Test Grizl:ONfly CF 7 : un gravel électrique léger qui séduit sur tous les terrains

Fabien Pionneau · 16 Déc 2024 7:00 ·

Le gravel à assistance électrique Canyon Grizl:ONfly CF 7 © Fabien Pionneau - Cleanrider

Entré dans l’univers du gravel électrique en 2021 avec son Grail:ON équipé d’un moteur Bosch CX, Canyon poursuit l’aventure trois ans plus tard avec le Grizl:ONfly. Avec sa motorisation légère Bosch SX, ce dernier se veut à la fois plus dynamique et confortable, ce que nous avons pu vérifier sur le terrain après plusieurs semaines de test.

Si la version électrifiée du Canyon Grail conservait son ADN sportif, elle pouvait être considérée comme trop musclée pour une activité gravel. Surtout, le Grail:ON accusait tout de même 7 kg de plus sur la balance, transformant considérablement la dynamique d’un vélo pesant moins de 10 kg dans sa version musculaire. Plus encore que sur un VTT, ces kilogrammes se font sentir, puisqu’il s’agit ici de rouler à bonne allure sur routes et chemins.

Qu’à cela ne tienne, ce coup d’essai a permis à Canyon de gagner en expérience. Surtout, l’arrivée de la motorisation Bosch Performance Line SX a rebattu les cartes. Fini le Grail:ON, place désormais au Grizl:ONfly. Plus axé sur l’aventure et le bikepacking, ce dernier correspond mieux à l’esprit gravel, préférant donc un moteur et une batterie plus légers. De quoi maintenir le poids du vélo sous les 16 kg en conservant mieux sa ligne et son dynamisme par la même occasion.

Le gravel à assistance électrique Canyon Grizl:ONfly CF 7 © Fabien Pionneau – Cleanrider

En cyclisme, un vélo plus léger est bien souvent un vélo plus cher. Sans surprise, le Grizl:ONfly n’est donc pas plus abordable que son grand-frère, démarrant à 5 049 € pour notre version de test et culminant à 8 049 € dans sa version Trail. Entre les deux, une version Daily (5 549 €) équipée d’un porte-sacoches et de garde-boue répond aux besoins des vélotafeurs, tandis que la version CF 9 (7049 €) se pare de composants plus haut de gamme, parmi lesquels une transmission électronique sans-fil.

Technologie : une motorisation Bosch SX qui change la donne

L’arrivée de la motorisation Bosch Performance Line SX a marqué un tournant pour les vélos à assistance électrique sportifs. Auparavant, les fabricants avaient le choix entre des moteurs pédalier performants, mais relativement lourds, ou des moteurs roue discrets et plus légers, mais offrant fréquemment un pédalage moins naturel et de moindres performances. Le moteur Bosch SX qui équipe le Canyon Grizl:ONfly réunit le meilleur des mondes, proposant de bonnes performances tout en pesant seulement 2 kg.

Le moteur Bosch Performance Line SX du Canyon Grizl:ONfly CF 7 © Fabien Pionneau – Cleanrider

La batterie CompactTube 400 qui l’accompagne est également plus compacte que la PowerTube 500 qui équipait le Grail:ON, permettant au Canyon Grizl:ONfly d’arborer des lignes plus fines.

Malgré tout, on ne peut dire que cela soit la révolution niveau poids, puisque le vélo pèse tout de même 16 kg, soit un petit kilogramme de moins que le Grail:ON, mais tout de même bien plus que certains gravels véritablement légers à moteurs moyeux et plus petites batteries.

La discrétion est cependant de mise, puisque la commande d’assistance Bosch System Controller est intégrée sur le dessus du tube supérieur. Pas d’écran ni de commande au guidon, on trouve simplement un bouton d’allumage du phare sur le cintre.

Confort : carbone, fourche suspendue et pneus larges

Conçu pour affronter tous les types de revêtements, le gravel devient de plus en plus confortable au fil des générations, se distinguant doucement, mais sûrement, des vélos d’endurance et de cyclocross auxquels ils ressemblent. Le Canyon Grizl:ONfly embrasse cette tendance en s’équipant notamment d’une fourche suspendue ! Un attribut surprenant puisque d’ordinaire réservé aux VTT, mais qui tend à se développer sur nombre de modèles récents, à la faveur des progrès réalisés par les fabricants de fourches. De quoi offrir plus de confort sans pour autant trop alourdir le vélo ni pénaliser sa réactivité.

La fourche suspendue Rockshox Rudy du Canyon Grizl:ONfly CF 7 © Fabien Pionneau – Cleanrider

La Rockshox Rudy qui équipe le Grizl:ONfly ne pèse en effet que 1,3 kg. C’est toujours deux fois plus lourd qu’une fourche en carbone, mais ses 40 mm de débattement font la différence sur les sentiers en mauvais état et les singles d’ordinaire réservés aux VTT. On ne s’engage certes pas sur n’importe quel chemin avec autant d’assurance qu’en VTT, mais on subit beaucoup moins les chocs avec une telle fourche. Surtout, la direction reste vive et nous ne donne pas le sentiment d’être pénalisé par rapport à un gravel à fourche carbone. Du moins si l’on respecte l’usage prévu, qui consiste à partir à l’aventure et non à battre des records de vitesse.

Dans le même esprit, les pneus Schwalbe G-One Bite de 45 mm de large montés sur des roues en aluminium DT Swiss HG1800 visent la polyvalence et le confort avant les performances. On roule partout, sans appréhension et sans subir les revêtements dégradés.

Même constat encore pour ce qui est de la position de pilotage, le guidon maison à cintre évasé et potence courte procurant un bon confort. On peut rouler longtemps sans trop fatiguer sur ce Canyon Grizl:ONfly.

La selle Fizik Argo Terra X5 est du même acabit. On l’apprécie d’autant plus qu’elle est montée sur une tige en carbone S14 maison, dont la technologie VCLS 2.0 est conçue pour absorber les secousses et vibrations — à la manière d’une tige de selle suspendue, la baisse de rendement en moins.

Équipement : une électronique discrète

“Il est beau ton vélo”, nous a-t-on dit à plusieurs reprises. Si le coloris “grellow”, mi-jaune mi-vert, n’a pas plu à tous, les lignes du Grizl:ONfly ont en revanche fait l’unanimité. L’absence de soudure propre aux cadres en carbone y est pour beaucoup, mais ce sont aussi les lignes qui séduisent, quelques coups de crayon bien sentis aux jonctions avec le tube diagonal conférant plus de finesse au design. Car il ne faut pas oublier que nous sommes bien face à un vélo à assistance électrique, tout sportif qu’il soit. Le tube diagonal doit donc contenir la batterie et se montre donc plus épais que ceux des vélos musculaires. Afin de limiter sa taille, Canyon a fait le choix de ne pas rendre la batterie amovible — il faut démonter le moteur pour cela. Prise de courant indispensable à proximité de l’emplacement de garage donc.

Le gravel à assistance électrique Canyon Grizl:ONfly CF 7 © Fabien Pionneau – Cleanrider

Le Canyon Grizl:ONfly ne peut cependant masquer son caractère électrique. Son moteur Bosch Performance Line SX a beau être plus compact qu’un CX, il n’en demeure pas moins visible et ne trompera personne, contrairement à un moteur logé dans le moyeu de roue arrière. L’assistance électrique, ici, on l’assume.

On l’assume certes, mais celle-ci a le bon goût de ne pas se rappeler continuellement à nous. En effet, le cintre du vélo est dépourvu d’organe de commande. On dispose simplement d’une petite commande Bosch System Controller intégrée sur le dessus du tube diagonal. Celle-ci sert à allumer le vélo et à changer de mode. Elle affiche aussi le mode d’assistance utilisé avec un code couleur, ainsi que le niveau de batterie.

Gravel oblige, le Canyon Grizl:ONfly est fourni sans garde-boue ni porte-bagages, puisqu’il s’agit bien ici de faire du sport. Canyon propose toutefois une version “Daily” équipée d’un porte-sacoches et de garde-boue, destinée aux cyclistes qui aimeraient en faire leur vélo de tous les jours ou bien aux cyclotouristes.

Dans tous les cas, on profite d’un système d’éclairage de qualité. Signé Lupine, il est composé d’un puissant phare Nano SL fixé devant la potence, sous le cintre. Celui-ci délivre 700 lumens en mode feu de croisement et peut même monter jusqu’à 1000 lumens en mode feu de route grâce à un petit bouton dédié fixé sur le cintre. La visibilité de nuit est excellente.

L’éclairage arrière n’est pas en reste, avec deux feux C14 fixés au bout de chaque base. En plus d’offrir une belle signature lumineuse au vélo, ces feux éclairent très bien et offrent une bonne visibilité au cycliste. En raison de leur position très basse cependant, on n’hésitera pas à les compléter par un feu au niveau de la tige de selle et/ou derrière le casque si l’on roule en agglomération, pour être mieux vu des automobilistes à courte distance.

Conduite : un moteur bien adapté à la pratique gravel

Lorsque nous avions pu essayer pour la première fois le moteur Bosch Performance Line SX, nous l’avions trouvé particulièrement adapté à une pratique gravel. Notre impression n’a pas changé depuis. Alors même que nous doutons toujours un peu de son intérêt en usage urbain, nous le trouvons en revanche tout à fait à son aise en usage sportif sur un vélo léger. Plus encore donc sur un gravel comme ce Canyon Grizl:ONfly, puisque la cadence de pédalage relativement élevée nécessaire pour profiter pleinement de ce moteur est atteinte plus naturellement.

Pas question de ménager ses efforts ou d’éviter la transpiration ici, on n’hésite pas à faire tourner les jambes pour avancer. Le Bosch SX a besoin d’une bonne cadence pour s’exprimer pleinement, de l’ordre de 80 tr/min idéalement — pas moins de 70 tr/min en tout cas. Aucun problème pour un cycliste habitué à rouler sur un gravel ou un vélo de route donc.

Tant et si bien d’ailleurs que l’on roule bien souvent sans assistance, puisqu’il est facile de dépasser les 25 km/h sur le plat. L’assistance ne s’avère finalement utile qu’en montée pour conserver plus facilement une bonne allure. Comme avec un VTT à assistance électrique, c’est ici notre pratique du gravel qui évolue, les montées devenant aussi plaisantes sinon plus que les descentes. On peut viser plus loin, plus longtemps — dans les limites de l’autonomie, bien entendu.

Le gravel à assistance électrique Canyon Grizl:ONfly CF 7 © Fabien Pionneau – Cleanrider

Pour profiter de la pleine puissance du moteur, il faut tout de même s’employer un peu plus, puisque ce n’est qu’à 100 tr/min que le SX peut atteindre sa puissance de 600 Wc. Les 55 Nm de couple du moteur se ressentent bien également, surtout sur un vélo relativement léger comme ce Grizl:ONfly CF. On est loin des 85 Nm d’un Bosch CX, certes, mais sur ce vélo, nous n’avons pas ressenti le besoin d’avoir autant de couple, les sentiers praticables avec un gravel étant généralement moins exigeants que ceux que l’on emprunte en VTT.

Une assistance bien dosée

Grâce à des modes d’assistance bien dosés, le naturel de pédalage est préservé et on continue à faire des efforts. Particulièrement bien adapté au gravel, le mode Sprint s’avère très agréable, nous laissant appuyer fortement sur les pédales sans pour autant oublier de délivrer le couple nécessaire aux ascensions les plus difficiles.

On regrette simplement que la commande d’assistance ne soit pas plus pratique. En effet, si l’augmentation du niveau d’assistance se fait d’une simple pression sur un bouton, sa baisse se fait par un appui long sur ce même bouton plutôt qu’avec un second bouton dédié. Nous préférons les solutions utilisant la petite commande Bosch au guidon, autorisant des changements de modes rapides. C’est toutefois moins critique sur un gravel que sur un VTT.

Un moteur qui se fait oublier

La pratique du gravel pouvant se faire dans la quiétude des routes secondaires et autres sentiers forestiers, par exemple, il serait bien dommage d’être dérangé par le bruit parfois irritant d’un moteur électrique. Fort heureusement, le Bosch Performance Line SX sait rester relativement discret. Certes, il est loin d’être inaudible, mais il s’avère moins bruyant qu’un moteur CX (générations antérieures à 2024) et ne nous a en tout cas pas dérangés outre mesure durant nos excursions campagnardes.

Une transmission en accord

Un bon moteur, c’est bien, mais ce n’est rien sans une bonne transmission. Heureusement, on peut compter sur l’excellent groupe Shimano Deore XT à 11 vitesses (11-42T) sur notre Grizl:ONfly CF 7 de test.

La transmission Shimano Deore XT 11v du Canyon Grizl:ONfly CF 7 © Fabien Pionneau – Cleanrider

Les changements de braquets sont vifs et précis avec le dérailleur GRX RX812 GS et la transmission encaisse sans problème le couple moteur. Avec les 42 dents du plateau, on peut rouler à une vitesse relativement élevée, la plage de développement nous apparaissant comme très bien adaptée à une pratique gravel.

Un freinage adapté

Plus lourd qu’un gravel musculaire, le gravel électrique doit pouvoir compter sur de bons freins pour s’arrêter promptement. On peut compter sur un ensemble Shimano RX600 pour ce faire, avec des disques RT70 de 180 mm. Le vélo et son pilote (de 84 kg environ tout équipé) lancés à 25 km/h s’arrêtent en moins de 3 m en freinage appuyé sur route sèche et plate.

Autonomie : de bonnes sorties avec une seule charge

En raison de la facilité à dépasser les 25 km/h avec ce Canyon Grizl:ONfly CF 7, notre test d’autonomie en conditions réelles s’est avéré bien différent de celui que nous avions mené avec le Winora iRide Pure, pourtant équipé du même moteur. Ce dernier étant un vélo de ville, cela n’a rien de surprenant. Pour que nos comparaisons d’autonomie restent pertinentes, nous avons toutefois fait en sorte de limiter nos efforts pour laisser le vélo utiliser son assistance dès que possible. Malgré tout, cela s’est surtout produit lors des montées, puisque la limite des 25 km/h est souvent dépassée sur le plat sans beaucoup d’efforts.

En utilisant exclusivement le mode Turbo comme nous le faisons pour évaluer l’autonomie minimale des vélos à assistance électrique, nous avons ainsi pu rouler 51 km avec le Grizl:ONfly CF 7, avec environ 400 m de dénivelé positif sur un parcours majoritairement routier, mais comportant une dizaine de kilomètres de sentiers parfois bien plus typés tout-terrain que tout chemin. Un résultat satisfaisant quand on sait qu’avec quelques efforts musculaires en plus, on passe l’essentiel de notre temps au-delà des 25 km/h. Surtout, en réduisant l’assistance, l’autonomie peut facilement dépasser les 70 à 80 km si le dénivelé reste modéré.

Pour les plus longues excursions en revanche, on n’hésitera pas à investir dans la batterie additionnelle PowerMore et ses 250 Wh, venant s’ajouter aux 400 Wh de la batterie de 400 Wh intégrée au vélo.

Grâce au chargeur 4 A fourni, la charge s’effectue en moins de 3h. Il faudra néanmoins approcher le vélo d’une prise puisque sa batterie n’est pas amovible.

Essai Canyon Grizl:ONfly CF : le bilan de la rédaction

Note de la rédaction
4 / 5
Sous notes
Ergonomie & confort
Conduite
Autonomie

Performant, bien construit et confortable, le Canyon Grizl:ONfly donne envie de partir à l’aventure. Il fournit une bonne assistance, sans pour autant nuire au naturel de pédalage ni à la pratique sportive, grâce à des modes progressifs et bien dosés. Son moteur Bosch Performance Line SX demande d’ailleurs un minimum d’efforts au cycliste pour bien s’exprimer, ce qui limite la tentation de trop s’appuyer sur l’assistance. Dommage que le ticket d’entrée soit plutôt élevé pour en profiter, puisque sa polyvalence en font un vélo fortement recommandable pour qui souhaite pratiquer le gravel sans se poser de question.


Les points positifs

  • Assistance naturelle qui laisse de la place à l’effort
  • Confortable (pour un gravel)
  • Éclairage élégant et puissant
  • Bonne autonomie pour la catégorie

Les points négatifs

  • Commande d’assistance limitée
  • Batterie inamovible

Fabien Pionneau
Fabien Pionneau

Journaliste

Cycliste et passionné de nouvelles technologies, Fabien a tout naturellement pris le virage du vélo à assistance électrique. Il en a fait l'une de ses spécialités en tant que journaliste tech et mobilité.


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