Le VTTAE Rockrider E-FEEL 700 S de Decathlon © Fabien Pionneau - Cleanrider
Plus pointu que les VTT de la série E-EXPL, le Rockrider E-FEEL 700 S représente le véritable successeur des modèles Stilus de Decathlon. Conçu pour être à la fois polyvalent et joueur, il arrive à un tarif particulièrement agressif pour la catégorie.
Longtemps cantonnée à des modèles semi-rigides (Rockrider E-ST 500 et E-ST 900), la gamme de VTT à assistance électrique de Decathlon a fini par accueillir un premier modèle tout suspendu en 2020. Un VTTAE de type All Mountain nommé Stilus, qui devait occuper le terrain en attendant l’arrivée des modèles Rockrider conçus en interne. Ces derniers se sont fait désirer, puisque Decathlon ne vend ses Rockrider E-EXPL que depuis 2023. Il s’agit toutefois de VTT électriques tout suspendus de type trail et non All Mountain.
Il a ainsi fallu attendre quelques mois de plus pour voir arriver de véritables alternatives aux Stilus sur le segment All Mountain : les Rockrider de la série E-FEEL, dont nous avons testé le représentant le plus abordable, le Rockrider E-FEEL 700 S.
Vendu 3 499 € tout de même, il est plus cher que le Rockrider E-EXPL 520 S (2 999 €), mais s’avère bien mieux équipé pour un usage montagnard : suspensions RockShox de 160 mm (avant) et 150 mm (arrière), motorisation Shimano EP6 (couple de 85 Nm), batterie de 630 Wh, transmission Shimano Cues à 11 vitesses et freins hydrauliques TRP à 4 pistons et disques de 203 mm.
Plus surprenant, il est vendu au même prix que le Decathlon Rockrider E-EXPL 700 S. Ce dernier vise toutefois à offrir une fiabilité maximale et un minimum d’entretien, avec notamment des amortisseurs à ressorts et une transmission Shimano Deore, quitte à offrir un comportement moins dynamique que l’E-FEEL 700 S. Attention toutefois au risque de confusion avec les dénominations !
Technologie : un système Shimano complet
Contrairement aux E-EXPL 520 S et 700 S qui emploient des motorisations Brose et une électronique maison, le Rockrider E-FEEL 700 S profite d’un système complet Shimano. Il ne pioche pas dans le plus haut de gamme cependant, préférant le moteur EP6 à l’EP8.
Le Shimano EP600 s’avère néanmoins très performant, délivrant le même couple de 85 Nm que son grand-frère EP801. Il est simplement un peu plus lourd (3 kg contre 2,7 kg) — en raison de son corps en aluminium et non en magnésium — et un peu moins pointu dans sa gestion de l’assistance. Les différences ne sont toutefois pas très marquées pour un usage classique, hors recherche de chronos et compétition.
L’E-FEEL 700 S étant destiné à rouler sur des terrains vallonnés, possiblement en haute montagne, il a besoin d’embarquer suffisamment d’énergie pour faire face aux forts dénivelés positifs. Decathlon l’a donc doté d’une batterie de 630 Wh, assurant déjà une autonomie confortable. En revanche, contrairement aux E-EXPL qui peuvent profiter d’une seconde batterie de 360 Wh — venant se fixer à l’emplacement du porte-bidon —, l’E-FEEL ne propose pas une telle solution.
L’électronique est signée Shimano, avec une commande d’assistance assez classique (SW-EN600-L) placée sur la gauche du cintre et un petit compteur à écran LCD couleur (SC-EN600) qui trouve sa place à droite de la potence.
Connectivité : à système Shimano, app Shimano
Si les Rockrider E-EXPL se connectent via l’application Decathlon Ride, ce n’est pas le cas des E-FEEL qui eux profitent directement de l’écosystème Shimano. Une bonne chose, puisque l’app Shimano E-Tube Project Cyclist s’avère très complète et propose une personnalisation des modes d’assistance. On peut y paramétrer plusieurs profils, pour en changer ensuite directement sur le vélo en fonction du type de parcours.
Cette app Shimano est en revanche plus austère et plus pointue, s’adressant à un public un peu plus averti. C’est cohérent avec cette série E-FEEL, justement destinée à des vététistes plus expérimentés, en comparaison de la série E-EXPL qui s’adresse à un plus large public.
Confort et pilotage : des suspensions RockShox plus pointues
Un VTT All-Moutain doit être particulièrement bien amorti pour encaisser de grosses descentes sans malmener son pilote et en conservant du contrôle. Ses suspensions doivent offrir un gros débattement et une bonne réactivité sur les terrains cassants. Pour répondre à ce cahier des charges, Decathlon s’est tourné vers RockShox.
Le Rockrider E-FEEL 700 S est ainsi équipé d’une fourche pneumatique RockShox 35 Gold RL au débattement de 160 mm. Il ne s’agit pas de la plus pointue des fourches et encore moins de la plus légère, mais elle présente l’avantage d’être robuste et relativement simple à régler et à entretenir.
La 35 Gold RL offre un réglage du rebond et de la compression basse vitesse, pour trouver les bons paramètres en fonction de notre poids et du type de terrain sur lequel on roule. Nous l’avons trouvé globalement satisfaisante sur ce VTTAE, puisque l’assistance électrique efface mieux sa masse relativement élevée. Le train avant n’est cependant pas le plus agile qui soit et cela n’arrange pas nos affaires dans les montées techniques, lorsqu’on bute contre racines et cailloux. Heureusement, le moteur nous aide volontiers lorsqu’il faut relancer, ce qui compense un peu.
À l’arrière, on trouve un amortisseur RockShox Deluxe Select offrant pour sa part 150 mm de débattement. Sans surprise, celui-ci travaille bien et permet de conserver une bonne motricité. Les limites se trouvent alors plus portées sur les pneumatiques, qui manquent parfois un peu d’accroche, surtout sur terrains gras.
Un cadre canadien à la géométrie plutôt sage
Une fois n’est pas coutume, le cadre du Rockrider E-FEEL 700 S ne provient pas de Taïwan, mais du Canada. Un cadre en aluminium 6061 relativement classique, mais plutôt moderne et conçu pour répondre aux sollicitations d’une pratique engagée. Les cordons de soudures sont hélas nettement visibles. Le coloris clair de la peinture “gris comète” n’aide pas à les dissimuler.
Decathlon a cherché à offrir des sensations avec son E-FEEL 700 S, tout en conservant un vélo accessible au plus grand nombre. On trouve vite nos marques avec une géométrie plutôt classique : la portée relativement courte de 465 mm (reach, en taille L) et la hauteur de 645 mm (stack) favorisent la maniabilité, l’angle de selle de 76,5° est assez redressé pour un bon pédalage et la direction à 65° est assez couchée pour assurer en descente. De même, les bases de 465 mm sont plutôt longues pour privilégier la stabilité. Rien d’extrême donc, il ne s’agit pas d’un vélo d’enduro et encore moins de DH ; cela tombe bien, ce n’est pas le programme du vélo.
Pour ce qui est des organes de contrôle, Rockrider est à la manette avec un cintre (780 mm ; rise de 15 mm) et une potence (45 mm) en aluminium qui n’appellent pas de reproches. Même constat pour les poignées Rockrider Ergo Lock On. On changera volontiers en revanche les pédales basiques pour de plus larges et accrocheuses.
La selle Rockrider Short Nose est également satisfaisante. Elle est montée sur une tige de selle télescopique signée Rockrider également, offrant 150 mm de débattement sur les vélos de tailles M et L. Il y a clairement plus costaud et vif, mais là encore, son fonctionnement ne nous a pas déçus. À voir dans la durée pour ce qui est de la fiabilité du mécanisme.
Équipement : Shimano à la transmission, TRP au freinage
Comme pour la motorisation, Decathlon s’est adressé à Shimano pour équiper son Rockrider E-FEEL 700 S. On profite donc d’un ensemble Shimano Cues à 11 vitesses (cassette 11-50T et plateau de 34 dents) et de manivelles Shimano EM600 de 165 mm.
Shimano a conçu sa transmission Cues pour qu’elle résiste aux contraintes élevées d’un vélo à assistance électrique. Si elle n’est pas la plus réactive qui soit et a tendance à claquer un peu plus transmission plus haut de gamme comme la Deore XT, elle a l’avantage d’être robuste et sans mauvaise surprise. Nous n’avons en tout cas pas eu à nous en plaindre durant notre test, y compris lors des changements de braquet en pleine montée.
Côté freinage, pas de Shimano cette fois, mais un ensemble hydraulique TRP Slate Evo à étriers 4 pistons et disques de 203 mm – TRP étant la branche haut de gamme de Tektro. Des freins performants qui offrent un bon mordant tout en restant assez progressifs. Ils se commandent avec des leviers à deux doigts, se montrent simples à maîtriser et rassurants en descente.
Conduite : un moteur performant et discret
Pour motoriser son E-FEEL 700 S, Decathlon n’a pas choisi le moteur le plus haut de gamme de Shimano (EP801), qu’il réserve à ses modèles 900 S. Le 700 S profite tout de même d’un très bon moteur EP600 qui délivre autant de couple que son grand-frère EP801 (85 Nm). Il est un peu plus lourd (3 kg contre 2,7 kg) et un peu moins puissant (500 Wc contre 600 Wc), certes, mais offre déjà de belles performances.
On apprécie le naturel de pédalage qu’offre cette motorisation. Les performances sont au rendez-vous, mais la puissance n’est pas délivrée trop brusquement. Le moteur nous laisse augmenter la cadence de pédalage pour mieux nous accompagner. Il n’est en revanche pas aussi volontaire qu’un Bosch Performance CX, en particulier lorsqu’il s’agit de relancer durant une montée technique où l’on aurait marqué un temps d’arrêt. L’EP801 reste aussi un peu plus adapté pour cela, dans les fortes pentes notamment.
La progressivité de l’assistance est également appréciable. Par défaut, le mode E-FEEL préinstallé propose 5 niveaux, plutôt bien étagés. Le premier mode compense à peine le poids du vélo, on ne s’en servira qu’en urgence pour économiser la batterie. Les modes 2 et 3 sont déjà plus intéressants et suffisent dans la plupart des situations, sauf en montée où l’on passera volontiers aux modes 4 et 5.
Si l’on veut plus de simplicité, on peut se contenter du second mode E-EXPL, limité à 3 niveaux. Au contraire, des réglages plus fins et jusqu’à 15 niveaux peuvent être paramétrés via l’application Shimano E-Tube Project Cyclist. Nous n’en avons pas éprouvé le besoin, mais la possibilité existe.
Le changement de niveau d’assistance s’effectue avec la petite manette installée à gauche du cintre. Ses boutons sont un peu petits, on a connu plus pratique. Le bouton de changement d’affichage est encore moins accessible, surtout avec des gants et dans le feu de l’action.
Nous aurions aimé un écran un peu plus grand également. Le petit display à écran 1,4” s’avère moins lisible que l’Ergo 900 des modèles E-EXPL. Il affiche néanmoins les informations essentielles, à savoir vitesse instantanée et moyenne, distance et durée du parcours, autonomie estimée et bien sûr niveau de batterie. Dommage que ce dernier ne soit pas exprimé en pourcentage, pour plus de précision.
La discrétion du Shimano EP600 est appréciable. Le moteur se fait presque oublier lorsqu’on ne le sollicite pas trop, se rappelant à nous quand on commence à pédaler vite avec un gros niveau d’assistance. On pense bien souvent à autre chose qu’au bruit du moteur lorsque cela se produit.
Autonomie : de 50 à 100 km
Si certains VTT à assistance électrique intègrent désormais de grosses batteries de 750 Wh ou même 800 Wh, Decathlon a fait le choix d’un écosystème Shimano complet. La plus grosse batterie proposée par ce dernier à l’heure actuelle atteint 630 Wh et c’est celle-ci que l’on retrouve dans le Rockrider E-FEEL 700 S. Une capacité fort honorable cependant, pouvant offrir jusqu’à 90 km d’autonomie, d’après Decathlon qui précise que cela vaut pour de faibles dénivelés.
Une estimation crédible selon nos essais qui tendent effectivement vers cette distance, à condition toutefois de se contenter d’une faible assistance, de niveau 1, voire 2. En usage plus classique, il faut plutôt tabler sur 60 à 70 km d’autonomie, en restant sage sur l’assistance là encore.
Comme toujours, cela dépend beaucoup du poids du cycliste, du type de terrain et surtout du dénivelé. Ainsi, avec nos 83 kg (tout équipé), nous n’avons pu parcourir que 46 km avec 600 m de dénivelé positif environ, en utilisant exclusivement le plus grand niveau d’assistance (5/5).
Il s’agit donc d’une distance et d’un dénivelé équivalents à ceux que nous avions parcourus avec le Rockrider E-EXPL 520 S. Si ce dernier n’embarque qu’une batterie de 500 Wh, son moteur Brose T (70 Nm de couple) n’est pas aussi performant et consomme sans doute moins avec l’assistance au maximum. Les conditions étaient également plus sèches, nous obligeant moins à ralentir pour traverser des marres de boue. Rien de très étonnant par conséquent.
Cette distance peut facilement augmenter de 10 à 20 km si l’on met un peu de jambes pour réduire le niveau d’assistance, le niveau maximal étant en principe réservé aux montées les plus raides.
À lire aussi VTT électriques Decathlon Rockrider 2024 : notre guide d’achat complet !Avec son vélo, Decathlon fournit un chargeur 4 A que l’on peut brancher directement sur le vélo, via un connecteur intégré en bas du tube de selle. Ce connecteur est de petite taille et se fait donc discret sur le vélo. Revers de la médaille, il faut utiliser un adaptateur avec le chargeur si l’on souhaite recharger la batterie directement une fois celle-ci retirée du vélo. Il aurait été plus simple d’avoir un connecteur unique.
Il faut tout de même compter 6 h pour une charge complète. Hélas, aucune batterie additionnelle ne peut être ajoutée pour augmenter l’autonomie du vélo, contrairement à ce que propose Decathlon sur ses E-EXPL.
Essai Decathlon Rockrider E-FEEL 700 S : le bilan de la rédaction
Plus performant et plus dynamique que les E-EXPL 520 S et 700 S, le Decathlon Rockrider E-FEEL 700 S offre de meilleures sensations, sans pour autant demander une grande expérience de pilotage. Il est aussi plus polyvalent grâce notamment à ses grosses suspensions qui ouvrent la porte à un usage plus montagneux, sur terrains plus cassants. Homogène, il ne souffre pas de réelle fausse note et jouit surtout d’un rapport qualité-prix proprement imbattable sur ce segment. Un véritable vélo All Mountain au tarif relativement abordable, qui peut venir récupérer la place jusqu’alors occupée par les Stilus dans la gamme de Decathlon.
Les points positifs
- Bonnes performances
- Pédalage naturel et moteur discret
- Suspensions efficaces
- Modes d’assistance personnalisables
- Polyvalent et accessible
Les points négatifs
- Soudures peu discrètes
- Commandes Shimano pas très pratiques
- Pas de batterie secondaire en option