plus vite à pied.
Enfin, le chargeur spécifique à ce modèle est déjà une gageure. Mais surtout, la charge est interminable, ce qui empêche de cumuler 2 recharges par jour, par exemple, et positionne cette trottinette dans la case gadget plutôt qu’outil de déplacement.
D’un autre côté, la trottinette est plus robuste et mieux finie que certains modèles à 1 000 €. Elle a survécu à la pluie, au déluge et à la canicule. Exposée dehors pendant plus d’un moins, sans broncher. Les pneus pleins et alvéolés à l’intérieur sont confortables et adhèrent très bien à la route, même sur sol mouillé. Le freinage est bon et la conduite facile et agréable. L’éclairage est également puissant. L’application est réussie et complète, une habitude désormais chez Ninebot.
Nous conseillons cette E2 Plus aux personnes qui souhaitent se déplacer sur des courtes distances, pour faire des courses ou se rendre à un endroit proche, en 4 fois moins de temps qu’à pied. Mais concernant l’intermodal, elle ne sera pas la plus facile à transporter. Idem pour la place qu’elle prend dans le coffre d’une voiture, qui limite les possibilité de l’embarquer en vacances avec vous par exemple). Sa puissance est trop faible, mais convient aux débutants. Son autonomie est limitée, ce qui ne serait pas un problème, surtout vu le prix demandé, si le temps de charge n’était pas aussi ridiculement élevé.
Néanmoins, pour 299 euros (et souvent moins en promotion), vous avez la meilleure finition dans cette gamme de prix, et la capacité de vous en servir par tous les temps et surtout, une trottinette sécurisante et facile à rouler. Reste à voir si ses défauts sont rédhibitoires pour vous ou non.
NOTE GLOBALE | |
Application | |
Équipement | |
Conduite | |
Autonomie |
On a aimé | On a moins aimé |
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Je déconseille cette trottinette. Régulateur de vitesse désactivé (merci l’Europe), aucune puissance dans les montées, faible autonomie et charge super lente… Ce modèle a un défaut, si vous roulez sur des graviers, ils viendront se coincer au dessus de la roue avant, entre le garde-boue et le pneu, occasionnant une usure forcée et un bruit désagréable (jusqu’à ce que vous décidiez de démonter la roue pour les retirer et personnellement, je n’ai pas le temps ni l’envie).