La gamme Xroad de Moustache doit sa popularité à son positionnement à cheval entre le vélo loisir, le vélotaf et le vélo sportif tout terrain. Elle a d’ailleurs droit à 10 déclinaisons. Ce Samedi 27 Xroad 2, dans sa version Smart System tente de convaincre par son côté connecté, tout en restant parmi les premiers choix. Mais il subit, de plein fouet, la concurrence des autres modèles de la gamme et des autres vélos tout court.
La gamme Xroad de Moustache est au vélo, ce que le SUV est à l’automobile. Une volonté de faire tout et si possiblebien, voire très bien. Un concept qui semble fonctionner puisqu’il a donné lieu à une branche spécifique de la catégorie vélos urbains appelée trekking.
Le constructeur vosgien a offert à sa gamme pas moins de 10 déclinaisons différentes. Le Samedi 27 Xroad 2 Smart System se positionne juste après l’entrée de gamme (le Samedi 27 Xroad 1). Si c’est un bon vélo, il est le choix le moins intéressant, pour beaucoup de raisons que nous allons découvrir…
Application : jolie mais peu intéressante
Second choix dans la gamme XRoad, cette seconde option embarque le nouveau module Bosch Smart System, associé à un écran Intuvia. L’application à utiliser s’appelle Flow et se télécharge sur le Play Store (Google) ou l’App Store (iOS). L’écran est sans fil. Celui du modèle à l’essai avait sa pile fatiguée. Heureusement, celle-ci se change facilement (une CR2034 et il est reparti pour un tour).
Quand il fonctionnait, l’affichage monochrome avait des pixels très visibles. Mais qu’importe car il était parfaitement lisible et son rétroéclairge de nuit était très agréable.
Jusque-là tout va bien, d’autant que l’application, simple, reconnaît immédiatement le vélo.
On y trouve un GPS qui fonctionne plutôt mal, subissant des erreurs de parcours récurrentes qui faussent de facto les statistiques.
Le système de traçage via le ConnectModule de Bosch est en option (99 €) et non fourni ici. Il s’agit d’un module doté d’un traceur et de sa propre batterie à connecter sur le moteur. Une opération qui nécessite de se rendre chez un revendeur officiel. Il permet de bloquer le moteur à distance et de suivre son vélo en cas de vol. Cette option nécessite un abonnement à 39,99 euros par an ou 4,99 euros/mois. Une alarme est également intégrée.
On a enfin l’autonomie restante estimée selon les modes choisis. Cette estimation est d’une justesse remarquable. C’est d’ailleurs le seul point intéressant dans la mesure où Stravia offre un pannel certes payant, mais tellement plus large et précis d’informations utilisables que ce qui est proposé ici.
On reste donc dubitatif. Car cet aspect connecté place ce XRoad 2 au prix de la version non connectée, mais équipée d’une transmission Nexus. Une différence de taille, car pour les 3 599 euros demandés, on se contente ici d’une transmission Altus, le bas de gamme de chez Shimano.
Cela nous amène à l’équipement.
Un équipement en demi-teinte
Ce Xroad 2 a imposé des choix de la part de Moustache. L’équipement souffle le chaud et le froid. Par exemple, la fourche SR Suntour XCM ATB de 80mm (verrouillable) offre ce qu’on attend en descente sur chemins de terre, avec 120 kg sur le vélo.
Le cadre en aluminium hydroformé associe résistance et qualité de finition (notamment grâce à l’absence de soudures). L’éclairage avant manque de diffusion mais s’avère un peu juste. Les freins, du Shimano MT200 n’ont plus à faire leur preuve et il a été possible d’arrêter le vélo lancé à 50 km/h, en descente, en une vingtaine de mètres, avec un contrôle total de la force de freinage. Le moteur Bosch Performance Line offre 75 Nm de couple, ce qui permet de monter des pentes sévères mais nous en reparlerons plus loin.
Deux points viennent entacher ce joli tableau : la transmission Altus qui va être moins durable qu’une Deore et le poids, colossal, de 25,8 kg.
On passera les pneus Hutchinston Python 2 de 27,5 pouces de diamètre par 2,10 pouces de large. Je les ai sur mon VTT personnel. L’adhérence est à la fois excellente sur sol sec, surtout sur terre, et mauvaise sur sol mouillé. Ici c’est un choix de polyvalence, puisqu’il n’y a pas beaucoup de modèles qui sont à l’aise sur route et sol meuble.
La batterie d’une capacité de 500 Wh est dans la moyenne de ce que les vélos de plus de 3 500 euros proposent aujourd’hui. On trouve des capacités de 625 Wh dans ces prix-là également.
Les garde-boues en métal (aluminium exactement) et le porte-bagages en norme QL3 sont fournis de série. Le siège enfant est en option.
Mais les caractéristiques techniques ne font en rien un bon vélo. Nous passons à l’essai sur terrain.
Au guidon
Moustache sait faire des cadres de vélos. Entendez par là que les géométries sont toujours très bien étudiées. Sur le Xroad, la position est semi sportive. La selle est plus basse que sur un vélo de ville de type hollandais. Ce qui implique de courber le dos et d’exercer plus d’appui sur les bras. Pour compenser cela, le cintre est plus large. Il en résulte un meilleur contrôle à la fois assis, mais surtout debout.
Ce qui en fait, en théorie, un vélo aussi à l’aise sur route qu’en descente ou en dehors des zone bitumées. Le vélo est vif, facile à diriger. Les 25,8 kg se ressentent à l’entrainement, mais pas en virage. Le centre de gravité est bas mais la position de la batterie dans le cadre et le poids général engendrent un peu d’inertie. Notez que le guidonnage est présent et oblige à garder les mains sur le cintre.
Le système Bosch adapte l’assistance en fonction d’une combinaison capteur de couple et capteur de pression. Là encore, l’expérience se ressent dès le premier coup de pédale. L’assistance est parfaitement calibrée, n’a aucune latence et s’intensifie idéalement selon le besoin du cycliste.
Le freinage est excellent : progressif, puissant, endurant. Le passage de 25 km/h à 0 km/h se fait en 4,2 m. C’est court. Mais ça pourrait l’être plus, avec des pneus offrant plus de grip (ce qui réduirait en revanche l’autonomie).
Le moteur délivre 75 Nm de couple. Il fallait donc le soumettre à rude épreuve. Ci-dessus, une pente très raide sur une cinquantaine de mètres. Le plus grand pignon et le mode turbo de l’assistance n’ont pas été suffisants pour grimper sans effort. Mais ils permettent de mettre l’épreuve à la portée de tous, ce qui est totalement l’objectif du vélo à assistance électrique.
L’assistance reste constante et ce, jusqu’à ce que la batterie soit vide. Pas de baisse de puissance, pas de limitation en vitesse. C’est ce qui distingue les motorisations haut de gamme du reste.
En tout-terrain
Afin de voir un peu ce qu’il avait dans le ventre, nous avons emmené le vélo électrique de Moustache en forêt. Les 80 mm de la fourche ne sont pas de trop. On se retrouve même à taper la tête de fourche lorsqu’on prend les creux avec de la vitesse. C’est rare, mais ça montre la limite de la gamme par rapport à aux VTT électriques.
Le contrôle général est très bon, le comportement du vélo est sain. Malgré les efforts réalisés pour le déstabiliser, le Xroad n’a jamais été mis en défaut. Mais son poids engendre pas mal d’inertie. On est plus proche du loisir tout terrain que de la pratique régulière. Ce qui est tout à fait normal et le but de la gamme. On est même au-delà de nos attentes sur ce domaine. En revanche, la transmission Altus n’aime pas être bousculée. Les vitesses se calent correctement mais sont moins tolérantes envers les moments trop importants infligés au pédalier. Les pneus, sur ce plan, ont été excellents sur sec. Nous n’avons pas pu les essayer sur terre mouillée.
Sur la route
Sur le bitume, c’est une autre limonade. Utilisé avec un siège enfant, le Xroad a offert un excellent confort et une très bonne stabilité. La gomme généreuse des Python et la fourche suspendue à l’avant ont bien filtré les trous et aspérités de la route. Mais on ressent le surplus d’effort imposé par les pneus large à crampons. Ce n’est pas tout. Pour le coup, l’essai a pu être réalisé sur revêtement mouillé, avec une grosse pluie après une période bien sèche (et donc un sol gras). Ce n’était pas idéal et la roue avant a eu du mal à adhérer, l’arrière a bloqué sur un freinage pas si appuyé que ça. Aucune perte de contrôle n’est cependant à déplorer.
Une fois la batterie HS, sachez que l’éclairage peut toujours être utilisé. Pratique pour rentrer la nuit. Le moteur est totalement débrayé lorsqu’il est éteint. Mais la masse du vélo reste trop importante pour espérer enchaîner les kilomètres. C’est le problème de ces vélos électriques de plus de 20 kg. D’un autre côté, ce poids est lié à l’autonomie (moteur efficient, batterie de grosse capacité aux cellules qualitatives).
Autonomie
Cette nouvelle génération de moteurs Bosch est très efficiente, ce qui permet de parcourir pas mal de kilomètres malgré la capacité de 500 Wh.
Lors de l’essai, 53,3 km ont été parcourus, avec un sac de 10 kg sur le dos et un cycliste de 110 kg sur la selle. Le tout en mode Turbo non-stop et éclairage allumé avec une température autour des 25°C. Avec ce mode turbo, on ne fait réellement aucun effort. Même les montés raides n’ont pas demandé tant d’énergie musculaire que ça.
Le trajet était mixte, associant route et terre. Il y avait quelques montés dont une bien raide de 200 mètres, qui ont forcément débouché sur des descentes durant lesquelles le moteur n’était pas sollicité. C’est une belle performance et une personne de 75 kg en mode auto pourra aisément parcourir 80 km en été et 65 km en hiver. Cette autonomie est donc la valeur la plus basse que vous puissiez atteindre. Le minimum possible.
Le temps de charge pour un 0-100 % a été de 3h 17 min avec le chargeur 4A fourni. Il tombe à 1h23min pour un 20-80%. La recharge se fait soit via le port sur le vélo. Soit en retirant la batterie (la clé est nécessaire, comme pour tous les vélos). La fiche de connexion est identique. Le chargeur est étrangement léger par rapport à son volume. La batterie, elle, fait 3,2 kilos. Notez qu’on peut également charger la batterie depuis le vélo.
L’avis de Cleanrider
Beau, bien conçu, performant, endurant, ce Xroad 2 signerait presque un sans-faute s’il n’était pas concurrencé, au même prix, par son homologue équipé en Nexus. On se retrouve alors à choisir entre un système connecté Bosch, à l’interface léchée mais à la pertinence discutable, ou une transmission à moyeu Nexus plus efficace que l’Altus dont est pourvue le modèle de notre essai.
Sachant qu’il existe des applications bien conçues offrant bien plus de fonction, et qu’un traceur GPS comme un Apple Airtag assurera un suivi aussi pertinent, on aura tendance à favoriser les composants du vélo plutôt qu’une partie software.
Au-delà de la concurrence interne, le poids est trop important pour cette gamme de prix face à des propositions également abouties. Oui, Moustache fait de robustes et bien jolis vélos, qu’on prend plaisir à rouler. Mais la concurrence le fait également. Les nouveaux moteurs Bosch, plus légers, devraient permettre au constructeur vosgien de revoir ce point. Car le problème majeur d’un vélo à assistance électrique trop lourd, c’est qu’on ne l’emmènera jamais au-delà des 25 km/h de l’assistance, les efforts demandés étant trop importants.
NOTE GLOBALE | |
Application | |
Equipement | |
Conduite | |
Autonomie |
On a aimé | On a moins aimé |
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Oui et non
Je possède la version non connectéés du xroad 2open depuis presque 3 ans.
Vos remarques sont justes puisque de mon côté j’ai fait remplacer des l’achat la batterie par une 625w puis un mois apres j’ai remplacé l’altus par une copie de deore 10v en 11 46 (au lieu du 11 42), monté un tube de selle suntour à pantographe et changé les pneus pythons inutilisable l’hiver et vraiment trop sujet aux crevaisons en forêt par des marathon+ couplés à des chambres à air auto-obstruantes.
Depuis nous avons réalisé avec mon épouse (xroad3 open) de 4000 km en tout chemin sans la moindre crevaison ni le moindre problème mécanique. À noter que nous tirons très souvent une remorque croozer avec notre animal de compagnie. Dans cette configuration le poids total roulant atteint avec 2 sacoches remplies et mes 120 kg pratiquement 195kg.
En mode tour, toujours dans cette configuration extrême, j’atteins 75 km d’autonomie sur parcours mixtes.
Sans remorque nous avons déjà fait quelques belles balades entre autres
Un Bordeaux – Toulouse
Une boucle de plus de 100 km en Normandie
Et régulièrement des balades de 70 km par chez nous dans la campagne yvelinoise.
Effectivement le vélo est un peu lourd mais extrêmement robuste .
Après avoir pris quelques gamelles il n’a jamais bougé. Les roues sont excellentes montées en 32 rayons elles permettent de s’engager même chargé dans des passages que je n’en prendrai pas avec d’autres types de vélo.
Une chose est certaine ce vélo et non connecté et cela ne me dérange absolument pas. Rien ne vaut un smartphone avec une batterie supplémentaire de 10Ah pour bénéficier d’un guidage précis et sans limitation d’autonomie.
J’adore moustache et pour avoir essayé dernièrement un proto d’un distributeur bien connu ils ont intérêt à se bouger…. Les nouvelles génération de vae et pas forcément avec des motorisations Bosch, vont en révolutionner les usages.