On a testé le Moustache J. Automatiq : le vélo électrique idéal ?

À peine annoncé et déjà essayé ! Moustache annonce aujourd’hui les J. on et J. all Automatiq. Comme l’indique le nom, le moteur à variation continue Enviolo est désormais couplé à une boîte de vitesses automatique qui promet de rendre la conduite particulièrement intuitive. Si les équipes de Moustache le désignent comme un « vélo de rêve », c’est tout simplement parce que ce vélo serait désormais équipé de telle sorte que vous n’aurez pas à vous préoccuper des moindres aspects techniques, pour apprécier encore plus vos balades. Reste à savoir si la promesse est tenue. Cleanrider vous livre ses premières impressions à l’occasion d’une rapide virée dans les rues de la capitale.

En septembre dernier, nous vous proposions le test du Moustache J. all, véritable vélo électrique haut de gamme du constructeur français. Rompant, d’une certaine manière, avec les dénominations habituelles de la marque, le J. aurait pour objectif d’incarner “un nouveau jour”. Voilà qui est très inspiré de la part de Moustache pour qui baptise ses vélos par des jours de semaine.
Quoi qu’il en soit, ce vélo électrique Moustache J. est d’ores et déjà proposé en de multiples déclinaisons, J. on Nexus, J. on et J. all Enviolo, ou encore J. all J. off Shimano Cues. Une gamme supposée répondre aux besoins de chacun… enfin de ceux qui en considèrent l’achat comme un investissement et qui sont disposés à débourser a minima 5 199 euros : le prix du ticket d’entrée.

Ce positionnement haut de gamme, le constructeur français l’assume, élevant même encore le standing avec l’annonce ce 15 avril des J. on et J. all Automatiq. Comprenez que le moteur à variation continue Enviolo intégré dans le moyeu est ici couplé à une boîte de vitesses automatique. De quoi rendre la conduite très fluide, très agréable, mais surtout très intuitive.
Un modèle proposé à partir de 6599 euros que nous avons pu découvrir et prendre en main dans le cadre d’une présentation parisienne. L’occasion de nous faire une première idée sur ce que vaut le “le vélo dont Moustache a toujours rêvé”.

Une conception de haute volée

Nous vous avons déjà régulièrement parlé de la qualité de fabrication des modèles vosgienne. Ne boudons cependant pas notre plaisir, car il faut bien reconnaître que le J. est assurément un mastodonte sur le marché – si on fait exception des vélos cargos/porteurs – et sa conception atteste de quelques caractéristiques qui ont dû peser sur la facture des équipes de R&D.

A commencer par la création du moule qui a permis de créer ce cadre en alliage d’aluminium (AlSi10Mg T6), conçu en une seule pièce à la finition impeccable. Une pièce moulée par gravité qui permet à Moustache de « tout maîtriser » jusque dans les détails. Et par là, nous pensons bien sûr d’y apposer sa griffe directement dans la matière, mais ce n’est pas le plus intéressant. Nous reprochons souvent à certaines marques la qualité des soudures apparentes. Sur le Moustache J Auto, il est impossible que ce soit le cas, puisqu’il n’y en a pas.

Le cadre en alliage d’aluminium du J. sorti de son moule

Une belle pièce de fonderie qui à elle seule nécessite plusieurs étapes et un peu de logistique. En effet, si les cadres sont fabriqués en France, ils sont d’abord coulés à Vitrolles (dans les Bouches-du-Rhône), puis usinés à Poligny (Jura) puis envoyés à Schirmeck (en Alsace) pour être thermolaqués. L’assemblage des deux parties de son cadre puis le montage du vélo se termine dans les ateliers de Moustache dans les Vosges. Certes, les pièces voyagent, mais Moustache le rappelle : en ayant sélectionné ses partenaires experts en France, les cadres ne parcourent plus 15 000 km, mais plus que 1000 km avant d’être assemblés.

En bout de chaîne, Moustache propose d’ailleurs de les peindre dans des coloris mats très réussis. Des peintures en poudre qui ont pour elles de ne pas utiliser de solvant. Selon nous, le noir de notre modèle d’essai, trop basique, ne rend pas honneur à ce J. Automatiq. La couleur Olive a clairement notre préférence, mais c’est une affaire de goût.

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Un cadre robuste et sur mesure

Ce cadre moulé sur mesure a également permis à Moustache de tout prévoir pour les passages de câbles. Résultat, ces derniers sont à peine visibles puisqu’une fois qu’ils quittent le cintre, ils disparaissent dans la structure. C’est très propre, mais aussi très robuste. La géométrie si spécifique du J. Automatiq permet de créer un cadre non seulement très ouvert pour faciliter l’accès à tous les utilisateurs, mais d’y associer une suspension qui, on ne vous le cache pas, s’est montrée efficace sur les pavés parisiens. En tout cas, cela a été le cas sur notre J. all Automatiq, car les équipements sont un peu différents sur le J. on Automatiq. Côté amortissement, on trouve d’abord sur notre modèle une fourche Suntour XCR 34 – 120 mm, qui travaille plutôt bien. Surtout que les pneus Schwalbe Johnny Watts en 27×2.6 contribuent aussi à absorber les défauts de la route. Le J.on Auto est équipé de pneus Super Moto-X en 27 x 2.4 et d’une fourche Suntour Mobie 25 – 100 mm.

En revanche, en position centrale, on retrouve dans les deux cas le système “magic Grip Control 115 mm, déjà testé et approuvé lors de notre première découverte du J. Ce système est installé juste au-dessus des pédales, fixées entre le bras oscillant de la roue arrière, et la colonne qui accueille la selle – montée sur une tige télescopique. Il faut bien le reconnaître, que l’ensemble est très efficace. Là encore, notre configuration J. all compte une particularité puisqu’il est équipé d’un porte-bagage compatible MIK HD et QL3 qui pourra emporter jusqu’à 27 kg de charge.

La bonne nouvelle, c’est que ce même porte-bagage est conçu de sorte qu’il est lui aussi amorti par le système Magic Grip et que les chaos du revêtement sont là aussi absorbés. C’est pour cela d’ailleurs qu’on trouve sur le moteur une “gâchette“ qui permet de rigidifier un peu l’amortissement et ainsi compenser la surcharge de poids. Pour en finir, tout cela est en prime conçu de la sorte que Moustache n’a pas créé d’élément flottant/suspendu dans la chaîne de traction. Comprenez que l’effort appliqué sur les pédales ne sera pas soumis à une déperdition provoquée par une suspension qui pompe.

Enfin, outre ses partenaires en charge de la partie structure, Bosch est l’un des partenaires technologiques de longue date de Moustache. C’est pourquoi on trouve ici le moteur Performance Line. Annonçant une démultiplication de 380 %, celui-ci est couplé à une batterie PowerTube 625 Wh et une console Kiox 500 pour le côté “Smart System” déjà évoqué dans notre précédent test.

Un vélo pour les passionnés et geeks sur les bords

Lors de cette rapide prise en main, nous n’avons pas eu l’occasion de nous familiariser avec l’application mobile qui permet de personnaliser l’affichage de la console Kiox 500. Il est toutefois de notoriété publique que celle-ci fait référence en la matière. D’abord par un point que nous avons pu vérifier : sa lisibilité ! Impossible de ne pas y voir clair sur cet écran de 2.8 pouces. D’abord parce qu’il est grand, avec 7 cm de diagonale environ, mais aussi parce qu’il offre une multitude de « pages » sur lesquelles vous pourrez définir tout ou partie des informations que vous souhaitez y voir s’afficher.

C’est assez redoutable selon nous, non seulement pour le confort que cela procure, mais aussi pour le côté valorisant de la chose. La clientèle qui achètera un tel vélo près de 6600 euros ne voudra pas seulement un bel écran numérique pour récupérer à la volée n’importe quelle information pendant qu’elle évolue dans le trafic. Elle voudra aussi avoir une console de bord capable d’enregistrer les moindres données de télémétrie.

Que ce soit durant les jours de la semaine, entre la routine matinale qui consiste à déposer un jeune enfant à l’école puis se rendre au travail, mais aussi à l’occasion d’un “jour nouveau”, partie en quête d’une nouvelle virée guidée par « Komoot » (par exemple). Bref, il ne fait aucun doute que cette console Kiox 500 saura se faire apprécier, d’autant qu’elle sert aussi à sécuriser, un rien, le vélo. En effet, une fois ôté du support, il n’est pas possible d’allumer le vélo.

 

La simplicité pour maître mot

Comme nous le disions, notre première découverte s’est déroulée à l’occasion d’une balade dans les rues de Paris. Chanceux que nous étions – à moins que nous ayons eu le nez creux – nous étions au guidon du J. Automatiq lorsqu’il a été question d’aborder la partie qui nous menait sur les hauteurs de Montmartre. Dans ce contexte, pas de pitié pour l’assistance ! Poussée au maximum, c’est elle qui se chargera pour l’essentiel de nous assurer de monter. Comme nous prenons un certain plaisir à essayer de le faire à bon rythme, il nous faudra toutefois y ajouter une dose d’effort musculaire. D’autres seront sans doute plus à l’aise que nous, mais les presque 30 kg de l’engin ne passent pas inaperçu et les montées sont assez raides.

 

Cependant, à y réfléchir comme un utilisateur lambda qui préfèrera sans doute apprécier le décor plus que de se focaliser sur le comportement de sa monture, on se rend bien compte que le Moustache J. Automatiq est non seulement rassurant et confortable sur ces pavés, mais aussi d’une simplicité remarquable. La transmission Enviolo à vitesses automatiques offre une assistance linéaire et dépourvue d’à-coup… ou presque. En effet, quelques impulsions sont à anticiper lorsqu’il faut relancer le vélo et que l’assistance se met en branle. Cela reste toutefois moins brutal qu’un moteur à la conception quelconque qui délivrerait tout son couple au premier tour de manivelle. D’ailleurs, cela est surtout vrai si vous forcez le mode “Turbo”. En mode Auto, le comportement est beaucoup plus progressif.

Sur le papier, ce J. ne manque pas de couple avec une valeur de 75 Nm renseignée, correspondante au moteur Bosch Performance Line. Compte tenu du poids de l’engin, il ne faudra pas compter à tous les coups sur un effet mobylette qui vous mènera vers les plus hauts sommets sans effort, mais la polyvalence de l’assistance est réelle.

Lors de nos essais, nous n’avons pas réellement pris le temps de nous faire une idée sur le comportement du mode “éco”. Cependant, sorti du plat, là encore celui-ci devrait avoir bien du mal à vous assister efficacement pour tracter l’animal. Ainsi, nous avons surtout utilisé le mode Auto, donc l’intelligence est bonne. La position de conduite en hauteur et assez droite trouve toujours grâce à nos yeux, comme l’agilité de ce J. Automatiq qui, s’il n’a pas l’encombrement d’un vélo porteur, reste un beau bébé. Mais heureusement, l’équipement permet de mettre cela de côté grâce à un moteur plutôt volontaire.

Côté freinage, les remarques de notre collègue Matthieu qui a testé le J. semblent avoir porté leurs fruits puisque Moustache a équipé ce J. Automatiq d’un système Magura, sans doute plus qualitatif que le kit Alhonga. Un freinage hydraulique qui opère sur des disques de 160 mm, à l’avant comme à l’arrière. C’est convenablement dimensionné, sans plus. Même si la virée représentait assez peu de kilomètres, la sensation de sécurité procurée par ce vélo est réelle, car pour le reste, tout va bien. “Attention, la route est glissante” nous rappelaient les équipes de Moustache qui nous accompagnaient. Mais pour nous pas problème, les pneus semblent efficaces et l’amortissement filtre suffisamment les rebonds des pavés pour ne pas être inquiété outre mesure – sauf à vouloir défier les lois de la physique.

L’expérience est d’autant plus agréable que la transmission automatique Enviolo réduit à néant la nécessité de … réfléchir ! Côté gauche du cintre, on choisit la puissance de l’assistance et le côté droit, on tourne la poignée… Ah bah non ! Côté droit, il n’y a rien ! Exit la poignée rotative de l’Enviolo avec sa petite représentation d’un cycliste qui évolue sur le plat ou sur une côte… ça, c’était avant la boîte auto !
Résultat, la conduite est d’une facilité déconcertante en toutes situations, à un détail près et néanmoins nécessaire. Pour calibrer ce rapport « niveau d’assistance électrique/effort physique« , Moustache a déterminé que la cadence de pédalage serait de 65 tours de pédales par minute. Cela tombe bien, les différents essais que nous avons menés au guidon de vélos dotés de ce type d’assistance tendent à confirmer que c’est une cadence qui nous va bien. Cependant, cela pourrait ne pas être votre cas. Rassurez-vous, vous ne serez pas bloqué pour autant. Il vous suffira de vous rendre dans les menus du système Bosch Kiox 500 pour modifier ce paramètre.

Nous ne sommes pas en mesure sur cette rapide découverte de vous confirmer ou infirmer que modifier ce réglage affecte comme on le souhaite le comportement de l’assistance et l’agrément de conduite. Nous gardons en tête un excellent souvenir de la technologie concurrente que nous avions éprouvée sur le Decathlon LD920e, dotée lui aussi d’un moteur à transmission automatique offrant un agrément de conduite vraiment très appréciable.

 

Un vélo électrique pas toujours si silencieux que cela

Dans l’ensemble, cette première expérience était concluante par son rapport à la simplicité d’utilisation de l’assistance électrique et par l’agrément de conduite. Tout est fait pour vous faire oublier la technicité du pilotage – qu’on aura néanmoins plaisir à retrouver sur un VTTAE, par exemple – au profit d’un plaisir démultiplié, consacré à apprécier les paysages. Petit trait d’humour/de réalisme, dans le cadre d’une circulation parisienne, vous pourrez focaliser toute votre attention à votre environnement afin de rester le plus en sécurité possible.

A ce stade de notre test, un détail nous interpelle toutefois : le bruit du moteur. Les équipes de Moustache nous l’avaient présenté comme étant un modèle silencieux, mais ce n’est pas là le qualificatif que nous aurions employé. Dans les phases les plus exigeantes, le bloc se fait entendre, mais heureusement le bruit qu’il génère ne semble pas traduire la moindre faiblesse. Pas de faiblesse d’ailleurs non plus du côté du cadre qui encaisse très bien les pavés grâce à sa géométrie et sa conception « tout suspendu » que nous avions déjà apprécié sur nos premiers essais du J.

Prise en main Moustache J Automatiq : l’avis Cleanrider

Une fois cette rapide prise en main terminée, le bilan se fera pour nous au guidon du Moustache Mardi 27, un autre des vélos mis à disposition par Moustache lors de cet événement presse. Mais nous y reviendrons prochainement dans un test complet puisque nous avons reçu le vélo à la rédaction. Tout cela pour dire que cette descente en gamme nous conforte dans l’idée que le J. Automatiq a tout ce qu’il faut pour être LA référence du catalogue de vélos électriques Moustache, mais aussi, plus globalement, sur le marché des vélos électriques haut-de-gamme gamme. Quiconque cherchera un vélo facile d’accès et finalement plus agile qu’il n’en a l’air pourra essayer ce modèle.

Malheureusement, son prix de vente de 6 599 euros fait clairement l’effet d’une douche froide. On a beau ajouter dans la balance la qualité des finitions, l’amortissement et naturellement le cadre moulé dans un seul bloc, nous avons bien du mal à considérer ce modèle comme « une bonne affaire ». A ce niveau de prix, nous pensons plutôt que la clientèle n’en attendra sans doute pas moins. D’ailleurs, le petit feu à l’arrière fait vraiment tache sur un vélo à tel prix. Il est certes alimenté par la batterie du vélo et l’allumage est piloté depuis les commandes au guidon, mais sa taille reste petite. Ne comptez pas non plus sur des clignotements ou une mise en lumière plus puissante lorsque vous freinez, tel un véritable feu de stop.

Quoi qu’il en soit, le « Made in France », même en partie, a clairement un coût. Encore une fois, le constructeur semble assumer pleinement le positionnement tarifaire très audacieux de son vélo (et même de ces autres vélos) sur un marché plutôt difficile. Cependant, le contexte semble favorable pour Moustache qui nous partage des chiffres en croissance. L’avenir nous dira si le J. Automatiq saura trouver son public.

On a aimé On a moins aimé
  • Facilité d’utilisation
  • Qualité de fabrication
  • Console Kiox 500
  • Confort
  • Prix (très élevé)
  • Petit éclairage à l’arrière

David Nogueira
David Nogueira

Journaliste, essayeur

A la fois curieux et passionné par la tech et les nouvelles mobilités, David aime s'attarder sur toutes les innovations qui nous facilitent la vie.


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Yvan61
7 mois il y a

Le Envolio, c’est pas un moteur à variation continue mais une transmission. J’imagine que l’automation de la transmission est un véritable plus surtout en ville. J’ai un des premiers J all à transmission à dérailleur 10 vitesse Shimano, c’est bien sur route mais en ville c’est moins pratique que mon vieux Nexus 7.
Sinon, c’est un vélo merveilleux qui mérite son prix surtout si on le compare avec le Homage de Riese et Mûller qui est moins bon à mon avis et plus cher.
Et comme sur tous les vélos vendus neufs, il manque un rétroviseur de qualité.